LES ASTRONEWS de
planetastronomy.com:
Mise à jour : 21 Janvier 2019
Conférences et Évènements :
Calendrier .............. Rapport
et CR
Prochaine conférence SAF.
Vendredi 8 Février 2019 19H00
TELECOM entrée libre, « La spectroscopie de Fourier en astronomie des origines à
nos jours » par Jean
Pierre MAILLARD Astrophysicien
IAP
réservation obligatoire
à partir du 12 Janvier.
La
suivante 8 Mars JP Martin Physicien « les 50 ans d’Apollo » à partir du 9
Février
Liste des conférences
SAF en vidéo.
(pas encore à jour!)
Astronews précédentes :
ICI
dossiers à télécharger par ftp :
ICI
ARCHIVES DES ASTRONEWS
: clic sur le sujet désiré
:
Astrophysique/cosmologie
;
Spécial Mars ;
Terre/Lune
;
Système solaire ;
Astronautique/conq spatiale
;
3D/divers
;
Histoire astro /Instruments ;
Observations
;
Soleil
;
Étoiles/Galaxies ;
Livres/Magazines ;
Jeunes /Scolaires
Certains peuvent recevoir en double ces news, car ils sont inscrits sur
plusieurs listes. J’en suis désolé.
Sommaire de ce numéro
L’exobiologie dans le Syst Solaire :
CR de la conf SAF par C. Freissinet du 11 Janv 2019.
(21/01/2019
Exoplanètes Trappist-1 : CR
de la conf IAP par J Leconte du 8 Janv 2019.
(21/01/2019
New Horizons :
La dernière conférence de presse.
(21/01/2019
Chang’e-4 :
Le rover est lâché !
(21/01/2019
InSight :.Le
gnomon pour trouver le Nord !
(21/01/2019
InSight :
Le sismomètre fonctionne bien, ouf !
(21/01/2019
Retour US dans l’espace :
En 2019 des Américains devraient voler à bord de capsules US.
(21/01/2019
LHC :
Son successeur possible, le FCC aura 100 km de diamètre.
(21/01/2019
Kepler :.Une
exoplanète intéressante.
(21/01/2019
ISS :.Un
trou dans la coque, sabotage ou erreur humaine ?
(21/01/2019
Space X :.Le
Starhopper en préparation.
(21/01/2019
Hubble :.La
vue la plus détaillée du Triangle.
(21/01/2019
Astéroïde : Un Hippo pour Noël sinon rien.
(21/01/2019
Livre conseillé
:.
Supernova, le dernier éclat de l'étoile disparue par M Zito chez Belin.
(21/01/2019
Les magazines conseillés :.Pour
la Science sur la gravité non quantique.
(21/01/2019
NEW HORIZONS :.LA DERNIÈRE CONFÉRENCE DE PRESSE.
(21/01/2019)
(Toutes images : crédit :
NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Southwest Research
Institute )
Les nouvelles images n’arrivent pas vite. Il faut se contenter des quelques déjà
diffusées.
De nouvelles images devraient arriver
à partir du 10 Janvier
d’après la NASA, car la sonde passe derrière le Soleil, vu depuis la Terre.
Entre temps, les responsables mission ont donné une troisième conférence de
presse avec un peu plus de détails techniques.
Elle se
trouve ICI. Voici les points importants.
Les deux parties Ultima et Thule ont la même couleur moyenne.
Cela est consistant avec la jonction de deux objets qui se sont accrétés
localement.
Les objets binaires dans la ceinture de Kuiper présenteraient les mêmes
colorations.
Crédit : Silvia Protopapa
D’autre part, par rapport au vent solaire, l’astéroïde le prend par le travers,
presque horizontalement, la plus grosse partie faisant face au vent.
La rotation de l’objet
est montrée sur cette image gif.
L’approche de la cible a été filmée que l’on voit
sur cet extrait. New Horizons passe de 500.000 km à 28.000 km de sa
cible.
POUR ALLER PLUS LOIN:
LORRI Images
from the Pluto Encounter
CHANG’E-4 : LE ROVER EST LÂCHÉ !
(21/01/2019)
C’est ce Jeudi 3 Janvier 21019, quelques heures après avoir posé avec une
maitrise extraordinaire la sonde Chang’e-4 sur la face cachée de la Lune,
exactement là où on voulait la mettre : dans le cratère Von Karman ; que nos
amis Chinois ont fait sortir leur rover pour commencer à examiner les environs.
Les trois antennes de communication de 5 m de diamètre situées sur
l’atterrisseur avaient été déployées. Le relais avec Queqiao fonctionnait
parfaitement.
Vue d’artiste de l’atterrisseur, du rover et du relais en L2.
Crédit : CASC
C’est un engin imposant, similaire à celui qui est déjà sur la face visible (Chang’e-3),
de 1,5 m de haut pesant 140 kg et possédant 6 roues.
On en voit une d’ailleurs sur la photo ci-contre.
Comme son confrère de la face visible, il a été baptisé Yutu-2 (lapin de Jade
2).
Photo : CNSA.
Les caractéristiques du rover :
·
Le bras articulé de son
prédécesseur a été remplacé par un détecteur de radiations.
·
Il emporte en tout six
expériences chinoises et quatre expériences étrangères.
·
Radar pénétrant pour
analyse de la composition de la surface
·
Durée de vie théorique : 3
mois
·
Deux caméras panoramiques
en couleur
·
Pendant la nuit lunaire, le
rover est mis en sommeil, il se réveillera automatiquement quand le jour
reviendra
·
De nombreuses améliorations
ont été apportées par rapport à l’ancien modèle.
