mise à jour le 8 Juin 2005

 

CONFÉRENCE SUR "LE PARADOXE DE FERMI"

Ou : "Sommes nous seuls dans la Galaxie?"

Par Nicolas PRANTZOS de l'IAP

Organisée par l'IAP

98 bis Av Arago, Paris 14 ème

 

Le Mardi 7 Juin 2005 19H30

 

Photos : JPM. sinon voir les ©

 

BREF COMPTE RENDU

 

 

Un titre aussi aguicheur que celui là devait attirer beaucoup de monde, boulevard Arago ce mardi, ce fut le cas la salle était archi comble pour entendre Nicolas Prantzos astrophysicien à l'IAP nous parler de possible vie extra terrestre.

 

 

C'est Daniel Kunth (à gauche sur la photo), aussi astrophysicien à l'IAP qui nous introduit Nicolas en signalant que ce c'est ce genre de thème qui passionne le plus le grand public.

 

Il annonce que cette soirée clôt les séances des mardi soir de l'année 2004/2005, il nous donne rendez vous à la rentrée pour la première conférence le Mardi 6 Septembre.

(voir programme des conférences de ce site)

 

 

 

 

 

 

 

Le thème de la vie à l'extérieur de notre petite sphère a préoccupé l'être humain depuis des siècles; existe t il des êtres comme nous quelque part?

 

HISTORIQUE

 

N Prantzos commence sa conférence par un historique de la question et on va voir comment les arguments ont évolué au cours du temps.

C'est le fameux débat sur la pluralité des mondes et c'est Épicure (341-270 av JC) qui l'entame, il croit lui à la pluralité des mondes, son argument logique et simple : peut on concevoir un champ de blé avec une seul tige, non bien sûr, alors d'autres mondes comme nous existent.

 

 

Aristote (384-322 av JC) et Platon (428-347 av JC) ne partagent pas cet avis du tout, il n'existe qu'un seul monde, monde qui est d'ailleurs décomposé en 4 éléments fondamentaux : feu, air, eau, terre; la terre est fixe.

 

 

Saint Augustin (354-430) plusieurs siècles plus tard pense aussi que nous sommes seuls, ce n'est pas ce que pensait Albert le Grand (1193-1280) ce savant allemand qui se demande bien pourquoi Dieu n'aurait il pas crée d'autres mondes.

 

Mais c'est Thomas d'Aquin (1225-1274) qui le premier se pose ce genre de paradoxe :

Si d'autres mondes existent suivant qu'ils sont tous pareils ou tous différents cela met en doute la perfection divine, donc d'après lui il ne peut y avoir qu'un seul monde.

 

 

Et puis l'inquisition arrive avec Giordano Bruno (1548-1600) qui osa croire à une infinité de mondes et surtout le dit, hérésie pense t on à l'époque, on le brûle sur la place Campo di Fiori de Rome où se trouve maintenant une statue commémorative (photo).

 

 

Puis la science moderne commence à émerger avec Copernic (1473-1573), Galilée (1564-1642) et Newton (1642-1727), le système héliocentrique détrône progressivement le système géocentrique.

La terre n'est plus au centre du monde, et bientôt on verra que notre Soleil et notre Galaxie n'ont rien de spécial.

 

 

Principe copernicien : notre position dans l'Univers n'a rien d'exceptionnel.

 

Galilée et Newton : les lois physiques sont les mêmes partout.

Mais qu'en est il des lois biologiques et sociologiques qui régissent le développement de la vie et de l'intelligence? On ne sait pas.

 

 

 

 

LE PARADOXE DE FERMI.

 

Enrico Fermi (1901-1954) a produit la première réaction nucléaire en chaîne en 1944; en 1950 il travaille à Los Alamos et discute avec Ed Teller (père de la bombe H américaine) d'extraterrestres, au cours de la conversation Fermi s'échauffe et lance un brusque "Where are they???"Où sont ils donc ces extra terrestres si ils existent.

On ne trouve pas de traces d'une éventuelle visite sur Terre pour le moment. On ne recueille aucun signe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Michael Hart, astronome, reprend l'argument de Fermi et discute ses implications en détails et les publie en 1975 :

 

1)      il y a peu d'autres civilisations

2)    la recherche de signaux extra terrestres est une perte de temps et d'argent

3)    nos descendants vont certainement coloniser la galaxie puisque les "autres" ne s'y intéressent pas

 

 

 

En fait dans le passé Bernard le Bovier de Fontenelle (1657-1757) avait fait paraître un livre sous forme de dialogue , "Entretiens sur la pluralité des mondes".où un des savants indique qu'il existe d'autres mondes dans l'Univers et le candide lui répond, mais alors ils auraient dû nous visiter; non lui répond on le temps est trop long.

 

 

Le célèbre Carl Sagan (qui a publié Intelligence life in the Universe en 1965 et qui croyait en une vie extra terrestre) a baptisé de genre de discussion de paradoxe de Fermi que N Prantzos va nous détailler.

