ROSETTA
ET LUTETIA :.ENCORE QUELQUES PHOTOS.
(21/07/2010)
Suite à la superbe soirée que nous a fait
vivre l'ESA à la Cité des Sciences pour la rencontre
en direct avec Lutetia, on accède à quelques nouvelles photos.
Malheureusement toutes les 400 photos ne sont
pas disponibles pour le public; mais en voici une assez impressionnante où
l'on voit cet astéroïde de 130km suivant différents angles en fonction de
la distance d'approche.
Pour
plus de détails; clic sur l'image.
J'ai
trouvé chez nos amis de la Planetary Society, le travail d'Emily
Lakdawalla qui a effectué un photo montage intéressant à la même échelle
de quelques astéroïdes connus et visités à ce jour.
On
se rend compte de l'énorme taille de Lutetia et de la chance que nous avons
de pouvoir étudier un "gros" astéroïde.
PLANCK
:.PREMIER RELEVÉ COMPLET DU CIEL.
(21/07/2010)
(Crédits: ESA/HFI Consortium/IRAS)
Enfin, le consortium qui traite des données de
Planck, vient de publier à l'occasion de la première année en orbite du
satellite européen en micro-ondes, des
photos d'un relevé complet du ciel.
Voilà ce qu'en disait le communiqué de presse
de l'ESA :
ESA PR-15 2010 : La mission Planck de l'ESA
vient de livrer sa première image de l'ensemble du ciel. Elle ne se
contente pas d'apporter un nouvel éclairage sur la façon dont les étoiles
et les galaxies se sont formées, mais nous indique également comment
l'Univers lui-même s'est créé après le
Big Bang.
« C'est pour cet instant précis que Planck
a été conçu », explique David Southwood, Directeur Science et
Exploration robotique de l'ESA. « Nous ne donnons pas la réponse ; nous
ouvrons la porte sur un eldorado où les scientifiques vont pouvoir
rechercher des fragments de connaissance qui leur permettront de mieux
comprendre la genèse de l'Univers et son fonctionnement actuel.
L'image
elle-même, d'une qualité remarquable, est un hommage aux ingénieurs
qui ont construit et fait fonctionner Planck.
Et maintenant, place à la moisson
scientifique ».
Que ce soit tout près de nous dans la Voie
lactée ou aux confins de l'espace et du temps, cette image de l'ensemble du
ciel envoyée par Planck est une véritable caverne d'Ali Baba pour les
astronomes en quête de données inédites.
Le
disque principal de notre galaxie s'étire au centre de l'image.
Ce qui frappe immédiatement, ce sont les filaments de poussière froide présents
au dessus et en dessous de la Voie lactée. Cette toile galactique abrite le
lieu de formation des étoiles et Planck a décelé de nombreuses zones où
des étoiles sont sur le point de naître ou entament tout juste leur cycle
de développement.
Moins spectaculaire mais peut-être plus énigmatique,
l'aspect moucheté de
l'arrière-plan, en haut et en bas de l'image.
Il s'agit du rayonnement de fond
cosmologique hyperfréquence (CMB), la plus ancienne lumière émise par
l'Univers, issue de la grande explosion d'où notre Univers a émergé il y
a 13,7 milliards d'années.
Si la Voie lactée nous montre à quoi
ressemble notre Univers proche à l'heure actuelle, les hyperfréquences le
dévoilent à l'aube de sa création, avant que n'existent les étoiles ou
les galaxies. C'est là que réside le cœur de la mission Planck : décoder
ce qui s'est produit dans cet Univers primordial en analysant l'arrière-plan
moucheté.
Cette représentation des hyperfréquences
est l'empreinte cosmique à partir de laquelle se sont formés les amas et
les superamas de galaxies actuels. Les couleurs correspondent à d'infimes
différences de température et de densité de matière dans le ciel. Pour
une raison ou pour une autre, ces petites irrégularités se sont transformées
en régions plus denses qui ont donné les galaxies que nous
connaissons aujourd'hui.
Le rayonnement CMB couvre l'ensemble du
ciel, mais la majeure partie est cachée, sur cette image, par l'émission
de la Voie lactée, qui devra être supprimée des données définitives de
façon numérique, afin que le rayonnement hyperfréquences puisse apparaître
dans son intégralité.
Lorsque ce travail sera terminé, Planck
nous dévoilera l'image la plus précise du rayonnement hyperfréquence
jamais obtenue.
La grande question sera alors de savoir si
ces données révèleront la signature cosmique de la période primordiale dénommée
l'inflation. On suppose que cette dernière a suivi immédiatement le Big
Bang et s'est traduite par une augmentation énorme de la taille de
l'Univers sur une très courte durée.
Planck continue de cartographier l'Univers.
Avant la fin de sa mission en 2012, il aura balayé quatre fois l'ensemble
du ciel.
La première diffusion des données complètes
sur le CMB est prévue en 2012. D'ici là, le catalogue comportant différents
objets de notre galaxie ainsi que des galaxies lointaines dans leur intégralité
sera publié en janvier 2011.
« Cette image n'est qu'un aperçu de ce que
Planck observera au final », explique Jan Tauber, Responsable scientifique
du projet Planck à l'ESA.
