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Mise à jour : 18 Mars 2005

 

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ARCHIVES DES ASTRONEWS

Sommaire de ce numéro :

 

qConférence d'Olivier de Goursac sur Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) et futurs projets martiens de la NASA. (18/03/2005)

qMike Griffin : Un nouveau chef aux commandes de la NASA. (18/03/2005)

qL'Europe sous la neige vue par ENVISAT. (18/03/2005)

qRosetta frôle la Terre : Au plus près (18/03/2005)

qCassini Saturne :.Encelade a une atmosphère!!! (18/03/2005)

qLes rovers martiens. Un diable qui fait un miracle! (18/03/2005)

qMars Express : Retour sur la "mer" de glace découverte.

qTaille des étoiles : Il y a quand même une limite supérieure!! (18/03/2005)

qJ'ai lu pour vous par Pascal Gérardin : Les cheveux de Bérénice de Denis Guedj (18/03/2005)

qMagazine conseillé : "Hubble" numéro spécial de Espace Magazine (18/03/2005)

qIMPORTANT : La NASA convoque une conférence de presse le 23 Mars 20005 concernant les exo planètes, des découvertes majeures auraient été faites par Spitzer. À 1pm heure de Washington, 19H00 heure de Paris à voir sur NASA TV comme d'habitude. J'espère que ce n'est pas qu'un effet d'annonce (période budgetaire!!!!).

 

 

 

 

 

 

MIKE GRIFFIN : UN NOUVEAU CHEF AUX COMMANDES DE LA NASA (18/03/2005)

(photo JHUAPL)

 

Mike Griffin, chef du département espace au Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory (JHUAPL), célèbre institution qui a mis au point des missions comme NEAR et Deep Impact, vient d'être nommé responsable de la NASA (Administrator en anglais) en remplacement de Sean O'Keefe.

Mike Griffin a au cours de sa carrière participé aussi au programme appelé injustement "la guerre des étoiles" (Initiative de défense stratégique comme on dit).

Il est sorti avec son doctorat en sciences spatiales (PhD en anglais ce qui veut toujours dire Docteur en Philosophie, mais oui!) de la Johns Hopkins University.

 

Voici un extrait de "Cyber Presse" de nos amis Québécois par Jérôme Bernard à ce propos :

 

Michael Griffin, 55 ans, qui est actuellement responsable du département des études spatiales au laboratoire de physique appliquée de l'université Johns Hopkins (Maryland), remplace Sean O'Keefe qui avait démissionné en décembre, a annoncé la Maison-Blanche.

M. Griffin va prendre ses nouvelles fonctions alors que M. Bush a fixé à la Nasa un vaste programme d'exploration spatiale avec l'objectif de retourner sur la Lune à partir de 2015, pour préparer des missions humaines d'exploration d'autres planètes du système solaire, notamment sur Mars.

Pour mener à bien ces nouvelles ambitions qui suscitent le scepticisme de certains experts, Sean O'Keefe avait annoncé en juin une restructuration de l'agence spatiale pour la rationaliser et la transformer en une «agence plus réduite, plus orientée» sur l'essentiel, comme l'avait recommandé une commission d'experts.

Pour financer tous ces projets, la Nasa a obtenu en novembre une augmentation de 800 millions de dollars (environ 966 millions $CAN) de son budget pour 2005, soit une enveloppe de 16,2 milliards de dollars (environ 20 milliards $CAN), après une décennie de stagnation.

 

Je me permets d'ajouter en souhaitant bonne chance à Mr Griffin, que nous espérons tous qu'il donnera un petit coup de pouce à Hubble, car son prédécesseur l'a plutôt enfoncé.

 

 

 

 

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L'EUROPE SOUS LA NEIGE VUE PAR ENVISAT (18/03/2005)

(Photo ESA)

 

Début Mars 2005, notre continent l'Europe a été plongé sous une neige épaisse inhabituelle au moins pour les pauvres citadins de la région parisienne que nous sommes, mais aussi pour beaucoup d'autres.

 

On oublie que c'est normal d'avoir un peu de neige en hiver, quand je pense à mes amis canadiens, ils doivent rigoler à ce tout petit matelas blanc qui a semé le trouble sur toutes les routes européennes.