Donc le rover a descendu la rampe et se met à explorer. Voici deux photos
transmises par les Chinois.
Le bassin Aitken du Pôle Sud lunaire est un des plus grand du système solaire
avec ses 2500 km de diamètre et sa profondeur maxi de plus 10 km. Ce bassin date
probablement de la période du grand bombardement tardif (LHB) il y a 3,9 Ga.
La face cachée est intéressante à étudier dans le sens où on a
très peu d’information
sur elle. On sait seulement que ses roches sont plus anciennes.
Justement Chang’e-4 possède des instruments de mesure pour étudier le sol et les
radiations.
En plus de ces instruments, Chang’e-4 est pourvu d’un mini labo,
une mini biosphère
comprenant six espèces comme du coton, des pommes de terre, du colza (rapeseed
en anglais), des mouches etc..
Les scientifiques chinois d’une vingtaine d’universités ont conçu cette
biosphère (de 18 cm par 16 cm approx), ils ont bon espoir aussi de produire …des
fleurs (un genre de fleur moutarde) sur la Lune ! Cette sphère est
régulée en température et équipée de…mini caméras !
Aux dernières
nouvelles, des plantes ont
réussi à germer et le coton à produire.
Mais le froid venu (-170°C), ces plantes ont été déclarées mortes.
Son point faible : des panneaux solaires, que se passera-t-il quand la nuit
lunaire et le froid arriveront ?
Un autre rover (Chang’e-5) est prévu à la fin 2019 pour retour d’échantillons.
L’intérêt de la Chine pour la Lune n’est pas nouveau, elle a déjà lancé des
satellites en orbite et déposé un rover sur la face visible.
Cela augure-t-il de possibles futurs voyages humains vers notre satellite ? Très
certainement !
Mais il faudrait certainement ne pas refaire ce qu’on fait les Américains, il y
a 50 ans avec Apollo, mais participer à quelque chose de plus original.
Quoi donc ?
Quelques pistes (d’après notamment un article de Space.com) :
·
Alunir sur la face cachée
(mais très risqué)
·
Envoyer plus d’astronautes
d’un coup
·
Alunir dans la région
polaire
·
Envoyer un astronaute femme
Bref tout est ouvert, la seule vraie question : quand ?
Une vidéo de simulation de l’atterrissage de Chang’e-4 dans le cratère Von
Karman.
Mais mieux, le véritable alunissage en vidéo :
Les deux appareils se sont pris mutuellement en photo (crédit CNSA)
Panorama
du 11 Janvier 2019 :
Credit Xinhuanet CNSA
Cette photo panoramique à 360° correspond à cette
photo redressée.
Le petit robot continue son exploration et il a
évité le cratère qui se trouvait en face de lui.
Le déplacement du rover en vidéo :
POUR ALLER PLUS LOIN :
Chang'e-4 deploys rover on far side of the Moon
par la Planetary Society
«La face cachée de la Lune ouvre une nouvelle fenêtre d’observation de
l’Univers »
Interview de F Rocard par Le Temps
China's Yutu 2 Rover Is Driving on the Far Side of the Moon
par Space.com
La Chine
baptise son nouveau rover lunaire "Yutu-2"
China Just Landed on the Moon's Far Side — and Will Probably Send Astronauts on
Lunar Trips
China
Focus: Flowers on the Moon? China's Chang'e-4 to launch lunar spring
Chinese rover Yutu-2 rolls out on to lunar far side
La Chine publie des photos uniques de la face cachée de la Lune
La Chine
sur la Lune : plus d’images !
à consulter
China
Focus: Chang'e-4 to measure lunar temperatures during freezing night
La première plante sur la Lune… déclarée morte
INSIGHT :.LE GNOMON POUR TROUVER LE NORD !
(21/01/2019)
Comme dit dans
l’épisode précédent, pour pouvoir utiliser les données du sismomètre,
il faut connaitre sa
position et surtout la direction du Nord par exemple. Or Mars ne
possédant pas de champ magnétique, ce n’est pas évident à déterminer quand on
est au sol.
C’est pour cette raison que le dessus du sismomètre est équipé d’un mini gnomon,
dont on a plus de détails ces jours-ci.
La Sodern qui fabrique le SEIS
publie un article à ce sujet que je reprends en partie :
LE SISMOMÈTRE SEIS EST ÉQUIPÉ D'UNE BOUSSOLE SOLAIRE POUR TROUVER LE NORD
GÉOGRAPHIQUE
Malgré l'incroyable complexité des sondes martiennes déposées à la surface de
Mars, trouver la position du pôle nord géographique sur la planète rouge n'est
pas une mince affaire. Pour pouvoir utiliser le sismomètre SEIS avec toute la
précision requise, les sismologues ont impérativement besoin de connaître son
orientation au sol, après sa dépose par le bras robotique d'InSight le 19
décembre dernier.
Mais sur Mars, impossible d'utiliser une boussole conventionnelle.
Contrairement à la Terre, la planète rouge ne possède effectivement plus de
champ magnétique global. En 1997, durant ses manœuvres d'aérofreinage, la sonde
américaine Mars Global Surveyor avait détecté une activité magnétique sur Mars,
mais cette dernière s'est avérée n'être que fossile. De nombreux secteurs des
terrains les plus anciens de la planète, situés dans l'hémisphère sud, gardent
effectivement les traces de la présence d'un champ magnétique global, mais cette
magnétisation n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Les analyses des rémanences magnétiques imprimées dans la croûte martienne
montrent que le champ magnétique martien s'est effectivement éteint il y a
environ 4 milliards d'années, sans que l'on sache pourquoi. La disparition du
bouclier magnétique qui protégeait Mars contre les assauts délétères du
bombardement solaire et cosmique constitue d'ailleurs l'un des grands mystères
de la planète rouge, auquel la mission InSight devrait apporter une réponse.