 

 

Résumons les principaux points de ce paradoxe :

 

 

 

 

 

1)      notre civilisation n'est pas la seule civilisation technologique de la galaxie

2)    notre civilisation est "typique" (représentative des civilisations lambda si j'ose dire) ni plus ni moins avancée que d'autres

3)    le voyage interstellaire n'est pas trop difficile pour une civilisation légèrement plus avancée que la notre, ils ont peut être déjà essayé

4)    la colonisation de la galaxie est relativement rapide : inférieure à 100 millions d'années soit moins d'un centième de l'age de la Galaxie..

 

En conclusion tous ces points signifient : ILS DEVRAIENT ÊTRE LÀ

 

Mais ils ne sont pas là, alors quelle hypothèse est elle fausse?

 

Tout ceci nous amène à la fameuse équation de Drake.

 

Dans les années 1960, le radio astronome Frank Drake, qui cherchait des signaux radio extra terrestres publia une formule qui porte son nom et qui est supposée décrire le nombre de civilisations possibles de notre galaxie.

 

N = R* • fp • ne • fl • fi • fc • L

 

Cette équation exprime le nombre (N) de civilisations 'observables' qui existent dans notre propre Galaxie, la Voie Lactée, comme une multiplication de plusieurs éléments qui nous sont inconnus.

R : le nombre d'étoiles naissantes chaque année dans la Voie Lactée (taux de formation stellaire);
fp : fraction de ces étoiles qui possèdent un système planétaire ;
ne : nombre moyen de planètes similaires à la Terre (aptes à abriter une forme de vie) ;
fl : nombre de planètes habitables sur lesquelles une forme de vie a pu évoluer ;
fi : taux des planètes où une évolution biologique produit effectivement une forme de vie intelligente ;
fc : taux de ces formes de vie intelligentes capables de communiquer à travers l'Univers ;
L : durée de vie moyenne d'une civilisation capable de communiquer à travers l'Univers (exprimée en années).

 

On commence à connaître certains facteurs.

R est estimé à quelques étoiles par an qui naissent (pour 100 milliards d'étoiles que compte notre galaxie)

 

 

Fp ; beaucoup d'étoiles comportent des planètes, mais il faut exclure les étoiles trop lourdes (vie trop courte) et les étoiles trop massives (pas assez lumineuses), bref dans ce qui reste d'étoiles on définit la zone habitable (voir graphique, où la zone habitable, c'est à dire pour trouver de l'eau liquide est figurée en bleu dépendant des différentes masses d'étoiles) autour de l'étoile.

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut triturer tous ce paramètres un peu dans tous les sens (voir en références des sites avec calculateur intégré), mais il faut faire quelques choix arbitraires.

 

On peut rajouter aussi une information, il semble que la métallicité de l'étoile (les astronomes appellent "métal" tout ce qui est au dessus de l'He dans la classification périodique) joue un grand rôle ; en effet les étoiles avec planètes sont en moyenne plus riches en métaux, donc on sait où chercher.

 

 

 

Public attentif et participatif à cette conférence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces courbes présentées par N Prantzos indiquent le nombre d'étoiles qui remplissent les critères précédents en fonction de la distance en kpc (kilo parsec = 3,25 al)).

 

Les courbes satisfaisant de plus en plus de paramètres, la dernière en magenta correspondant à une bonne métallicité une bonne masse d'étoile et un bon age de civilisation.

 

 

 

On arrive ainsi au nombre 3,5 107 "civilisations" possibles au maximum, ce qui dans notre galaxie donnerait une moyenne de distance entre deux de ces étoiles de 100 années lumière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette distance moyenne donne l'ordre de grandeur approximatif de la distance où pourrait se trouver nos "frères", distance qu'il va falloir franchir, c'est le thème de la partie suivante.

 

 

FRANCHISSEMENT DES DISTANCES INTERSTELLAIRES

 

Il faut se rendre compte des distances immenses concernées, même notre nouveau centimètre solaire l'UA (Unité Astronomique : 150 millions de km distance de la Terre au Soleil) ne suffit pas: Pluton : 40UA, les sondes Voyager qui sont nos émissaires vers les nouveaux mondes et qui sont parties dans les années 1970 ne sont qu'à une centaine d'UA (15 milliards de km) et se traînent à 25km/sec; la prochaine étoile (Proxima du Centaure) se trouve à 300.000UA ou 4,3 année lumière et c'est notre plus proche voisine!

Même à 1/10 de la vitesse de la lumière il nous faudrait 40 ans pour l'atteindre!

 

Donc, comment traverser ces immenses distances interstellaires?

 

Bien sûr, il y a les solutions des séries TV : Enterprise et Warp Drive, mais cela n'existe pas (encore?) dans le réel.

 

Notre orateur nous propose un tableau des différentes méthodes de propulsion permettant d'atteindre des vitesses plus élevées.