 

Cette période neigeuse n'a pas échappé à notre satellite environnemental : ENVISAT.

 

 

C'est la caméra MERIS du satellite qui a acquis cette image le 5 Mars 2005.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ROSETTA FRÔLE LA TERRE AU PLUS PRÈS. (18/03/2005)

(photos ESA)

 

Il y a quelques jours comme annoncé précédemment, la sonde cométaire européenne Rosetta a frôlé la Terre afin d'y prendre un peu de son moment cinétique et de s'accélérer vers sa destination finale: la comète au nom imprononçable (pardon Messieurs Churyumov et Gerasimenko).

Cela s'est passé le 4 Mars 2005 à seulement 2000km d'altitude au dessus du Pacifique, sa vitesse était de 38.000km/h!!!

Prochain coup de fouet gravitationnel : Mars en 2007.

 

 

À l'occasion de ce passage, on a testé les caméras et pris des photos de la Terre et de la Lune que vous trouverez en partie seulement dans le communiqué de l'ESA.

 

 

Nos amis Belges d'Astrocosmos ont détecté un site où des astronomes professionnels et amateurs ont photographié la sonde au passage près de la Terre, c'est disponible ICI.

 

 

À gauche : superbe photo de la Lune en arrière plan de la Terre.

 

 

 

 

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN ET EN VOIR PLUS :

 

Toutes les images superbes de Rosetta par l'ESA. (pas facile à dénicher, elles ne sont pas répertoriées à Rosetta, ce serait trop simple! Elles sont dans Science & Technology, vraiment pourquoi l'ESA ne rend pas les choses plus simples, mais ne boudons pas notre plaisir).

 

Rosetta voit la Terre, une sélection de photos.

 

Rosetta voit la Lune, une sélection de photos.

 

Rosetta site de la sonde cométaire européenne.

 

 

Rosetta va aussi nous aider lors de la mission Deep Impact (au fait on vous réserve une très grande surprise avec la SAF à ce sujet, je vous en parlerai une prochaine fois, mais soyez attentif!!!!) elle va étudier la sonde et son impact sur le noyau de la comète Tempel 1 le 4 Juillet 2005 et retransmettre ses informations sur Terre.

 

 

 

 

 

 

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CASSINI SATURNE : ENCELADE POSSÈDE UNE ATMOSPHÈRE  (18/03/2005)

(Photos NASA/JPL)

 

Le JPL vient de le rendre public : la satellite de Saturne, Encelade possède une atmosphère, probablement très ténue mais une atmosphère significative tout de même.

 

C'est très surprenant pour un petit satellite : 500km de diamètre, alors que la gravité étant très faible, une éventuelle atmosphère s'échappe peu à peu, il y aurait donc une source qui reconstitue cette atmosphère de façon permanente.

 

Cette découverte est due au magnétomètre de Cassini pendant les deux passages près d'Encelade en Février (1200km d'altitude) et en Mars 2005 (500km d'altitude).

Les mesures montrent une courbure du champ magnétique due au plasma magnetosphérique ralenti par cette lune. De même des oscillations du champ magnétique ont été détectées, dues aux molécules gazeuses chargées se déplaçant dans les lignes de champ. Les scientifiques pensent que c'est de la vapeur d'eau ionisée.

 

Ces résultats étonnants mettent en évidence des gaz en provenance de la surface ou de l'intérieur d'Encelade d'après les concepteurs du magnétomètre (Imperial College Londres); on soupçonnait de toutes façons cette lune d'être la source de la matière constituant l'anneau E, l'anneau pour le moment le plus éloigné de cette planète.

 

Le schéma ci contre (origine NASA) montre le principe de la détection d'atmosphère sur Encelade. Pendant les survols, le magnétomètre a détecté des courbures des lignes de champ autour d'Encelade.

 

 

 

 

Encelade est l'objet le plus brillant du système solaire (albédo : 90%!!!!) dû peut être à des volcans de glace ou des geysers.

 

Voici une impressionnante photo en fausses couleurs d'Encelade prise par Cassini à 25.000km d'altitude lors du dernier passage.

Filtres utilisés : UV : 338nm; vert 568nm et proche IR 930nm.