D'un point de vue plus pratique, l'absence de champ magnétique global sur Mars
pose un problème de taille quand on désire s'orienter. Bien entendu, Mars ne
possède pas non plus un réseau de satellites GPS comme ceux existant sur Terre.
Dans ces conditions, comment trouver le nord ? Aussi paradoxal que cela puisse
paraître, les scientifiques vont s'appuyer sur une technique ancestrale :
l'utilisation d'un cadran solaire, converti en boussole.
LE CADRAN SOLAIRE DE SEIS
Dans la Babylone antique, les hommes utilisaient déjà l'ombre portée d'un
bâtonnet planté dans le sol pour déterminer l'heure. Des dizaines de siècles
plus tard, InSight va employer cette technique sur la planète rouge. Au sommet
de la protection thermique hexagonale cuivrée (RWEB) qui entoure le sismomètre
SEIS se trouve effectivement une mire, au centre de laquelle se situe la poignée
de capture, qui a permis le déploiement de l'instrument au sol par le grappin du
bras robotique, et qui joue aussi le rôle de gnomon.
Au sommet de la protection thermique RWEB qui entoure le sismomètre SEIS, le
crochet de préhension sert aussi de gnomon.
L'ombre portée de la tige sur la mire permettra de connaître la direction et la
hauteur dans le ciel du Soleil,
et d'en déduire la position du nord géographique de Mars (© IPGP/David Ducros).
La mire du cadran solaire de SEIS se compose de trois zones. La plus externe
comporte 72 secteurs espacés chacun de 5°, et qui couvrent donc 360°. La zone
intermédiaire possède le même nombre de secteurs, mais ceux-ci sont décalés de
2,5°. Enfin, la zone la plus interne est elle aussi décalée de 2,5° par rapport
à la précédente.
D'une hauteur de 28,7 mm, le gnomon de SEIS possède une forme particulière (un
petit cylindre conique terminé par une demi-sphère), adaptée à sa fonction
première, la capture du sismomètre par le bras robotique IDA de la sonde
InSight, mais qui n'est pas si idéale que cela pour la lecture de son ombre
portée. Sa forme a néanmoins été savamment modifiée pour améliorer son rôle de
gnomon. La boussole solaire dans son ensemble a été désignée par David Mimoun
(ISAE/SUPAERO) et Ken Hurst (JPL), puis réalisée par Nicholas Onufer et Michele
Wallace (JPL).
La position de l'ombre portée du gnomon, qui peut tomber sur les différentes
zones de la mire en fonction du temps permet de déterminer la hauteur et la
direction (azimut) du soleil dans le ciel martien, et donc l'heure solaire
locale martienne. Bien qu'étant un dispositif d'une très grande simplicité, le
cadran solaire d'InSight peut cependant fournir d'autres informations cruciales.
Indépendamment des inclinomètres du berceau de mise à niveau, il peut ainsi
permettre de déterminer l'inclinaison du sismomètre par rapport au sol, et, plus
important encore, l'orientation de ce dernier par rapport au nord géographique
(une donnée qui est donc essentielle pour l'interprétation des signaux
sismiques).
Le cadran solaire de SEIS fonctionnera pendant une durée très limitée sur Mars.
Il deviendra effectivement inutilisable lorsque le sismomètre sera recouvert par
le bouclier de protection éolien et thermique WTS.
LA DÉTERMINATION DU NORD MARTIEN
Simulation numérique de la mire et le gnomon du sismomètre SEIS.
On distingue les trois zones décalées chacune de 2,5° et constituée de 72
secteurs.
Les petits cercles en bas à droite et en haut à gauche situés à l'extérieur de
la mire permettent de corriger les images de la caméra IDC des effets de la
parallaxe (© Marc Goutaudier).
Pour déterminer avec précision la position du nord géographique de la planète
rouge, et donc l'orientation du sismomètre SEIS, plusieurs images du cadran
solaire vont être obtenues à des heures précises par la caméra IDC du bras
robotique d'InSight.
Un cliché sera ainsi pris à midi, un autre lorsque le soleil sera plus bas sur
l'horizon, les ombres au sol étant alors plus longues. L'un des spécialistes
mondiaux des cadrans solaires, le français Denis Savoie, s'est spécialement
déplacé au Jet Propulsion Laboratory (JPL), le centre de la NASA responsable de
la mission InSight en Californie, pour analyser et interpréter les données
fournies par le cadran solaire de SEIS.
La première étape va consister à charger dans un logiciel spécialisée les images
de la mire, pour les corriger des effets de la parallaxe, et déterminer avec
finesse la direction de l'ombre du gnomon.
À ce stade, plusieurs informations sont alors nécessaires à Denis Savoie pour la
détermination du nord : les coordonnées précises, en latitude et longitude, du
sismomètre sur Mars, ainsi que la date et l'heure exacte des prises de vue
(enregistrées par une horloge très précise située à bord de la sonde InSight).
Rentrées dans un logiciel de calcul sophistiqué, ces données vont permettre
d'obtenir un paramètre crucial, l'azimut, c'est à dire l'angle entre la
direction de l'ombre sur le gnomon et le nord géographique.
Un simple report sur la mire du cadran solaire, où la direction de l'ombre
figure déjà, permettra de localiser le nord avec une précision comprise entre 1
et 2°.
Une seconde vérification, totalement indépendante de la première, est effectuée
simultanément à Paris par Marc Goutaudier et Andy Richard (Universcience/Palais
de la découverte), qui utilisent cette fois-ci un logiciel de lancer de rayons.
