LA MESURE DES DISTANCES
EN ASTRONOMIE
DES ORIGINES À NOS JOURS
PAR :
JEAN-PIERRE MARTIN
ASSOCIATION
D'ASTRONOMIE VEGA 78
PRÉSENTÉ
EN NOVEMBRE 2001
LA MESURE DES DISTANCES EN ASTRONOMIE –
DES ORIGINES À NOS JOURS
1)
INTRODUCTION
2)
AU DÉBUT ÉTAIENT LES
GRECS
3)
15 SIÈCLES DE
PERDUS LA GRANDE PARALYSIE
4)
À L'AUBE DES
DÉCOUVERTES
5)
LA QUÊTE DE L'UNITÉ
ASTRONOMIQUE
6)
LE CADEAU DE LA
RÉVOLUTION FRANÇAISE AU MONDE :
LE SYSTÈME MÉTRIQUE
7)
LA PARALLAXE DES
ÉTOILES
8)
MAGNITUDE ET CÉPHÉIDES
9)
DIS PAPA C'EST LOIN
LE BOUT DU MONDE??
10) CONCLUSIONS SYNTHÈSE
11) BIBLIOGRAPHIE / SITES WEB
1- INTRODUCTION
Ayant
assisté il y à quelques temps à une conférence d'Astronomie, le narrateur a
évoqué à un moment la nébuleuse d'Andromède et a dit qu'elle se situait à plus
de 2 Millions d'AL de nous.
Je
me suis alors posé la question de savoir comment on pouvait être sûr (au sens
de la mesure physique) de cette valeur. J'ai alors posé la question, mais la
réponse ne m'a pas convaincu, on m'a vaguement parlé de Céphéides (qu'est ce
que c'est ces bêtes là??).
Bref
je n'ai pas été satisfait de la réponse et je me suis mis en chasse
d'explications.
Avant
je me devais de formuler la question de façon correcte :
Comment
depuis que l'Homme appréhende la voûte étoilée, comment a-t-il essayé d'évaluer
son environnement immédiat : la prochaine ville, le bateau à l'horizon, les
pays lointains, la forme de la Terre, la distance de la Lune, du Soleil, des
planètes et des étoiles qui nous entourent et avec quelles unités de mesure, et
avec quelle précision.
Cette
présentation est l'histoire résumée et modeste de cette quête.
J'ai
essayé le plus possible d'éviter les formules mathématiques, mais ce ne fut pas
facile, aussi si vous décrochez à un moment n'hésitez pas à revoir vos manuels
de classe Terminale où à m'interroger.
Je
ne prétends pas être complet et je ne peux pas couvrir tout le sujet en détails
car cela dépasserait le cadre de cet exposé, mais je cite de nombreux ouvrages
en référence pour ceux qui veulent aller plus loin.
En route pour l'espace!
Cette
histoire commence dans le berceau de notre civilisation : la Grèce
2- AU
DÉBUT ÉTAIENT LES GRECS
Pour
être capable d'évaluer (je ne dis pas encore mesurer) les distances, il fallait
connaître la forme de la Terre. De nombreuses indications (bateau s'éloignant à
l'horizon, ombre de la Terre sur la Lune lors des éclipses de Lune, découverte
de nouvelles constellations plus on va vers le Sud…) imposent à Aristote (350
av. JC) une évidence : La Terre est ronde.
Vient
ensuite la question suivante : si elle est ronde, quelle est sa dimension?
2-1 ARISTARQUE DE SAMOS (310-230 av JC) :
Il
vivait à Alexandrie (actuellement en Égypte), il était aussi persuadé de la
rotondité de la Terre, et il utilisa les éclipses pour évaluer les distances et
dimensions relatives de la
Terre et de la Lune. Il avait compris que le Soleil était très éloigné de nous
et que ses rayons arrivaient de façon parallèle vers nous de telle façon que
l'ombre de la Terre lors d'une éclipse soit un cylindre. Il avait aussi
remarqué que lors d'une éclipse de Lune totale, la Lune restait dans
l'obscurité pendant a peu près 2 heures (en fait 2h et demi) alors qu'il lui
faut une heure pour parcourir son diamètre, il en déduisit que le diamètre de
la Lune est approximativement de 1/3 le diamètre de la Terre. (Voir figure
d'après l'excellent livre "Méthodes de l'Astrophysique" chez
Hachette).
Aristarque étudie l'ombre de la
Terre lors des éclipses
afin de déterminer le diamètre
relatif de la Lune
par rapport a celui de la
Terre.
Il trouve approximativement :
Dlune = 1/3 Dterre (en fait 0.27)
En
effet l'éclipse est totale quand la Lune est complètement dans l'ombre et elle
se termine quand elle commence à montrer le bout de son nez, donc l'ombre
couvre TROIS Lune pendant l'éclipse totale. En fait c'était très approximatif
mais l'ORDRE DE GRANDEUR était exact (la vraie valeur du diamètre de la Lune
est : 0,27 diamètre Terre).
De
même il sentait bien que le Soleil était très loin et il voulut avoir une idée
de sa distance. A cet effet il va utiliser la Lune encore une fois. Il comprit
que quand la Lune est dans son premier ou dernier quartier (voir figure), le
Soleil fait un angle de 90° avec celle-ci et que s'il pouvait mesurer l'angle
α il aurait une idée de la distance Terre-Soleil (voir triangulation). Il
mesura cet angle avec l'imprécision due à la difficulté de bien déterminer
l'EXACT premier quartier.
Il
trouva 3° et en déduisit que le Soleil était à au moins 19 fois le diamètre
terrestre. Là l'ordre de grandeur était quand même un peu faux, la vraie valeur
(qui ne fut déterminée que 15 siècles plus tard!!!) est de 400, il s'était
trompé d'un facteur 20. En fait l'angle à mesurer est tellement faible (bien
inférieur à 1°) que sa mesure n'était pas faisable à l'époque de notre génial
Grec.
L'angle α (sous-tend l'arc
EM) fut évalué par Aristarque à : 3°
(1/120 d'un cercle complet de
360°)
2πRs = 120 Rm avec Rs = SM = dist Terre Soleil
et Rm = EM = dist Terre Lune
Rs/Rm ~ 19 d'après Aristarque
(en fait 400)
Il
comprit aussi que le Soleil devait être immense, et que c'était certainement la
Terre qui tournait autour du Soleil et pas le contraire. Mais cette idée ne
plut pas à ses contemporains.
2-2 ÉRATOSTHÈNE DE CYRÈNE (280-190 av JC)
Le
plus génial probablement car il a démontré un esprit d'analyse très fin et ses
talents mathématiques étaient très élevés. Il fut convaincu de la rotondité de
la Terre et trouva une méthode astucieuse pour mesurer son diamètre.
ÉRATOSTHÈNE À PARTIR DE LA
MESURE DE L'OMBRE D'UN GNOMON (BÂTON) ENTRE ALEXANDRIE ET SYÈNE MESURE LE
DIAMÈTRE DE LA TERRE (200 AV JC).
Il
avait remarqué que le jour du solstice d'été le Soleil éclairait à midi (au
zénith) le fond d'un puits profond dans la ville de Syène (Assouan), le soleil
devait donc se trouver exactement à la verticale de ce puits à ce moment là
(voir figure). Or il savait que dans sa ville d'Alexandrie au même moment le
même jour le soleil n'était pas au zénith mais était plus au Sud et faisait un
angle de 7° (ou 1/50 de la circonférence) avec la verticale. Il connaissait la
distance entre les deux villes (5000 stades égyptiens) et il en déduisit par un
calcul simple que le diamètre de la Terre était donc de :
50
x 5000 = 250 000 stades, le stade ayant
plusieurs valeurs, mais la plus communément admise étant de : 160 m , il trouva
que le diamètre de la Terre était de
6400 km.
Cette
valeur est extrêmement exacte, la vraie valeur étant, dépendant de l'endroit
d'où l'on effectue la mesure mais en moyenne, approx 6400 km. Incroyable!!
IL MESURE α = 7° (SOIT
1/50 DE LA CIRCONFÉRENCE)
ALEXANDRIE-SYÈNE = 5000 STADES
D'OU R = (50 x 5000) / 2π
= APPROX 40 000 STADES
1 STADE = 160m (VALEUR
APPROXIMATIVE)
D'OU
R =
6400 km
C'EST LA VALEUR EXACTE !!!!!
2-3 HIPPARQUE DE NICAEA (190-120 av JC)
Si Ératosthène
a été un très grand mathématicien, Hipparque a été lui le PREMIER VRAI
ASTRONOME du monde. Il est né à Nicaea (maintenant Nord de la Turquie) et mort
à Rhodes, l'Empire Grec était énorme à l'époque.
