LES ASTRONEWS de planetastronomy.com:
Mise à jour : 27 Février 2014   
 
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Astrophysique/cosmologie ; Spécial Mars ; Terre/Lune ; Système solaire ; Astronautique/conq spatiale ; 3D/divers ; Histoire astro /Instruments ; Observations ; Soleil ; Étoiles/Galaxies ; Livres/Magazines ; Jeunes /Scolaires
Sommaire de ce numéro :  
L’âge d’or des amateurs : CR de la conf SAF d’A. Giraud-Ruby du 12 Février 2014. (27/02/2014)
Alterscience en astronomie : CR de la conf IAP d’A. Moatti du 4 Février 2014. (27/02/2014)
La formation des systèmes stellaires etc… : CR de ce congrès des 5 et 6 Fev 2014 par JP Treuil. (27/02/2014)
PLATO : L’ESA part à la chasse aux planètes ! (27/02/2014)
Gaia :. Mise au point ! (27/02/2014)
Cygnus : Elle se sépare de l’ISS et plonge dans l’océan. (27/02/2014)
Space X : Le prochain vol aura des jambes ! (27/02/2014)
Chang’e 3 : Toujours en vie malgré quelques frayeurs. (27/02/2014)
Astéroïdes : Nouvelle vison de la ceinture principale. (27/02/2014)
Itokawa : Un astéroïde vu de l’intérieur. (27/02/2014)
Neutrinos : Quelle est leur masse ? (27/02/2014)
ISS :.Vie prolongée jusqu’en 2024 ! (27/02/2014)
Vu d'en haut :.Hawaï. (27/02/2014)
Les rovers martiens.: Le mystère de la pierre inconnue, résolu. (27/02/2014) (27/02/2014)
MRO :.Un nouveau cratère sur Mars, presque en direct ! (27/02/2014)
Les magazines conseillés :.L’Astronomie de Mars est paru. (27/02/2014)
Les magazines conseillés : Ciel et Espace de Mars est paru. (27/02/2014)
 
 
 
 
 
 
FORMATION DES SYST. STELLAIRES ETC. : CR DU CONGRÈS IHP DES 5-6 FEV 2014 PAR JP TREUIL. (27/02/2014)
 
 
 
DE LA FORMATION DES SYSTÈMES STELLAIRES ET PLANÉTAIRES ET LES CONDITIONS D’APPARITION DE LA VIE
 
Notes prises lors du Congrès organisé par l’Académie Européenne Interdisciplinaire des Sciences Institut Henri Poincaré, Paris,

5 et 6 février 2014
 
Jean Pierre Treuil, 18 février 2014 jeanpierretreuil@gmail.com
 
 
 
 
J’ai  eu  la  chance  de  pouvoir  assister  les  5  et  6  février  2014,  à  un  séminaire  sur  la formation des systèmes stellaires et planétaires, et les conditions d’apparition de la vie.
Ce  séminaire  avait  lieu  à  l’Institut  Henri  Poincaré,  excusez  du  peu,  haut  lieu  des  mathématiques françaises, et  mondiales...
Il  était  organisé par  une association  nommée  «Académie européenne interdisciplinaire des sciences», association qui organise tous les  deux  ans,  sur  des  thèmes  impliquant  l’interdisciplinarité,  de  chouettes  conférences.  Le  public  était  mi-professionnel  mi-grand  public,  ce  qui  est  une  configuration  intéressante.  Les  conférences  seront  peut  être  mises  en  ligne,  je  l’espère,  je  vais  donc  résumer  quelques points,  sans  être  le moins  du  monde complet, en  insistant  sur  ceux  qui  m’ont particulièrement frappé, et bien sûr  sans certifier une totale exactitude dans la reprise des propos des conférenciers !!
 
- ° -PETIT ATOME DANS MON DOIGT, D’OÙ VIENS TU?
 
1)La naissance des éléments chimiques(Nicolas Prantzos, IAP)
Les  atomes qui  composent notre corps viennent  des tout  premiers instants de la  vie de l’univers,  puis  de  l’intérieur  d’étoiles, lesquelles,  à  la  fin  de leur  vie,  ont  enrichi  le  gaz interstellaire  en  explosant.  Notre  système  solaire,  avec  ses  planètes  et  nous  mêmes, sommes  le  résultat  de  ce  processus.  Une  chose  est  à  noter  :  nous  connaissons  les abondances - les proportions - des différents éléments chimiques présents dans l’univers actuel, et  en particulier  celles des éléments présents dans les êtres vivants : hydrogène, carbone,  azote,  oxygène,  soufre,  etc... 
Nous  sommes  capables  d’expliquer  ces abondances  à  partir  de  la  démographie des  étoiles  :  combien  d’étoiles  sont-elles  nées chaque année depuis  le tout début, combien  pesaient-elles, combien de temps ont-elles vécu.  Autrement  dit  quelles  masses  des  différentes  espèces  d’éléments  ont-elles  été éjectées par les étoiles mourantes pendant ces différentes périodes de temps ?
Un calcul simple  me  direz  vous  !  Mais  la  quantité  et  la  composition  du  gaz éjecté  par  l’étoile  en cause  dépendent  de  sa  masse  ;  sa  durée  de  vie  en  dépend  également  :  les  étoiles massives se consument  très rapidement,  100 millions  d’années et  c’est  déjà  la  fin.  De plus toutes les étoiles ne naissent pas avec la même masse : existe chez elles une grande inégalité : beaucoup naissent petites ou moyennes (comme notre soleil) d’autres huit fois, dix fois, cent fois plus massives.
Il faut donc avoir une bonne idée sur tous ces points.
 
2) la démographie des étoiles : trois étoiles par an ? (Patrick Hennebelle, Lerma)
Il  est  difficile  de  faire  une  étoile  !  Ces  astres  se  forment   par  «effondrement gravitationnel»  :  à  partir  des  nuages  de  gaz  qui  deviennent  de  plus  en  plus  denses  et chauds,  et  finissent  par  allumer  les  réactions  de fusion  nucléaires  en  leur  centre.  Si  ne jouait  que cet  unique processus,  le  nombre d’étoiles qui  naîtraient  en  un  an  dans  notre
galaxie  serait  de  300  environ  (sur  cent  milliards  !),  c’est-à-dire  très  peu  !  D’autres phénomènes  viennent  encore  ralentir  ce  rythme  en  freinant  l’effondrement.  En  fin  de compte,  dans  notre galaxie,  on  estime à  trois seulement le nombre annuel de nouvelles nées !  Les causes de ce «déficit» sont comprises dans leur  principe,  mais dans le détail (poids respectifs des différents facteurs de freinage) il reste encore beaucoup à  faire. La «profusion  de  processus  physiques»  en  oeuvre  nécessite  la  mobilisation  conjointe  de plusieurs spécialités scientifiques, autour de domaines tels que la mécanique bien sûr (les lois  de  la  gravité),  mais  aussi  le  rayonnement,  la  thermodynamique,  la  turbulence.  Le «feedback», c’est-à-dire l’effet en retour des explosions d’étoiles en fin de vie sur le milieu interstellaire,  semble  jouer  un  rôle  (de  frein)  important.  En  quelque  sorte  une «autorégulation» de la démographie des étoiles !
 
