mise à jour le 30 Décembre 2006
 
 
CONFÉRENCE SUR :
"LES NEUTRINOS".
Par Hubert REEVES Astrophysicien, Directeur de recherche au CNRS.
Dans le cadre des RCE 2006
Organisée par l'AFA à la Cité des Sciences de Paris
 
Le Dimanche 12 Novembre 2006
 
 
 
Photos : JPM pour l'ambiance. Les photos en haute définition sont disponibles sur simple demande pour ceux qui le souhaitent, de même toutes les photos de cette soirée ne sont pas dans cet article, car j'en ai fait plus de 400, ceux qui sont intéressés par un sujet précis peuvent me contacter, je les leur ferai parvenir par mail.
Les photos des slides sont du conférencier.
 
REMARQUE : Les comptes rendus des conférences sont mis en ligne au fur et à mesure Vous vous en apercevrez en allant voir la page du compte rendu général de temps en temps à l'index "conférences", je signalerai les mises en ligne dans la fenêtre des mises à jour du site
 
BREF COMPTE RENDU
 
 
 
 
Les conférences de Hubert Reeves, célèbre astrophysicien d'origine canadienne, sont toujours très attendues, c'est encore le cas aujourd'hui avec l'histoire des neutrinos, l'amphithéâtre de la Cité des Sciences est plein.
 
 
 
LA GENÈSE DES NEUTRINOS.
 
C'est le célèbre physicien Autrichien Wolfgang Pauli qui en 1930 eut une idée pour "sauver" le principe de conservation de l'énergie.
 
En effet le neutron se désintégrait en proton et électron mais il ne semblait pas que l'énergie soit conservée.
Il introduit génialement l'hypothèse de la 3ème particule qui complète le bilan.
 
C'est Enrico Fermi, qui le baptise neutrino, petit neutre.
 
Cette particule semble jouer un rôle fondamental dans l'Univers.
 
Si il n'y avait pas eu de neutrinos (symbole : n), l'Univers serait de pure lumière, sans matière!
 
 
 
 
 
 
 
Essayons de comprendre la démographie cosmique :
·        densité de photons par cm3: 400
·        densité de neutrinos par cm3: 500
·        densité de protons et électrons par cm3: 2 10-7
 
Les neutrinos sont des milliards de fois plus nombreux que les protons et électrons, ce sont les occupants en nombre de l'Univers, mais ils sont difficiles à détecter.
 
Ils le furent pour la première fois détectés près d'un réacteur nucléaire, par Reines et Cowan. Ce furent en fait des anti-neutrinos.
 
Le charme discret des neutrinos : il mène à une nouvelle astronomie :
 
·        désavantage : difficile à détecter
·        avantage : renseignement sur des lieux opaques aux photons comme :
o       le centre du Soleil
o       le centre de la Terre
o       l'implosion des super novas
o       les premières secondes de l'Univers ?
 
 
 
 
Courbes des différents flux de neutrinos (en vertical) en fonction des énergies (en horizontal).
Les plus énergétiques au delà du Pev (1015 ev) proviennent des interactions des rayons cosmiques avec le fond micro ondes. (GZK : limite en énergie des cosmiques; TD : défauts topologiques)
Ensuite en décroissant : les neutrinos des noyaux actifs de galaxies (AGN), puis les atmosphériques, les restes de SN, ceux près des réacteurs, les terrestres;les explosions de SN.
 
 
 
Enfin les neutrinos solaires et non représentés sur ce graphe en très faible énergie on aurait les neutrinos cosmologiques.
 
 
 
 
VIE DES ÉTOILES.
 
Les étoiles transforment de la masse en énergie.
 
Comment cela sa passe-t-il?
 
Les vecteurs en sont la gravité et la force nucléaire, l'énergie est émise sous forme de gamma et de neutrinos.
 
Le Soleil, tout le monde le sait, transforme 400.000t d'H par seconde.
 
Le rapport neutrons sur photons augmente avec la température centrale.
 
Notre Soleil émet surtout des photons (95%) et peu de neutrinos (5%), mais quand l'étoile devient une géante rouge, l'émission des neutrinos domine.
Dans le cas de super novas, les neutrinos représentent 99,99%.
 
 
 
 
 
LES NEUTRINOS SOLAIRES ET LEUR ÉNIGME.
 
Les premiers sont détectés par Davis en 1962 dans une mine profonde.
 
Ce sont des neutrinos et non pas des anti-neutrinos.
 
Cela confirme l'origine nucléaire de l'énergie solaire.
 
Matière et anti-matière émettent la même sorte de lumière (les photons sont leurs propres anti-particules) , donc quand on regarde un objet, sa lumière ne permet pas de décider si cela provient de la matière ou de l'anti-matière.
On ne savait pas si les étoiles  et le Soleil étaient en matière ou en anti-matière.
 
Les neutrinos nous donnent la réponse; si ce sont des neutrinos, c'est de la matière si ce sont des anti-neutrinos c'est de l'anti-matière. Le Soleil et les étoiles sont en matière (ouf!).
 
 
 
Au début du siècle dernier, on ne connaissait pas l'énergie des étoiles, c'est Hans Bethe qui introduit la notion d'énergie nucléaire à ce niveau.
Les neutrinos vont en apporter la preuve directe.
 
En effet au sein du Soleil (15 millions de degrés), il se produit de nombreuses réactions chimiques dont la résultante peut s'écrire comme suit :
 
   + énergie
 
 
 
Le soleil doit donc émettre des neutrinos, ce qui est le cas.
 
Ces équations étant parfaitement connues, le nombre de neutrinos émis (leur flux) est connu, mais l'énigme est que l'on détecte bien moins que ce qui est prédit par la théorie.
 