Il
a effectué des mesures avec de vrais instruments de sa fabrication (astrolabe
par exemple). Il a identifié et expliqué la précession des équinoxes. Il a
développé la méthode de parallaxe pour la mesure des distances des étoiles
(voir plus loin dans le texte).
Il
a eu l'idée d'utiliser une éclipse solaire pour MESURER la distance Terre-Lune.
L'éclipse était totale à Syène mais seulement partielle à Alexandrie (voir
figure tirée de"La distance en astronomie de Robert Clark revue "Éclipse")
Il comprit que la durée de l'éclipse totale dépendait directement de la
distance Terre-Lune. Le calcul est brièvement expliqué sur cette figure.
HIPPARQUE MESURE LA
DISTANCE TERRE-LUNE
(150 avJC)
Données du problème :
Diamètre angulaire du Soleil vu de la Terre : 0,5'
Durée maxi d'une éclipse : 2,5 h
Durée de la lunaison : 29,5 j = 708h
Lors de l'éclipse, la Lune se
déplace sur son orbite de :
β = (2,5/708) x 360° =
1,27°
Il savait que le Soleil était
beaucoup plus loin que la Lune et que donc l'angle γ était très voisin de
90°.
On peut donc écrire :
α/2
+ γ + δ + β/2 = 180°
d'où δ = 89,12°
Rappel de trigonométrie :
Cos δ = CT/CL = cos (89,12°) = sin (0,88°) ≈ 0,88°
soit en radian : ≈ 0,88 x
(π/180) ≈ 0,015 radians d'où :
CL/CT ≈ 67
La distance entre le centre de
la Terre et le centre de la Lune vaut ≈ 67 fois le rayon terrestre soit
≈ 428.000 km (en fait la vraie valeur est de 380.000km)
L'ordre de grandeur était
encore une fois étonnement bon.
Il trouva la valeur de approx. 428
000km ce qui n'est pas loin de la vraie valeur.
Mais
sa plus grande contribution à l'astronomie fut le classement en 6 classes de
luminosité (magnitude) de près de un millier d'étoiles. Ce classement SUBSISTE
DE NOS JOURS!
En
hommage à ce noble astronome, l'ESA a lancé le satellite Hipparcos (High
Precision PARallax COlecting Satellite) en 1989, qui fut chargé de compléter le
catalogue d'Hipparque et répertoria des centaines de milliers d'étoiles jusqu'à
la magnitude 12,5 avec une précision de 0,001arcseconde et un million d'étoiles
jusqu'à la magnitude 11,5 avec 0,025 arc seconde de précision. Il effectua sa
mission sans faille pendant plus de trois ans.
On
voit que les mathématiciens Grecs ont commencé à appréhender le système solaire
avec des outils de calculs SIMPLES (des mesures d'angles et de distances au sol)
et surtout avec le RAISONNEMENT. Prenons en de la graine!!
2-4 PTOLÉMÉE (85-165) ET L'HÉRITAGE GREC
Si
Pythagore (600 av JC) concevait une Terre et des planètes tournant autour d'une
boule de feu, ce ne fut pas le cas de la majorité des "Philosophes"
(comprenez Mathématiciens) Grecs dont Aristote; en effet Hipparque avait essayé
de mesurer la parallaxe des étoiles, et ne put en fait ….rien mesurer (elles
étaient trop loin pour une mesure avec les instruments de l'époque) donc,
comment la Terre pouvait-elle bouger et que l'on ne mesure aucune parallaxe,
d'autre part, nos amis se demandaient comment la Terre pouvait se déplacer sans
que l'on soit emporté par la vitesse (en fait l'atmosphère tourne avec la
Terre).
Donc
il semblait RAISONNABLE que la Terre soit FIXE et que les planètes et le Soleil
tournent autour d'elle.
Ce
fut la seule erreur des Grecs, mais quelle erreur, elle a coûté la vie plus
tard à des milliers de personnes qui ont été brûlées pour mettre en cause ce
dogme, repris plus tard par l'Église.
Cette
notion a été adoptée par le célèbre astronome Claude Ptolémée d'Alexandrie au
début de notre ère et résumé dans un livre mythique, l'Almageste (ce nom vient
de l'arabe). Il y décrit les principales découvertes de ses prédécesseurs (La
Terre et les planètes sont sphériques, les différentes distances précédemment
mesurées.., et malheureusement la Terre au centre de l'Univers : Le modèle GÉOCENTRIQUE).
Ptolémée mesura de nouveau le diamètre de la Terre et contrairement à Ératosthène,
se trompa de 30% (diam plus petit que réel) mais c'est cette valeur qui parvint
à C Colomb avec les conséquences que
l'on sait..
Afin
de rendre compte de la réalité des orbites, Ptolémée inventa aussi un système
très compliqué d'épicycles, (c'est à dire de cercles à l'intérieur de cercles)
pour le mouvement de chaque planète. Ce modèle rendait compte des mouvements
des planètes et permettait de calculer les éclipses et autres phénomènes
astronomiques. Il fut accepté par tous.
Cette description va traverser les 15 SIÈCLES suivants sans une
déformation. En fait la notion géocentrique favorisait la nouvelle Église
naissante.
QUE SAIT-ON AU DÉBUT DE NOTRE ÉRE ?
HÉRITAGE GREC DE PTOLÉMÉE
(L'ALMAGESTE) :
ÞLA
TERRE EST RONDE
ÞSON
RAYON EST SOUS ÉVALUÉ (À CAUSE DE CELA COLOMB VA DÉCOUVRIR L'AMÉRIQUE)
ÞLA
TERRE EST FIXE AU CENTRE DE L'UNIVERS : MODÈLE GÉOCENTRIQUE
ÞIL Y A
7 CORPS QUI TOURNENT AUTOUR D'ELLE:
SOLEIL, MERCURE, VENUS, LUNE, MARS, JUPITER, SATURNE.
ÞINTRODUCTION
DE MOUVEMENTS COMPLIQUÉS (ÉPICYCLES) POUR RENDRE COMPTE DU MOUVEMENT RÉEL DES
PLANÈTES.
QUE SAIT-ON 15 SIÈCLES
APRÈS :
RIEN DE PLUS !!!!!!!!!!!!!!!!!
CETTE VUE DU MONDE FAVORISE LA
RELIGION ET TOUTE DÉVIATION EST PUNIE DE MORT.
3- 15 SIÈCLES DE PERDUS : LA GRANDE PARALYSIE
Les
idées de Ptolémée plaçant la Terre (et donc l'Homme) au centre du monde
satisfaisaient la Religion et les interprétations de la Bible. Celles ci devinrent donc inséparables du
dogme religieux et toute personne les mettant en doute était en danger.
Le
Moyen Age n'a pas arrangé les choses et personne n'osait contester ces idées
qui étaient devenues des croyances.
Il
ne s'est donc RIEN PASSÉ ou presque, au point de vue sciences astronomiques
pendant ces 14 ou 15 siècles suivant le règne florissant des savants grecs.
Heureusement
que les savants Arabes étaient là pour retransmettre la savoir des anciens
Grecs, mais ceci est une autre histoire.
Quel
gâchis!!
Mais
un jour….
4- À
L'AUBE DES DÉCOUVERTES
Ils
étaient 4 comme les trois mousquetaires dans le roman, ils ont révolutionné la
vie scientifique et notre vie tout court, ce sont : Copernic, Galilée, Kepler,
et Newton. Ils ont participé à l'élaboration d'une nouvelle forme de pensée en
Astronomie et favorisé l'éclosion de nouvelles méthodes de mesure, et donc
appartiennent de plein droit à notre galerie de célébrités.
4-1 NICOLAS COPERNIC (1473-1543)
Né
en Pologne et contemporain de Colomb, Michel Ange, Leonardo et Luther, il fit
ses études à l'Université de Bologne (c'était déjà l'Europe). Son centre
d'intérêt était l'Astronomie dans sa connexion avec la religion, en effet il
fallait déterminer la date de Pâques avec précision .
Il
s'intéressa donc de plus en plus à l'Astronomie et fit construire dans sa
demeure une fente dans le mur de sa chambre afin d'étudier les passages au méridien
du lieu. Il s'aperçut que les calculs du système Ptolémée ne collaient pas avec
ses observations notamment la variation de magnitude de Mars. Il reconsidéra
les idées d'Aristarque qui plaçait lui la Terre autour du Soleil et il fut
convaincu que le système HÉLIOCENTRIQUE avec le Soleil au centre était plus
simple donc plus acceptable et surtout collait parfaitement avec ses
observations.
Seulement
là il y avait un problème, car j'ai oublié de vous dire que Copernic était un
..homme d'église.
Donc
dilemme!!! Il allait contre les lois de l'Église et mettait sa vie en danger en
exposant cette idée. Il décida de ne rien dire pendant de longues années et
c'est seulement sur son lit de mort (il ne craignait plus grand chose) qu'il
autorisa la publication de ce fameux livre "De Revolutionibus" dans
lequel il décrit le système héliocentrique.
