mise à jour le 9 Novembre 2005

 

CONFÉRENCE "GRAVITATION ET COSMOLOGIE"

Par NATHALIE DERUELLE 
de l'Institut des Hautes Études Scientifiques (IHES)

Organisée par l'IAP

98 bis Av Arago, Paris 14 ème

 

le mardi 8 Novembre 2005

 

Photos : JPM.pour l'ambiance

 

 

 

 

BREF COMPTE RENDU

 

 

 

 

 

Un public très nombreux, comme toujours à l'IAP

C'est Jean Eisenstaedt qui comme à l'habitude présente la conférencière de ce soir.

 

 

Nathalie Deruelle, que nos lecteurs des Astronews et de la SAF connaissent bien, nous présente ce soir en avant dernière conférence du cycle Einstein, une synthèse entre gravitation et cosmologie.

 

INTRODUCTION : NOS GLORIEUX ANCIENS.

 

Quand on parle de glorieux anciens on commence toujours par les pères fondateurs : les Grecs.

 

Ils établissaient une dichotomie entre la Terre (impure?), le monde sub-lunaire d'Aristote  et les astres immuables , monde de l'astronomie et des mathématiques.

Cette différenciation a malheureusement duré près de 20 siècles (je me permets d'ajouter que certains Grecs avaient d'autres idées bien plus révolutionnaires comme Aristarque de Samos par exemple, mais ils étaient en minorité).

 

La révolution vint de Copernic, homme d'église (ce qui lui posa des cas de conscience) qui le premier en 1543 plaça le soleil au centre de ce que l'on appelait le Monde à l'époque, c'est à dire le système solaire. Il donnait en fait un changement de perspective et de mentalité. Et Galilée premier physicien lui emboîta le pas en étant le premier à tourner sa lunette vers le ciel, où il découvrit des mondes similaires à ce qu'annonçait Copernic : ce sont les petits corps qui tournent autour des gros et non pas le contraire.

 

Mais c'est le petit génie, Newton qui fit la synthèse de tout cela avant la trentaine : la Lune qui tourne autour de la Terre et la pomme qui ne lui est (probablement) jamais tombée sur la tête obéissent à la même loi : la gravitation qui va devenir universelle.

Il mit vingt ans à formaliser cela mathématiquement pour arriver aux formules qu'on apprend maintenant dans les écoles.

 

Cette physique que l'on va appeler newtonienne va durer 250 ans et va mener à beaucoup de succès, comme la découverte de Neptune par Adams et Le Verrier (c'est une aventure extraordinaire que vous pouvez revoir) gloire aux math newtoniennes.

 

 

Mais il y avait quand même quelques problèmes comme par exemple :

L'avance anormale du périhélie (point le plus rapproché du Soleil) de Mercure ou la vraie nature de la lumière : ondes ou corpuscules?

 

 

LA RÉVÉLATION RELATIVISTE.

 

C'est notre ami Albert Einstein qui eut le premier la révélation.

 

La loi de composition des vitesses n'est valable que dans notre monde terrestre mais non plus au niveau du système solaire et de l'Univers, la vitesse de la lumière est invariante.

C'est la relativité que l'on appelle restreinte (special relativity en anglais) par opposition à la générale qui va suivre; nous sommes en 1905, il y a 100 ans, le temps devient une dimension comme les autres.

 

 

 

Les transformations de Lorentz mettent Einstein sur la voie.

Équation d'Einstein de la relativité générale.

 

 

La relativité générale (1915) est un grand succès, pourquoi générale d'ailleurs ; car elle inclut maintenant la gravitation, l'espace temps est courbe, le théorème de Pythagore n'est plus rigide.

Le facteur G de la formule d'Einstein représente la métrique de l'espace temps.

 

Les succès de la relativité générale ne se font par trop attendre :

L'éclipse de Sobral permet de valider cette théorie :la masse déforme les rayons lumineux

L'avance du périhélie de Mercure est parfaitement expliquée.

Les redshift sont expliqués (déviation vers le rouge des corps qui s'éloignent de nous)

L'effet Shapiro : ralentissement d'un signal passant près d'une masse importante.

Étoiles compactes et trous noirs.

Plus à notre époque : le GPS ne fonctionnerait pas sans l'intervention des équations d'Albert.

 

Une nouvelle fenêtre s'offre aussi à nous : les ondes gravitationnelles , voir conférence d'Alain Brillet sur ce sujet.

 

Les pulsars binaires émettent des ondes gravitationnelles qu'on espère pouvoir détecter sur Terre (LIGO, VIRGO) ou dans l'espace (LISA) et confirmer ainsi un des derniers éléments de la théorie d'Einstein.

 

N Deruelle nous montre aussi à cette occasion une petite animation de ces pulsars faite par Jophn Rowe animation dont je vous donne quelques coordonnées

 

Site animation cosmo.

 

Animation des pulsars binaires (3,3MB en mpeg).