--3)La diversité des systèmes planétaires (Alessandro Morbidelli, Observatoire de Nice)
Pour  avancer,  il  faut  comprendre  comment  naissent  les  systèmes  planétaires, simultanément à  l’allumage des  étoiles qui  leur servent  de Soleil. Ils se forment  dans le cœur  dense  du  nuage  à  l’origine  de  l’étoile. 
A  ce  stade,  les  lois  de  la  mécanique impliquent que ce cœur prenne la forme d’un disque en rotation. Ce disque est composé de gaz  bien  sûr,  mais  aussi  de  poussières  -  déjà  présentes  elles  aussi  dans  le  milieu interstellaire. 
Vont  se  former  alors,  au  sein  du  disque,  des  noyaux  qui  agrègent  ou «ramassent»  peu  à  peu  la  matière  de  leur  voisinage  et  deviennent  des  planètes.  Ici encore une diversité de processus intervient.
Les grosses planètes gazeuses se forment à grande distance de l’étoile, par agrégation des gaz autour de noyaux de glace.
Les petites planètes  dites  «telluriques»,  composées  de  roches,  se  forment  à  courte  distance  par agrégation des poussières.
Il s’en suit que les divers systèmes planétaires devraient se ressembler plus ou moins.
Or il n’en  est rien ; interviennent en fait deux phénomènes, à l’origine d’une grande diversité dans leur résultats.
Ces deux phénomènes sont la migration et l’instabilité planétaires.
" La  migration est  une interaction  entre la  planète gazeuse  déjà  formée et  ce  qui reste du  disque : la planète se trouve freinée dans sa course par  le disque et donc  chute progressivement vers l’étoile, jusqu’à  se stabiliser  sur  une orbite basse, pouvant être très proche  de l’étoile.  D’où  le  nom  donné  à  ces  planètes,  des  «Jupiters  chauds»,  Jupiters
pour être grosses et gazeuses - plus massives même que notre Jupiter - et chauds de par leur position.
" L’instabilité est  propre  au  système dynamique que forme l’ensemble des  objets présents, disque mais surtout  planètes déjà  formées :  ce système peut sembler  stable, mais  en  fait  il  évolue  lentement  et  peut  brusquement  «bifurquer»  et  se  stabiliser  à nouveau provisoirement dans une configuration bien différente. C’est un phénomène bien connu  des spécialistes des systèmes dynamiques, et  le conférencier  a  ainsi  pu  parler  à son propos de «puissance du chaos»
La  conjugaison  de  ces  deux  phénomènes  permet  de  rendre  compte  de  la  variété  des configurations de systèmes  planétaires jusqu’ici  observés,  plus  de 1000 :  diversité dans les  positions des  planètes  gazeuses,  dans  l’inclinaison  des orbites les  unes  par  rapport aux  autres au  sein  d’un  même système,  dans l’excentricité de ces  mêmes  orbites (leur forme plus ou moins allongée).
 
4)Notre système solaire, une exception ? (Giovanna Tinetti, University College)
Notre système solaire, avec  ses planètes gazeuses externes, ses orbites presque toutes dans  le même plan  et  quasi  circulaires (sauf  pour  les  comètes  !)  paraît  faire  exception dans  l’ensemble  des  systèmes  planétaires  actuellement  connus. 
Les  attentes  en  ce domaine  -  espoir  de  trouver  rapidement  des  systèmes  semblables  au  nôtre  -  sont «complètement  balayées»  !  Il  faut  sans  doute  ne  pas  être  trop  hâtif  :  la  puissance d’observation des instruments est limitée ; elle sélectionne de fait certains systèmes et en élimine  d’autres.  Attendons  l’avenir. 
Mais  que  s’est-il  produit  pour  que  notre  système solaire soit si particulier ?
Un évènement semble être advenu, voici  environ  4 milliards d’années - soit  500 millions d’années  après  ses  débuts.  Cet  évènement  expliquerait  la  configuration  actuelle  :  les caractéristiques des orbites de Jupiter, Uranus,  et  Neptune, la  petitesse en  masse de la planète Mars (un dixième seulement de la masse de la  terre), la ceinture d’astéroïdes, et les traces d’un «grand bombardement tardif» dont la  Lune nous donne chaque mois une image.
Il s’agirait d’une bifurcation survenue dans l’évolution du système, laquelle aurait arrêté la migration  de Jupiter  et  aurait  renvoyé  cette  planète et  ses consœurs  (Saturne,  Uranus, Neptune)  plus  loin  vers  l’extérieur. Des  simulations  sur  ordinateur,  intégrant  ce que l’on connaît de la situation initiale et les différentes interactions en jeu, permettent de s’assurer de la possibilité de telles modifications brutales. Plusieurs articles sont parus sur  ce sujet, voir par exemple Morbidelli & Crida 2007, Walsh & Morbidelli 2011, Levison 2011
A partir  de ce scénario, il  faut entrer  dans le détail et tenter  d’expliquer  pourquoi  les trois planètes Vénus, Terre et Mars sont si différentes, alors qu’elles se situaient au départ dans des  conditions  relativement  similaires (exposé  de  Thérèse  Encrenaz,  Observatoire  de Meudon).
 
--5)Une typologie (provisoire?) des systèmes planétaires
Les  systèmes  sont  fortement  déterminés  par  la  présence  et  les  orbites  des  planètes géantes. Ces dernières, du fait de leurs grandes masses en effet, ont un impact important sur les champs de gravité et leur  dynamique. Aussi quatre grandes classes de systèmes apparaissent-elles pour l’instant :
• Systèmes de planètes géantes semblables au nôtre
• Systèmes  dans  lesquels  les  planètes  géantes,  ayant  migré  à  travers  la  «zone habitable», ont quasiment tout ramassé : trop peu de matière reste alors dans cette zone habitable pour former des terres. Mais ?
• Systèmes où les planètes géantes ont une grande excentricité (quasi cométaire ?) : tantôt elles se trouvent  très près de l’étoile, tantôt  très loin, passant  au  delà  de la zone habitable ; même conséquence : pas de terres !
• Systèmes n’ayant pas de planètes géantes
Il  en ressort que la  proportion  de systèmes planétaires ayant des planètes de type «terre habitable»  est  peut  être  assez  faible.  De  la  résulte  la  proposition  du  conférencier  :
«Probablement  la  plupart  des  planètes  habitables  sont  «exotiques».  sous-entendu,  ne ressemblent  pas  à  notre  Terre,  par  exemple  des  lunes  de  planètes  gazeuses,  comme Europe (satellite de Jupiter) ou Titan (satellite de Saturne)
 
6)Peut on détecter la vie sur les planètes extra-solaires ?
Pour  pouvoir détecter  des traces de vie - sous forme d’une certaine «bio-signature» dans l’atmosphère de la planète : présence d’oxygène, de molécules organiques - il faut pouvoir disposer  d’observations  spectroscopiques.  Actuellement,  sur  les  mille  planètes découvertes, 200 ont pu être observées spectroscopiquement. Mais - si j’ai bien compris - les  abondances  supposées  des  molécules  recherchées  -  si  elles  sont  présentes  - sont trois fois plus faibles que ce que les instruments actuels sont capables d’observer ; on est donc  au  dessous  du  seuil. Les progrès  instrumentaux permettent  d’espérer  la possibilité effective de conclure sur  la présence de bio-signatures dans une deuxième génération de missions spatiales.
Rappelons à ce sujet que la distance à laquelle nous sommes actuellement capables de détecter  des planètes, par toutes les méthodes disponibles, est de 600 parsecs (le parsec est la  distance à  laquelle un  observateur  voit  la  distance entre la  terre et  le soleil  - 150 millions de km  -  sous  un  angle d’une seconde d’angle,  un  3600 tième de degré). Cette distance de 600 pc  délimite dans l’espace une sphère allant  déjà  largement  au  delà  du voisinage immédiat de notre système solaire.
 
7)Abondance comparée des éléments dans l’univers et dans la chimie du vivant.
Mes notes sont  dans cette partie du  séminaire plus succinctes,  incomplètes  et  pas très précises;  La  chimie  du  vivant  mobilise  -  dans  les  protéines,  l’ARN  et  l’ADN  -  un  petit nombre d’éléments, savoir  l’hydrogène (H),  l’oxygène (O), le carbone (C),  l’azote (N),  le soufre (S), le phosphore (P). Ces éléments sont parmi  les plus abondants dans l’univers.
Rappelons  cet  ordre  d’abondance  :  vient  l’hydrogène (74%),  puis  l’hélium  (24%),  et ensuite  justement  l’oxygène (1%),  le  carbone (0.5%),  suivi  par  le  néon,  le  fer,  l’azote(0.1%),  le  silicium  (0.07%),  le  magnésium  (0.06%),  le soufre (0.04%)  le  sodium,  le phosphore,  l’argon,  le calcium.  On  trouve ensuite un  paquet  comprenant l’aluminium,  le sodium,  le  chlore,  le  potassium  et  dans  un  autre  registre,  le  nickel,  le  chrome,  le manganèse,  le titane,  le cobalt  le zinc  et  le cuivre.  (cf.  Wikipédia,  sur  «Abondance  des éléments chimiques»). Il est clair que ces abondances, couplées avec les potentialités des éléments  -  l’argon  par  exemple,  gaz  «neutre»,  ne  peut  intervenir  chimiquement  - constituent des contraintes fortes de toute chimie complexe dans l’univers: il n’est pas très étonnant de retrouver les éléments de la vie, H,O,C,N,S,P dans le peloton de tête !
 