La
Terre est devenue une planète comme les autres, Copernic a changé notre
perception du monde, d'autres vont prendre la relève.
4-2 GALILEO GALILÉE (1564-1642)
Il
utilise pour la première fois en 1610 une lunette astronomique de sa
fabrication (c'était en fait une invention hollandaise) pointée vers le ciel
(en effet elles ne servaient avant qu'à voir au loin sur terre, pour des
raisons militaires). Il découvre le système satellitaire de Jupiter, qui le
conforte dans l'idée que la Terre tourne aussi autour du Soleil et que le
système solaire n'est pas aussi simple que l'Église le prétend (d'après elle,
tout devrait tourner autour de la Terre).Cela rendait le système Copernicien
plausible.
Mais
c'est avant tout un grand physicien (mécanique des solides, chute des corps..),
et sa renommée seule l'empêche d'être brûlé pour hérésie; il est impliqué dans
un procès avec l'Église qui va durer des années et il sera obligé d'abjurer, et
pourtant….elle tourne
4-3 JOHANNES KEPLER (1571-1630)
Né
d'une famille allemande pauvre, le petit Johannes était aussi un enfant chétif
et doué d'une très mauvaise vue (un comble pour un futur génie de
l'Astronomie).
Il
se tourna donc vers l'Astronomie théorique et les mathématiques (notamment les
coniques) et utilisa les observations des autres notamment du plus célèbre
observateur de l'époque le Danois Tycho Brahé pour lequel il travailla durant
des années.
En
se basant sur les observations de son maître et en particulier sur les
mouvements de Mars et de la Terre (Mars a une orbite assez excentrique et donc
inexpliquée à l'époque), il en déduit le MOUVEMENT EXACT des planètes : ce ne
sont pas des cercles mais des ellipses. Cela sera confirmé plus tard avec
l'orbite de Mercure (l'une des plus excentriques)
En
fait il s'aperçoit d'abord que la vitesse de la Terre sur son orbite n'est pas
constante, et il en déduit la loi des aires (qui va devenir la 2ème
Loi)
*** 1ère
LOI DE KEPLER
Les planètes décrivent
une ellipse dont le Soleil
est à un des foyers
*** 2ème LOI DE
KEPLER
Loi des
aires :
Le rayon vecteur balaye
des aires égales en des
temps égaux
*** 3ème LOI DE
KEPLER
Si T=
période orbitale et
a= dist au Soleil
T2 / a3 = cste
Après
de nombreuses années de calculs il publia deux lois, puis plus tard une
troisième qui sont à la base de l'Astronomie moderne. Je les résume ici :
1ère
Loi de Kepler : Les orbites des planètes sont des ellipses avec le Soleil à
l'un des foyers
2ème
Loi de Kepler (en fait la première chronologiquement): Des aires égales sont
balayées en des temps égaux : les planètes (ou satellites) sont plus rapides au
périgée qu'à l'apogée
3ème
Loi de Kepler : T2/a3
est constant, où T est la période de révolution de la planète et a son
demi-grand axe (distance au Soleil), ceci va permettre de calculer exactement
en RELATIF la distance de toutes les planètes du système solaire.
Voici
un tableau des valeurs de T2 et a3 pour toutes les
planètes (elles n'étaient pas toutes connues au temps de Kepler bien sûr.
3ème
Loi de Kepler |
||||
Planet |
Period T |
Dist. a
from. Sun |
T2 |
a3 |
Mercury |
0.241 |
0.387 |
0.05808 |
0.05796 |
Venus |
0.616 |
0.723 |
0.37946 |
0.37793 |
Earth |
1 |
1 |
1 |
1 |
Mars |
1.88 |
1.524
|
3.5344
|
3.5396
|
Jupiter
|
11.9 |
5.203
|
141.61
|
140.85
|
Saturn
|
29.5 |
9.539
|
870.25
|
867.98
|
Uranus
|
84.0 |
19.191
|
7056 |
7068 |
Neptune
|
165.0
|
30.071
|
27225
|
27192
|
Pluto
|
248.0 |
39.457 |
61504 |
61429 |
On
pouvait donc à partir de la 3ème loi calculer la distance d'une
nouvelle planète ou d'un nouveau corps céleste (astéroïdes par exemple) avec la
simple donnée de sa période.
Une
AVANCE FONDAMENTALE en astrophysique.
Par
contre aucune information sur des données absolues n'est encore possible, tout
est donné en fonction de la distance Terre-Soleil (Unité Astronomique :UA).
Il
faut attendre encore un peu, mais le chemin est tracé.
4-4 ISAAC NEWTON (1643-1727)
Et
enfin Newton vint pourrait-on dire. Le plus grand génie avant Einstein.
Né
d'une famille modeste du Lincolnshire (à Woolsthorpe), il a eu la chance d'être
admis au Trinity College à Cambridge, mais il n'y resta que peu de temps à
cause de la grande peste de 1665 où il fut obligé de renter chez lui.
C'est
pendant cet exil forcé qu'il fit (à moins de 25 ans!!) ses plus grandes
découvertes qui seraient trop longues à énumérer ici.
LOI DE L'ATTRACTION UNIVERSELLE
:
Deux Corps M et m s'attirent
(quelque soit la distance!!) avec une force proportionnelle aux masses et
inversement proportionnelle au carré de leur distance.
avec G = constante de
gravitation universelle (6,67 10-11)
Application à notre Terre :
g = accélération de la
pesanteur = 9,81 m/s/s
En
ce qui nous concerne, il mit de l'ordre dans les découvertes précédentes
notamment les lois de Kepler., en énonçant la loi de la gravitation
universelle.
La
3ème loi de Kepler devenait un cas particulier de la loi de la
gravitation.
Voir
figure résumant simplement la gravitation universelle.
C'est
en 1687 que sous la pression de son ami Halley, il publia son fameux
"Principia", probablement le plus grand livre scientifique jamais
publié.
En
quoi Newton nous concerne dans l'élaboration d'une échelle des distances de
l'Univers?
C'est
simple, il a donné une toute nouvelle approche, plus mathématique des
phénomènes régissant l'Univers ainsi qu'une nouvelle forme de pensée plus
analytique.
D'autre
part la contribution de Newton à l'optique et à la spectroscopie a été
fondamentale pour l'astrophysique.
En
conclusion de cette partie :
Que
savons-nous après tous ces siècles de tâtonnements?
Nous
sommes à la fin du XVII ème siècle.
La
Terre est ronde et n'est qu'une partie modeste du système solaire (5 autres
planètes connues seulement) et tourne autour du Soleil. Ceci est maintenant
admis par de plus en plus de personnes. Les calculs d'Ératosthène sont
confirmés, le rayon de la Terre est connu approximativement. Le diamètre et la
distance de la Lune sont approximativement évalués.
Le
diamètre apparent du Soleil et de la Lune sont aussi connus (0,5' d'arc).
La
bande des quatre nous a maintenant confirmé les DISTANCES RELATIVES des
planètes connues dans le système solaire, c'est à dire les PROPORTIONS de ce
système.
Mais
de valeur absolue permettant de connaître l'ÉCHELLE RÉELLE que nenni!
Les
instruments de mesure sont rudimentaires :
La
prochaine étape relate la recherche d'une mesure absolue quelconque, car une
seule valeur détermine toutes les autres.
Alors
à quoi a-t-on pensé? A la distance la plus élémentaire et la plus fondamentale
: la distance Terre-Soleil appelée Unité Astronomique (UA).
En
route pour la QUÊTE DE L'U.A. et ceci commence par la redécouverte d'une notion
très ancienne, la parallaxe.
5- LA
QUÊTE DE L'U.A.
5-1 LA PARALLAXE DE MARS
Revenons
donc plus en détails à nos mesures de distances.
C'est
une méthode de triangulation si on veut, et qui est très élémentaire. Elle fut
découverte par Thalès (oui encore un Grec! 600 av JC), son principe repose sur
le fait qu'un objet proche se détache différemment sur un fond éloigné quand on
l'observe de deux endroits différents ou à deux moments différents.
La méthode
de la parallaxe est le fait d'utiliser le repérage d'un astre (par exemple mais
c'est beaucoup plus général) à partir de deux positions différentes au même
instant ou de deux instants différents à la même position.
A
partir de DEUX POINTS DIFFÉRENTS et donc dans ce cas au MÊME MOMENT c'est le
principe de la Triangulation (voir figure). Cette méthode nécessite que la
distance entre les deux points d'observation ne soit pas trop petite par
rapport à l'objet étudié.