 

On voit parfaitement sur cette image qu'à droite il y a un terrain ancien (cratères de 10km en moyenne) et à gauche un terrain plus jeune (sans cratères). Un large sillon de matière et des failles séparent les deux terrains.

 

 

On pense que le matériau principal est de la glace d'eau.

 

 

 

Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer encore une belle photo de Saturne et de ses lunes Titan, Rhéa et Encelade.

Titan est à gauche en dessous des anneaux on distingue son atmosphère, Rhéa est au milieu au dessus. et Encelade est près du bord droit des anneaux c'est le petit point très brillant (ce n'est pas une poussière sur votre écran!!) car comme déjà dit c'est l'objet le plus brillant du système solaire.

 

Il faut cliquer sur la photo pour voir tous ces détails.

 

 

 

 

Encore une photo prise dans les images brutes de Cassini, c'est le minuscule satellite récemment découvert Epimetheus qui se distingue sur le disque de Saturne, on voit les anneaux par la tranche.

 

 

Je me suis permis de coloriser cette image pour lui donner un air plus naturel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme d'habitude, vous trouverez toutes les dernières images de Cassini au JPL:

 

 

 

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LES ROVERS MARTIENS : UN DIABLE QUI FAIT UN MIRACLE! (18/03/2005)

(Photos NASA/JPL)

 

 

Comme il a déjà été rapporté dans ces colonnes, le problème majeur des rovers est la perte en puissance des cellules solaires car elles se recouvrent de plus en plus de poussières et donc leur rendement diminue de semaine en semaine.

C'est surtout grave pour Spirit où la diminution est drastique, je devrais dire était, car un petit miracle s'est produit vers le sol 420; en effet un "dust devil" (littéralement diable de poussières, on pourrait traduire par le tourbillon du diable par exemple) très fréquent sur Mars (voir la page spéciale sur les dust devils chez MGS) semble avoir nettoyé radicalement les panneaux solaires.

 

Spirit a même photographié son sauveur ou un de ses frères sur la photo suivante (à droite du mot ICI).

 

On le voit dans le fond au loin sur cette photo prise sol 421.

 

D'autres pensent que de bonnes fées sont venues astiquer les cellules solaires, bref vous pouvez croire la version que vous voulez, moi j'ai mon idée la dessus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant et après passage des fées!

 

Ce nettoyage a permis de recouvrer 50% de la puissance électrique, merci les fées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces vents de poussières peuvent être très impressionnant et atteindre 500m de diamètre et plusieurs km de haut. Il laissent des traces qui sont parfaitement visibles sur les photos prises par les satellites en orbite (voir les photos de MGS), ils participent ainsi à l'érosion de la planète.

 

Ces tourbillons apparaissent plutôt l'après midi quand la température est au maximum et que l'air chaud montant du sol atteint d'autres couches de gaz atmosphériques.

 

À part cela Spirit est en bonne santé et utilise maintenant le nouveau logiciel de navigation dont nous avons parlé la dernière fois.

 

La NASA nous propose une superbe animation de la période des sols 365 à 390 dans sa galerie que je vous conseille d'aller voir (attention c'est un peu lourd : 10MB).

 

 

 

 

Les meilleures photos sont classées dans le planetary photojournal que vous pouvez retrouver à tout instant:

http://photojournal.jpl.nasa.gov/targetFamily/Mars

 

 

 

 

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MARS EXPRESS : RETOUR SUR DÉCOUVERTE DE LA MER DE GLACE  (18/03/2005)

 

Comme vous le savez déjà, lors du meeting en Hollande sur "un an de Mars Express", la découverte d'une mer gelée a été annoncée.

 

Cette semaine un des scientifiques à l'origine de cette nouvelle, John Murray de l'Open University (Grande Bretagne) donne une interview à Astrobiology Magazine que je vous conseille de lire (en anglais, allez faites des efforts!).

 

 

 

 

Il nous explique comment il a découvert ces banquises de glace sur une des photos de Valles Marineris prise par la HRSC qui faisait plus de 50m de long (la photo, pas la banquise) avec une résolution au sol de 10m.