On remarque en effet les deux sources
principales de rayonnement du ciel; le rayonnement fossile et le rayonnement
émis par notre Galaxie, beaucoup plus important que ce qui avait été
relevé précédemment par WMAP.
Sur la photo suivante, on a positionné
quelques éléments connus du ciel.
Nous avons demandé à François Bouchet
coordinateur scientifique de l'instrument HFI de Planck, bien
connu de nos lecteurs de nous donner ses impressions à l'issu de cette
publication.
Ces images sont
d'une très grande richesse, elles ont été produites dans 9 fréquences
différentes (notamment des fréquences inaccessibles à WMAP) alors que
WMAP n'en avait que 4.
Ce qui frappe,
c'est la composante galactique, qui est présente comme une sorte de brume
(mélange filamentaire de gaz et de poussières) en avant-plan. Ceci devrait
nous permettre de mieux connaître notre propre Galaxie.
En arrière-plan,
la lumière issue des débuts de l'Univers, la partie cosmologique, dont on
connaît le comportement : un corps noir dont l'intensité à toutes les fréquences
est connue. L'émission de notre Galaxie ne masque pas le CMB, mais se
superpose à lui.
Ce bruit de fond,
tel qu'on peut l'analyser actuellement nous donne beaucoup d'informations
dans les détails, concernant aussi les fameux "cold spots" et la
polarisation.
Si la couleur
(arbitraire bien sûr) est rouge, c'est pour volontairement être différent
de celle produite par WMAP.
Si les images publiées
font la part belle à la galaxie, c'est volontaire aussi, on a voulu donner
du poids aux "polluants" comme le dit François Bouchet.
Le traitement final
devrait être rendu public fin 2012. Patience!
La gamme de fréquences de Planck : comprises
entre 30 et 857 GHz, c'est à dire dans le domaine des ondes submillimétriques,
millimétriques, et centimétriques.
Rappelons que les deux instruments les plus
importants sont : l’instrument
haute fréquence (HFI) de fabrication française, qui couvre six
bandes entre 100 et 857 GHz, et est refroidi à une température record de
–273°C, et l’instrument
basse fréquence (LFI) de conception italienne, qui couvre trois
bandes entre 30 et 70 GHz.
Planck a été construit sous la direction de
Thales Alenia Space (Cannes) avec la contribution de toute l'industrie
spatiale européenne.
Planck doit encore effectuer quatre scans
complets du ciel avant la fin de sa vie opérationnelle (plus d'Hélium!)
vers début 2012.
HAYABUSA
:RETOUR PARFAIT SUCCÈS EXTRAORDINAIRE..
(21/07/2010)
(Crédit photos : JAXA).
La sonde japonaise Hayabusa (le Faucon) lancée
en 2003 s’est mise en orbite autour d’un petit astéroïde en Septembre
2005 sans faire de bruit médiatique, nous
en avons longuement parlé dans ces colonnes.
Elle a orbité à 20km de la surface de Itokawa
un petit astéroïde de 500m situé à 300 millions de km, et nous a fait
parvenir de superbes photos.
Elle s'est posée sur cet astéroïde et on
pense qu'elle a réussi à recueillir peut être quelques fragments de
poussières de la surface.
Après de multiples difficultés, elle est
revenue sur Terre ce 13 Juin 2010 et a largué sa capsule dans le désert
australien.
Elle contient peut être des morceaux d’astéroïde
C'est
la première fois dans l'histoire spatiale qu'une sonde se pose sur un astéroïde
et regagne la Terre.
Si vous voulez entendre le bruit de la rentrée
dans l'atmosphère, la
NASA le publie.
La capsule posée dans le désert de
Woomera
Ce sont des artificiers qui de chargent
de la sonde (il pourrait rester des boulons explosifs)
Le bouclier thermique n'a pas encore été
trouvé, et sa recherche est en cours pour analyser ce qu'il a subi (et vérifier
la technologie, qui apparemment est au point!)
Notre ami, le Dr.
Patrick Michel, Astrophysicien CNRS - Responsable du Groupe de Planétologie
Chargé de mission pour les relations scientifiques avec les médias nous
avait envoyé ce mail pour annoncer cet événement :
Bonjour à tous,
Comme je vous
l'avais annoncé, la capsule de la petite sonde Hayabusa est revenue sur
Terre avec succès en ce dimanche 13 juin 2010. Une traînée de lumière a
pu être observée dans l'atmosphère au moment où la sonde arrivait à
proximité de la Terre au terme d'un voyage de cinq milliards de kilomètres.
Je rappelle que c'est la première fois qu'une mission accomplit un tel périple
en revenant sur Terre après avoir rendu visite à un petit corps céleste
(le plus petit visité jusqu'à ce jour) et en ayant atterri dessus (et même
rebondi; oups, ça ce n'était pas prévu!!).
Hayabusa devait se
désintégrer en entrant dans l'atmosphère et a largué au-dessus du désert
australien sa capsule qui peut-être contiendra quelques poussières d'Itokawa.
La sonde et sa capsule se sont séparées avec succès. À 15h51, la capsule
(de 40 cm de diamètre) entrait à 200 km dans l'atmosphère avant
d'atterrir dans la zone militaire de Woomera, en plein désert australien.