8)La chimie du milieu interstellaire (le «MIS») : plus de 200 molécules identifiées ! (Louis le Sergeant d’Hendecourt, IAS)
Une discipline, l’astrochimie, s’efforce d’identifier  les molécules présentes et les réactions chimiques en  oeuvre dans dans le milieu  interstellaire.  Elle a  abouti  à  la  découverte de plus  de  200  molécules.  Une  base  de  données  répertorie  et  met  constamment  à  jour l’ensemble  de  ces  molécules,  c’est  la  «Cologne  Database  for  Molecular Spectroscopy» (CDMS)
En  premier  lieu,  dans  les  gaz,  autrement  dit  «en  phase  gazeuse»  On  y  trouve effectivement  des  molécules  constituées  de 2,  3,  4,  ...  10 atomes  et  plus,  l’abondance étant  en  gros  divisée  par  10  à  chaque  ajout  d’un  atome  supplémentaire.  Comme exemples :  une molécule à  deux atomes, le monoxyde de carbone CO ;  à  trois atomes l’eau ; à  10 atomes l’acétone (cf. Wikipédia, sur  «Liste des molécules  détectées dans le milieu interstellaire»). Mais la  complexité de la  chimie en  phase gazeuse est très limitée, les conditions ne sont pas remplies pour des réactions ou chaînes de réactions, capables de produire de très grosses molécules.
En  second  lieu,  dans  les  glaces,  à  la  surface  des  grains  de  poussières.  Dans  le milieu  interstellaire,  les  molécules  telles  que  celles  de  l’eau  (H2O),  de  l’ammoniaque (NH3), du méthane (CH4) une fois produites, forment des glacesqui constituent la phase moléculaire la  plus abondante.  Ces glaces s’agrègent aux grains de poussières (formés de silicates + ...  , le silicium,  après le fer,  étant lui  aussi  dans le peloton  de tête).  C’est dans  ces  glaces,  et  à  la  surface  des  grains  de  poussière,  qu’ont  lieu  des réactions chimiques  plus  complexes,  à  même  de  produire  des  molécules  organiques  voire  des acides aminés.
 
9)La chimie des systèmes planétaires en formation hérite-t-elle de celle du MIS ? (Thérèse Encrenaz, Observatoire de Meudon et Valentine Wakelam, Université de Bordeaux)
Le milieu interstellaire, constitué de nuages formés d’un mélange de gaz et de poussières, est donc  en fin  de compte le lieu de nombreuses réactions chimiques aboutissant  à  des molécules  complexes, dont  certaines  font  partie de  ce qu’on  appelle  les «briques de  la vie».  Mais  ces  molécules  vont-elles  subsister lors  de  la  contraction  des  nuages aboutissant  à  la  naissance  des  étoiles et  à  la  formation  de  leur  cortège  de  planètes ? Autrement  dit,  vont-elles  survivre  au  traumatisme  que  constitue  l’augmentation  de température, de pression, d’exposition  au  rayonnement de la  nouvelle étoile résultant  de cette  contraction  ?  Autrement  dit  encore,  quel  est  l’héritage dans  le  «disque  protoplanétaire»,  au  sein  duquel  vont  se  former  les  planètes, de  la chimie  des  étapes antérieures.
Il faut avoir  à l’esprit, dans tous ces processus, l’énorme variété des conditions de densité et  de  température en  jeu,  depuis  le  milieu  interstellaire «presque  vide»  -  10  particules seulement par cm3 - jusqu’aux nuages denses - 1000 milliards de particules par cm3 - et encore au delà dans les disques proto-planétaires.
Quoi qu’il  en  soit, le support de la  chimie au  sein  du  disque proto-planétaire est toujours constitué de grains de poussières  (silicates) recouverts d’un  «manteau  glacé» d’eau,  de monoxyde de carbone, de gaz carbonique et autres composants. Bien entendu, la taille et la composition exactes du noyau de ces grains et de son manteau glacé dépendent de la distance à  l’étoile  en  formation.  Il  existe ainsi  une «ligne  de glace»  :  en  deçà  de cette ligne,  en  direction  de l’étoile, la  température est trop élevée,  les éléments  volatiles telle que l’eau  sont absents (à  l’état  solide).  Dans le système solaire, la ligne de glace passe entre Mars et Jupiter.
La dynamique chimique en équation. Des modèles de la  dynamique chimique au sein du disque ont pu  ainsi être construits. Ils permettent d’approcher  quelles peuvent être les différentes  espèces  chimiques  présentes  à  chaque  endroit  du  disque  aux  différents moments  de  son  évolution.  Ces  modèles  prennent  la  forme  d’équations  différentielles, bien  connues  en  dynamique  des  populations,  avec  des  termes  de  production  et  de destruction. Elles prédisent  le destin  de quelques 600 espèces chimiques, en  mobilisant de  l’ordre  de  6000  réactions.  La  visualisation  qui  nous  a  été  présentée  est  très spectaculaire. On peut voir  par  exemple l’évolution  du disque vue à travers la  présence - différenciée selon  la  distance à  l’étoile -  du  méthane  ou  de  telle molécule organique. A noter  que  les  dynamiques  en  oeuvre sont  toujours  «hors  équilibre»  :  elles  n’atteignent jamais  une  configuration  stable  qui  serait  la  configuration  d’équilibre  du  système d’équations. Une base de données a été élaborée à l’université de Bordeaux pour dresser et maintenir  à  jour  un  tableau  des réactions chimiques étudiées ; cette base a pour  nom
KIDA, Kinetic Database for Astrochemistry.
En fin de compte, comme résultats et si j’ai  bien compris, il n’y a pas au bout de l’histoire de modification majeure de la  composition  en espèces chimiques, telle qu’observée dans le  milieu  interstellaire  :  près  de  la  moitié  des  espèces  présentes  initialement survivent selon ces modèles et vont se retrouver dans les comètes....
 
MAIS ALORS, LA VIE ?
 
1)L’histoire de la Terre découpée en tranches (Emmanuelle Javaux, Université de Liège)
Lorsque l’on  étudie comment a  pu  apparaître,  puis évoluer  et  se diversifier  la  vie sur  la terre, une des questions immédiates est celle de savoir  quand notre planète est devenue habitable et quels sont les grands évènements qui ont marqué son existence.
L’exposé d’Emmanuelle Lavaux (Université de Liège) rappelle d’abord les quatre grandes périodes  -  on  dit  les  quatre éons -  par  lesquelles  on  découpe  dans  la  vision  actuelle l’histoire de la terre. Celles çi sont dans l’ordre :
1.L’Hadéen, depuis la terre une fois formée (il y a 4.56 milliards d’années) jusqu’à 4 ou 3.8 milliards d’années.
2.L’Archéenentre la fin de l’Hadéen et 2.5 milliards d’années
3.Le Protéozoique, entre la fin de l’Archéen et 0.54 milliards d’années
4.Le Phanérozoique, éon actuel
Ce découpage en  quatre périodes et  les frontières dans le temps qui  lui  sont  associées est calé sur les grandes étapes du développement de la vie, vues à travers l’analyse des roches  et  la  découverte  des  fossiles. 
Les  trois  premiers  éons  (Hadéen,  Archéen, Prototéozoique) forment ce qu’on appelle communément le Précambrien.
La fin de l’Hadéen, voici  donc  environ 3.8 milliards d’années. Les conditions d’apparition de la  vie semblent être remplies : la structure de la  terre est celle que nous connaissons actuellement :  un  noyau,  un  manteau,  une croûte,  de l’eau  liquide,  une atmosphère.  La découverte de (rares) roches sédimentaires datant de ces premiers âges prouvent en effet la présence d’océans. L’origine de l’eau  ou  encore l’enrichissement en  eau sont toujours discutés  :  une  part  de  l’eau  pourrait  avoir  été  apportée par  le  «grand  bombardement tardif», bombardement de météorites couverts de glace.
La fin du Protéozoique, il y a 0.54 milliards d’années. Elle correspond à l’âge des roches où  ont  été  découverts  les  premiers  fossiles  «d’animaux  connus  sous  le  nom  de trilobites» (Wikipédia).
Le dernier éon, le Phanérozoique. C’est la période de l’émergence des formes de vies que  nous  connaissons  :  plantes,  poissons,  reptiles,  mammifères.  Avec  le  découpage auquel  nous  sommes  familiarisés  depuis  notre  enfance  en  ère  primaire,  secondaire, tertiaire et quaternaire.
 