Il nous raconte comment l'eau a jailli de Cerberus Fossae et a coulé sur plusieurs centaines de km puis s'est figée (la pression sur Mars ne permet d'avoir de l'eau liquide très longtemps; elle se sublime) en créant des blocs de glace comme sur la banquise. Ensuite comment probablement des cendres volcaniques (nous sommes à côté du volcan de Elysium) ont crée une couche relativement isolante sur ces blocs de glace qui ont empêché la continuation de la sublimation de l'eau. Son collège G Neukum (celui de la caméra) a lui déterminé en comptant les cratères la période à laquelle cela s'était passé : hier! Seulement il y a 5 millions d'années.

 

 

Voir pour plus de détails l'article (2pages en pdf) publié pour Lunar and Planetary Science (notre Bernard Foing de l'ESA en est aussi signataire!).

 

On peut aussi consulter l'article dans lequel John Murray pense qu'il peut exister une forme de vie dans cette région martienne et espère qu'on va y envoyer une mission robotisée.

 

De nouveaux articles paraissant dans Nature du 17 mars 2005 comprennent des photos qui tendent à prouver que récemment de l'eau liquide aurait coulé sur Mars et qu'elle serait présente en quantité dans le sous sol.

L'idée est que si Mars était toujours active au point de vue volcanisme, il y aurait des ponts chaudes (hot spots) sur la planète qui pourrait servir d'incubateur à une vie microbienne comme au fond des océans terrestres.

 

On a déjà parlé dans ces colonnes des volcans martiens, ils pourraient être la source des ces hot spots.

 

L'obliquité de la planète a aussi joué un très grand rôle, actuellement nous sommes dans une période plutôt glaciaire de Mars alors que il y a quelques millions d'années l'axe de rotation était beaucoup plus incliné sur l'écliptique, montrant ainsi les pôles au Soleil et favorisant le cheminement de l'eau des pôles vers l'équateur.

Tout ceci pour dire que l'on recherche activement des formes sur Mars qui suggéreraient cette présence passée d'eau liquide, comme on le voit sur les images suivantes.

 

À gauche : glacier à la base d'Olympus Mons , à droite un glacier de l'Antarctique.

(Credit: Nature/ESA/ David Marchant)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le dépôt qui a coulé au pied de cette montagne martienne du bassin Hellas de 4000m de haut, suggère un épisode glaciaire (photo ESA).

 

Les scientifiques pensent qu'il est "récent".

 

À suivre….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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TAILLE DES ÉTOILES : ELLES ONT QUAND MÊME UNE LIMITE SUPÉRIEURE! (18/03/2005)

 

Hubble, et oui notre bon vieil Hubble vient encore de faire une découverte de taille si j'ose dire.

Jusqu'à présent on pensait que les étoiles pouvaient grossir presque indéfiniment, on pensait même à plusieurs milliers de fois la masse du Soleil, mais Hubble vient mettre de l'ordre dans tout cela, en fait il semblerait qu'on ne puisse pas dépasser 150 fois la masse solaire.

 

Hubble (en infra rouge) a mesuré la masse des étoiles dans l'amas des Arches (25.000al de nous, donc dans notre galaxie et vieux de 2 millions d'années, voir photo NASA), cet amas est 10 fois plus gros que la moyenne des amas ouverts de notre galaxie, et on pense que plus les amas sont gros, plus ils contiennent des étoiles très massives. Il fallait étudier des amas "jeunes" car si on veut détecter des étoiles massives il ne faut pas qu'elles soient déjà mortes, en effet les étoiles massives vivent très peu longtemps : quelques millions d'années comparées à notre "modeste" Soleil : 10 milliards d'années.

 

 

Les théories actuelles prédisaient donc que dans un amas comme celui des Arches on aurait dû trouver plusieurs dizaines d'étoiles de masse de l'ordre de 1000 masses solaires.

 

Or Hubble n'en a trouvé ….aucune.

Les plus massives avaient 130 masse solaires (seulement!), il a pris comme limite 150 avec marge de sécurité.

 

Il semble donc qu'il y ait une limite supérieure à la masse des étoiles que l'on fixe maintenant vers 150 Ms même si de temps en temps on découvre une étoile isolée un peu plus grosse.