Un hélicoptère a commencé la recherche de la capsule et vers 16h46, sa
localisation était confirmée.
Nous saurons donc
dans les prochaines heures si elle est récupérée dans l'état attendu et
probablement son retour au Japon pour vérifier la présence d'échantillon
(car s'ils sont micrométriques, ils ne seront pas faciles à détecter
...).
Mais dans
l'enthousiasme, je ne pouvais attendre plus pour vous communiquer quelques
informations presque en direct! À noter que des aborigènes des tribus
locales devraient accompagner l'équipe de recherche pour s'assurer qu'aucun
dommage ne soit fait aux sites naturels qu'ils considèrent comme sacrés.
À peu de choses près, cela ressemblerait à un "remake" des
"Dieux sont tombés sur la tête" sauf que la capsule ne devrait
pas contenir du Coca, en principe!
Vous trouverez une
séquence d'images de l'entrée de la capsule dans l'atmosphère sur le site
public suivant:
J'ai aussi une
vidéo (6,7 Mo) qui vient d'être mise sur YouTube par l'équipe de la NASA
qui a filmé l'événement à bord d'un DC8 (la capsule est le point blanc
sur la droite au début):
Voilà une
nouvelle scientifique réjouissante pour commencer la semaine. Hayabusa a
atteint son but, en attendant que l'équipe de France de foot en mette un
... :)
(pardon, ça m'a
échappé ...).
A bientôt,
Patrick Michel
La
grande question qui se pose alors est celle-ci : y-a-t-il quelque chose dans la capsule?
Et
bien, il semble que oui.
La
réceptacle
Il
y aurait quelques dizaines de grains minuscules.
Écoutons
Patrick Michel de nouveau :
Cher(e)s
collègues,
C'est
depuis l'Inde où j'ai appris la bonne nouvelle que je vous écris. La
mission Hayabusa n'a pas fini de nous surprendre et de défier toutes
les lois de probabilités. Après un retour improbable mais réussi de
la capsule, une autre découverte improbable a été effectuée: la
présence de micro-particules (poussière) dans la capsule!!
Je
rappelle que lorsque la petite sonde s'est approchée d'Itokawa, son mécanisme
de récolte basé sur l'impact d'un petit projectile sur la surface
pour récolter le matériau éjecté n'a pas fonctionné. Mais comme
la sonde a rebondi sur la surface (ce qui n'était pas prévu, ni
recommandé ...) et que la chambre de récolte était ouverte, il restait
un faible espoir que l'impact du satellite (à défaut du projectile!)
envoya quelques poussières d'Itokawa dans cette chambre.
Ce
qui paraissait du pur fantasme risque d'être réalité. Je dis
risque, car en fait ces particules pourraient aussi bien être
terrestres, et il faudra patient jusqu'à fin Août au moins pour que
toutes les analyses nécessaires soient faites pour déterminer leur
origine ...
La
Jaxa a mis un communiqué de presse en anglais sur son site, que vous
pouvez consulter ici avec des images de l'intérieur de la capsule et
de la trace d'une particule:
Au jour d'aujourd'hui, seules deux autres
missions (de la NASA) ont ramené des échantillons extra terrestres sur
Terre :
·La
mission Stardust passéE derrière une comète et qui a rapporté des
poussières cométaires
·La
mission Genesis dont le retour sur Terre a pour le moins été
"viril"rendant la récupération
d'échantillons difficile.
Attendons-donc les premiers résultats
d'analyse de ces échantillons "japonais"; mais quelque soit le résulta,
c'est une mission qui a eu un énorme succès. Il faudra vraiment compter avec les Japonais dans le futur!
IKAROS
(ICARE) : LE JAPON DÉPLOIE UNE VOILE SOLAIRE.
(21/07/2010)
(documents
: JAXA).
Cela
me rend furieux à chaque fois; personne dans les journaux ou à la Télévision,
n'a réellement parlé de la mission expérimentale Japonaise Ikaros (Icare
en français) qui a été lancée en Mai 2010, afin de mettre au point des
techniques de voile solaire, techniques qui seront indispensables dans le
futur pour des missions spatiales longue durée.
Cette
voile s'est déployée il y a quelques semaines avec succès et la sonde
continue sa route vers Vénus et le Soleil, et c'est une bonne nouvelle.
Signalons
aussi que malicieusement IKAROS est aussi l'acronyme de Interplanetary Kite-craft Accelerated by RadiationOf
the Sun, soit en bon français : cerf volant interplanétaire propulsé
par les radiations solaires.
Rappelons
qu'une voile solaire est propulsée par la pression de radiation des photons
(solaires par exemple, mais c'est plus général) qui l'impactent. Bien
entendu plus la voile sera grande plus la pression sera forte, tout en étant
quand même extrêmement faible par rapport aux propulsions chimiques
classiques, mais l'énorme avantage est
qu'elle est continue.
En
orientant la voile on peut piloter la sonde attachée.
Cette
force (de l'ordre du
milli Newton!!!!!)n'est
pas suffisante pour quitter l'attraction terrestre, il faut des moyens
classiques pour le faire; mais ensuite la voile peut prendre le relais.
La
membrane utilisée est de forme carrée, diagonale 20m, elle est en matière
plastique polyimide (Kapton)
d'épaisseur 7,5 micron.