2)Les premières traces de la vie
L’apparition  de  la  vie  coïncide, par  définition,  avec  le  début  de  l’Archéen  ;  il  subsiste encore de grandes incertitudes. D’une façon certaine, Il semble que la vie soit présente il y a 3.5 milliards d’années, même si certains articles mentionnent une présence plus précoce (3.7 millions d’années plus tôt pour  Van Zuilen et  al. 2002, voir aussi  Schopf et al 2002, Derenne et al 2008).
Les premières traces consistent en  des roches spécifiques, appelées stromatolithes, que l’on a pu dater. On a de fortes raisons de penser - du fait de leur ressemblance avec  des formations contemporaines  -  que ces roches très  anciennes ont  été construites  par  des communautés bactériennes. Il existe en effet, dans un certain nombre de lieux particuliers (la  baie  Shark  sur  le littoral  ouest  de  l’Australie  par  exemple),  des roches de structures similaires mais  à l’état actif, clairement biogéniques, c.a.d.  en  cours de construction  par des organismes vivants, en autres des cyanobactéries.
 
3)Les grandes divisions du vivant
La suite de la compréhension du développement de la vie sur la Terre exige que l’on ait à l’esprit  la  vision  actuelle  du  découpage  de  la  diversité  des  êtres  vivants  en  grand domaines. Si l’on met à part les virus, dont le statut est controversé, ces domaines sont au nombre  de  trois  :  les archées,  les bactéries,  et  les eucaryotes.  Donnons  ici  quelques éléments (cf Wikipédia).
Les  archées  et  les  bactéries sont  des  procaryotes,  c.a.d.  des  êtres  formés  d’une seule cellule  sans noyau et  sans  organites. Les  eucaryotes  sont  au  contraire  des  êtres constitués d’une ou de plusieurs cellules, avec  présence dans ces cellules d’un noyau et de mitochondries.
La distinction entre archées et bactéries a mis du temps à s’imposer, et est encore parfois contestée. Les archées paraissent en effet par  certains traits être proches des bactéries, et par d’autres traits proches des eucaryotes. Si bien que plusieurs scénarios évolutifs (les archées sont elles par exemple, apparues les premières ?) ont pu être suggérés ; on peut consulter sur ses sujets un livre qui recoupe en partie le thème du séminaire : L’Univers, la Vie, l’Homme, Émergence de la conscience,  Henry de Lumley Ed.  CNRS Editions, 2012, notamment le chapitre 3 sur l’origine de la vie.
 
Quoi  qu’il  en  soit,  un  consensus  s’est  établi  pour  considérer  qu’archées,  bactéries  et eucaryotes  ont  les  mêmes  ancêtres.  Le  dernier  ancêtre commun,  le  plus  récent,  juste avant  la  première  différenciation,  est  appelé  LUCA  .  Pour Last Universal Common Ancestor. Mais LUCA était déjà un  être complexe, avec  un  code génétique semblable au
nôtre  (ouvrage  cité  chapitre  3,  Patrick  Forterre,  page  88).  Il  était  lui  même  issu  d’une longue lignée d’ancêtres, ayant engendré d’autres descendants, des ramifications depuis longtemps disparues !
 
4)quelques dates repères
Jusqu’à la fin  de l’Hadéen, pas de vie. Au  début  de l’Archéen,  il  y a  3.5 (ou  même peut être  3.8)  milliards  d’années,  ce ne  sont  pas  des fossiles  d’organismes vivants  qui  sont observés, mais seulement leurs constructions «macroscopiques» fossilisées.
Les premiers micro-fossiles de bactéries actuellement identifiés remontent à 2.1 milliards d’années, soit à  la  fin  de  l’Archéen  ou  au  début  du  Protéozoïque.  Ces  bactéries  sont  à  l’origine  de l’oxygène  libre  de  notre  atmosphère  qui  s’est  donc  «oxygénée»  à  cette  époque.  Les premiers  eucaryotes  fossiles  découverts  datent  d’il  y  1.5  milliards  d’années  (voire  1.8
selon certains travaux). Mais la date d’apparition des premiers eucaryotes - et de leur type d’organisation  mono-  ou  pluri-cellulaire,  est  encore  discutée.  Elle  pourrait  être  plus ancienne, autour d’il y a 2 milliards d’années voire davantage. Retenons que cette époque paraît être le début d’un développement accéléré de la vie.
 
5)La vie, une «dure à cuire ?» (Bruno Franzetti, Université de Grenoble)
La manière d’aborder la question de l’émergence de la vie dans les conditions de la Terre primitive, et celle de la vie sur  d’autres planètes, a été bouleversée par la découverte de formes  de  vie  dans  des  milieux    l’on  pensait  qu’elle  était  impossible.  Une  grande attention  a  été portée à  ces «extrêmophiles», adaptés aux milieux extrêmes en  terme de température,  de  pression,  de  salinité.  Ce  terme  de  milieux  extrêmes  est  très anthropomorphique : ils sont normaux pour les espèces en cause !
La première idée qui vient à l’esprit est celle que les conditions primitives de la Terre étant «extrêmes» (pour  nous humains  et  les animaux  qui  nous  entourent),  ces extrêmophiles seraient  eux  mêmes de bons  représentants  des formes  de  vie primitive.  Il  semble bien qu’il  n’en  soit  rien.  Ce sont  des  êtres «évolués»,  complexes,  très performants dans leur adaptation  à  ces  milieux.  Les  études  les  concernant  portent  précisément  sur  leur organisation, et leur métabolisme - leur  mode de fonctionnement dans les échanges avec l’environnement - qui président à  ces performances (en  résumé, qu’est-ce qui les rend si adaptés ? comment  relèvent-ils le défi  ? ).  Elles  portent  aussi  sur  la  manière  dont  ces principes se sont mis  en  place au cours  de l’Evolution,  et à  partir  de quelles espèces à l’origine (en résumé, comment et quand se sont-ils adaptés ? ).
Au  delà  de cette première constatation  - ce ne sont  pas des fossiles vivants - plusieurs points doivent être soulignés à leur propos :
•Ils ne sont pas une composante marginale de la vie sur la Terre !.
•Ils présentent une très grande diversité
•Ils  jouent  un  rôle  important  dans  les  grands  cycles  géo-chimiques  (en  particulier  les archées vivant en profondeur dans les océans)et finalement :
•Il n’y a que très peu d’environnements stériles sur la terre !
•Ies contraintes des «milieux extrêmes» ne sont pas insurmontables.
•la vie s’installe et  résiste au  froid, aux hautes pressions, aux fortes salinité, et  de plus, aux variations importantes qui sont souvent la marque des milieux concernés.
La limite des hautes pressions est d’environ  250 bars. Les limites de température - telles que constatées actuellement - sont 121° C du coté du chaud, et -20° C du  côté du froid.
C’est  bien  du  coté du  froid  qu’il  est  plus  difficile  de  s’adapter.  L’adaptation  aux  hautes température  pourrait  être  la  plus  ancienne  et  fournir  un  modèle  des  formes  de  vie primitives, la résistance à la salinité étant au contraire une adaptation moderne.
 
6)Approcher expérimentalement le passage de l’inerte au vivant.
Il apparaît donc bien que les conditions régnant dans le milieu interstellaire, puis dans les disques  proto-planétaires,  permettent  l’apparition  de  molécules  organiques.  L’analyse chimique de fragments de météorites vient confirmer cette conclusion (cf exposé de Sylvie Derenne sur la matière organique insoluble de la météorite de Murchison, tombée en 1969 à 100 km au nord de Melbourne, en Australie).
Mais  la  compréhension  fine  des  processus  en  oeuvre  passe  par  leur  reproduction  en laboratoire. Un  expérience souvent citée,  dont  je me souvenais car  elle s’est passée du temps de mon  adolescence, est celle de Miller-Urey, en 1953. Cette expérience testait la possibilité  de  production  de  molécules  organiques  complexes  dans  une  atmosphère supposée  -  à  l’époque  -  être  celle  de  la  terre  primitive  (cf  Wikipédia).  Un  mélange d’ammoniaque, de méthane, d’hydrogène moléculaire et de vapeur d’eau, soumis pendant
une  semaine  à  des  décharges  électriques  simulant  des  éclairs,  produisait  un  nombre important  de  composés  organiques  (des  acides  aminés,  des  sucres,  des  lipides,  des fragments d’acides nucléiques).
 