La question est pourquoi une telle limite? Car en principe rien n'empêche une étoile de grandir quand elle est dans un milieu interstellaire gazeux. Peut être une fois atteinte cette masse maxi, rayonnerait elle trop d'énergie, bref on ne sait pas bien encore.

 

Les astronomes de l'Université du Michigan avaient d'ailleurs montré la voie, en publiant en Février 2005 un article similaire basé sur un amas d'étoiles situé dans le petit "nuage" de Magellan (galaxie satellite de notre Voie Lactée).

 

 

Mais la question que vous pouvez vous poser et qui serait légitime est : comment fait on pour "peser" une étoile??? Bonne question.

Il y a en gros deux méthodes :

 

         Si l'étoile appartient à système d'étoiles doubles (le plus commun dans l'Univers), c'est facile (relativement) les lois de Kepler et Newton nous donnent les masses en fonction des vitesses.

         Si l'étoile est solitaire, alors là cela se corse. Il faut évaluer sa masse par rapport à sa luminosité et sa position dans le diagramme HR et à des étoiles analogues.

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

L'Univers et sa mesure , Université de Lille, par L Duriez, 22 pages format pdf très instructif.

 

Masse des étoiles astronomes.com.

 

L'Université de Lyon nous parle aussi de la masse des étoiles et des galaxies.

 

Comment peser l'Univers par Ciel et Espace.

 

Weighing a star par Imagine the Universe (anglais) et aussi celle là.

 

Relation masse luminosité (anglais).

 

Masse stellaire par nos amis canadiens (anglais) très bien fait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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J'AI LU POUR VOUS : LES CHEVEUX DE BÉRÉNICE DE D. GUEDJ par P Gérardin de Véga  (18/03/2005)

 

Pour notre nouveau rendez-vous, je vais vous conter une aventure qui restera encore longtemps la plus étonnante et hors du commun de l’histoire de l’Humanité.

C’est le récit de la première mesure de la Terre par Ératosthène dans l’Égypte du IIIème siècle avant notre ère, sous la dynastie des Ptolémées. Cette fresque historique doublée d’une aventure scientifique est relatée dans le livre de Denis Guedj « Les cheveux de Bérénice » aux éditions Seuil.

 

Le livre précédent que j’ai lu pour vous était du même auteur. « Le Mètre du monde » raconte d’une certaine façon la mesure de la Terre à travers l’invention du mètre.

Chronologiquement, j’aurais du commencer par « Les cheveux de Bérénice », mais comme nous remontons nous même dans le temps quand nous observons le firmament, je fais à l’identique en vous entraînant trois siècles avant la naissance de Jésus.

 

Je vous rappelle que Denis Guedj est mathématicien et professeur d’histoire et d’épistémologie des sciences à l’université Paris VIII. Il est l’auteur de romans, « La Méridienne/La Mesure du monde », « Le théorème du perroquet » et d’essais, « La Révolution des savants », « l’Empire des nombres »…

 

« Les cheveux de Bérénice », pourquoi ce titre ?

La belle Bérénice de Cyrène était reine d’Égypte et épouse du roi Ptolémée Évergète parti faire la guerre en Syrie. Pressentant le pire, elle sacrifia sa chevelure dorée, longues tresses de feu, sur l’autel d’Isis, déesse de l’amour. Quelques jours plus tard, l’offrande avait disparu. C’est le célèbre astronome de la reine, Conon, qui la retrouva, accrochée à la voûte céleste entre la Vierge, le Lion, la Grande Ourse et Arctouros.

Appelée Coma Bérénices, la chevelure de Bérénice, cette constellation est formée d’étoiles faibles appartenant à un beau groupe d’étoiles du Sud (à proximité de la Croix du Sud) Bien que décevante à l’œil nu, c’est un régal au télescope, car cette région est riche en galaxies (M100, par exemple) Elles se trouvent au sud de Gamma et s’étendent jusqu’à la constellation voisine de Virgo. Elles appartiennent à l’énorme groupe de 3 000 galaxies connu sous le nom d’amas Coma/Virgo. Situées à plus de 400 millions d’années-lumière, seules deux galaxies sont à portée de petits instruments (M64, galaxie à l’Oeil Noir et NGC 4565, galaxie aiguille)

 

Mais retournons à notre histoire.

