mise à jour le 26
Novembre 2005
DE DIAMANT AUX
LANCEURS DE DEMAIN
LES 40 ANS DU
LANCEMENT DE DIAMANT
Organisée par le
CNES et Planète Sciences IdF
Dans le grand
amphithéâtre de l'École Polytechnique, Palaiseau, France
Le Mercredi 23 Novembre 2005 à 19H30
Photos : JPM pour
l'ambiance.
BREF COMPTE RENDU
Nous sommes invités par le CNES pour assister à une
conférence-débat exceptionnelle sur le passé et l'avenir des lanceurs
européens.
Cela promet d'être
intéressant et ce le fut.
Les participants
au débat : de gauche à droite :
Michel Eymard
Directeur de la Direction des Lanceurs du CNES (penché sur sa feuille de
papier)
Jean Pierre Ledey
Président de l'Association Planète Sciences
Raymond Orye
premier Directeur du programme Ariane à l'ESA, impliqué dans le programme
Europa
Pierre Quétard
Directeur fondateur de la division Espace chez Matra ancien Dr de Planète
Sciences
Bernard Chemoul
sous Directeur Développement et Exploitation à la direction des lanceurs du
CNES
Raymond Bec Chef
de projets concepts avancés et Innovation à la direction des lanceurs du CNES
Fabienne Chauvière
journaliste productrice à France Inter anime le débat.
C'est
Michel Eymard Directeur des lanceurs qui lance le débat.
Une première
approche de l'évolution est la disposition sur scène des maquettes à la même
échelle , ce qui semble à peine croyable des fusées de la Diamant à gauche à
Ariane 5 en passant par les Ariane 1, 2 et 4.
La fusé Diamant
paraît vraiment minuscule!
Pierre
Quétard nous fait part de ses souvenirs :
Il nous rappelle
la volonté du Général De Gaulle de doter la France d'une force de dissuasion
indépendante et de lancer un programme de missiles balistiques dirigé par le
SEREB en 1959. en 1960 ils se rendent compte qu'en associant quelques
propulseurs on peut effectuer une mission spatiale, c'est la naissance de la fusée Diamant.
Le CNES (Centre
National des Études Spatiales) est créé en 1961, sa mission : s'occuper du spatial
civil, c'est lui qui a financé Diamant. Le tir devait avoir lieu sur Hammaguir
(que l'on pouvait garder d'après les accords d'Evian jusqu'en 1967).
Rappelons quelques caractéristiques de
Diamant :
18m de haut, 25
tonnes au décollage, diamètre 1,40m
Elle devait mettre
en orbite un petit satellite appelé Astérix ou A1.
Ce fut fait il y a
40 ans le 26 Novembre 1965 à 15H47
La
France est devenue une puissance spatiale!!
Raymond
Orye prend le relais :
Comment passe-t-on
d'un lanceur (les spécialistes utilisent le mot lanceur plutôt que fusée)
français à un lanceur européen?
Dès les années
1960 on crée deux organismes européens l'ELDO pour les lanceurs et l'ESRO pour
les satellites, on pense déjà à une coopération européenne.
Les Anglais avaient
déjà une licence de fabrication d'un étage de fusée américain et c'est eux qui
not d'abord proposé de faire une fusée européenne basée sur leur expérience; le
deuxième étage devait être français (Coralie) et le troisième allemand.
Ce fut le fameux
projet Europa qui était tiré depuis Woomera en Australie.
Ce fut un
désastre, pourquoi donc?
Manque de
coordination et problème de management , chaque état finançait leur propre
étage et c'était tout; bref comme le dit Mr Orye, on a appris ce qu'il ne
fallait pas faire. Nous sommes début 1971 presque l'époque post-Apollo!
La volonté
politique concernant Europa n'y était plus, et le CNES eut pour mission
d'étudier (partiellement en secret) une solution alternative en 1972 qui
aboutit au programme Ariane qui fut présenté au gouvernement puis aux futurs
partenaires européens.
Jean
Pierre Ledey rajoute :
Ce fut le projet
secret 3S du CNES qui était basé sur l'expérience d'Europa, le lanceur
s'appelait au début L3S et a mené à la première Ariane.
Un nouvel organisme
était crée en 1974, l'ESA l'agence spatiale européenne , il fusionnait l'ELDO
et l'ESRO et la maîtrise d'œuvre était française (CNES) afin de tenir compte du
manque de coordination des années précédents.
Ceci aboutit à un
tir réussi le 24 Décembre 1979 qui vous a été relaté dans
ces colonnes.
Le pas de tir
était celui de la dernière Europa : Kourou le CSG (Centre Spatial Guyannais).
Puis naquit la
famille Ariane dont la principale caractéristique était la grande fiabilité
(120 Ariane 4 dont seulement 3 échecs).
L'Ariane 4 a été
arrêtée car elle ne correspondait plus au marché et on a développé Ariane 5 qui
pouvait effectuer des lancements doubles de satellites très lourds.
Bernard
Chemoul :
Nous parle des
différences entre Ariane 4 et 5 : la propulsion a fortement changé on passe des
ergols stockables (UDMH et N2O4) des moteurs Viking à des ergols cryogéniques
(H2 et O2 les deux produits devant être stockés à très basse température) du
moteur Vulcain.
La dernière
version est l'ECA qui subit un échec au premier vol mais :
L'Europe spatiale
est pleinement de retour dans la course spatiale, ce jour 12 Février 2005, 26
mois après l'échec du premier vol de la super Ariane 5 ECA (10t de charge
utile), l'ESA a effectué un lancement parfait de ce lanceur équipé de deux
satellites (voir plus bas), même le suspens était au rendez vous après un délai
d'une heure dans le lancement.
Les deux
satellites ont été mis sur orbite.
Ariane 5 devrait
durer jusqu'en 2020, on fait aussi évoluer son électronique de bord.
Et le
futur des lanceurs : Raymond Bec nous en parle :
Après 2020 que
peut on imaginer?
Plusieurs pistes
sont évoquées :
·
lanceurs
réutilisables (RLV) comme la navette (pour réduire les coûts) mais le marché ?
·
lancement
aéroporté comme Pegasus américain au moins intéressant pour les drones
·
nouvelle
forme d'énergie : des molécules capables de stocker une grande quantité
d'énergie pourrait révolutionner les ergols
·
propulsion
nucléaire nécessite une volonté
politique
·
concept plus
original : ionique comme SMART plasma d'H éjecté
Bref le futur est
très ouvert.
Nombreuses
questions dans la salle qui concluent cette soirée.
POUR
ALLER PLUS LOIN
Voir le dossier des 40 ans au
CNES
Les journées du Patrimoine
au CNES
Indispensable et
plein de renseignements : capcom espace tout
sur Ariane
La chronologie
Ariane vue par capcom espace , essentiel!
L'histoire de l'espace européen : de l'ESRO
et de l'ELDO à l'ESA : 459 pages au format pdf :
En beaucoup plus
court l'histoire de
l'ESA
La propulsion
spatiale par le Snecma : très clair.
Les ergols
liquides par Educnet :
Bon ciel à tous
Jean Pierre Martin
PS :
Mes chers amis, je
peux maintenant dire que je suis enfin entré à Polytechnique n'ayant pas eu le
courage de présenter ce concours qui me semblait hors de portée à l'époque, je
me suis enfin rattrapé.