Les  exposés  de Rafaele Saladino (Université de la  Tuscia,  Viterbo,  Italie),  d’Ernesto  Di Mauro (Université Sapienza, Rome), et en partie celui de Sylvie Derenne - se situent dans le  cadre  de  telles  approches  expérimentales.  R.  Saladino  a  montré  ainsi  comment  la chimie  de  la  formamide  (HCONH2),  en  présence  de  matériaux  minéraux  servant  de catalyseurs, aboutissait - je cite - à la  synthèse de «plusieurs éléments intermédiaires de l’appareil autant génétique que métabolique, soulignant la capacité pour  ces systèmes de fournir  les bases moléculaires de l’origine de la vie». Ernesto Di  Mauro soutient la  même orientation.  Il  défend  l’idée  -  si  j’ai  bien  compris  -  que  les  éléments  chimiques  protométaboliques  (conduisant  aux  protéines)  et  proto-génétiques  (conduisant  aux  acides nucléiques,  à  l’ARN  et  à  l’ADN),  ont  été  produits  en  même  temps  pour  constituer  la
première génération des systèmes débouchant sur la vie
D’autres  exposés  ont  concerné  des  thèmes  tels  que  les  particularités  de  l’eau  liquide. (exposé de Guiseppe Zaccai, Institut de biologie structurale, Grenoble). L’eau n’est pas en effet  un  liquide  simple.  La  «danse  de  l’eau»,  c.a.d.  les  ruptures  et  recombinaisons permanentes de liens entre les molécules H2O au  sein du  liquide est à la  base de l’effet «hydrophobe» :  «les molécules  d’autres éléments chimiques qui  ne peuvent pas danser avec  l’eau  chercherons  à  l’éviter  et  à  se  regrouper  ensemble»,  favorisant  par    des réactions chimiques spécifiques. Ou encore les mathématiques permettant de représenter les  contraintes  opérant  sur  les  processus  de  croissance  et  expliquer  par    les  formes spatiales des tissus et des organes vivants. (exposé de Martine Ben Amar, ENS)"
 
- ° -POUR CONCLURE.
 
Je résumerai le sentiment qui se dégage pour moi de ce séminaire par les points suivants, en rappelant  que le terme de précurseur désigne ici  les molécules organiques évoquées antérieurement dans ce texte.
1)les  précurseurs  des  composants  du  vivant  (composants  que  sont  les  protéines,  les acides nucléiques) sont finalement «faciles à faire», et se rencontrent de fait aussi bien dans le milieu interstellaire que dans les systèmes planétaires.
2)La présence de ces nombreux précurseurs va  certes dans le sens d’une plus grande complexité. Mais elle relève plus d’un foisonnement aléatoire que d’une tendance nette dans  une  direction  identifiable  (Sylvie  Derenne  parle,  à  propos  des  molécules organiques identifiées dans les météorites, d’une biologie - d’une chimie ? - aléatoire...)
3)Le comment du passage de ces précurseurs à la vie installée reste inconnu.
4)La facilité d’apparition des précurseurs, jointe à la  facilité avec  laquelle la vie a conquis pratiquement  tous  les  milieux  existants  sur  la  Terre,  peut  faire  penser  que  cette apparition  est  inéluctable.  Ce  serait  une  manifestation obligatoire  des  propriétés combinatoires de la matière (un conférencier, citant Christian de Duve 1990).
Les points 3 et  4 ont été au centre de la  table ronde, à laquelle participait le philosophe des sciences canadien Christophe Malaterre, université de Montréal. Plusieurs questions émergent de la discussion :
1)Puisque l’on  parle  de passage,  comment  caractérise t-on  le point  d’arrivée. A savoir, dans le cas présent, quelles définitions donne-t-on de la vie ? Par  exemple, a été citée une définition du bio-physicien Edward Trifonov, la vie comme capacité d’un système de s’auto-reproduire avec variations. Mais faut-il se polariser sur les définitions ? Chercher à  définir  le point  d’arrivée,  avant  d’avoir  observé et  compris  le comment  du  passage, n’est-ce pas une perte de temps ?
2)Si à l’inverse l’attention se porte, non pas sur  le point d’arrivée, mais sur  le passage lui même, peut-on en caractériser  dès à présent la nature ? Un des participants à la table ronde  le  voit  d’une  façon  abstraite  mais  ayant  un  sens  en  physique,  comme  un changement de phase : le passage brusque d’un  état d’organisation de la matière à un autre état d’organisation, plus stable. Cette vision rejoint ainsi le caractère «obligatoire» de  l’apparition  de  la  vie  évoquée  par  le  conférencier.  Elle  est  aussi  reliée  à  une conception  du  passage du  «rien» au  «quelque chose» , comme avec  Victor  Stenger, cité avant la table ronde, ayant écrit (je cite de mémoire) «Something com from Nothing, but is more stable than Nothing».
3)A   quelle  vitesse  peut-on  avancer  dans  la  solution  de  ces  grandes  questions  ?  Là encore plusieurs opinions ont  cours :  pour  les uns,  l’échelle de temps est celle d’une décennie  :  ils  estiment  que  des  avancées  majeures  se  produiront  -  pendant  cette période de temps - dans les laboratoires travaillant sur les processus d’émergence de la vie.  Cette rapidité s’accorde avec  la  conception  d’une émergence  conçue comme  un changement de phase, qui  se produit  dans  un  délai  court et nécessairement  dès lors que les conditions sont réunies. D’autres, au contraire, voient un terme beaucoup plus lointain  et  incertain.  Ceux    s’inscrivent  dans  une  vision  de  l’apparition  de   la  vie comme résultat d’une histoire longue, aléatoire, non prévisible tant que non survenue.Pierre Joliot-Curie, lors de la clôture du congrès, exprimera  je crois un sentiment partagé par  tous les participants : la recherche de l’origine de la vie sur la Terre et de sa présence dans les autres systèmes planétaires est une aventure majeure, que l’humanité se doit de poursuivre au cours du XXI siècle, en s’y investissant le plus et le mieux possible
 
Jean Pierre TREUIL
 
 
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PLATO : L’ESA PART À LA CHASSE AUX PLANÈTES. (27/02/2014)
 
 
L’ESA a choisi la mission scientifique qui deviendra la troisième de sa série de missions de moyenne catégorie ; un observatoire spatial capable de repérer des planètes appartenant à d’autres systèmes solaires devrait ainsi être lancé en 2024.
La mission PLATO (pour PLAnetary Transits and Oscillations of stars), qui étudiera les transits planétaires et les oscillations stellaires, a été sélectionnée par le Comité du Programme scientifique de l’ESA dans le cadre de son programme Vision Cosmique pour la période 2015–2025.
 
Voici le communiqué de l’Agence que je reprends en partie :
 
Cette mission s’efforcera de répondre à deux des grandes questions sur lesquelles porte Vision Cosmique, à savoir : quelles sont les conditions nécessaires pour que se forment les planètes et pour qu’apparaisse la vie d’une part, et comment le Système solaire fonctionne-t-il d’autre part ?
PLATO observera des étoiles relativement proches à l’affût de légères baisses de luminosité se produisant régulièrement, au moment où leurs planètes transitent devant elles, masquant alors temporairement une partie infime de la lumière émise par ces étoiles.
Grâce à ses 34 petits télescopes et caméras, PLATO recherchera des planètes orbitant autour d’un million d’étoiles dispersées à travers la moitié du ciel.
 
Cet observatoire spatial aura recours à la sismologie pour étudier ces étoiles, ce qui permettra de connaître précisément les caractéristiques de l’étoile hôte de chaque planète découverte, notamment sa masse, son rayon et son âge.
En effet, une fois associées aux mesures de vitesse radiale réalisées au sol, les observations de PLATO permettront de calculer la masse et le rayon d’une planète, et donc sa densité, laquelle nous donnera une idée de sa composition.
 
Cette mission, qui permettra de localiser et d’étudier des milliers de systèmes exoplanétaires, s’attachera à repérer et à caractériser des planètes de la même taille que la Terre, ainsi que des super-Terres, situées dans la zone d’habitabilité de leur étoile hôte, c’est-à-dire à une distance telle de cette étoile que de l'eau peut exister à l'état liquide à la surface de la planète.
 