Après le retour du roi Ptolémée, Ératosthène (284 – 192 avant J.-C.) géographe, cartographe, mathématicien et directeur de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie, ami d’enfance de la reine et précepteur de son fils, achève enfin la carte du monde habité (oekoumène) Elle s’étend de l’Ibérie à l’Inde et du nord de l’Europe à la corne de l’Afrique (Djibouti actuel), entourée d’un immense océan. Mais que représente ce monde par rapport à la Terre entière ?

Le roi charge Ératosthène de la lourde tâche de l’évaluer.

Mesurer le Monde, quelle gloire ! Mais quelle responsabilité ! Aucune erreur ne serait acceptée. Il s’agissait de prendre en compte l’unité du monde pour que chaque homme devienne habitant de LA TERRE. 

 

A l’époque, on admettait la rotondité de la Terre même si les avis étaient partagés quant à sa situation fixe au centre du monde (géocentrisme ou héliocentrisme) La forme parfaite de la sphère facilite sa mesure. Il suffit de connaître une portion (arc) du cercle, de définir son angle au centre pour trouver la circonférence. Le problème, concernant la Terre, est que l’angle situé en son centre n’est pas directement mesurable, faute de pouvoir s’y rendre. Ératosthène allait s’employer à trouver la bonne méthode pour le calculer.

Il fixa une tige d’or sur la dalle de granit au centre de la terrasse de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie. Cette tige ou gnomon produisait des ombres et fournissait ainsi quantité d’informations. Longueur et direction à différents moments de la journée indiquaient si le soleil était au zénith, la latitude du lieu, la direction du nord mais également l’équinoxe, les tropiques et les solstices… Ce repère allait être la première extrémité de l’arc permettant de mesurer la Terre.

 

Nous sommes à Alexandrie, la ville d’Alexandre. Un jour, en face de l’île de Pharos, Alexandre jeta au sol le manteau de son garde du corps, Ptolémée, et décida que la cité aurait la forme de ce vêtement et porterait le nom d’Alexandria. Il n’admirera jamais sa ville et c’est en 323 avant J.-C. que Ptolémée gouverna l’Egypte, puis prit  le titre de roi, Ptolémée 1er Sôtêr (le Sauveur) Ainsi débuta cette longue dynastie des Lagides. Les rois se succédèrent pratiquement de père en fils et parfois par le frère, durant trois siècles jusqu’à Ptolémée XVI.

C’est sous le règne de Ptolémée III Évergète (le Bienfaiteur) que débute cette histoire.

La dynastie s’éteint en 30 avant J.-C. avec la mort de Cléopâtre dernière reine de la famille des Lagides. Auguste annexa l’Egypte à l’empire romain.

Durant ces trois siècles, la dynastie connut bien des péripéties. Assassinats, trahison, mariage entre frère et sœur, exil, guerres à répétition. La décadence de l’Égypte commença d’ailleurs dès la fin du règne de Ptolémée III.

 

Mais revenons un instant dans la Grande Bibliothèque d’Alexandrie et à l’arrivée d’un étrange jeune homme aux cheveux flamboyants, Théophraste Excelsior. Théo espère se voir restituer des manuscrits que les autorités égyptiennes lui ont subtilisés. Ce lieu où toutes les œuvres des peuples de la Terre sont rassemblées représente la somme des connaissances de l’ensemble des civilisations passées et présentes. Ératosthène est impressionné par l’étendue du savoir de Théo et le prend à son service comme aide-bibliothécaire. Le roi lui-même autorise Théo à devenir citoyen d’Alexandrie.

 

(image Collège A Camus Soufflenhmein)

Après bien des recherches, Ératosthène trouve le moyen de mesurer la Terre. Cette dernière étant sphérique, les méridiens égaux et orientés nord-sud, il suffit de se contenter d’en mesurer une partie pour en déduire la dimension totale. Le lieu idéal est tout simplement le Nil, de Syène à Alexandrie où il s’écoule du sud vers le nord. Mais au cours du repas où Ératosthène devait démontrer sa méthode, le roi Ptolémée III meurt empoisonné.