Celui-ci permet de reproduire visuellement, et de manière très fidèle, la mire
de SEIS et l'ombre du gnomon en fonction de nombreux paramètres, et d'effectuer
une comparaison directe avec les images de la caméra IDC d'InSight.
Sous le Soleil de Mars, les découvertes millénaires effectuées par l'Homme dans
sa tentative d'expliciter notre Univers se combinent désormais avec des
technologies auxquelles aucun des immenses savants de l'Antiquité n'auraient pu
réellement rêver.
Là-bas, à des centaines de millions de kilomètres de notre monde, par
l'intermédiaire d'émissaires robotiques qui sont le fruit d'une créativité et
d'un désir d'exploration enracinés au plus profond de la nature humaine, nous
continuons d'interroger directement les étoiles pour trouver notre chemin et
savoir d'où nous venons.
Extrait du texte SAF :
Denis et ses collègues, Marc Goutaudier et Andy Richard, ont utilisé une dizaine
de clichés du gnomon de SEIS pris à l’aide de la caméra IDC du bras mobile de
Insight.
À l’aide de l’ombre repérée sur la mire et en calculant les coordonnées
horizontales du Soleil à l’instant de prise de vue UTC de l’image, ils ont
obtenu une direction globale du Nord géographique martien avec une
précision de ± 2,5°.
Denis a envoyé à la SAF ce cliché.
Beau travail !!
POUR ALLER PLUS LOIN :
Usages astronomiques du gnomon au cours des siècles
par Denis Savoie. Très intéressant, à lire.
Ouf : le sismomètre français installé sur Mars fonctionne bien !
Site de la
mission
à la NASA.
INSIGHT : LE SISMOMÈTRE FONCTIONNE BIEN, OUF !
(21/01/2019)
Après
dépôt sur le sol et détermination du Nord, on a procédé à quelques
tests et au premier abord il fonctionne.
Le SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure) de l’IPGP, du CNES et de la
SODERN a été testé plus complètement le 1er janvier 2019,
il fonctionne
parfaitement. C’est la première fois qu’un tel appareil est monté sur le
sol martien. (Celui de Viking mesurait plutôt le vent martien !!).
Les tremblements de Mars n’ont qu’à bien se tenir, on est (presque) prêt !
Dépôt du SEIS sur le sol martien, on y voit aussi le câble de liaison au lander.
La protection thermique (WTS) n’est pas encore déposée sur SEIS. Crédit
NASA/JPL/Caltech
Le
calage horizontal a aussi été effectué comme on le voit sur ce
montage gif.
Dans quelques jours on montera la protection WTS, et alors on pourra commencer à
faire des mesures.
POUR ALLER PLUS LOIN :
InSight : le sismomètre Seis a été testé avec succès
Plein succès du fonctionnement du sismomètre français SEIS sur Mars
Insight lander deploys seismometer on Mars
L'installation du premier sismomètre à la surface de Mars par la sonde InSight
(partie I)
de la Sodern, à lire !
InSight Update, sols 25-42: Seismometer sensors working!
Par la planetary society
RETOUR US DANS L’ESPACE : EN 2019 DES AMÉRICAINS À BORD DE CAPSULES US.
(21/01/2019)
En 2019, année du cinquantenaire des premiers pas sur la Lune, les États Unis
devraient enfin pouvoir accéder à l’espace pour leurs astronautes, sans dépendre
des Russes.
En effet, comme
déjà évoqué, des entreprises privées, ici
Boeing et SpaceX
ont l’intention de faire voler leur première capsule spatiale avec astronautes.
On remarque que depuis l’arrêt des navettes en 2011, les USA dépendaient de la
Russie (les vaisseaux Soyuz) pour se rendre à l’ISS, et ils payaient cher pour
cela.
On remarquera, ironie du sort, que le dernier vol navette (Atlantis en Juillet
2011) comprenait notamment les astronautes
Chris Ferguson (commandant) et
Doug
Hurley (pilote) et que les premiers vols de ces nouveaux engins
comprendront les mêmes mais pour deux sociétés différentes.
Doug Hurley a été engagé par SpaceX pour le vol sur
Crew Dragon et Chris
Ferguson a été lui engagé par Boeing pour le premier vol sur
Starliner.
Un détail amusant (j’espère qu’il est vrai), il parait que lors du dernier vol
navette, ces deux astronautes avaient laissé à bord de l’ISS un petit drapeau
US, en espérant que l’un deux viendra un jour le rapporter sur Terre. Qui va
gagner ce challenge ?
Concernant SpaceX il est prévu de lancer un Crew Dragon inhabité le 17 Janvier
2019 aux fins de test (demonstration mission 1 ou DM-1).
Le premier vol habité devrait avoir lieu en Juin 2019.
Concernant Boeing, premier vol test inhabité en Mars 2019 pour un premier vol
habité en Aout.
Les deux concurrents, à gauche Crew Dragon et à droite Starliner (crédit SpaceX
et Boeing)
POUR ALLER PLUS LOIN :
SpaceX's 1st Crew Dragon Test Flight to Launch Jan. 7, NASA Says
Get an Up-Close Look at Boeing's New CST-100 Starliner Spaceship (Photos)
New year, new era? Commercial Crew Program poised for first flights
LHC : SON SUCCESSEUR POSSIBLE, LE FCC AURA 100 KM DE DIAMÈTRE !
(21/01/2019)
Le LHC est en pleine période adulte, que l’on pense déjà
à son…remplacement !