« PLATO, avec sa capacité exceptionnelle à débusquer les systèmes semblables à notre couple Soleil-Terre, pourra tirer parti des avancées réalisées grâce à plusieurs autres missions européennes, notamment CoRot et Cheops, » a expliqué Alvaro Giménez, Directeur Science et Exploration robotique à l’ESA.
« Ses découvertes nous aideront à comparer l’architecture de notre propre système solaire à celle d’autres systèmes planétaires.
« Toutes les missions candidates M3 disposaient du potentiel nécessaire pour répondre aux grandes questions scientifiques qui sont au cœur de notre programme Vision Cosmique. »
 
Les quatre autres concepts de mission en lice pour l’occasion de lancement M3 étaient les suivants : EChO (observatoire de caractérisation d'exoplanètes), LOFT (grand observatoire d'étude des variations du rayonnement X), MarcoPolo-R (collecte et retour d’échantillons d’un astéroïde géocroiseur) et STE-Quest (explorateur espace-temps et essai spatial du principe d’équivalence quantique).
 
PLATO rejoint donc les missions Solar Orbiter et Euclid, qui sont devenues en 2011 les premières missions scientifiques de classe moyenne de l’ESA. Solar Orbiter sera lancée en 2017 et étudiera le Soleil et le vent solaire à une distance inférieure à 50 millions de kilomètres, tandis qu’Euclid, dont le lancement est prévu en 2020, se penchera sur les mystères de l’énergie noire, de la matière noire et de la structure de l’Univers.
 
L’observatoire PLATO sera lancé par une fusée Soyouz depuis le port spatial de l’Europe à Kourou en 2024 pour une mission d’une durée initiale de six ans. Il sera placé en orbite autour du point de Lagrange L2, une zone précise dans l’espace située à 1,5 million de kilomètres derrière la Terre vue du Soleil.
Les données obtenues grâce à la mission Gaia lancée par l’ESA en décembre dernier aideront PLATO à nous fournir les caractéristiques précises de milliers de systèmes exoplanétaires qui pourront ensuite faire l’objet d’observations de suivi minutieuses grâce à de futurs grands télescopes installés au sol et dans l’espace
 
 
 
Voici un des concepts de PLATO (crédit ESA) avec ses nombreux instruments d’optique de 120mm et associés aux CCD correspondants.
Les variations de luminosité lors d’un transit planétaire sont infimes et ces caméras devraient être capables de détecter plus d’un millions de systèmes.
 
Associées aux télescopes terrestres, PLATO devrait pouvoir mesurer précisément masses et diamètres des planètes détectées.
 
Une belle vue de ce que devrait détecter PLATO.
 
 
 
 
Nous en reparlerons certainement dans ces colonnes prochainement.
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN.
 
Le site de PLATO à l’ESA.
 
Le site de PLATO au LESIA.
 
Le site de PLATO à l’IRFU.
 
Un nouveau télescope spatial pour la recherche des systèmes planétaires par l’IRFU. Très bien fait.
 
The PLATO 2.0 mission par Heike Rauer de la DLR et al. Toute la mission est parfaitement expliquée, notamment une comparaison avec Corot et Kepler.
 
Distribution des exoplanètes type super terres.
 
 
 
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GAIA : MISE AU POINT ! (27/02/2014)
 
Gaia, lancé il y a peu (Décembre 2013), met progressivement en service ses instruments.
Il procède en ce moment à la mise au point de son télescope.
 
Voici les premières images produites.
 
 
La première image test servant à l’étalonnage: l’amas de jeunes étoiles NGC1818 dans le grand nuage de Magellan. Le champ est de 212 par 212 arcsec.
L’image couvre approximativement 1% du champ de vue de Gaia.
 
 
© ESA/DPAC/Airbus DS
 
 
l’article ESA correspondant.
 
 
 
 
 
Quelques jours plus tard, les techniciens procèdent à un autre test :
 
 
La célèbre nébuleuse de l’oeil de chat (NGC 6543) prise les 23 et 25 Janvier 2014. © ESA/DPAC/Airbus DS
L’effet de bougé est plus important à gauche qu’à droite après correction des infos CCD par les techniciens ; cet effet est dû à la rotation de la sonde. Ces corrections seront encore plus efficaces dans quelques semaines.
 
L’article correspondant de l’ESA.
 
D’après mes dernières informations, il y aurait trop de lumière parasite qui pourrait provenir du bouclier thermique, les responsables de la mission travaillent sur le problème.
 
 
 
 
Les télescopes du VLT ont réussi à localiser la sonde Gaia dans le ciel.
 
Le petit point blanc cerclé de rouge est le satellite Gaia repéré par le VLT du Paranal (Chili)
en mode VST (Very Large Telescope Survey Telescope) crédit : ESO.
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
 
 
GAIA et l’astrométrie : CR de la conf SAF (Cosmo) de B Rocca du 16 nove 2013.
 
De Hipparcos à Gaia : CR de la conférence de C Turon à la SAF du 10 Avril 2008
 
La mission Gaia au CNES.
 
Gaia chez wikipedia.
 
Un astronews précédent sur Gaia.
 
Des détails sur la mission à l’Observatoire de paris.
 
Site de la mission Hipparcos.
 
Site de la mission Gaia et des diverses photos et images.
 
Petit résumé de deux pages sur Gaia en anglais.
 
Un article de l’Observatoire de Paris sur Gaia.
 
Gaia blog
 
 
 
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CYGNUS/ANTARES : ELLE SE SÉPARE DE L’ISS ET PLONGE DANS L’OCÉAN. (27/02/2014)
 
 
La capsule spatiale Cygnus qui s’était amarrée à l’ISS il y a quelques semaines vient de se désamarrer de la station une fois sa mission accomplie. Elle a apporté du ravitaillement aux astronautes et maintenant elle emporte les « ordures » qui vont brûler avec elle dans l’atmosphère.
 
 
La capsule en train d’être désarrimer de la station avec le bras manipulateur Canadarm2 le 18 Février 2014.
 
 
Une autre belle photo de cette opération.
 
Et aussi celle-ci d’une mission précédente, la capsule flotte au dessus de l’océan.
 
 
 
 
 
 
 
On peut consulter ce rapport publié par la NASA sur ce désamarrage.
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
La mission et les photos vues par Orbital Sciences.
 
L’arrimage par NASA spaceflight.
 
La mission vue par nos amis de Universe Today.
 
La capsule Cygnus boucle avec succès sa première mission vers l'ISS par maxisciences.
 
Plus de détails sur la capsule elle-même.
 
 
 
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SPACE X : LE PROCHAIN VOL AURA DES JAMBES ! (27/02/2014)
 
 
Le prochain vol commercial de la fusée Falcon 9 aura lieu en Mars, elle transportera une capsule Dragon sans équipage.
Mais l’originalité ne viendra pas de cela ; la fusée sera équipée à cette occasion de jambes d’atterrissage qui devraient permettre sa récupération, faisant ainsi de Falcon 9 un lanceur ré-utilisable et bon marché. C’est ce que vient d’annoncer Elon Musk le président directeur général (CEO = Chief Executice Officer en anglais) fondateur de la compagnie Space X.
 
 
Ce sera le vol Dragon CRS-3 prévu le 16 Mars 2014 de Cape Canaveral. La capsule s’arrimera à l’ISS et lui apportera des vivres et du matériel.
 
La version de la Falcon est améliorée et est propulsée par 9 moteurs fusée Merlin 1D (Oxygène liquide-kérosène) 50% plus puissant que les précédents et ils sont répartis un peu différemment. C’est le système Octaweb (nid octogonal)
Ils produisent près de 600 t de poussée.
 
Photo : Space X.
 
 
 
 
 
 
Position des 4 atterrisseurs sur le lanceur, ils sont en fibre de carbone avec une structure alu en nid d’abeilles. Photo : © Elon Musk/Space X
Un atterrisseur déployé à l’atterrissage. Photo : © Elon Musk/Space X
 
 
Avec cette nouvelle possibilité de récupération du lanceur, Space X espère réduire les coûts de lancement qui sont déjà relativement bas : de l’ordre de 50 millions $ par lancement.
On voit le principe de déploiement de ces jambes ici.
 
 
Pour ce premier essai avec atterrisseur Space X va faire « amerrir » sa fusée dans l’Océan Atlantique en espérant pourvoir la récupérer. Elle va descendre en parachute et des flotteurs situés sur les atterrisseurs devraient la maintenir verticalement.
Cette technique sera employée jusqu’à ce que la technique de retour au sol soit opérationnelle.
 
Voir l’article de nos amis de Universe Today.
 