Nous sommes en l’an 221 avant J.-C. Son fils Lagos va lui succéder sous le nom de Ptolémée IV Philopator (celui qui aime son père)

Ératosthène reprend la démonstration de la méthode de mesure du méridien lors d’un autre repas. Les rayons du soleil sont parallèles quand ils frappent la Terre. A chaque extrémité du morceau de méridien mesuré, des pieux (gnomons) dressés formeront une ombre. La différence de résultat du calcul des deux angles effectué à la même heure sera égale à la mesure de l’angle au centre.

 

Reste le plus difficile à faire, trouver la distance exacte du morceau de méridien. Ératosthène choisit un bématiste (un compteur de pas professionnel utilisé par les armées en campagne pour établir les longueurs des étapes) C’est un officier attaché au service de la reine Bérénice, Béton. L’opération sera effectuée en remontant le Nil, sur la rive occidentale, celle des monuments funéraires, pyramides, Vallée des Rois, avec ses berges plates au sol sec. Le départ en bateau à lieu d’Alexandrie vers la ville de Thèbes et Béton commence ses premiers pas. Théo fait partie de l’expédition pour assurer le double comptage. Un nain facétieux, Obole, à qui on a tatoué la vallée du Nil sur son dos, reste avec le roi pour lui permettre de suivre l’opération.

La première partie du voyage s’effectue dans le delta du Nil jusque Héliopolis. On y découvre des paysages extraordinaires, foisonnant de vie. L’industrie du papyrus est née et y prospère dans cette région. On apprend qu’à Héliopolis, la ville du Soleil, un nouveau culte divin s’est fait jour. Pour gagner l’éternité, l’âme du pharaon défunt devait rejoindre le Soleil et non plus les étoiles. On éleva ainsi la première pyramide à degrés, escalier géant que l’âme devait gravir vers le ciel. L’architecte Imhotep dressa ce premier tombeau pour le pharaon Djoser à Saqqarah vers 2800 avant J.-C.

 

L’expédition  chemine à travers les plus belles pyramides d’Égypte et s’aventure dans un pays de fabuleuses légendes. Tandis que Théo relate son voyage dans son registre de bord qu’il nomme « Périple de Théophraste Excelsior, le long du Nil », Béton marchait chaque jour plus longtemps. Péripatéticien singulier, habité par une véritable philosophie de la marche affranchie d’infinitude, de son pas stable, il prenait la mesure des choses. Quant à la Mesure, elle se complique sérieusement pour Ératosthène car son équipe aborde une partie du Nil constituée de nombreux méandres et coupée de canaux perpendiculaires au lit du fleuve, obligeant à de fréquentes corrections. De plus, le principe du double comptage permet de réduire les imperfections, mêmes légères, de la longueur du pas de Béton. Théo suit Béton et compte également ses pas et à la fin de chaque étape, Ératosthène établit une moyenne. Si la différence est importante, on recommence depuis le dernier repère.

Un soir, l’expédition subit une violente attaque de brigands. Le soldat assurant l’escorte est tué mais Béton est gravement blessé à la jambe, ce qui compromet sévèrement la Mesure. L’attente risquait d’être longue. Ou bien l’on rentrait à Alexandrie pour patienter un an jusqu’à la fin des crues ou bien il fallait attendre la guérison de Béton. Ératosthène décide de se rendre auprès du roi et apprend dès son arrivée la mort accidentelle du fils de la reine, Magas qui était lui aussi promis au trône. La reine très choquée pense à un assassinat. Quant à Béton, il est sur pied plus rapidement que prévu. Ératosthène rejoint l’expédition et décide de prolonger la Mesure jusque Syène située un peu avant la première cataracte (Assouan actuel) Il s’y trouve un puits dont le fond est éclairé par les rayons du Soleil le jour du solstice d’été à midi précise. Pas d’ombre donc pas d’angle à calculer.

 

La Mesure reprend et après plusieurs semaines, l’expédition arrive enfin à Syène et Théo descend au fond du puits à midi le jour du solstice d’été. Ératosthène, qui est retourné à Alexandrie, est à côté du gnomon sur la terrasse de la Grande Bibliothèque et n’a plus qu’à diviser la longueur de l’ombre par celle du gnomon pour en déduire l’angle au centre.