On n'a résolu cette énigme que récemment en 2002.
 
Le déficit provenait en fait du type de détecteur.
 
On a même envisagé une masse nulle pour le neutrino mais non, il possède une toute petite masse.
 
 
 
Ce qui se passe : il existe trois sortes de neutrinos, et il se transforme de l'un en l'autre dans son voyage. (comme le Pokemon nous signale Hubert Reeves!).
 
 
 
 
Les trois sortes de neutrinos sont : le neutrinos électronique, celui associé au muon et celui associé au Tau.
 
Le Soleil émet des neutrinos électroniques qui en cours de route se transforment en les deux autres sortes.
 
C'est ce qu'on appelle l'oscillation des neutrinos solaires.
 
Ce sont les expériences du SNO (Sudburry Neutrino Observatory) située à 2 kilomètres sous terre, dans une mine de nickel du Canada qui vont résoudre l'énigme des neutrinos manquants en 2002.
 
Les flux mesurés sont compatibles avec les modèles.
 
 
 
 
 
Une dernière remarque : Les photons du Soleil mettent un million d'années pour atteindre la surface de l'étoile, alors que les neutrinos mettent 3 secondes et sont insensibles aux variations du cycle solaire (11 ans).
 
 
 
 
LES SUPER NOVAS ET LES NEUTRINOS.
 
 
 
La mort d'une étoile massive, lorsque le cœur de fer s’effondre, le noyau vole en éclats et on a émission de neutrinos, les neutrinos sont les premiers messagers de la mort d'une étoile.
 
99% de l’énergie de la SN est émise sous forme de neutrinos le reste (1%) en énergie cinétique. L'énergie libérée est gigantesque. Sans les neutrinos, la SN n’exploserait pas !
 
Un exemple est la SN de 1987 : L'étoile Sanduleak-69 202, située dans le Grand Nuage de Magellan (LMC) à 150.000 années lumière, venait de s'effondrer sur elle même une Supernova (SN 1987a).
 
Le flux émis : 1043 neutrinos par m2! 450 1015  (450 millions de milliards ont traversé le détecteur Kamiokande)
Quelques uns vont être détectés par Kamiokande : 10 en 10 secondes !
 
 
 
 
L'ANOMALIE DES NEUTRINOS ATMOSPHÉRIQUES.
 
 
L'atmosphère est bombardée en permanence par le rayonnement cosmique, constitué pour l'essentiel de protons ou de noyaux lourds. Lorsque ces particules arrivent dans les hautes couches de l'atmosphère, elles interagissent avec l'air en produisant notamment des neutrinos.
 
 
 
 
 
Il y a généralement deux fois plus du type nm que du type ne lorsqu'on fait le bilan des réactions.
 
Mais on a mis là aussi, en évidence un déficit entre le nombre de neutrinos atmosphériques de type muonique détectés et les prévisions théoriques, on n'en détecte pas deux fois plus que des types électroniques.
 
On s'aperçoit que le nombre de neutrinos détectés provenant du "haut" est le nombre attendu (les neutrinos muoniques descendants n'ont pas le temps de se transformer dans un autre type avant d'atteindre le détecteur,), alors que le nombre de neutrinos provenant du "bas" (ayant traversés la Terre et parcourent jusqu'à mille fois plus de chemin, se convertissent vraisemblablement en neutrinos tauiques) est en déficit d'un facteur deux.
 
Il y a donc aussi oscillation de ces neutrinos.
 
 
 
NEUTRINOS ET COSMOLOGIE.
 
On a pensé aux neutrinos comme constituant de la matière noire (dark matter); mais pour cela il faudrait que sa masse soit de l'ordre de 10ev, ce qui n'est pas le cas.
 
La masse du neutrino est trop faible, on l'estime aujourd'hui à 0,5 ev. (en comparaison : un électron : 510keV; un proton : 938Mev).
 
 
Et de conclure :
Où est passée l'anti-matière?
 
Matière et anti-matière n'ont pas tout à fait le même comportement.
 
Il y aurait eu un peu plus de matière que d'anti-matière grâce aux neutrinos!
 
Ils pourraient être à l’origine de la brisure de symétrie entre matière et antimatière (violation CP).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN.
 
 
L'histoire des neutrinos par l'IN2P3, à lire absolument.
 
Le neutrino, une particule fantôme, conférence Nepal du CNRS.
 
Texte de la conférence et vidéo de l'Université de tous les savoirs prononcée le 24 juin 2005 Par Daniel Vignaud: sur
« Les neutrinos dans l'Univers »
 
L'oscillation des neutrinos chez IN2P3.
 
Les rayons cosmiques : par C Roucelle de l'IN2P3 (25/10/2005)
 
L'Univers des Neutrinos : CR de la conférence SAF de Th Lasserre. (31/10/2006)
 
Vidéo d'une conférence précédente sur le même sujet par Thierry Lassere.
 
De Thierry Lasserre, texte d'une conférence sur les neutrinos à l'Université de tous les Savoirs.
 
 
Les précédentes conférences d'Hubert Reeves sur ce site :
 
Matière et énergie sombres par H Reeves RCE 2004 le 12 Nov 2004 Cité des Sciences
 
La réalité n'est ni aussi compliquée ni aussi simple que l'on croit par H Reeves pour le siècle Einstein à l'Unesco le 11 Juillet 2005.
 
 
Site officiel de Hubert Reeves
 
 
 
 
 
C'est tout pour aujourd'hui!
 
 
Bon ciel à tous
 
 
Jean Pierre Martin   www.planetastronomy.com
 
 
Voir les autres compte rendu de conférences des RCE  : ICI.