À ce jour Space X a réussi deux missions de ravitaillement vers l’ISS.
 
 
 
On peut revoir le lancement du 29 Septembre 2013.
 
 
vidéo
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
Le site de Space X/Falcon 9.
 
 
 
 
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CHANG’E 3 : TOUJOURS EN VIE MALGRÉ QUELQUES FRAYEURS. (27/02/2014)
Crédit : toutes photos : Académie des Sciences de Chine.
 
Le petit lapin chinois à la surface de la Lune a recontacté la Terre récemment. On a eu peur qu’il ne survive pas aux longues et froides nuits lunaires (qui durent 14 jours terrestres). Mais il s’est bien réveillé et entame son troisième jour lunaire malgré les problèmes qu’il a eu il y a quelques jours, en effet début février il n’avait pas réussi à se remettre sous tension. Maintenant il semble que les efforts des techniciens chinois aient payé.
Le rover est situé maintenant à 100m de l’atterrisseur.
 
Nos amis américains ont produit un panorama sur 360° à partir des images de la sonde lunaire. On voit le rover en trois endroits différents en Décembre 2013.
 
clic sur l’image pour la pleine résolution. (© K Kremer et M Di Lorenzo/Chinanews)
 
 
 
L’APOD correspondant.
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
Voir le blog d’Emily sur le site de la Planetary Society.
 
Voir aussi plus de détails sur les dernières photos par nos amis de Universe Today.
 
 
 
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ASTÉROÏDES : NOUVELLE VISION DE LA CEINTURE PRINCIPALE. (27/02/2014)
 
 
Les astéroïdes sont les restes de la formation du système solaire, et donc les témoins de cette formation.
Cela se passait il y a 4,56 milliards d’années, une étoile naissait, notre Soleil, un disque proto planétaire l’entoure, il contient du gaz et des poussières. Ce sera la base des planètes en formation par accrétion gravitationnelle.
 
Les astéroïdes n’ont pas (ou incomplètement) réussi à s’assembler en corps plus importants et sont restés dans leur état d’origine, c’est la raison pour laquelle ils sont très importants aux yeux des scientifiques.
 
On a longtemps pensé que les corps du système solaire et notamment les astéroïdes se sont toujours trouvés là où ils sont maintenant, or les dernières théories (voir modèle de Nice) semblent indiquer que de nombreux mouvements se sont produits dans le passé très lointain ; ce que l’on appelle la migration des planètes, qui se confirme indirectement par les nombreuses exoplanètes type « Jupiter chauds » situées très près de leur étoile.
 
On pensait aussi pouvoir classer les astéroïdes en fonction de leur distance au Soleil, il y aurait les chauds proches du Soleil, évolués et les froids, plus lointains, plus primitifs. Mais de plus en plus d’exceptions sont apparues au cours des années.
 
Deux astronomes, Francesca DeMeo (MIT, États-Unis) et Benoît Carry (Observatoire de Paris/CNRS/Université Pierre et Marie Curie/Université de Lille 1) viennent de publier dans la célèbre revue Nature, une étude sur la composition des astéroïdes de la ceinture principale en se basant sur les relevés du SDSS3 dont certains possédaient des informations sur des astéroïdes.
Ces relevés à plusieurs longueurs d’onde ont donné des informations sur la composition de ceux-ci, au moins pour les plus grands (supérieurs à 5km).
 
Les effets de la migration des planètes sur la ceinture d’astéroïdes.
 
Schéma : © Nature.
 
Ce schéma montre les composants principaux de l’histoire des petits corps du système solaire d’après les modèles actuels (tous incluant notre ami A. Morbidelli de Nice).
 
Les auteurs en déduisent que la vision traditionnelle est valable pour les gros astéroïdes (supérieurs à 50km) ; les plus éloignés sont les plus primitifs.
 
Mais pour les plus petits ce ne serait plus vrai ; ceux près de Mars par exemple seraient semblables aux astéroïdes « froids » situés au delà de Jupiter.
 
Ces nouvelles études semblent compatibles avec les nouvelles visions du modèle de Nice, les astéroïdes se seraient formés en fait à différentes distances du Soleil en fonction des migrations des planètes.
 
 
 
Un autre graphique intéressant (© Nature) de cette étude : la position des astéroïdes de la ceinture principale par rapport aux planètes ainsi que l’inclinaison de leurs orbites (de 0 à 40°) et la quantité de ces objets dans chaque position ; le jaune correspondant à un nombre élevé et le bleu, le plus faible.
 
On remarquera que les astéroïdes ont des inclinaisons beaucoup plus grandes que les planètes et que la ceinture est divisée en plusieurs parties dues aux résonances (c’était connu, ce sont les fameux Kirkwood gaps)
 
Les « Hongrois » sont situés les plus proches du Soleil et ont tous une inclinaison de 20° ; les « Hildas » eux sont situés vers les 4UA.
Les « Troyens » et les « Grecs » de Jupiter correspondent à l’accumulation aux points de Lagrange L4 et 5 du système Jupiter-Soleil.
 
 
 
 
 
À ce propos, ceux qui sont intéressés par ce sujet ne devront pas manquer la conférence donnée par l’Association VEGA de Plaisir (78370) le 22 Mars 2014 à 20H30 au Château de Plaisir par B Lelard Président de l’association, qui nous parlera du chaos des planètes.  Entrée libre. Une conférence similaire quoique un peu plus technique sera donnée sur le même sujet à la commission de Planétologie de la SAF le samedi 29 Mars à 15H au siège de la SAF 3 rue Beethoven Paris 16, réservée à la SAF et à ses invités.
 
 
 
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ITOKAWA :.UN ASTÉROÏDE VU DE L’INTÉRIEUR. (27/02/2014)
 
Vous vous rappelez certainement l’aventure épique en 2005 de la sonde Japonaise Hayabusa qui s’était mise en orbite autour du minuscule astéroïde Itokawa et y avait même récolté un peu de poussière du sol que l’on avait récupérée. De nombreuses études ont été menées sur cet astéroïde, dont celle de l’ESO.
 
 
 
C’est le NTT (New Technology Telescope) de l’ESO situé à La Silla qui le premier a été capable de déterminer la structure interne de cet astéroïde.
 
L’ESO vient d’ailleurs de publier un communiqué à cet effet.
 
En procédant à des mesures très précises, les astronomes (Stephen Lowry  de l’Université du Kent et ses collègues) ont réussi à montrer que cet astéroïde avait différentes densités suivant les parties de celui-ci.
 
 
Ils se sont basés sur la vitesse de rotation de cet astéroïde (son spin) qui évolue au cours du temps. Ils ont combiné ces informations avec des données concernant la façon dont les astéroïdes dissipent la chaleur.
 
Itokawa est très spécial, on voit à sa forme tortueuse (deux patates qui se sont soudées !) qu’il a certainement été formé en deux parties bien distinctes.
Les astronomes ont mesuré les variations d’intensité lumineuse en fonction de sa rotation, afin de déterminer la période exacte de rotation et de son évolution dans le temps.
 
 
Illustration : crédit ESO/JAXA.
 
 
 
 
Ces données qu’ils ont couplées avec la forme leur ont permis d’avoir des informations sur l’intérieur de l’astéroïde.
On s’est aperçu que les deux parties distinctes avaient des densités respectivement de 2,85 et 1,75.
 
 
La vitesse de rotation d’un astéroïde dans l’espace peut être affectée par…..la lumière.
C’est l’effet YORP (Yarkovsky-O’Keefe-Radzievskii-Paddack), quand la lumière solaire absorbée par l’astéroïde (ou une sonde spatiale) est ré-émise de la surface sous forme de chaleur. Lorsque l’objet est irrégulier, la chaleur n’est pas émise uniformément et cela crée une légère mais continue variation de vitesse. L’équipe d’astronomes a démontré que le spin de Itokawa s’accélérait de plus en plus. Cette variation était très faible, 0,045 seconde par an ! Minuscule, mais différent de ce que l’on attendait ; cela ne pouvait être expliqué que par des différences de densité entre les deux parties de l’astéroïde.
 
 
Nos amis ont publié un très intéressant article technique très complet expliquant leurs mesures, il se nomme :
The Internal Structure of Asteroid (25143) Itokawa as Revealed by Detection of YORP Spin-up
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
La mission Hayabusa sur ce site.
 