Le principe de la
triangulation :
(d'après
"Méthodes de l'Astrophysique" chez Hachette)
Jean-Dominique Cassini , directeur de l'Observatoire de Paris eut l'idée en
1672 d'appliquer cette méthode à Mars. Il envoya son jeune collègue Jean Richer
à Cayenne et lui-même fit des mesures à Paris. Au même moment exactement (ce
qui n'était pas facile à l'époque car il n'y avait pas le téléphone!) Ils
utilisèrent une opposition favorable de Mars pour se synchroniser ils visèrent
chacun la planète Mars et notèrent sa position par rapport aux étoiles fixes.
(voir figure). De retour à Paris (en 1673) ils remarquèrent que la position
était légèrement différente (25") vue de Paris et de Cayenne. Flamsteed,
astronome anglais eut une idée similaire en mesurant Mars qui éclipsait 3
étoiles différentes.
Mesure de la parallaxe
de Mars par Cassini et Richer en 1672
(dessin d'après Université de Princeton cours astro)
Tout ceci permit de mesurer la
parallaxe de Mars donc la distance Terre-Mars et donc la grandeur fondamentale qu'est
la distance Terre-Soleil (voir figure), la parallaxe solaire, s'en déduit, ils
trouvèrent une valeur de 9".
Ils
trouvèrent l'UA égale à 140 Millions de km, très proche des 150 Millions de km
actuels. Tout d'un coup l'Univers devenait énormément plus grand que ce qui
était couramment admis à l'époque.
Mais
cette méthode en utilisant Mars est peu précise car la différence d'angles est
très petite a évaluer, Cassini a eu beaucoup de chance de trouver une valeur
qui est maintenant on le sait très proche de la vérité.
5-2 LE TRANSIT DE VENUS
Edmund
Halley, célèbre astronome anglais propose en fait une méthode beaucoup plus
astucieuse : se servir du transit de Venus passant devant le Soleil. Ce
phénomène ne se produit par paire que tous les 110 ans en moyenne (les orbites
de Vénus et de la Terre sont inclinées les unes par rapport aux autres), mais
cette méthode géniale de Halley permettrait de remplacer des mesures d'angles
(imprécises) par des mesures de temps à la seconde près (qui étaient plus précises
à cette époque).
C'est
tellement beau que je vais vous la décrire (voir figures).
Le
problème avec l'expérience de Cassini avec Mars était en fait de décider quand
exactement les deux mesures devaient être effectuées. Halley comprit que ce
synchronisme qui limite la précision de mesure, devait être initié par un
phénomène physique universel et non équivoque, le passage de Vénus devant le
disque solaire (transit) est en fait sans appel, on peut le détecter
facilement, seulement il ne se produit que tous les 110 ans en moyenne, à
l'époque de Halley (1691) le prochain transit était prévu pour 1761 (et 1769).
TRANSIT DE VENUS SELON
HALLEY
L'IDÉÉ
EST DE REMPLACER LA MESURE D'ANGLES PAR LA MESURE DE TEMPS.
ON
MESURE LES TEMPS D'ENTRÉE ET DE SORTIE DE TRANSIT À PARTIR DE DEUX POINTS
ÉLOIGNÉS SUR TERRE : A ET B.
ON
SAIT QUE VENUS PREND 8 HEURES POUR TRAVERSER LE DIAMÈTRE DU SOLEIL (en effet
225 jours de révolution pour 360°=21600',donc 32'= 8h), ON CONNAIT LE DIAMÈTRE
ANGULAIRE DU SOLEIL ET ON PEUT DÉTERMINER PAR LA MESURE LE TEMPS DU TRAJET EN
A' ET B' EN % DU DIAMÈTRE SOLAIRE.
LES TRIANGLES ABV ET
A'B'V SONT SEMBLABLES :
avec Δ et b
en km
Or α = Δ / UA
avec α en Radian (petits angles)
UA et b en km α en
Radian d1/d2 connu (Kepler) = 0,383
IL FAUT MAINTENANT
DÉTERMINER α OU Δ
ON A MESURÉ LES TEMPS DE TRANSIT EN DIFFÉRENTS POINTS DU GLOBE :
tA et tB QUI SONT PROPORTIONNELS À lA = A'1A'2 ET lB = B'1B'2
ON A : lA = 32' x (tA/8) et lB =
32' x (tB/8)
AVEC lA et lB EN ' tA et tB EN
HEURES
A'B' =SA' – SB' EN UTILISANT LES
TRIANGLES RECTANGLES SA'1A' ET SB'1B' ON A :
QUE L'ON PEUT AUSSI ÉCRIRE
avec tA et tB en heures
MESURES EFFECTUÉES EN
1761 :
tA = 5h 53min tB = 5h 30min
cela donne
A"B" = 0,783' = 2,3 10-4 Radian
et avec b = 13400km dans
la formule précédente :
UA = 1,5 108
km
VALEUR EXACTE
Il
expliqua sa méthode en demandant aux savants du monde entier d'effectuer une
grande campagne de mesures à ce moment là. Les Anglais et les Français
donnèrent leur accord (ils étaient en guerre ce qui posa quelques problèmes,
voir les excellents livres sur ce sujet dans la bilbio), néanmoins des groupes
de savants aventuriers partirent à la chasse au transit.
Notamment
le pauvre astronome français Le Gentil (je ne résiste pas à vous citer son nom
en entier : Guillaume Joseph Hyacinthe Le Gentil de la Galaisière) qui a eu une
malchance maximum : Il loupa le premier transit à cause de guerre contre les Anglais
malgré son sauf conduit, il loupa le deuxième après avoir construit un
observatoire en Inde à cause d'un….nuage mal placé, il attrapa toutes les
maladies possibles et imaginables et fut donné pour mort, en rentrant à Paris
10 ou 12 ans après son départ, sa femme s'était remariée et ses enfants
partageaient son héritage, il fit procès après procès jusqu'à sa mort.
Par
contre nous devrions tous lui rendre hommage car il nous a ramené quelque chose
qui embellit nos vies et nos jardins, une fleur qui était inconnue en Europe à
cette époque et que l'on nomme maintenant hortensia…..
Ce
fut notre Indiana Jones, il avait l'esprit aventureux et scientifique.
Le
plus célèbre de ces aventuriers fut quand même le Capitaine Cook qui mena à
bien ses expéditions à bord du navire "Endeavour". Bref la moisson
fut riche et l'Unité Astronomique fut mesurée avec beaucoup plus de précision
ce qui était le but.
Halley
avait eu raison.
Je
me permets de vous signaler pour ceux qui veulent refaire les calculs de Halley
que le prochain transit est pour bientôt : le 8 Juin 2004 ( et le 6 Juin 2012),
a vos lunettes!!
On
connaissait maintenant l'échelle du système solaire (limité aux planètes
connues), il fallait voir au-delà.
Mais
avant cela il se produisit dans le monde un événement de première grandeur
concernant l'Astronomie et les Sciences en général : ….La Révolution Française!
6- LE
CADEAU DE LA RÉVOLUTION AU MONDE : LE
SYSTÈME MÉTRIQUE
En
fait si on résume ce qui a été dit, on sait à la fin du XVIII ème siècle que :
La
Terre est ronde et a pour rayon 6400km (mesurée il y a longtemps par les
Grecs), la Lune est située à 380.000 km de nous, le Soleil est à 150.000.000 km
et la position des planètes connues s'en déduit.
Ce
que je viens de dire est faux ou presque, on ne sait pas cela!! Pourquoi ??
LE
MÈTRE N'EXISTE PAS ENCORE!!!
Ou
plutôt il n'y a pas d'unité de mesure commune et simple à utiliser, il n'y en a
aucune d'internationale.
Pour
se rendre compte de cela jetons un œil à ce qui existe en France assez représentatif
de tous les pays :
Il
y a 2000 mesures différentes en cette fin de siècle dont : la lieue de Picardie
(4444km), la lieue de Touraine (3933), la lieue de Brest (4181) etc.. la toise
du Châtelet, la toise du Pérou, la ligne, la logne, le mille, la perche, la
palme, le doigt, le trait, la brasse, le pied horaire, le pied national, l'aune
de Laval, la canne de Toulouse, la verge de Norai, etc…j'arrête là
l'énumération car je pense que vous avez compris le problème.
La
notion d'Égalité de la Révolution a tout de suite imposé une unité qui aurait
une seule valeur valable tout le temps et dans tout le pays. Il fallait donc
une unification des unités en vigueur et si possible définir une unité qui soit
NATURELLE et INVARIABLE.
Les
plus grands savants de l'époque (Cassini, Lagrange, Condorcet, Lavoisier,….) se
réunirent et discutèrent de la meilleure méthode (brain storming on dirait
maintenant) et il devint rapidement évident que l'unité nouvelle à définir
devait être universelle et donc indépendante du pays inventeur. Un tel système
ne devait appartenir à personne, et ne devait pas dépendre ni des hommes ni des
évènements, bref être UNIVERSEL ET ÉTERNEL.