Coalescence des pulsars binaires. (5MB en mpeg)

 

 

 

 

 

 

 

 

LES DÉFIS DE LA COSMOLOGIE OU LES LIMITES DE LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE.

 

Le premier modèle d'Univers d'Einstein était sphérique et statique, donc fermé, mais ses fameuse équations n'avaient pas de solutions de ce type aussi tout monde le sait maintenant il a rajouté un terme afin de satisfaire ces conditions, la fameuse constante cosmologique.

 

Lemaître et Friedmann ont eu eux l'idée d'un Univers dynamique, ce qui s'est avéré vrai.

Hubble proclame l'expansion de l'Univers, les galaxies semblent s'éloigner à une vitesse proportionnelle à leur distance.

 

Puis Gamov fait intervenir la densité de lumière et la température.

 

On en déduit ce que l'on appelle le Modèle Standard du Big Bang

(voir schéma ci-contre) qui va être accepté jusqu'aux années 1970.

Les principaux axiomes en sont :

 

La matière est poussière et lumière

         L'Univers est homogène et isotrope

         La gravitation est décrite par la relativité générale

         Les lois de la physique sont universelles

En conséquence, il s'est produit :

         Un "Fiat Lux" à 3000°K (l'univers devient transparent)

         Et une expansion

         Création des éléments légers.

 

 

L'Univers en entier devient un laboratoire;

 

 

 

Pour plus de détails voir la conférence de JP Luminet sur l'histoire du Big Bang.

 

À la fin des années 1970, les paramètres cosmologiques sont données sur cette diapo de Nathalie Deruelle :

 

 

 

En résumé, l'Univers est fermé et devrait s'éteindre dans 60 milliards d'années.

 

 

 

Mais dans les années 1980 on se pose des questions fondamentales comme par exemple : comment se sont formées les galaxies, car avec le modèle standard, les fluctuations de matière ne croissent pas assez vite.

 

La fin du XXème siècle est propice à de nouvelles missions spatiales (COBE, WMAP) et à des mesures plus précises du ciel si bien que l'on arrive maintenant à des facteurs cosmologiques totalement différents comme sur la photo suivante.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les valeurs de densité (les oméga)  commencent à être bien déterminées maintenant grâce à WMAP, Hubble, les mesures de Super Novae etc… ce qui est résumé sur la diapo suivante:

 

 

 

Soudainement, nous, la matière ordinaire (baryonique) devenons quantité négligeable : 4% de l'Univers!

L'univers est dominé par une énergie inconnue, l'énergie noire qui occupe 70% de l'inventaire. C'est la constante cosmologique qui donne maintenant l'évolution de l'Univers.

 

 

 

 

 

Mais de nombreuses questions restent posées, sur l'origine des fluctuations mesurées du CMB par exemple, car ces fluctuations sont minimes (10-5) donc de valeurs très proches en tous les endroits de l'Univers, endroits qui peu après le Big Bang n'avaient pas de lien entre eux , alors comment une telle homogénéité a-t-elle pu naître?

 

 

Ce problème ainsi que beaucoup d'autres est résolu par la théorie de l'inflation que vous pouvez voir en détails sur ce compte rendu de la conférence spécifique faite par N Deruelle à la SAF il y a quelques temps.

Je ne m'y attarderai donc pas trop.

L'Univers a commencé par une brève période d'inflation qui a dispersé toute la matière présente.

Seules des fluctuations inévitables du vide quantique ont subsisté, et ont été énormément amplifiées.

À la fin de cette période, ces fluctuations de température du bruit de fond, donc fluctuations de densité de matière ont été la graine des galaxies naissantes et leurs marques est visible dans le CMB.

 

Le moteur de cette inflation serait d'après Andrei Linde son principal concepteur, une particule que l'on cherche toujours : l'Inflaton.

 

En allant plus loin : l'Univers à très grande échelle serait chaotique et éternel, mais si j'ai bien compris nous n'avons aucune chance de le vérifier. Notion très controversée.

 

Fin de l'exposé brillant.

 

 

 

Plein de questions sont posées à Nathalie Deruelle qui y répond volontiers.

 

Merci Nathalie pour cette excellente soirée, à la prochaine fois.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN.

 

 

Voie le dossier cosmologie du site.

 

 

Inflationary Cosmology, large structures etc.. présentation Power Point (PPT) en anglais de 3,11MB

 

The expanding Universe par l'Université de Californie, présentation PPT en anglais de 3,8MB, génial, l'histoire du CMB et des densités de matière et énergie et leur influence sur la forme de l'Univers. Un peu technique mais bien fait.

 

The accelerating Universe  cosmologie et le projet SNAP, de l'Université de Berkeley  présentation PPT en anglais de 4,47MB

 

 

 

 

C'est tout pour aujourd'hui!

 

 

Bon ciel à tous

 

 

Jean Pierre Martin   www.planetastronomy.com