De
plus elle est recouverte de cellules solaires pour générer de l'électricité.
C'est
ce qui s'est passé avec Ikaros; lancée le 21 Mai 2010 elle a commencé à
déployer ses ailes le 3 Juin et une semaine après elles étaient complètement
déployées. Évidemment la phase délicate est le déploiement de la voile,
il semble bien que cette technique ait été parfaitement menée à bien par
nos amis Japonais.
Explication
de la séquence de déploiement de la voile solaire. Une fois déployée
celle-ci se dirige vers le système solaire intérieur.
Photo
du déploiement prise par l'une des caméras à bord d'Ikaros. Une
autre photo du déploiement.
Maintenant
Ikaros poursuit sa course vers vénus. Elle est approximativement ce jour à
près de 20 millions de km de la Terre.
HERSCHEL:.ENFIN
DES PUBLICATIONS À PROFUSION!
(21/07/2010)
(crédit photo : Herschel/HIFI et PACS)
La revue Astronomy
and Astrophysics Vol. 518 (July-August 2010), vient de publier un numéro
spécial consacré entièrement à Herschel et à ses découvertes de sa
première année dans l'espace.
C'est notre amie Françoise Combes de
l'Observatoire de Paris, qui participe à l'introduction de ce monument
scientifique.
Il
y a 152 articles en accès libre, qui peuvent être lus ou téléchargés.
Ces articles sont principalement basés sur les
résultats des instruments PACS et SPIRE, ceux de l'instrument HIFI, sont
moins nombreux étant donné que cet instrument ne s'est remis à
fonctionner qu'à partir de Janvier 2010.
Voici quelques des articles qui sont généraux
et intéressants, les autres doivent être consultés en fonction des
centres d'intérêt.
(Je vous rappelle que nous avions eu l'honneur d'interviewer
deux des auteurs, T Passvogel et U Gageur à l'ESTEC avant le départ de
Herschel pour Kourou)
Pourtant, il semble bien que ce soit son
sort lorsque que la répartition des masses denses ou moins denses se déplacent
dans le manteau terrestre au cours des temps géologiques. Mais comment est-ce possible?
Pour tester les hypothèses en cours, une équipe
de l'Institut de physique du globe de Paris (INSU-CNRS, Paris Diderot) a modélisé
les mouvements des zones de subduction et remontées de matières chaudes
dans le manteau pour reconstituer la "grande dérive du pôle de
rotation" observée pour les derniers 120 millions d'années.
Cette étude parue récemment dans la revue
"Earth and Planetary Science Letters" apporte ainsi des précisions
sur la dynamique interne de la planète.
La tectonique des plaques est maintenant
bien connue, mais ne suffit pas à décrire de façon complète le mouvement
des plaques par rapport à l'axe de rotation de la Terre. En effet, à celle
ci se superpose un mouvement d'ensemble des plaques et du manteau terrestre,
connu sous le nom de « grande
dérive du pôle de rotation ».
Il a été montré que la dérive du pôle
de rotation d'une planète peut être produite par des changements dans la
distribution des masses dans son manteau ou à sa surface . De telles dérives
expliqueraient certaines observations paléomagnétiques ou variations
climatiques. On dispose, en l'occurrence, du trajet de cette dérive pour
les 200 derniers millions d'années obtenu en combinant le mouvement des
plaques, déterminé par le paléomagnétisme, et le positionnement de
l'ensemble des points chauds (Besse et Courtillot, 2002).
Dans l'étude rapportée ici, les auteurs
ont cherché à retrouver les causes de cette dérive du pôle de rotation
de la Terre, estimée pour les 120 derniers millions d'années.
Explication
de la figure :
En jaune l'axe de rotation de la Terre, fixe
dans un repère céleste.
En rouge, l'axe représentant la répartition
des masses, il pourrait bouger; c'est un mouvement entre la planète et son
axe de rotation.
Sur cette figure, on voit notre planète Terre
basculer en conservant son axe de rotation.
L'obliquité de la Terre (inclinaison par
rapport à l'écliptique) ne change pas.
Dans le manteau terrestre, de larges
mouvements de masses sont induits par la convection : ainsi, des plaques présentant
une densité supérieure à celle du manteau environnant plongent, peut être
jusqu'à la limite noyau-manteau, tandis que du matériel peu dense remonte
sur de larges zones du manteau profond. Par ailleurs, ces anomalies déforment
les interfaces terrestres et donc déplacent d'autres masses.
Par
ces déplacements de masse la convection a de larges effets sur le pôle de
rotation(Le pôle de rotation est l'intersection de l'axe de
rotation avec la surface de l'hémisphère nord. NdlR).
Ceux-ci ne sont pas prévisibles simplement.
En effet, comme la Terre a un comportement visco-élastique, l'effet de
surface d'une anomalie de masse dans le manteau dépend largement de sa
position par rapport au centre de la Terre. Une même anomalie, selon sa
position dans le manteau, fera basculer la planète dans un sens ou un autre
pour aller se positionner au pôle ou à l'équateur.
Les auteurs ont cherché à déterminer précisément
les origines de la dérive récente du pôle de rotation de la Terre depuis
120 millions d'années, et à calculer son mouvement à l'échelle des temps
géologiques. Ils ont pour cela utilisé des modèles simples pour figurer
au cours du temps d'une part les plaques en subduction, d'autre part les
remontées du manteau.