Et
quoi de plus universel que la Terre elle-même? Si bien qu'après des
tergiversations concernant l'utilisation d'un pendule battant la seconde, il
fut donc décidé que cette nouvelle unité qui n'avait pas encore de nom serait
la dix millionième partie du quart du méridien terrestre, car en effet tous les
pays ont un méridien qui le traverse, c'est une notion internationale.
Pourquoi
le quart, car on pensait à l'époque que 90° était un angle
"magique".(Ce n'est donc pas un hasard si la circonférence terrestre
est de 40.000.000m).
Ceci
étant il fallait mesurer ce quart de méridien et définir où. En principe il
suffit de mesurer une toute petite partie de ce méridien et si possible en son
milieu (vers le 45°).
En
regardant les cartes de l'époque, seule la France présentait un arc de méridien
relativement grand et avec terrain relativement plat facilitant les mesures
(triangulations) et climat tempéré.
Il
fut donc décidé en 1795, par décret, de mesurer sur le terrain un arc de
méridien autour du méridien de Paris de Dunkerque à Barcelone (soit à peu près
8°).
Les
astronomes Delambre et Méchain y consacrèrent une partie de leur vie, ils
devaient partir chacun d'une extrémité et se rejoindre vers Rodez..(voir
figure)
Mais
nous sommes en pleine révolution et en guerre avec le monde entier et cette
entreprise se transforma en une aventure extraordinaire qui dura plus de sept ans (il faut
absolument lire "Le Mètre du monde" de Denis Guedj pour se plonger
dans l'atmosphère de l'époque).
MESURE D'UNE PARTIE DU MÉRIDIEN DE PARIS (1795)
(Image
Académie des Sciences)
Entre
temps il fallait trouver un nom pour cette nouvelle unité. Bien sûr un nom qui
soit le plus international possible. On trouva assez rapidement un mot à la
fois latin (metrum) et grec (metron) pour mesure :
On
décida donc d'appeler cette unité le MÈTRE.
Mais
ce n'est pas tout, c'est un CONCEPT COMPLET qui a été inventé, le système
décimal, cela ne concernait pas que les mesures de longueur mais aussi les
mesures de poids (kilo).
Il
fallait donc créer des multiples et sous-multiples, encore une fois le plus
international possible; il fut donc décidé que les multiples seraient à racines
grecs : deca, hecto, kilo.. et les sous-multiples à racines latines : milli,
centi, deci….
Cette
nouvelle unité se faisait attendre car, comme dit précédemment, on était en
guerre et en pleine révolution paranoïaque, tout le monde avait peur de tout le
monde et les mesures sur le terrain n'avançaient pas vite.
Au
bout de quelques années, les mesures n'étaient qu'en partie effectuées; et bien
tant pis, cette unité était si importante qu'on en définit une provisoire : Le
mètre provisoire définit comme étant égal à 36 pouces 11 lignes et 44/100 de la
toise du Pérou, cette unité était manufacturée en platine et poinçonnée par
l'état et déposée au pavillon de Breteuil à Sèvres. Des copies furent envoyées
dans toute la France.
Sa
valeur fut confirmée quelques années plus tard à la fin de l'expédition.
Petit
à petit cette nouvelle unité fut acceptée dans le monde entier.
On
peut maintenant admettre ce qui a été dit en introduction comme vrai.
La
route est libre pour de nouvelles découvertes.
7- LA PARALLAXE
DES ÉTOILES (ou annuelle)
Lorsque
l'on regarde une étoile depuis la Terre, le mouvement de celle-ci autour du
Soleil provoque un mouvement APPARENT de l'étoile; cette orbite apparente est
une ellipse plus ou moins aplatie.
(voir figure inspirée du cours d'astro d'Ed Wright de l'UCLA)
MESURE DE LA PARALLAXE
D'UNE ÉTOILE :
REPÉRAGE D'UNE ÉTOILE À
6 MOIS D'INTERVALLE
DEUX
POINTS D'OBSERVATIONS SITUÉS À 6 MOIS D'INTERVALLE OFFRENT UNE BASE DE MESURE
TRÈS GRANDE (2 UA) PERMETTANT DE DÉTERMINER DES OBJETS PLUS ÉLOIGNÉS QUE LES
PLANÈTES.
L'ANGLE
p (LA MOITIÉ DE L'ANGLE DE VISION ENTRE LES 2 POSITIONS EXTRÊMES) EST APPELÉ
PARALLAXE DE L'OBJET. CETTE VALEUR EST LIÉE DIRECTEMENT À SA DISTANCE. D. SI p EST EN SECONDE D'ARC, LA DISTANCE EST
EXPRIMÉE EN PARSEC.
1 RADIAN = (360°x60'x60")/2Π
= 206.265"et
Sin p = 1UA/D = p avec p en
Radian
d'où : D = (206265x1UA)/p avec p en Radian et si p est exprimée en " :
D = 1/p p en " et D en parsec.
UNE ÉTOILE EST SITUÉE À
UNE DISTANCE DE UN PARSEC QUAND ELLE A UNE PARALLAXE DE UNE SECONDE
ELLE EST DONC SITUÉE Á
206.265 UA
(3,26 ANNÉES LUMIÈRE)
Proxima : p= 0,76"
donc 1,32 parsec (4,3AL)
La
parallaxe de cette étoile, appelée parallaxe annuelle est le demi-angle maximum
sous lequel on voit cette étoile. Elle se mesure à 6 mois d'intervalle quand la
Terre s'est déplacée de 2 UA sur son orbite. L'étoile considérée semble se
déplacer par rapport aux étoiles lointaines.
Les
anciens Grecs avaient essayé de mesurer les parallaxes des étoiles
"proches', mais sans succès, car les différence d'angles à mesurer
n'étaient pas compatibles avec les instruments de l'époque. Les Grecs en
avaient conclu pour la plupart qu'il n'y avait pas de parallaxe donc que la
Terre était fixe et ne tournait donc pas autour du Soleil.
Ce
n'est seulement que bien après la mesure de l'UA grâce à la parallaxe (appelée
diurne) de Mars ou de Vénus, que l'on put faire les premières mesures de
parallaxe stellaire.
C'est
le célèbre mathématicien allemand Bessel qui le premier mesura une telle
quantité : Il mesura le déplacement annuel de l'étoile 61 Cygni comme étant de
0,29" (depuis cette étoile est aussi appelée Étoile de Bessel). Puis le
chemin étant ouvert d'autres astronomes ont commencé la chasse, on trouva la
parallaxe de Alpha Centauri: 0,8" approx. soit une distance de 1,2 parsec
(4 AL) la plus proche des étoiles.
Ci
joint un tableau des parallaxes de quelques étoiles proches.
ÉTOILE |
p
en " |
Dist
en parsec |
Dist
en AL |
Alpha du Centaure |
0,862" |
1,16
parsec |
3,8
AL |
Étoile de Barnard |
0,586" |
1,705 parsec |
5,6 AL |
Sirius |
0,385" |
2,599
parsec |
8,5 AL |
Vega (Lyre) |
0,129" |
7,752
parsec |
25,3
AL |
Des
milliers d'étoiles furent mesurées dans ce XVIII ème siècle, mais les limites
furent vite atteintes : la plupart des étoiles sont très loin et donc inaccessibles
à la mesure par parallaxe.
En
fait dans notre Galaxie, il n'y a pas plus d'un millier d'étoiles (sur 100
Milliards!) qui sont accessibles à la mesure de parallaxe depuis la Terre.
Les
déplacements à mesurer sont tellement faibles que la limite correspond vite aux
variations d'atmosphère terrestre, pour cette raison le satellite Hipparcos a
été envoyé en orbite terrestre (voir paragraphe précédent), là, affranchi des
contraintes atmosphériques, il put mesurer les parallaxes de plus de 100.000
étoiles avec précision, et ceci jusqu'à quelques centaines d'AL..
Il
est à noter que, de la même façon que l'on définit la parallaxe annuelle, on
définit la parallaxe "séculaire", due au mouvement propre de la
Galaxie qui est de l'ordre de 4UA par an, donc si on attend assez longtemps on
a un déplacement plus grand qu'uniquement grâce à l'orbite terrestre. Mais
c'est une méthode qui a aussi ses limites car les étoiles ont aussi leur
mouvement propre et on a du mal à composer les vitesses de ces différents
mouvements.
Alors
que faire pour les étoiles et galaxies très éloignées qui composent d'ailleurs
99% de l'Univers??
Henrietta
a la solution, mais avant il faut parler de magnitude.