En effet
ces jours-ci le groupe de responsables du CERN au sein du CDR
(Conceptual Design Report) vient de publier un
énorme rapport mis à la
disposition du public sur le futur des accélérateurs du CERN.
Ce rapport présente les différentes options possibles pour un énorme futur
collisionneur circulaire (FCC
Future Circular Collider).
On creuserait sous le Jura et sous le lac à l’aide de plusieurs tunneliers un
anneau circulaire de 100 km de circonférence similaire au LHC mais allant plus
haut en énergie (100 TeV ?) pouvant permettre une nouvelle physique.
Cette possibilité doit être aussi examinée en tenant compte d’une autre
proposition : le CLIC (Collisionneur linéaire compact)
Ce serait un collisionneur linéaire cette fois, où des électrons et des positons
(antiélectrons) entreraient en collision à des énergies de plusieurs TeV. Il se
présenterait comme un accélérateur qui pourrait être construit en plusieurs
étapes.
Le premier tronçon ferait 11 km de long (tunnel) avec une énergie réduite.
La collision e- e+ est plus précise que celle de des protons et permettrait de
mettre au jour plus facilement de nouvelles particules.
Les études pour un FCC ont démarré en 2014 et des décisions devraient être
prises dans les deux ans qui viennent.
Le FCC devrait être capable de collisionner : électron (e) /proton (p) ; p /p ;
ion / ion ; e : ion à des énergies non encore atteintes de l’ordre de 100
TeV (le LHC actuellement plafonne à 14 TeV).
Le FCC bénéficierait bien sûr de l’expérience et de l’expertise du LHC.
Boucle de 100 km de diamètre creusée pour le FCC (crédit CERN) |
Le FCC devrait comporte 8 sections linéaires reliées par des arcs.
Le LHC serait l’injecteur de particules. (crédit CERN) |
Une vidéo explicative du projet, où l’on voit Fabiola Gianotti (celle qui nous
avait annoncé la découverte du boson de Higgs) actuelle Directrice Générale du
CERN.
Le FCC utiliserait une
nouvelle génération d’aimants supra conducteurs dont on voit une photo
ci-contre.
Le nouvel aimant installé sur un banc de test au laboratoire du CERN.
Cette nouvelle version devrait consommer 50% de moins que le design
traditionnel.
Crédit photo: Stephan Russenschuck, CERN
On espère pouvoir étudier la symétrie électrofaible, et de découvrir de
nouvelles particules massives.
Le coût d’un tel FCC est évalué à 9 milliards €, dont 5 pour le creusement du
tunnel, une mise en service serait prévue pour 2040.
Il ne faut pas oublier que nos amis Chinois ont aussi un
projet similaire d’accélérateur de 100 km de long.
POUR ALLER PLUS LOIN :
International collaboration
publishes concept design for a post-LHC future circular collider at CERN
CERN is Planning to Build a Much Larger Particle Collider.
Much, Much, Larger.
Par Universe Today.
Le CERN prépare son avenir à long terme
China’s bid for a circular electron–positron collider
Cern plans
even larger hadron collider for physics search - BBC News
Cern : le successeur du LHC fera 100 km de circonférence
par Futura Sciences
KEPLER : UNE
EXOPLANÈTE INTÉRESSANTE.
(21/01/2019)
Oui je sais, vous allez me dire que Kepler est mort, mais il
bouge encore ! Non, mais on est loin d’avoir traité toutes ses données.
Et dans ses dernières données, des astronomes amateurs parmi le
public, ont découvert une exoplanète intéressante.
Elle est situé dans le système de l’étoile double K2-288, qui
content une paire d’étoiles froides de type M l’une de 1/2 masse solaire et
l’autre 1/3), séparées l’une de l’autre par plus de 8 milliards de km. Ce
système est à 226 al de nous.
L’exoplanète portant le doux nom de K2-288Bb tourne autour de la
plus petite en approx. 31 jours.
Vue d’artiste de l’exoplanète (au premier plan).
Crédit:
NASA's Goddard Space Flight Center/Francis Reddy
Elle est un peu plus grande que la Terre (deux fois) ou moitié
moins grande que Neptune. On ne sait pas encore si elle est rocheuse ou gazeuse,
par contre elle est située dans la zone habitable de son étoile.
Ce qui est intéressant, tient au fait que c’est le genre de
taille d’exoplanètes que l’on découvre trop peu souvent, des super Terres.
La nouvelle a été publiée de façon très détaillée dans
Astronomical Journal.
TESS va prendre la suite pour l’étude de ce nouveau corps.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Citizen Scientists Find New World with NASA Telescope
Kepler a trouvé une nouvelle exoplanète aux dimensions rares dans la « zone
habitable »
Tout sur Kepler sur votre site préféré.
ISS :.UN TROU DANS LE SOYUZ, SABOTAGE OU ERREUR HUMAINE,
(21/01/2019)
(photos : NASA/ESA)
Le 30 août 2018, les contrôleurs de la mission (Expedition 57) détectent une
légère perte de pression
dans l’ISS, petite, mais constante, pas dangereuse pour le moment.
Néanmoins, il faut trouver la cause. Les astronautes sont prévenus. On pense
d’abord à une micrométéorite, mais cette hypothèse est vite écartée lorsque
le trou est découverte. Il se trouve dans le compartiment orbital (la
partie la plus ronde du Soyuz) du Soyuz MS-09.
Le trou est trop « propre », fait par une perceuse, il y a d’ailleurs des traces
de forêt à côté. Il fait
2 mm de diamètre.
Il est rebouché provisoirement avec du « scotch » puis de la résine époxy.
Il ne peut pas provenir d’une météorite.
Les Russes l’admettent au bout de quelques jours : il est d’origine humaine.