La modélisation
Les plaques sont modélisées à partir de
la position en surface des zones de subduction. On suppose qu'elles plongent
verticalement à la vitesse de déplacement qu'elles ont en surface depuis
200 millions d'années (Ma) jusqu'à ce quelles atteignent le manteau inférieur.
Elles s'épaississent alors en se pliant à cause d'un saut de viscosité et
leur vitesse diminue (Ricard et al 1993).
Par ailleurs, la tomographie sismique fait
apparaître, sous l'Afrique et la Polynésie, dans le manteau profond, deux
dômes de matériel thermiquement ou chimiquement moins dense que le manteau
environnant. Ces deux régions semblent constituer des réserves à
l'alimentation d'essaims de panaches remontant jusqu'à la surface terrestre
pour émerger sous forme de volcans. Les traces volcaniques laissées en
surface par ces panaches depuis 200 Ma se répartissent irrégulièrement
dans deux régions grossièrement antipodales à l'aplomb des dômes et
reste dans un creux du géoïde lié en très grande partie aux subductions
passées.
Axes principaux d'inertie calculé pour les
derniers 120 Ma (points tout les 10 Ma, les étoiles marquent les valeurs
actuelles).
L'axe principal d'inertie maximal (en blanc)
correspond à l'axe de rotation.
Le géoïde actuel (équipotentiel de pesanteur
passant par le niveau des mers) correspondant est également représenté
(en bleu : les creux, en rouge : les bosses).
Leur étalement et leur position latérale
n'ont pas beaucoup changé depuis 200 Myr. Les auteurs ont évalué la
distribution des anomalies de masse associées à ces 2 dômes à partir des
images de la tomographie sismique, et localisé les anomalies pouvant être
suivies dans la partie la plus profonde du manteau depuis la surface du
noyau. Pour tester la validité du modèle ils ont calculé le géoïde
actuel, dont la forme dépend directement de ces anomalies profondes, pour
retrouver l'axe de rotation de la Terre. Après quelques ajustement, le modèle
a permis de retrouver le pôle de rotation actuel, il a alors été utilisé
pour calculer la dérive du pôle sur 120 millions d'années.
Le chemin de dérive des pôles ainsi
obtenu, présente des caractéristiques épisodiques similaires à celles
observées par le paléomagnétisme. Au cours de cette période, l'axe de
rotation de la terre s'est déplacé exclusivement dans un plan
perpendiculaire à l'axe des 2 dômes.
Ce modèle apporte plusieurs enseignements ;
les plaques en subduction ne sont pas les seules responsables de la dérive
du pôle de rotation de la Terre, comme on le pensait, car lorsque le modèle
les prend principalement en compte il ne permet pas de retrouver l'axe de
rotation actuel de la Terre. Les dômes, qui semblaient les meilleurs
candidats pour expliquer cet écart, ne sont en fait pas en mesure de fixer
le pôle de rotation. Ils sont néanmoins alignés sur l'axe minimal
d'inertie. Par ce travail, les auteurs ont aussi démontré que les déformations
à grandes échelles spatiales du géoïde actuel sont liées aux anomalies
de masses engendrées par les plaques subductées dans le manteau profond.
Quoi qu'il en soit, quand des masses se déplacent
à l'intérieur du manteau la Terre bascule, fort heureusement à une échelle
de temps bien supérieure à ce que nous pouvons percevoir, même si la géodésie
peut mesurer le déplacement du pôle de rotation.
INDE : ENCORE UNE FOIS DANS L'ESPACE.
(21/07/2010)
Nos amis Indiens, nous surprennent encore une
fois avec leur technicité spatiale.
Leur fusée de base (la
PSLV-C15) vient encore de marquer des points : elle
a lancé avec succès le satellite CARTOSAT-2B
et 4 autres plus petits satellites ce 12 Juillet 2010 de la base de
lancement de Satish Dhawan Space Centre (SDSC) SHAR, Sriharikota.
C'était
le 16ème lancement consécutif avec succès
de la fusée PSLV (acronyme de Polar Satellite Launch Vehicle).
Satellites mis sur orbite circulaire à 637km
d'altitude et incliné à 98°.
L'Inde est bien un pays avec lequel il faudra
compter pour la conquête spatial.
Signalons qu'un
module non habité va être envoyé dans l'espace courant 2013 comme prélude
à un vol habité (deux astronautes).
L'ÉCLIPSE DU 11 JUILLET 2010 : LA TOTALITÉ DANS LE
PACIFIQUE. (21/07/2010)
Cet été, une belle éclipse totale était
visible de certains points du globe particuliers : L'île de Pâques et des
îles superbes de la Polynésie notamment. (voir cartes)
Bien entendu l'endroit
idéal était l'île de Moaïs. Mais il y eut beaucoup d'appelés et
peu d'élus.
Notre
ami Stéphane Guisard a réussi
une superbe photo que vous voyez ici avec les Moaïs en avant-plan.
Je vous rappelle que Stéphane sillonne les
plus beaux endroits du monde pour y faire des photos astro, et son lieu de
prédilection est le désert de l'Atacama, que nous avons évoqué il
y a quelques temps, justement à propos de ses photos de la Voie Lactée.