MAGNITUDE APPARENTE (m)
m1 –m2 = 2,512
log(L2/L1) (2,5125 =100)
Δ MAGNITUDE |
Δ LUMINOSITÉ |
1 |
2,5 |
2 |
6,3 |
3 |
16 |
4 |
40 |
5 |
100 |
10 |
10 000 |
MAGNITUDE ABSOLUE (M) =
MAGNITUDE APPARENTE À 10 PARSEC
m – M = 5 log10d - 5
Avec d en parsec :
ÉTOILE |
m |
M |
D
(AL) |
SIRIUS |
-1,46 |
1,4 |
8,6 |
CANOPUS |
-0,62 |
-5,53 |
313 |
ALPHA |
-0,01 |
4,3 |
4,4 |
CAPELLA |
0,05 |
-0,6 |
44 |
DENEB |
1,26 |
-7,2 |
1600 |
8- MAGNITUDE
& LA MÉTHODE DES CÉPHÉIDES
8-1 DÉFINITION DES MAGNITUDES
Comme
dit précédemment, Hipparque, l'astronome Grec du II ème siècle av JC avait
effectué le classement d'un millier d'étoiles visibles en six catégories, qu'il
appelait première magnitude pour les plus brillantes et 6 ème magnitude pour
les moins brillantes.
Le
terme magnitude est resté et on a prit l'habitude d'utiliser ce classement, en
fait on appelle ce terme la MAGNITUDE APPARENTE (ou VISUELLE), car c'est ce que
l'on voit, c'est l'intensité lumineuse mesurée, ce n'est pas l'intensité
lumineuse émise.
On
s'aperçut que le classement originel couvrait approximativement une variation
de luminosité d'un facteur 100 pour 5 intervalles de classes. Si donc une
étoile de première magnitude avait une luminosité de 1, une étoile de magnitude
6 avait une luminosité de 1/100.
Que
l'on peut écrire en termes mathématiques de la façon suivante pour deux étoiles
de magnitude m1 et m2 et de luminosité L1 et L2 : (les log sont en base 10)
m1 –m2 = 2,512 log(L2/L1) (1)
(2,5125
=100) voir figure
Que
l'on peut écrire pour une seule étoile :
m = -2,512 logL + C (2)
C
étant une constante
Une
remarque : notre oeil est un capteur lui aussi logarithmique, heureusement!!
Une
autre remarque, la luminosité L d'une étoile dépend de sa surface (donc R au
carré) et de sa température selon la loi : R2T4
Tout
cela est bien mais on n'a toujours pas d'idée de la luminosité réelle des
étoiles, pour cela il faut définir la magnitude absolue.
La
MAGNITUDE ABSOLUE est la magnitude apparente CONVENTIONNELLE d'une étoile si sa
distance était de 10 parsec (pourquoi 10? : log10 = 1 donc plus facile dans les
formules). Si d est sa distance en parsec, son éclat apparent serait de (d/10)2
, on peut donc écrire si M est la magnitude absolue et d'après (2)
m = -2,5logL + C
et
pour la magnitude absolue (qui est aussi une magnitude apparente particulière :
M =
-2,5log[ L (d/10)2]
+C on peut ainsi éliminer C :
m – M = 5 log10d - 5 (3) d en parsec
m
apparent, M absolue, (m-M) s'appelle le module de distance.
On
remarquera que la magnitude absolue est liée proportionnellement à la
luminosité intrinsèque de l'objet.
L'échelle
des magnitudes absolues permet de COMPARER la luminosité réelle des étoiles et
galaxies comme si elles étaient toutes situées à la même distance de 10 parsec
de nous.
Qu'apprend
on de (3), la magnitude est liée à la distance, si on connaît la distance et la
magnitude apparente, on connaît la magnitude absolue, si on connaît la
magnitude apparente et la magnitude absolue, on connaît la distance.
Vous
voyez où je veux en venir maintenant.
Place
donc à Henrietta
8-2 HENRIETTA ET LES CÉPHÉIDES
Ce
titre ressemble à celui d'un livre d'aventures, et cela en est presque une.
Henrietta
Leavitt était une jeune astronome américaine du début du XX ème siècle qui
s'intéressait aux étoiles variables des nuages de Magellan (pourquoi pas!!).
Elle remarqua qu'une classe d'étoiles avait une magnitude variable dans le
temps, bref elles pulsaient. Comme les premières étoiles de ce type furent
découvertes dans la constellation de Céphée (entre le Cygne et Cassiopée), on
appela ce genre d'étoiles variables des Céphéides.
Or
notre Henrietta s'aperçut que dans ce nuage de Magellan, il y avait des
Céphéides qui changeaient de magnitude apparente périodiquement, elles
passaient de 7 à 4,6 en 5 jours et 8 heures (voir figure). (En fait on sait
maintenant que ces étoiles se dilatent périodiquement et donc en se dilatant
gagnent en éclat).
LES CÉPHÉIDES
ÉTOILES VARIABLES
Plus
la période était longue, plus l'éclat était important et donc plus la magnitude
était faible.
Elle
étudia différentes Céphéides dans le même endroit galactique et eut une
INTUITION GÉNIALE : elle trouva une relation directe entre la magnitude
apparente et la période de variation : la magnitude apparente (du max de
luminosité par exemple) ou la luminosité apparente était linéaire avec le log
de la période.
En
effet supposons que l'on observe deux Céphéides qui ont une période qui
diffèrent d'un rapport 2 par exemple, la luminosité de celle qui a la période
la plus longue est approx. 2,5 fois plus lumineuse que celle de période la plus
courte. Comme il est très facile de mesurer la période de ces étoiles
variables, on peut ainsi déterminer la distance de galaxies lointaines (en
relatif)
Les
nuages de Magellan étant très loin (même si on ne sait pas encore les mesurer
exactement à l'époque), on ne peut pas distinguer les variations individuelles
de luminosité (ou de magnitude apparente), c'est à dire qu'elles apparaissent comme
ayant une magnitude moyenne.
En
effet si vous regardez une ville de très haut (avion) vous ne voyez pas les
différences de luminosité des différents éclairages de rue ou de maison, vous
n'avez qu'une vue moyenne de la luminosité ambiante.
Vous
voyez en fait quelque chose de lumineux liée à la magnitude absolue de cette
ville.
Donc
pour ces Céphéides, leur magnitude apparente est proportionnelle à leur
magnitude absolue dans ce cas (à un facteur près). La courbe de Miss Leavitt se
transforme donc en une relation MAGNITUDE ABSOLUE – PÉRIODE (voir figure).
la luminosité est prop
au log de la période P
(d'après cours astro Univ Oregon)
Les Céphéides
sont très loin, donc
Luminosité app. prop à Magnitude absolue M soit :
M prop logP
(d'après North West University)
Elle est de la forme :
M = a + b log10P
Les
coefficients a et b doivent être déterminés : b est la pente de la courbe déterminée
par les mesures mais a (l'ordonnée à l'origine) est inconnue.
Cette
courbe permet en fait calculer LA DISTANCE RELATIVE ENTRE DEUX CÉPHÉIDES, en
faisant la supposition que toutes les Céphéides de l'Univers ont la même
luminosité intrinsèque.
Par
exemple, si deux Céphéides ont la même période mais que A est 4 fois plus
brillante que B, cela veut dire que A est deux fois plus près que B.
Mais
nous n'avons toujours pas de distance absolue.
Il
nous faudrait UNE SEULE Céphéide de distance connue pour étalonner la courbe
(déterminer le coefficient a)
Et
alors? Et alors?
8-3
SHAPLEY EST ARRIVÉ
Donc
si on arrivait à mesurer la distance d'une seule Céphéide (Calibration de notre
courbe) on aurait une échelle pour étalonner l'Univers, car on trouve des Céphéides
partout et elles sont très brillantes (10.000 fois notre soleil en moyenne).
Malheureusement,
il n'y en a pas dans notre voisinage pour être mesurée par parallaxe et de
toutes façons c'est une méthode extrêmement imprécise pour les objets très
lointains, mais il n'y a rien d'autre.
La
plus proche est Polaris et elle est très loin aussi.
Harlow
Shapley, un jeune astronome : en fait, il est devenu astronome par hasard, il
voulait être journaliste, mais l'école où il devait y apprendre son futur
métier n'était pas fini de construire, il s'inscrivit alors aux cours
d'astronomie qu'il choisit au hasard dans la liste des cours. Il devint
astronome quelques années plus tard au célèbre Mont Wilson.
Shapley
donc en 1917, utilisa les informations de Henrietta et mit au point une méthode
s'inspirant des parallaxes statistiques (non expliquée ici, car un peu
"complexe", basée sur la combinaison de mouvement propre d'étoiles
par rapport au Soleil et sur l'effet Doppler).
Cette
méthode proche de la méthode des parallaxes séculaires lui permet de déterminer
la distance d'étoiles variables de notre Galaxie similaires aux Céphéides (RR
Lyrae).
Il
put ainsi étalonner la courbe relative en courbe de magnitude absolue fonction
de la période. (voir figure)
En
d'autres mots, les Céphéides devenaient ainsi DES ÉTALONS DE LUMIÈRE.
On
put ainsi calculer la distance les nuages de Magellan : 50.000 parsecs approx
puis la distance à Andromède : 2MAL .