Est-ce un problème de contrôle qualité chez nos amis Russes.
Est-ce un acte prémédité ? Le trou a-t-il été fait sur Terre ou dans l’espace ?
Une commission d’enquête devrait analyser la situation.
Heureusement que ce trou se situe dans la partie orbitale du Soyuz, qui est
larguée dans le retour sur Terre, et non pas dans le module de rentrée qui doit
résister à d’énormes températures.
Cependant il faut voir où cela débouche à l’extérieur.
Donc, le 11 Décembre 2018, il a été décidé d’envoyer deux cosmonautes Russes
(Igor Kononenko et Sergueï Prokopiev) examiner la situation de l’extérieur.
Oleg Kononenko inspectant le module orbital du Soyuz, fixé à
l’antenne Strela. Crédit NASA TV |
Insert coin gauche : trou vu intérieure avant réparation. Image
principale : trou vu extérieure après réparation époxy ? crédit
NASA. |
Ils ont passé près de 8
heures dans l’espace pour mettre au jour le trou du Soyuz, prendre des
photos et des échantillons.
Ce n’était pas simple, car contrairement à l’ISS qui comprend des rampes de
maintien le long des modules, il n’y a rien de tel sur les Soyuz, puisque ce
n’est pas une procédure normale.
Des échantillons des résidus trouvés sur la coque ont été pris, et une nouvelle
couverture thermique mise en place.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Russian Cosmonaut says that the Hole in the ISS was Drilled From the Inside
Un trou de perceuse à l'origine de la fuite dans l'ISS
Deux cosmonautes ont inspecté le trou découvert sur la Station spatiale
internationale
Deux cosmonautes russes ont mis 7h 45mn à colmater un trou de 2 mm
Le trou dans le Soyouz a été percé de l'intérieur, affirme un cosmonaute de
l'ISS
HUBBLE : LA VUE LA PLUS DÉTAILLÉE DU TRIANGLE.
(21/01/2019)
Le télescope spatial Hubble a pris la vue la plus détaillée de notre galaxie
voisine, la galaxie du Triangle (ou M 33 ou NGC 598).
C’est une galaxie spirale située à 3 millions d’al. Elle contient approx 40
milliards d’étoiles.
Sa dimension : 60.000 al de diamètre, plus petite que la nôtre 100.000 al.
On a utilisé 54 images
individuelles de la caméra ACS de Hubble pour créer cette image globale.
Crédit: NASA, ESA, and M. Durbin, J. Dalcanton, and B. F. Williams (University
of Washington)
On voit en principe plus de 25 millions d’étoiles su ce cliché (si vu en haute
résolution)
Image HR zoomable :
ICI.
Cette galaxie est située dans la constellation du Triangle, certains prétendent
pouvoir la voir à l’œil nu.
Une des caractéristiques de cette galaxie spirale est qu’elle ne possède pas de
bulbe central et pas de barres reliant les bras spiraux.
Par contre, elle contient énormément de gaz et de poussières et fabrique des
étoiles au taux approximatif d’une étoile solaire tous les deux ans d’après les
scientifiques.
Quelques vidéos :
Un zoom dans la galaxie du Triangle.
Une autre vidéo plus complète : Hubblecast 115 Light: Triangulum Galaxy in
unrivalled detail
POUR ALLER PLUS LOIN :
Hubble takes gigantic image of the Triangulum Galaxy
Hubble takes gigantic image of the Triangulum galaxy [heic1901]
par l’ESA
Hubble nous offre un magnifique portrait très détaillé de la galaxie du Triangle
SPACE X :.LE STARHOPPER EN PRÉPARATION.
(21/01/2019)
Voilà une photo qui fait le buzz comme on dit.
Photo (et non pas vue d’artiste) envoyée par Elon Musk lui-même de sa version de
test de sa nouvelle fusée baptisée Starhopper (saute par-dessus les étoiles
littéralement).
C’est un modèle moins haut de la version de son nouveau
lanceur Starship qui doit à terme remplacer les anciens modèles
Falcon 9 et Falcon heavy.
Ce modèle doit servir à tester le concept et éventuellement à mettre des
satellites en orbite.
On sait que SpaceX a travaillé d’arrache-pied au montage des différents éléments
de ce lanceur, comme on peut le voir sur ces photos
d’Austin Barnard. SpaceX prévoit le premier lancement en Juin 2019.
Ce que l’on sait : le lanceur sera équipé de 3 moteurs fusée
Raptor,
plus puissant (on pense, deux fois plus ?) que les Merlin.
Il possède la particularité d’utiliser du
méthane liquide
(au lieu du RP-1) et de l’oxygène liquide.
Il est à remarquer que la fusée est faite en composite
d’acier inoxydable,
très résistant à la chaleur comme l’indique Elon Musk.
Si les essais se déroulent bien, le modèle définitif baptisé Starship devrait
être construit début 2020, pour accueillir les premiers passagers lunaires en
…2023. Musk vise Mars en 2024 avec équipage humain.
Wait and see !
POUR ALLER PLUS LOIN :
The SpaceX Starhopper has Three Raptor Engines on the Bottom
Elon Musk shows off prototype of Mars-bound rocket, Starship
SpaceX to use superalloys in Mars rocket Raptor engines, says Elon Musk
SpaceX Raptor
par spaceflight 101
ASTÉROÏDE :UN HIPPO POUR NOËL SINON RIEN !
(21/01/2019)
Le 22 Décembre 2018, un astéroïde (2003 SD220 de son petit nom) nous a frôlé (à
approx 2,9 millions de km) et cela a permis à nos astronomes ou plutôt
radioastronomes d’en apprendre plus sur lui.