 

Tableau des différentes énergies menant à des propulsions de plus en plus élevées.

Distances aux objets "proches" vues de l'intérieur d'un vaisseau "relativiste".

 

 

Nous en sommes on le voit au niveau de la courbe verte, l'énergie chimique (carburant comburant de fusées), les propulsions nucléaires (Fission et Fusion) ont fait l'objet d'études depuis les années 1960 mais sans grand résultat.

Projet Orion : propulsion par explosion nucléaire (mais oui!!)  et projet Daedalus : propulsion par fusion contrôlée (nécessite 46.000t de Deutérium et d'Hélium 3 qui n'existe pas sur Terre!!) mais permettrait d'atteindre 0,1c, etc..

 

Projet basé sur l'antimatière (le plus performant 1g d'anti H = 5kg de Pu = bombe de Nagasaki), mais notre capacité de production actuelle est disons …..très limitée : 10-8 g/an et ceci pour un coût de 108 $. Je me rappelle en avoir parlé dans un ancien astronews.

 

D'autres projets : voile interstellaire ; Ramjet etc..

 

On peut aussi profiter de la dilatation du temps si on roule à vitesse relativiste (voir tableau ci dessus), au moins pour les voyageurs les temps de parcours deviennent "humains".

Par contre si on voyage à vitesse lente (non relativiste) on ne contrôle pas encore les possibilités d'hibernation en vogue chez nos amis férus de SF , on pourrait aussi espérer prolonger sérieusement la durée de vie de l'être humain , mais ne rêvons pas.

 

 

En fait tous ce problèmes ne sont pas si graves, les temps de voyages ne seront pas un obstacle, pensons à ce qu'étaient les transports il y a 100 ans, 500ans, 2000ans; donc ce n'est qu'une question de temps : nous en viendrons à bout, ce n'est qu'une question de temps et mon successeur dans quelques siècle qui reprendra cette chronique rigolera bien de tout ce qui est écrit.

 

Ramenées à la vie de l'Univers ces quelques millions d'années nécessaire pour une conquête de la galaxie, ce n'est rien.

Donc si il y a eu des civilisations comme nous , elles auraient déjà dû conquérir au moins notre galaxie, mais alors l'éternelle question :

 

 

 

OÙ SONT ILS?

 

 

Plusieurs réponses :

Ils sont déjà ici (voir Mulder et Scully!!!) et ils ont laissé des traces, il faut chercher.

Ils sont chez eux mais ne veulent pas venir ou ne veulent pas se manifester, ou ils nous mettent en quarantaine (cela peut se comprendre!!).

 

On peut aussi remarquer, que c'est peut être bien ainsi, si personne ne prend contact avec nous, en sachant tout ce qui s'est passé sur Terre dans des cas similaires : Cortez, Colomb etc.. je ne tiens peut être pas à ce qu'on me trouve!!!

 

 

Mais tous ces raisonnements ont un point faible : si il y a beaucoup de civilisations comme la notre on ne peut pas imaginer que toutes ne désirent pas nous rencontrer ou qu'aucune si elles sont venues n'aient laissé aucune trace, alors, alors….

 

 

ILS SONT NUL PART ET NOUS SOMMES SEULS

 

Semble être la conclusion logique.

C'est du moins ce que pense Nicolas Prantzos (et moi même d'ailleurs)

 

Les biologistes d'ailleurs pensent que la vie intelligente est tellement rare à évoluer; tant de catastrophes destructrices de civilisations et d'espèces vivantes se sont produites (5 extinctions majeures durant les 580 millions de vie pluricellulaire sur Terre).

 

Intervention d'un spectateur en guise de conclusion :

Si on est seul, QUELLE RESPONSABILITÉ NOUS AVONS ! vis à vis de nous même et de notre race de nous préserver et de maintenir notre planète en bon état et d'éviter le guerres.

Paroles sages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN SUR CE SUJET

 

Sur Giordano Bruno

http://www.publius-historicus.com/bruno.htm

http://www.herodote.net/histoire02170.htm

 

 

sur la philosophie d es sciences :

http://www.astrosurf.org/lombry/philo-sciences-difficiles3.htm

 

sur Fermi et le paradoxe de Fermi :

http://fermi-paradox.geekopedia.ipupdater.com/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Fermi

http://www.w3perl.com/astro/seti/fermi/

 

sur l'équation de Drake :

http://drake-equation.wikix.ipupdater.com/

http://www.activemind.com/Mysterious/Topics/SETI/drake_equation.html

une présentation Power Point sur la vie intelligente dans l'Univers et l'équation de Drake:

http://astrwww.case.edu/Academic/luckastr201/Fall%202004/Lectures/17_Life%20In%20the%20Universe.ppt

 

 

 

 

 

C'est tout pour aujourd'hui!

 

 

Bon ciel à tous

 

 

Jean Pierre Martin   www.planetastronomy.com