Mais
ce n'était pas un long fleuve tranquille : il y avait deux classes de Céphéides
et des erreurs s'étaient glissées dans les calculs de Shapley…bref, c'est une
autre histoire qui nécessiterait plus de temps.
En
fait après beaucoup de tâtonnements, on montra que la courbe des magnitudes
avait la forme suivante :
M = -1,4 – 2,8 log10P
Notre
ami Shapley fut aussi célèbre pour ses études des amas globulaires et il fut le
premier à déterminer la forme de notre Galaxie et à imaginer que le Soleil
n'était pas au centre de la Galaxie (complexe de Ptolémée!).
La
méthode Leavitt-Shapley permit de mesurer des distances énormes jusqu'à
approximativement 100 Millions d'années lumière.
Mais
au-delà?? Comment allait-on jusqu'aux galaxies les plus lointaines??
En
d'autres mots :
9- DIS
PAPA C'EST LOIN LE BOUT DU MONDE?
Il
fallait innover pour trouver des méthodes pour mesurer les distances des
galaxies lointaines, le bout de l'Univers (plus de 10 Milliards d'AL). Il y a
en fait beaucoup de méthodes approximatives donc peu précises (50% des fois)
mais au moins elles donnent une idée des distances.
Je
vais décrire les plus importantes.
9-1 HERTZSPRUNG-RUSSEL :
Nom
barbare pour une méthode très colorée!
Deux
astronomes Ejnar Hertzsprung (Danois) et Henry Russel (Américain) ont eu l'idée
en même temps et indépendamment au début du XX ème siècle de classer les
étoiles en fonction de leurs caractéristiques spectrales (couleurs). En fait
ils établirent la courbe de leur luminosité en fonction de leur classe
spectrale.
Des
lettres furent assignées aux différentes étoiles : B pour le genre Rigel (les
plus chaudes : bleue) ; A pour le genre Sirius (blanche moins chaude) etc..
On
arriva au classement suivant (mis à jour et étendu en cette fin de XX ème
siècle) :
W,
O, B, A, F, G, K, M, N ,R, S. que nos amis américains se rappellent sans
problème grâce à la phrase suivante :
Wow! Oh Be A Fine Girl, Kiss Me Right Now Sweetie!!! (voir figure)
Pour
la petite histoire chaque classe est subdivisée en 10 sous-classes de 0 (la
plus chaude) à 9 (la moins chaude). Notre Soleil est de la classe G2
Rien
n'étant simple, on définit aussi les grandes classes d'étoiles par des chiffres
romains.
CLASSEMENT DES ÉTOILES
EN FONCTION DE LEUR TEMPÉRATURE
LES TYPES LES PLUS
FRÉQUENTS :
Wow! Oh Be A Fine Girl, Kiss Me Right Now Sweetie!!!
Type O |
Type B |
Type A |
Type F |
Type G |
Type K |
Type M |
BLEU |
BLEU |
BLANC |
JAUNE/BL |
JAUNE |
ORANGE |
ROUGE |
40 000°K |
20 000°K |
10 000°K |
7 500°K |
5 500°K |
4 500°K |
3 000°K |
ALNITAK |
RIGEL |
SIRIUS |
POLARIS PROCYON |
CAPELLA SOLEIL |
ALDEBARAN |
BETELGEUSE |
I |
II |
III |
IV |
V |
SUPERGÉANT |
GÉANT + |
GÉANT |
GÉANT - |
SEQ. PRINC. |
Diagramme
HR (dessin d'après Univ de San Diego)
La couleur étant DIRECTEMENT liée à la température du corps, le diagramme mis
au point par nos deux astronomes est en fait la courbe de la luminosité (celle
de notre Soleil étant prise comme référence) en fonction de la température.
(voir figure)
Que
remarque-t-on sur ce diagramme : LA RÉPARTITION N'EST PAS FAITE AU HASARD ; 90%
des étoiles se répartissent suivant une courbe médiane appelée "Séquence
Principale", les autres sont distribuées dans des régions particulières
(naines banches, géantes rouges, super géantes..).
En
fait au cours de sa vie, une étoile se déplace dans ce diagramme et passe d'un
état à l'autre.
(d'après "In quest of the Universe" de Kuhn et Kupelis Jones & Bartlett Publishers)
Pourquoi ce diagramme est-il si important pour notre évaluation des distances
de galaxies?
Parce
qu'en fait la luminosité est liée directement à la magnitude absolue, qui est
une mesure de la DISTANCE, voilà pourquoi!! Cette méthode s'appelle aussi
parallaxe spectroscopique.
Donc
si on peut placer une étoile inconnue sur le diagramme en faisant bien sûr
certaines suppositions (c'est la part d'imprécision de la méthode), on en
déduit sa luminosité (magnitude absolue).
Connaissant
sa magnitude apparente on en déduit sa distance.
Élémentaire
mon cher Watson!!
MAIS ALORS COMMENT
MESURER LA DISTANCE DE CETTE GALAXIE??
PAR LA RELATION
TULLY-FISHER!
9-2 LA MÉTHODE TULLY-FISHER : ET ÇA TOURNAIT ÇA TOURNAIT..
Car
en effet, tout tourne dans ce bas monde :
La
Terre sur son orbite trace sa route à 30km/s (365 jours pour parcourir un
cercle de rayon de 150 Millions de km). Le système solaire tourne autour du
centre de notre galaxie à 250km/s en a peu près de 220 Millions d'années (on a
fait seulement 20 fois le tour depuis qu'on existe!!), notre galaxie tourne encore
autour d'un autre point vers le Grand Attracteur , les autres galaxies tournent
aussi, etc…
Dans
les années 1970 les astronomes Tully et Fisher remarquèrent qu'il y avait une
relation entre la vitesse de rotation maximale des galaxies et leur luminosité
intrinsèque.
Plus
une galaxie tourne vite, plus elle est brillante.
Cela
semble-t-il logique?
Et
bien oui, car si on suppose des étoiles de masse m en orbite extérieure (rayon
R) autour de la galaxie inconnue de masse énorme M supposée concentrée en son
centre; elles sont en équilibre entre la force centrifuge (mV2/R) et
la force d'attraction universelle (GmM/R2)
On
en déduit que la masse M de la galaxie est = RV2/G
Si
on suppose qu'il y à un même rapport Masse/Luminosité (M/L) constant pour
toutes les galaxies (la luminosité L est liée à leur surface donc à R2
), nos deux héros en déduisirent que :
M
~ RV2 donc M/L ~
V2/R donc R ~ V2 et L ~ V4
la
luminosité devrait être donc proportionnelle à V4
C'est
la relation de Tully-Fisher. Ce qui donne
quelque chose de la forme :
M =
a logV + b avec V la vitesse de
rotation maxi de la galaxie et M la magnitude absolue
Si
on pouvait mesurer V, on en déduirait M et avec la magnitude apparente on
calculerait d.
Simple,
mais….
Le
problème était bien sûr de mesurer V. Quelle était l'astuce??
Je
ne vais pas m'étendre, mais en deux mots, on va mesurer les variations Doppler
de la raie de l'Hydrogène (raie de 21 cm) de la galaxie considérée, cela va
nous permettre encore une fois de calibrer notre courbe.
LA MAGNITUDE ABSOLUE D'UNE GALAXIE LOINTAINE EST PROPORTIONNELLE A LA VITESSE
MAXIMALE DE ROTATION DE CETTE GALAXIE
M = a logVmax + b
VMAX MESURÉE-à M et m MESURÉE
à -à d DÉTERMINÉE
Cette
méthode permet de mesurer, je dirai plutôt d'évaluer, car la marge d'erreur est
grande, les galaxies lointaines.
Une
autre méthode beaucoup plus simple et directe a vu le jour depuis plusieurs
décennies :
9-3 LA LOI DE HUBBLE :
Dans
les années 1920, Edwin Hubble, jeune astronome américain, en étudiant les
galaxies lointaines, trouva qu'il y avait une relation entre l'éloignement de
celles-ci et leur vitesse d'éloignement.
En
fait plus elles étaient loins, plus elles semblaient s'éloigner vite.
Il
généralisa cette trouvaille aux galaxies qu'ils ne pouvaient pas mesurer, et en
déduisit leurs distances basées sur leur vitesse d'expansion.
Cette
découverte (qui a été plusieurs fois améliorée bien après) a donné des
arguments à ceux qui voyaient l'Univers en expansion continue, cette théorie se
trouva donc confirmée par les mesures de "redshift".
La
loi de Hubble peut s'exprimer ainsi :
V = H0 d
où
V est la vitesse radiale de la galaxie en question et d sa distance.
H0
est appelé la constante de Hubble et sa valeur est encore en débat, on
pense qu'elle serait entre 15 et 30 km/s par Million d'AL. (ou 50 à 100 km/s
par Megaparsec)
Sa
vraie valeur est importante, car elle est un marqueur de l'age de l'Univers.