Impact process of boulders on the surface of asteroid 25143 Itokawa—fragments from collisional disruption
 
 
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NEUTRINOS : QUELLE EST SA MASSE ? (27/02/2014)
 
 
On a souvent évoqué la possibilité qu’il y ait (au moins) un autre neutrino très différent de ses trois frères, un neutrino stérile car il n’interagirait pas avec ses collègues. Mais jusqu’à présent nous n’avions rien trouvé, même dans les dernières données de Planck.
 
Mais il semble que l’on ait pas bien analysé toutes les données de Planck, en effet des équipes différentes d’astrophysiciens ont mené l’enquête à la recherche du neutrino perdu. Car avec le modèle actuel de la cosmologie, il se trouve que nous n’avons pas assez d’amas de galaxies, il devrait y en avoir beaucoup plus.
L’existence d’un neutrino stérile lourd pourrait expliquer le monde actuel dans le sens que la masse qu’ils représentent, ralentirait la formation de ces amas de galaxies, d’où la quête de nos chercheurs.
 
Justement deux chercheurs britanniques , Richard Battye de l’Université de Manchester et Adama Moss de l’Université de Nottingham viennent de publier un article : Evidence for massive neutrinos from CMB and lensing observations dans les Physical Review Letters.
 
Les trois sortes de neutrinos connus jusqu’à présent sont très peu massifs (au début on croyait qu’ils étaient sans masse comme le photon) de l’ordre de 0,06 eV (un milliardième de la masse d’un proton !).
 
Il semblerait que nos amis britanniques aient trouvé une masse possible de ce nouveau neutrino de l’ordre de 0,3 à 0,45 eV suivant les modèles (chiffres encore à confirmer).
 
 
Signalons toutefois qu’il y a près de 6 mois d’autres chercheurs (Jan Hasenkam et Jasper Hamann, du CERN) avaient publié eux aussi un article dans ce sens là : A new life for sterile neutrinos: resolving inconsistencies using hot dark matter.
Ils annoncèrent une masse de l’ordre de 0,4 eV pour ce fameux neutrino stérile.
 
 
Beaucoup de controverses parmi les cosmologistes concernant ces résultats.
Mais ces controverses devraient bientôt cesser, étant donné que des nouvelles données de Planck devraient être publiées cette année.
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
 
Article du Dr Éric Simon très complet sur le sujet.
 
Article de UniverseToday.
 
Texte de l’article How Massive Is A Neutrino? Cosmology Experiment Gives A Clue
 
νΛCDM: Neutrinos help reconcile Planck with the Local Universe de Mark Wyman.
 
Conférence de Th Lasserre à la SAF sur les neutrinos.
 
 
 
 
 
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ISS : VIE PROLONGÉE JUSQU’EN 2024. (27/02/2014)
 
 
 
L’administration Obama vient d’annoncer l’extension des opérations à bord de l’ISS jusqu’en 2024 (au moins).
 
C’est un soulagement dans la communauté scientifique, car on craignait qu’elle ne soit « fermée » plus tôt.
 
 
Une photo récente de l’ISS (NASA)
 
 
 
 
 
 
voir aussi l’article :
International Space Station gets warranty extension to 2024 par la Planetary Society.
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
Pour plus d’infos sur l’ISS et sur l’astronautique, voir le dossier spécial du site.
 
 
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VU D'EN HAUT :.HAWAÏ. (27/02/2014)
Crédits: NASA/GSFC
 
 
 
La caméra MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer) du satellite Terra de la NASA a capturé cette superbe image de l’île de Hawaï le 26 janvier 2014.
 
On y voit clairement le célèbre Mauna Kea, qui abrite toute une série de fabuleux télescopes.
 
Un astronaute avait aussi pris une photo de l’île enchanteresse (d’un peu plus haut); la voici.
 
Le Mauna Kea est en fait la plus haute montagne de la Terre, si on tient compte de sa base sous marine : 9800m !!
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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LES ROVERS MARTIENS :.LE MYSTÈRE DE LA PIERRE INCONNUE RÉSOLUE. (27/02/2014)
(Photos NASA/JPL-Caltech/Cornell/ASU)
 
 
Nous avions vu il y a quelques temps qu’Opportunity avait mis au jour sur son trajet une pierre qui n’était pas là auparavant et qui semblait venir de nulle part.
 
On se demandait si un martien facétieux n’avait pas déposé ce petit caillou de 4cm pour nous poser une énigme.
 
La NASA vient de mettre fin au suspens.
 
Cette pierre est en fait un morceau d’une roche plus grande brisée et déplacée par une des roues du rover.
Des fragments auraient été projetés vers la face Nord en face de Solander Point que le rover était en train de grimper, un morceau (celui qui nous intéresse) aurait dévalé la pente et se serait posé là où on l’a trouvé.
Une deuxième roche similaire a été trouvée après examen attentif des lieux.
 
 
 
Voir l’article de nos amis de UniverseToday.
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
10 ans de Spirit sur le sol martien par Universe Today.
 
Les meilleurs vues de Spirit.
 
Le blog d’Emily de la Planetary Society sur les 10 ans des rovers.
 
Toutes les photos significatives des mission Spirit et Opportunity      :
 
 
 
 
Les meilleures photos de Mars sont classées dans le planetary photojournal que vous pouvez retrouver à tout instant:
http://photojournal.jpl.nasa.gov/targetFamily/Mars
 
Où sont les rovers maintenant, cette page de la NASA vous donne la carte précise des chemins et emplacements.
 
Comprendre les couleurs : http://www.highmars.org/niac/education/mer/mer00b.html
 
Des belles photos (certaines retraitées) des robots martiens par James Canvin.
 
 
 
 
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MRO:.UN NOUVEAU CRATERE SUR MARS PRESQUE EN DIRECT! (27/02/2014)
(Image credit: NASA/JPL-Caltech/Univ of Arizona)
 
 
Voilà un des avantages d’avoir une sonde martienne en orbite depuis très longtemps : on peut détecter des modifications du relief de la planète.
 
C’est ce que vient d’annoncer l’équipe de la sonde MRO, sonde équipée d’une caméra très puissante la fameuse HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment).
 
On a détecté un cratère météoritique fraîchement créé de quelques 30m de diamètre dans la région polaire N de Mars.
Cette photo a été prise le 19 Nov 2013, le cratère n’était pas là lors des dernières observations de Mai 2012.
On en déduit qu’une météorite de quelques m de diamètre a dû impacter la surface à cet endroit.
 
 
 
Là où s’est formé ce cratère, le terrain était très peu compact certainement ce qui a occasionné la grande quantité d’éjectas dispersés jusqu’à 15km du centre.
Le cratère apparaît bleu dans cette photo car la couche superficielle rouge a disparu et que les couleurs ont été « poussées ».
 
Ce cratère se trouve sur l’image originale grand format du site.
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
 
Le site de HiRISE étant : http://hirise.lpl.arizona.edu/nea.php   à voir dans tous les cas.
 
Les images de MRO : http://mars.jpl.nasa.gov/mro/gallery/calibration/index.html
 
 
Les pages des photos brutes de la caméra HiRISE (superbes et en plus il y a des explications).
http://hiroc.lpl.arizona.edu/images/TRA/  ou   http://marsoweb.nas.nasa.gov/HiRISE/hirise_images/
 
 
 
 
 
 
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LES MAGAZINES CONSEILLÉS.:.L’ASTRONOMIE DE MARS EST PARU. (27/02/2014)
 
Encore un beau numéro de l’Astronomie, le magazine de la SAF.
 
Avec en point de mire ce mois-ci un superbe article très complet de Suzy Collin-Zahn sur comment peser les trous noirs.
 
De plus vous saurez tout sur la fameuse « loi » de Titus Bode qui prétendait régir l’ordre des planètes dans le système solaire. elle a été à la base de la découverte de la ceinture d’astéroïdes.
 
Les grandes oreilles de la NASA n’auront aussi plus de secret pour vous.
 
Dans la rubrique Histoire, deuxième partie de la bio de G Rayet et l’héritage d’Alhazen.
 
Plus toutes les rubriques habituelles dont le matériel : le spectroscope Alpy 600.
 
 
 
 
 
 
 
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LES MAGAZINES CONSEILLÉS :.CIEL ET ESPACE DE MARS EST PARU. (27/02/2014)
 
 
 
 
 
 
 
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Bonne Lecture à tous.
 
 
 
C'est tout pour aujourd'hui!!
 
Bon ciel à tous!
 
JEAN PIERRE MARTIN
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