LES
ÉTOILES MASSIVES : LE MYSTÈRE DE LEUR NAISSANCE DÉVOILÉ.
(21/07/2010)
L'ESO vient de
rendre public une étude intéressante sur la formation des étoiles
massives.
Ils ont obtenu pour la première fois l'image d’un disque de poussière encerclant de près
une étoile massive récemment née, apportant la preuve directe que
les étoiles massives se forment de la même manière que leurs sœurs plus
petites.
Voici leur communiqué :
« Nos observations révèlent un
disque environnant une jeune étoile massive à l'état embryonnaire,
qui est maintenant totalement formée » déclare Stefan Kraus, le
responsable de cette étude. « Certains diront que le bébé est
sur le point d’être mis au monde ».
L’équipe d’astronomes a observé un
objet connu sous le nom énigmatique d’IRAS 13481-6124.
La jeune étoile centrale, qui est toujours
entourée par son cocon prénatal, a une masse d’environ 20 fois celle du Soleil et un rayon cinq fois plus
grand. Elle se situe dans la constellation du Centaure, à 10.000
années-lumière de la Terre.
A partir d’images d’archives obtenues
par le satellite Spitzer de la NASA et par des observations effectuées avec
le Télescope submillimétrique APEX de 12 mètres de diamètre, les
astronomes ont découvert la présence d’une trace d’éjection de matière.
« De tels jets sont couramment observés
autour de jeunes étoiles de faible masse et indiquent généralement la présence
d’un disque, » précise Stefan Kraus.
Les
disques circumstellaires sont des éléments essentiels dans le processus de
formation des étoiles de faible masse comme notre Soleil. Cependant, nous
ne savons pas si ces disques sont également présents durant la formation
des étoiles de masse supérieure à dix fois celle du Soleil, car le rayonnement puissant qu’elles émettent pourrait
empêcher la matière de tomber sur l’étoile.
Il a ainsi été proposé que les étoiles
massives pourraient se former lorsque des étoiles plus petites fusionnent.
Afin de découvrir et de comprendre les
propriétés de ce disque, les astronomes ont utilisé le mode interférométrique
du VLT, le VLTI (Very
Large Telescope Interferometer), de l’ESO. En combinant la lumière de
trois des télescopes auxiliaires de 1,80 mètre du VLTI avec l’instrument
AMBER, cet équipement permet aux astronomes d’observer des détails
aussi précis que s’ils avaient un télescope avec un miroir de 85 mètres
de diamètre.
Crédit photo : ESO/S. Kraus
La résolution obtenue correspond à 2,4
millisecondes d’angle, ce qui équivaudrait à distinguer la tête d’une
vis de la station spatiale internationale, ou encore à plus de dix fois la
résolution atteinte avec les télescopes spatiaux actuels observant dans le
visible
Avec cette capacité exceptionnelle, complétée
par des observations réalisées avec un autre télescope de l’ESO, le télescope
NTT de 3,58 mètres de diamètre à La Silla, Stefan Kraus et ses collègues
ont été capables de détecter un disque autour d’IRAS 13481-6124.
« C’est la première fois que nous
pouvons prendre une image de la région interne d’un disque autour d’une
étoile massive » précise Stefan Kraus « Nos
observations montrent que la formation se passe de la même manière pour
toutes les étoiles, quelle que soit leur masse. »
Les astronomes ont déterminé que le système
était âgé de 60.000 années-lumière et que l’étoile avait atteint sa
masse finale.
À cause de la lumière intense de l’étoile
qui est 30.000 fois plus lumineuse que le Soleil, le disque va bientôt s’évaporer.
Ce disque évasé s’étend sur 130 fois la distance Terre-Soleil (130 Unités
Astronomiques) et a une masse similaire à celle de l’étoile, soit
environ vingt fois celle du Soleil. De plus, les parties
internes du disque apparaissent dépourvues de poussière.
« De prochaines observations avec ALMA (Atacama
Large Millimeter/submillimeter Array), en cours de construction au Chili,
pourraient fournir plus d’informations sur ces parties internes et nous
permettre de mieux comprendre comment les étoiles massives « nouveaux
nés » deviennent grosses, » conclut Stefan Kraus.
CASSINI-TITAN
: VOL AU DESSUS D'UN NID DE MÉTHANE.
(21/07/2010)
En cette époque de vacances estivales, pourquoi ne pas passer quelques jours au bord du
Lac Ontario, situé sur Titan la plus grosse lune de Saturne?
Et bien la
NASA y a pensé et vous propose pour vous motiver un film de survol de
cette superbe étendue lacustre située dans l'hémisphère Sud.
Vous pourrez vous rafraîchir sur ces différentes
plages en cette période caniculaire avec des température en dessous de zéro
et faire des galipettes dans des hydrocarbures liquides.
La NASA recherche désespérément une agence
de voyage pour proposer de tels séjours….
Image de Ontario Lacus du 12 janvier
2010. surface du lac : 15.000km2.
Désolé mais cela m'a donné l'idée
de modifier la carte postale de la NASA pour attirer les foules.