Une valeur faible impliquerait un univers plus "vieux" qu'une valeur
élevée.
Le
vrai challenge pour les années futures sera de déterminer avec précision cette
constante et de prouver définitivement que c'en est une, constante. Ce sera
passionnant.
Connaissant
la vitesse de récession de la galaxie étudiée, on peut ainsi en déduire une indication
de sa distance.
Cette
méthode prend, comme la méthode de Tully, le relais quand des Céphéides ne
peuvent plus être étudiées car trop lointaines.
LOI DE HUBBLE
(graphe corrigé par des
données modernes)
LES GALAXIES S'ÉLOIGNENT
DE NOUS PROPORTIONNELLEMENT À LEUR DISTANCE
V = H0 d
H0 est la
CONSTANTE DE HUBBLE
SA VALEUR EST DÉBATTUE
(2001)
PAR LES ASTRONOMES
(THÉORIQUE : 15 km/s par
Million AL)
La participation de Hubble à l'astronomie a été immense, en plus de la
découverte du redshift il a fait d'énormes avancées sur les galaxies et amas globulaires.
C'est
lui qui est aussi à l'origine du classement des galaxies (en elliptiques,
spirales, etc..)
Pour
lui rendre hommage (il est mort en 1953), la NASA a baptisé le télescope
spatiale : Hubble Space Telescope (HST), qui nous apporte tous les jours de
merveilleuses images de l'espace que notre ami Edwin aurait aimé voir et qui
sait, il les voit peut être d'où il est.
9-4 LES SUPERNOVA TYPE IA :
Très
récemment (années 80-90) on a fait une découverte immense concernant les
supernova de type Ia (système binaire d'étoiles où une naine blanche tourne
autour d'une étoile normale; le transfert de matière vers la naine blanche fait
que celle-ci explose : elle devient une supernova)
Au
pic de leur luminosité lors de l'explosion, elles produisent toutes la même
intensité lumineuse. De cette information on peut bien entendu en déduire la
distance.
Diverses
équipes d'astronomes ont déterminé la magnitude (absolue) de ce pic, par
différentes méthodes de comparaison avec des Céphéides et ont trouvé en 1995 la
valeur de –19,5. Ceci fut confirmé encore récemment par les mesures dans NGC
4639.
On
peut donc dire :
M Type Ia = -19,5
Cette
valeur énorme de –19,5 est une bonne indication de la puissance dégagée par l'explosion,
le Soleil ayant pour magnitude absolue +5; la différence de magnitude est de
approx : 25 soit un rapport de luminosité de 10 Milliards!!! (voir figure)
Les
supernova sont un étalon de lumière fantastique, mais avec quelques problèmes
de taille :
Les
supernova sont rares : une par siècle et par galaxie, heureusement il y
a une infinité de galaxies, mais il faut être là au bon moment.
Et
on l'est! Avec des techniques modernes de photos CCD et avec le réseau de
télescopes et le télescope spatial Hubble, cette traque est permanente.
Le
Berkeley Lab spécialisé dans les supernova, vient d'ailleurs de rendre public
en Avril 2001 la découverte de la supernova de type Ia, la plus vieille et la
plus distante. Elle est vieille de 11 Milliards d'années et a été baptisée
SN1997ff.
On
consultera avec intérêt le site du Berkley Lab.
LA MAGNITUDE ABSOLUE DE
LEUR PIC D'INTENSITÉ EST FIXE
M = - 19,5
(1010 FOIS LE
SOLEIL!!!)
DONC SI ON MESURE LA
MAGNITUDE APPARENTE ON EN DÉDUIT LA DISTANCE!!
Les
supernova de type Ia sont beaucoup plus lumineuses que les Céphéides et
permettent donc de voir "plus loin" donc de mesurer des distances
plus grandes. Leurs indications sont couplées avec celle de la méthode de
Hubble afin de fournir des informations plus fiables.
Elles
sont jusqu'à présent l'ultime étape de notre voyage.
10-
CONCLUSIONS
SYNTHÈSE
Voilà,
notre voyage est à son terme, j'espère qu'il vous a intéressé et que vous aurez
à cœur de poursuivre plus avant cette découverte de l'espace et du temps.
La
préparation de cette présentation m'a fait réviser énormément de sujets et je
vous en remercie.
Elle
m'a aussi fait prendre conscience que je ne sais pas grand chose et qu'il faut
rester humble quand on voit ce que nos grands ancêtres ont pu faire avec leur
bout de ficelle, leur rapporteur et surtout leur raisonnement.
En
conclusion et comme synthèse des différentes méthodes, j'ai rassemblé sur une
échelle la progression des méthodes de mesure de distances en fonction de ces
distances même
Il
faut bien voir quand même que la précision des dernières méthodes (au-delà de
quelques centaines de M AL) est très aléatoire et je dirai même qu'au-delà de
notre galaxie elle est de l'ordre de 10 à 20 %.
ÉCHELLE DES DIFFÉRENTES
MÉTHODES DE MESURE DES DISTANCES EN ASTRONOMIE
LES MÉTHODES AU DELÀ DE
100 000 AL
ONT UNE PRÉCISION
LIMITÉE
LEUR UTILISATION DONNE
SURTOUT
UNE INDICATION
DES DISTANCES DES
GALAXIES LOINTAINES
Les nouvelles pistes sont tracées, c'est certainement la poursuite de l'étude
de la constante de Hubble qui semble être la clé des distances extrêmes couplée
avec l'étude des supernova de type Ia.
On
en sait plus qu'hier mais moins que demain
L'AVENTURE
CONTINUE…..
Jean
Pierre Martin , Plaisir Octobre 2001.
11-
BIBLIOGRAPHIE SITES WEB
Ci
joint une liste d'ouvrages et de sites web qui sont soit très généraux soit
très axés sur le sujet donné.
Si
vous avez cette présentation sur Internet, il vous suffit de cliquer sur le
site référencé pour vous connecter.
Vous
pouvez me faire part de vos questions et commentaires en m'envoyant un e-mail à
mon adresse :
Je
réponds à tous mes mails.
LIVRES RÉFÉRENCES :
Þ MEASURING THE UNIVERSE de Stephen Webb chez :
Springer-Praxis
Un livre référence concernant toutes les techniques de mesure de distance (très
théorique)
Þ MÉTHODES DE L'ASTROPHYSIQUE de L. Gouguenheim chez Hachette
Un petit ouvrage à la portée de tout le monde (ou presque) concernant la
physique de l'Univers : la lumière, les masses, les distances, les
températures, les mouvements…
Þ L'ASTRONOMIE EN QUESTIONS de Fabrice Drouin chez Vuibert
Très amusant et didactique, chaque sujet (très
varié) est traité de façon complète et nécessite parfois le niveau bac
sciences. Un must à avoir dans sa bibliothèque.
Þ IN QUEST OF THE UNIVERSE de Kuhn et Kupelis chez Jones & Bartlett
ouvrage de référence américain très complet et
très lourd (très épais)
Þ PHYSICS AND THE PHYSICAL UNIVERSE de Jerry Marion chez Wiley
Toute la physique expliquée simplement à la façon
américaine (très didactique), nécessite le niveau bac sciences.
Þ ENFANTS DU SOLEIL de André Brahic chez Odile Jacob
Un classique sur l'histoire de nos origines. Pour initiée et non initiés. A
avoir dans toute bibliothèque.
Þ ASTRONOMIE GÉNÉRALE de Bakouline Editions de Moscou
Un vieux classique.
Þ INTRODUCTORY ASTRONOMY & ASTROPHYSICS de Smith
& Jacobs chez Saunders Company
Livre d'astro très général et très bien fait. Simple à lire et didactique.
OUVRAGES
PARTICULIERS :
Þ LE MÈTRE DU MONDE de Denis Guedj au Seuil
Un livre d'aventure sous la Révolution Française, comment une poignée de
savants ont bravé les sans-culottes pour donner au monde un nouveau système de
mesure. A lire absolument
Þ VENUS IN TRANSIT
de Eli Maor chez Princeton
University Press
Pour tout savoir sur le transit de Venus, des origines à la prochaine le 8 Juin
2004
Þ LE RENDEZ-VOUS DE VENUS de JP Luminet chez JC Lattès
L'aventure de l'expédition de Le Gentil pour étudier les transits de Venus de
1761 et 1769, ou comment notre Indiana Jones a tout loupé fut donné pour mort
et ramena une nouvelle fleur en Europe. Comme quoi la science peut être facile
à lire.
Þ MATHEMATICAL METHODS IN SCIENCE de G Polya Math Asoc of America
un petit livre génial sur comment appréhender simplement la science, à partir
de raisonnement uniquement Tout devient
clair. Un must.
SITES WEB INTÉRESSANTS : voir liste sur mon site
astro