Cet astéroïde a été découvert le 29 Sep. 2003 à l’Observatoire Lowell (Flagstaff
Arizona) dans le cadre de la mission de recherche LONEOS (Lowell Observatory
Near-Earth-Object Search).
Les efforts conjoints des radiotélescopes de Goldstone (Californie 70 m), Green
Bank (Virginie 100 m) et Arecibo (Puerto Rico 305 m) ont permis d’imager cet
objet.
Quelle surprise : on dirait un
Hippopotame !
Trois images radar de 2003 SD220 prise les 15, 16 et 17 Décembre 2018.
À gauche, le 15 dec depuis 4,5 millions de km ; au milieu le 16 dec depuis 4
millions de km et
à droite le 17 dec quand l’astéroïde était à 3,6 millions de km. Crédit :
NASA/JPL-Caltech/GSSR/NSF/GBO
On remarquera la qualité de plus en plus époustouflante des images radar.
Ces relevés ont permis d’évaluer la taille de cet objet, elle est de l’ordre du
km.
La rotation de cet objet est extrêmement lente : 12 jours.
Ce passage est le plus proche de la Terre depuis 400 ans, le prochain le plus
proche, pas avant 2070.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Holiday Asteroid
Imaged with NASA Radar
Christmas 'Hippo' Asteroid Is Buzzing Earth, Its Closest Flyby in 400 Years
de Space.com
Les images radar de l’astéroïde 2003 SD220
LIVRE CONSEILLÉ :
SUPERNOVA, LE DERNIER ÉCLAT DE L'ÉTOILE DISPARUE PAR M ZITO CHEZ BELIN
(21/01/2019)
Supernovas : c'est le nom que l’on donne aux derniers instants de la vie de
certaines étoiles massives.
L'étoile, ayant épuisé son combustible nucléaire, s'effondre sous l'effet de ses
propres forces gravitationnelles.
Une formidable onde de choc emporte tout sur son passage.
Le phénomène libère l'équivalent de 1030 bombes atomiques.
L'étoile produit une lumière plus puissante que toute la galaxie qui l'abrite,
au point que certaines peuvent être vues même en plein jour pendant des dizaines
de jours.
C’est cet événement, le plus spectaculaire que l'univers puisse nous offrir, que
nous fait découvrir le physicien Marco Zito, avec un vrai talent de conteur.
En une douzaine de chapitres accessibles à tous, il nous permet de comprendre
l’importance historique et scientifique des supernovas, mais aussi les défis
qu’elles posent encore aujourd’hui aux physiciens et leur rôle crucial dans
l’évolution de l’univers et du vivant.
Le lecteur découvre ainsi que des observateurs chinois ont observé avec soin le
phénomène dès le Moyen Âge ; que l’observation d’une de ces étoiles par Tycho
Brahe et Kepler a favorisé l’adoption du nouveau système copernicien ; qu’aucune
modélisation actuelle n'arrive à reproduire cette explosion, comme s'il manquait
un détail… ou un pan de physique inconnu ; ou encore que les supernovas
permettent de produire tous les éléments plus lourds que le fer, comme l'or ou
l'uranium, et de les disperser dans les galaxies : dans chaque goutte de notre
sang, on trouve ainsi un atome de fer éjecté par une supernova !
C’est en effet un ouvrage qui se lit très facilement malgré les sujets
techniques abordés.
Marco Zito y a mis tout son talent.
Table des matières :
1.
L’étoile frappe aux portes
de l’histoire
2.
À l’aube de la science
moderne
3.
Toute la lumière sur les
étoiles
4.
Dense, toujours plus dense
5.
Une recherche acharnée de
trésors enfouis
6.
Observer le ciel….sous
terre
7.
Une explosion n’est pas un
long fleuve tranquille
8.
L’étoile après
9.
Le grand élan
10.
La forge des éléments
11.
Nous sommes des
observateurs après tout
12.
Guerre et paix dans les
étoiles
13.
La vie entre ciel et terre
14.
Épilogue : À la lumière de
mille soleils.
Marco Zito est physicien à l'Institut de recherche sur les lois fondamentales de
l'Univers (Irfu) du CEA.
Il a longtemps animé une chronique dans le supplément sciences du journal Le
Monde.
Il est l'auteur de
Dans le tourbillon des particules (Belin, 2015).
ISBN : 978-2-410-00230-0
19€
LES MAGAZINES CONSEILLÉS :.POUR LA SCIENCE SUR LA GRAVITÉ NON QUANTIQUE.
(21/01/2019)
Les tentatives d'échafauder une théorie quantique de la gravitation ont
jusqu'ici échoué. Des physiciens explorent une autre voie, où cette force
resterait de nature classique. Mais cela implique de repenser les fondements de
la physique quantique.
Et si la gravité n'était pas quantique ?
Voici le début de l’article :
Pour Carlo Rovelli, chercheur au centre de physique théorique de Luminy, près de
Marseille, « le problème de la gravitation quantique n'est rien de moins que le
problème de trouver la nouvelle description cohérente du monde, qui amènerait
enfin la révolution scientifique du XXe siècle à sa conclusion. »
La révolution en question est celle de l'avènement de deux théories : la
physique quantique, qui porte notamment sur le comportement des particules à
l'échelle microscopique, et la relativité générale, qui décrit l'espace-temps et
la gravitation. Ces deux théories ont bouleversé notre vision du monde, des plus
petites aux plus grandes échelles. Mais les réunir dans « une nouvelle
description cohérente », comme l'évoque Carlo Rovelli, est encore hors de
portée. Jusqu'ici, toutes les tentatives visant à élaborer une théorie quantique
de la gravitation, ou « gravité quantique » pour faire court, ont été
décevantes. Mais cette synthèse est-elle vraiment nécessaire ? Et si oui, la
gravité quantique est-elle la seule façon d'y parvenir ? Des physiciens dont je
fais partie explorent une autre piste qui consiste à concilier relativité
générale et physique quantique sans pour autant imposer une formulation
quantique de la gravitation.