Plus sérieux maintenant, des scientifiques de
la NASA, basés sur les dernières images (radar, de 2009 et 2010) de ce lac
ont imaginé un survol de cet endroit.
Cela vaut le coup de
voir ce film, il vous donnera l'envie d'y aller!!
Il existe en plusieurs formats, vous pourrez
choisir ainsi selon vos désirs.
Les explications techniques qui ont menées à
ce film sont données sur cette
page.
Titan est évidemment différent de la Terre,
mais semblable par certains aspects comme les saisons par exemple.
Cassini est arrivé dans la région de Saturne
en 2004, lorsque c'était l'été dans l'hémisphère Sud, on s'avance vers
l'automne maintenant; les saisons ont un cycle de 29 ans sur Titan (et
Saturne).
Depuis le début de l'aventure Cassini, les côtes
du lac ont diminué de 10km, et le niveau a baissé d'approximativement 1m.
Le méthane liquide s'évapore ainsi.
Les scientifiques sont émerveillés que
Cassini puisse détecter de si faibles variations saisonnières.
HUBBLE:.DES
BULLES ET DES BÉBÉS DANS N11! (21/07/2010)
(crédit
photo : NASA, ESA et Jesús Maíz Apellániz (Instituto de Astrofísica de
Andalucía, Spain))
Voici une très grande vue de la région N11, réputée
pour la formation d'étoiles.
Elle est située dans notre Univers proche,
dans la grand nuage de Magellan (en anglais LMC : Large Magellanic Cloud),
galaxie satellite de la notre.
Le LMC contient de nombreuses bulles de gaz brillantes, une des plus
spectaculaire porte le nom de LHA 120-N11; (tiré de la liste de l'astronome
Américain Karl Henize en 1956) il est communément appelée N11.
Cette région s'étend sur près de 1000 années
lumière, elle produit la plupart des étoiles massives connues.
C'est
la façon dont ces étoiles sont produites qui donne à N11 son allure
particulière. Trois générations successives d'étoiles se sont formées
à partir du centre de la nébuleuse, chacune de plus en plus éloignée de
la précédente; créant ainsi des coquilles de gaz et de poussières.
Dans le coin supérieur gauche, on distingue la
nébuleuse N11A ressemblant à des pétales de rose, elle est illuminée de
l'intérieur par les étoiles massives très chaudes situées à l'intérieur.
Un autre amas d'étoiles, peut être vu dans le
bas de l'image, c'est NGC 1761; il émet ses radiations UV dans tout
l'espace environnant.
Cette photo prise par la caméra ACS est un
mosaïque de 5 images et couvre 6 arc minutes.
Le grand nuage de Magellan est plus petit que
notre Galaxie, mais c'est une région du ciel très active concernant la
formation des étoiles.
Le grand nuage de Magellan (LMC) et le petit
nuage de Magellan (SMC) sont facilement visibles à l'œil nu, mais il faut
être dans l'hémisphère Sud.
On les a baptisé ainsi car en principe c'est
Magellan qui les aurait détecté en 1519 lors de ses voyages, mais on pense
que c'est l'astronome Perse Al-Sufi (que nos lecteurs connaissent bien grâce
à B. Lelard et sa rubrique sur les maths de l'astronomie) qui les aurait vu
vers 964 et peut être même Amerigo Vespucci en 1503; il y a donc
concurrence pour la paternité!
LIVRE
CONSEILLÉ.:.LA LUNE À PORTÉE DE MAIN CHEZ BELIN.
(21/07/2010)
Encore un excellent livre didactique de la
collection Pour la Science aux éditions Belin.
Vous saurez tout ce que vous avez toujours
voulu savoir sur la Lune sans jamais avoir osé le demander.
En effet cet ouvrage superbement illustré,
vous apprend tout ce qui se cache derrière les phénomènes des marées,
des éclipses, des phases de la Lune.
Voici la quatrième de couverture :
La Lune attire depuis toujours scientifiques
et poètes.
Les uns ont œuvré à la comprendre et à
l’explorer, les autres à l’imaginer. Tous ont été saisis par son
caractère à la fois proche et distant.
Car la Lune, à l’instar de son orbite,
sait demeurer elliptique.
Dans cet ouvrage, promis à devenir une référence
sur le sujet, sont abordées des questions dont les réponses demeurent
souvent mal comprises du public, notamment en ce qui concerne les phases de
la Lune, ses éclipses, les marées, etc. Grâce
à de nombreux schémas et des expériences à reproduire seul ou à
plusieurs, cet ouvrage vous éclairera sur ces points et bien
d’autres, notamment les éclipses, pour qu’enfin vous puissiez tout
savoir sur la Lune.
Dans une approche rigoureuse, claire et
exhaustive, les auteurs nous livrent, après leurs autres ouvrages à
succès (Le
ciel à portée de main,Les
saisons et les mouvements de la Terre, Belin), un nouveau vade-mecum pour curieux
et passionnés de l’astre qui, chez les Anciens grecs, avait pour
nom Séléné.
Les auteurs :
Liliane Sarrazin-Vilas , ancienne
professeur de sciences physiques et formatrice en IUFM, elle écrit régulièrement
dans la revue Cosinus .
Jean-Luc Fouquet , professeur de sciences
physiques, formateur en astronomie et responsable du service éducatif du
Muséum de La Rochelle.