Le rapport de l’ombre au repère est de 1/8, l’angle au centre entre les deux villes est de 1/50 du tour de la Terre, la mesure effectuée par Béton est de 5 000 stades (1 stade = 157,50 m), la circonférence est donc de 50 fois plus, c’est à dire 250 000 stades. Cette mesure effectuée plus de deux siècles avant notre ère attribue à la Terre une circonférence de 39 600 km. Aujourd’hui, les méthodes les plus précises donnent 40 000,07 km. Grâce aux magnifiques résultats d’Archimède sur la sphère, la surface de la Terre est connue ainsi que la surface du monde habité de l’époque.

 

La reine Bérénice est mourante, certainement empoisonnée, son fils, le roi Philopator lui avoue que c’est lui, enfant, qui a subtilisé les cheveux de sa mère sur l’autel d’Isis, par amour.

Le destin de la dynastie des Ptolémées est tracé en lettres de sang, une insurrection plonge l’Égypte dans le chaos et la famille royale est massacrée. Obole meurt dans le combat. Seul, Ératosthène cherche à comprendre l’utilité de sa science. Opposer l’ordre du Monde au désordre des hommes, il n’y est pas parvenu.

Ératosthène, aveugle, meurt en 192 avant J.-C.

 

 

Ainsi s’achève cette extraordinaire aventure dans un pays qui fascine encore aujourd’hui. Des hommes de science, courageux, altruistes, nettement en avance sur leur temps ont tracé le chemin d’une ère nouvelle, moderne et tournée vers l’avenir. Si les siècles qui ont suivi n’avaient plongé notre monde dans une longue nuit d’ignorance alimentée par des croyances assassines, notre civilisation serait bien plus avancée. Il n’empêche, ces hommes nous montrent l’exemple, parce qu’un jour viendra où les terriens que nous sommes, c’est leur destinée, partiront dans l’espace pour mesurer pas à pas, à la vitesse de la lumière, notre Univers.

 

La lecture de ce livre m’a plongé dans un autre monde, sur une autre Terre, trois siècles avant notre ère, dans une Égypte où les sciences étaient reconnues, aidées, encouragées. La Mesure de la Terre est le début de la découverte de notre planète et de nos origines. Ces temps antiques où se mêlent les petites et la grande Histoire peuvent être assimilés dans le domaine des sciences à notre siècle des Lumières.

« Les cheveux de Bérénice » se lit comme un roman.

 

Je vous souhaite une excellente lecture…

 

Si vous le voulez bien, je vous donne rendez-vous pour un prochain livre sur ces objets venus de l’espace nous raconter nos origines :

« Le feu du ciel, météores et astéroïdes tueurs » de Jean-Pierre Luminet

aux éditions « le cherche midi »                  

 

existe en poche : 8€ et

en relié aux éditions du Seuil 20€

 

 

 

 

 

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MAGAZINE CONSEILLÉ : ESPACE MAGAZINE SPÉCIAL HUBBLE (18/03/2005)

 

 

HUBBLE : l'événement !
Fin avril, le Télescope Spatial Hubble fêtera ses 15 années sur orbite. ESPACE Magazine rend hommage à ce programme extraordinaire qui a réuni science astronomique et vols habités (des milliers d'images de l'Univers - 5 missions de navette spatiale à ce jour).
Numéro Spécial HUBBLE en kiosque le 17 mars 2005
100 pages - Dos carré-collé - Plus de 150 photos
Cliquez sur l'image pour charger une présentation (document jpg de 127 Ko)

 

 

C'est un numéro uniquement consacré à Hubble et aux avancées qu'il a permis de faire en astronomie.

 

Indispensable pour tout amateur d'astro. (4,90€)

 

Tout n'est peut être pas perdu pour Hubble, certains sénateurs US sont en train de débattre du fait que ne pas secourir Hubble est "contre la loi" et essaient de faire changer de position l'administration, surtout depuis l'arrivée d'un nouveau responsable de la NASA.

 

 

 

 

 

 

 

 

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C'est tout pour aujourd'hui!!

 

Bon ciel à tous!

 

JEAN PIERRE MARTIN

 

 

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