Pour y parvenir, ils sont amenés à repenser les fondements de la physique
quantique. Cette théorie a été développée à partir des années 1920 et 1930 sous
l'impulsion de Niels Bohr, Louis de Broglie, Werner Heisenberg, Erwin
Schrödinger, Paul Dirac et d'autres. Au cours de la seconde moitié du XXe
siècle, elle a conduit au développement de la théorie quantique des champs, qui
intègre dans un ensemble cohérent le « modèle standard de la physique des
particules », trois des quatre interactions fondamentales. Celles-ci sont
l'électromagnétisme, qui agit entre photons et particules dotées d'une charge
électrique, l'interaction forte, qui assure la cohésion des protons et des
neutrons (les composants du noyau atomique), et l'interaction faible, qui se
manifeste notamment dans la radioactivité bêta.
La quatrième interaction fondamentale, la gravitation, est décrite par une
théorie très différente de la physique quantique : la relativité générale,
introduite en 1915 par Albert Einstein. Dans cette théorie, la matière et
l'espace-temps interagissent pour donner ce que l'on perçoit comme la force
gravitationnelle : la matière (et l'énergie) courbe l'espace-temps et son
mouvement est, en retour, déterminé par le « relief » de l'espace-temps.
La relativité générale est utile dans les situations où la gravitation domine,
c'est-à-dire principalement en astrophysique et en cosmologie. La physique
quantique, plus précisément le modèle standard, s'applique plutôt dans des
situations où la gravitation est négligeable en comparaison des autres forces,
ce qui est le cas dans les expériences menées dans les accélérateurs de
particules.
DES THÉORIES INCOMPATIBLES
Ainsi, à son niveau le plus fondamental, l'Univers semble régi par deux
mécaniques distinctes, deux ensembles de lois a priori incompatibles tant les
notions et objets de ces théories sont différents. Dans leurs domaines
d'application respectifs, ces deux théories sont d'une efficacité redoutable.
Mais relativité générale et physique quantique ne semblent pas pouvoir être
utilisées simultanément, en tout cas pas sans modification. Que se passe-t-il,
par exemple, dans une situation où les effets dus à la physique quantique sont
importants, mais où la force gravitationnelle domine ? La réponse simple est que
l'on ne sait pas. Le problème n'est pas que l'on ne sait pas effectuer les
calculs, mais que l'on n'a même pas de cadre théorique approprié.
Les situations où il faudrait utiliser à la fois la physique quantique et la
relativité générale sont rares dans la nature. Nous n'avons donc pas de
résultats expérimentaux pour nous indiquer ce qui s'y passe. Cette situation est
due au fait que la gravitation est une force extrêmement faible, qui ne domine
les trois autres que pour les objets massifs et étendus. Or les effets
quantiques tendent, eux, à se brouiller lorsque la taille des objets considérés
augmente.
Néanmoins, au moins deux situations motivent la recherche d'une théorie
quantique de la gravitation. Sans une telle théorie, il semble impossible de
savoir ce qui s'est passé au début de l'Univers, au moment du Big Bang, ou au
centre des trous noirs, ces objets d'une extrême densité qui déforment
l'espace-temps au point que même la lumière ne peut s'en échapper. Dans ces deux
cas, où la gravitation est très forte, la relativité générale prédit l'existence
de singularités, c'est-à-dire des grandeurs physiques infinies. C'est là un
signal clair que cette théorie est insuffisante, à elle seule, pour décrire ces
situations : les effets de la physique quantique y sont importants et doivent
être pris en compte.
Dès lors, comment construire une théorie globale combinant physique quantique et
relativité générale ? Une première piste naturelle est la « quantification
canonique ». Cette technique formelle permet de produire une version quantique
d'une théorie physique dont on ne connaît qu'une formulation « classique ». En
1927, le physicien anglais Paul Dirac a introduit et appliqué avec succès cette
méthode à l'électromagnétisme. Avec ses raffinements successifs, cette approche
a conduit à l'intégration des trois interactions non gravitationnelles au sein
du modèle standard.
En 1967, les Américains John Wheeler et Bryce DeWitt ont tenté d'obtenir une
formulation quantique de la gravitation en utilisant la quantification
canonique. Mais cette approche fonctionnait mal et entraînait des difficultés
techniques et conceptuelles qui semblaient insurmontables. Notamment, la théorie
que l'on obtient par quantification canonique est « non renormalisable »,
c'est-à-dire qu'elle fait apparaître dans les calculs des infinis dont on ne
peut se débarrasser. De façon plus philosophique, et en admettant que ce point
technique soit contournable, des notions a priori triviales comme le temps ou la
causalité deviennent difficiles à comprendre et même à définir.
DES CORDES ET DES BOUCLES
Suite dans le magazine
À lire aussi :
L'analyse de Fourier, pilier du numérique
Représenter une fonction ou un signal quelconque sous la forme d'une somme de
fonctions élémentaires : telle est la philosophie qui sous-tend la méthode
mathématique mise au point au début du XIXe siècle par Joseph Fourier. Cet outil
universel joue un rôle clé dans la révolution numérique.
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Bonne lecture à tous.
C’est tout pour aujourd’hui !!
Bon ciel à tous !
JEAN-PIERRE MARTIN
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