Pierre Causeret , professeur de mathématiques,
formateur en astronomie et ancien président de la Société Astronomique de
Bourgogne, il écrit dans la revue Cosinus .
24.00 €ISBN 978-2-7011-4749-9224 pages.
LES
MAGAZINES CONSEILLÉS.:.L'ASTRONOMIE "SPÉCIAL" SUR L'EAU DANS
L'UNIVERS.
(21/07/2010)
Très beau et intéressant numéro d'été de
l'Astronomie, la revue de la SAF; il est consacré au
rôle de l'eau dans l'Univers avec des articles de fond performants,
auxquels ont participé de nombreux auteurs comme : Thérèse Encrenaz, Anny
Chantal Levasseur Regourd; Maryvonne Gérin; Danielle Briot; Simone Dumont;
Marie Claude Paskof; François Raulin; Jacques Reisse; Philippe Coué; Roger
Ferlet, Roger Marical, Gilles Dawidowicz; Stéphane Costa, Benoit Laignel;
Noël Robichon et de nombreux autres.
Le rôle de l'eau dans la formation des planètes
est étudié avec détails et je ne peux que vous conseiller de vous
procurer ce numéro.
5,90€
LES
MAGAZINES CONSEILLÉS :.POUR LA SCIENCE DOSSIER SPÉCIAL : LE MONDE
QUANTIQUE.
(21/07/2010)
Dossiers Pour la Science N°68 Juillet -
Septembre 2010Le monde
quantique
Terre promise pour le traitement de
l'information
Les physiciens cherchent à optimiser le
traitement de l'information grâce aux étranges propriétés du monde
quantique. Pour ce faire, ils manipulent la matière et la lumière à l'échelle
des atomes et des photons, échelle dont la maîtrise deviendra
incontournable du fait de la miniaturisation de l'électronique.
À lire également dans ce numéro : (extrait
du sommaire) :
Propos recueillis par Guillaume Jacquemont.
Antoine Browaeys
Le contrôle de la lumière à l'échelle du
photon est nécessaire pour de nombreuses applications. On cherche alors à
émettre des photons un par un, en rafales rapides. En pratique, on doit créer
des sources 100 milliards de fois moins intenses que les lasers des caisses
de supermarché !
En manipulant un à un des atomes suspendus
dans le vide, les physiciens élaborent les premiers éléments qui
constitueront les futurs ordinateurs quantiques.
Les propriétés des objets existent-elles
avant d'être mesurées ? Des expériences conçues par des physiciens à
Vienne apportent des éléments de réponse à cette question entre science
et philosophie.
En 1935, Einstein lance un défi à la théorie
quantique, qu'il juge incomplète. Un défi que les étrangetés quantiques
ont relevé avec brio : la voie vers des applications révolutionnaires était
ouverte.
Les circuits supraconducteurs seront-ils les
supports des bits quantiques des ordinateurs quantiques de demain ? On
l'ignore encore, mais leur flexibilité en fait d'excellents candidats.
La cryptographie quantique exploite la
superposition d'états pour créer des clefs de cryptage inviolables. En
quelques années, les physiciens sont passés de la théorie et des
bricolages de laboratoire aux produits commercialisés.
Le diamant est un matériau prometteur pour l'électronique
quantique : on peut y incorporer des impuretés et contrôler le spin de
leurs électrons. L'enjeu : des ordinateurs quantiques fonctionnant à température
ambiante.
Comment passe-t-on de la physique quantique à
la physique classique ? Une horloge que l'on peut mettre dans un état
quantique ambigu – elle avance et retarde en même temps – permet aux
physiciens d'analyser cette transition floue entre deux comportements de
natures très différentes.
La possibilité de transporter instantanément
un objet d'un endroit à un autre, rêvée par la science-fiction, est
aujourd'hui réalité… au moins pour les particules lumineuses.
Des ordinateurs quantiques seraient performants
pour accomplir certaines tâches aujourd'hui inaccessibles. Mais pour résoudre
la plupart des problèmes, ils feraient à peine mieux que les ordinateurs
actuels. L'ordinateur ultime n'est pas pour demain !
Les physiciens cherchent à optimiser le
traitement de l'information grâce aux étranges propriétés du monde
quantique. Pour ce faire, ils manipulent la matière et la lumière à l'échelle
des atomes et des photons, échelle dont la maîtrise deviendra
incontournable du fait de la miniaturisation de l'électronique.
Interférences, téléportation, superposition
d'états, intrication — une sorte de lien mystérieux entre particules
—, le monde quantique est le siège de phénomènes déroutants, confirmés
par nombre d'expériences. Et ces phénomènes se révèlent plus utiles que
prévu…
Comment stocker l'information quantique, si
volatile qu'elle disparaît dès qu'on cherche à la connaître ? En développant
des mémoires elles-mêmes quantiques. Dans les multiples dispositifs étudiés,
lumière et matière échangent leur état quantique à la demande.
Nos sens nous donneront-ils un jour directement
accès à l'étrange monde quantique ? A priori non, car un simple échange
d'information le fait disparaître, mais ce n'est plus un problème d'échelle.
On crée en effet des phénomènes quantiques de plus en plus
macroscopiques…