mise à jour le 25
Février 2006
CONFÉRENCE
SUR
"LA MISSION DEEP IMPACT,
derniers résultats sur l'exploration des comètes"
Par Nicolas
BIVER, Observatoire de Paris
Organisée par la
SAF
À l'Institut
Océanographique rue St Jacques, Paris
Le Mercredi 22 Février 2006 à 20H30
Photos d'ambiance
: JPM.
BREF COMPTE RENDU
Bravo encore une
fois à la SAF qui est seule capable de faire venir plus d'une centaine de
personnes un soir de semaine sur un sujet aussi pointu.
C'est Claude
Picard, président de la commission de cosmologie de la SAF qui nous présente
(mais est ce nécessaire?) Nicolas Biver, astronome à l'Observatoire de Paris,
président de la commission des comètes de la SAF et grand spécialiste de ces
astres à belles chevelures.
Nicolas va faire
le point ce soir sur la mission Deep Impact qui a été très médiatisée, de cette
rencontre brutale avec la comète Tempel 1 le 4 Juillet 2005.
QUE
SAVONS NOUS DES COMÈTES?
Je ne ferai pas
l'injure à nos lecteurs de donner les bases sur les comètes nous en avons parlé
maintes fois ici, mais en quelques mots les caractéristiques fondamentales,
pour ceux qui ne sont pas spécialistes.
Ce sont des
« boules de neige sales » qui traînent dans le fond du système
solaire et qui viennent nous rendre visite de temps en temps
Ce sont les RESTES
de la formation du Système Solaire c’est pour cette raison qu’il est
intéressant de les étudier.
Les comètes ont
très peu évolué depuis leur origine, (alors que les planètes telluriques ont
fortement évolué et les planètes
gazeuses sont…gazeuses). Les comètes sont les témoins de la genèse du système solaire
, des fossiles si l’on veut!
Les comètes
proviennent du fin fond de notre système solaire
Soit de ce qu'on
appelle la ceinture de Kuiper au delà de l'orbite de Neptune, soit de très très
loin vers une demi année lumière (50.000UA approx) la nuage de Oort (comme par
exemple la comète de Halley qui était un de ses membres)
À l’approche du
soleil (4 à 6 UA), la glace commence à se sublimer (solide à gazeux)
Autour de quelques
UA (Terre, Jupiter) la comète devient très active, il se forme un halo autour
du noyau et une queue de plusieurs centaines de millions de km de long.
Puis si elle
survit, elle retourne vers les espaces infinis.
On distingue
plusieurs parties dans une comète :
NOYAU ET SON HALO :
noyau de 1 à 100km , le Halo peut atteindre plusieurs centaines de milliers de
km, il contient des particules sublimées.
Noyau + Halo =
Coma ou chevelure.
QUEUE DE
POUSSIÈRES : courbe, composée des fines particules s’échappant du noyau lors de
la sublimation et réfléchissant la lumière solaire. Généralement jaune.
Sensible à la pression de rayonnement. Peut dépasser des dizaines de millions
de km.
QUEUE IONISÉE ou
QUEUE DE PLASMA : Droite, toujours exactement opposée au Soleil. ce sont des
plasma (H) en interaction avec le vent solaire (300km/s). Généralement bleue
Peut aussi dépasser des dizaines de millions de km.
Il se produit une
photodissociation des produits s'échappant de la comète. (voir diapo ci
dessus).
Parmi toutes les
molécules identifiées, l'eau est bien entendu le principal composant puis CO2
et CO et une multitude de molécules organiques. (consulter aussi le rapport de la
commission des comètes pour plus de détails)
L'exploration
véritable des comètes a commencé il y a tout juste vingt ans avec la visite de
la comète de Halley par une armada de sondes internationales : Vega 1 et 2
russes (passage à grande vitesse 80km/s), Giotto de la toute jeune agence
spatiale européenne etc..
Puis c'est le tour
de Borelly par Deep Space 1 en Septembre 2001 : pas de cratères, pas de glace
d'eau en surface, température étonnamment élevée (300 à 340K) et albédo très
faible : 2,9%.
La comète Wild 2
est visitée en Janvier 2004 par la sonde Stardust qui vient de retourner son
conteneur de poussières cométaires sur Terre. C'st une très jeune comète avec
une surface totalement différente des autres. Peu de petits cratères, mais des
cratères non circulaires signes d'effondrement. Albédo aussi de 3%.
Et vient enfin,
notre comète : la comète Tempel 1 impactée par Deep Impact en Juillet 2005.
Voici un tableau
qui résume les principales missions passées et futures.
LA
MISSION DEEP IMPACT ET LA RENCONTRE.
Cette mission a
plusieurs fois été décrite ici, en voici un
résumé succinct.
Cette sonde était
composée de deux parties :
Le vaisseau mère équipé notamment de
deux caméras (HRI et MRI champs respectifs 7' et 35') et d'un spectromètre
L"impacteur équipé d'une caméra
(ITS similaire à la MRI)
Le cadencement des
images des caméras était réglable de 0,6 à 16 images/seconde.
Après 172 jours
d'un voyage de 430 millions de km (lancement 12 Janvier 2005) et à 133 millions
de km de chez nous, l'impacteur de Deep Impact a rencontré son destin : le
noyau patatoïde de Tempel 1 : 14km de long par 4km de large
Quelques mots sur
la comète Tempel 1 elle même :
C'est une ancienne
comète de période 5,5 ans
Périhélie de 1,5 à
2 UA.
Découverte par
Ernst Tempel (1821 –1889) qui était un astronome allemand qui travaillait à
l’Observatoire de Marseille (déjà l’Europe!!) jusqu’à la guerre de 1870.
Ce fut un
découvreur de comètes très prolifique (21) dont les célèbres :
55P/Tempel-Tuttle, cause des Léonides, et bien entendu 9P/Tempel (3 Avril 1867), et aussi
10P/Tempel ; 11P/Tempel-Swift-LINEAR.
L'approche
s'effectue à la vitesse de 0,9 millions de km par jour et met en évidence des
sursauts d'activité périodiques tous les 10 à 15 jours.
Rotation du noyau
précisément mesurée : 41h.
Un flash très
brillant a eu lieu qui a pu être suivi par divers observatoires terrestres et
spatiaux il a duré plus d'une seconde et s'est répandu rapidement sur la
surface de la comète.
Mais après il y
eut une pause avant qu'un autre dégagement se produise. Les débris de l'impact
ont apparemment porté une ombre sur la
surface, signalant des éjecta plutôt condensés qu'un cône très large, comme le
signale le centre de la mission.
Les images de
l'impact ont déjà été diffusées sur ce site (voir les photos de l'impact dans
le reportage de l'arrivée
en direct de la sonde) voici où vous pouvez les trouver.
À voir absolument
et à conserver (clic droit puis enregistrer sous…) le film de l'impact
par la caméra de l'impacteur ITS (document historique) , il ne fait que 0,5MB
allez y!
Maintenant les
films par les caméras de bord :
Par la caméra haute résolution
HRI (70kB).
Par la caméra moyenne résolution
MRI (100kB).
Les dernières
images avant impact de l'impacteur (caméra ITS et MRI) sont en résolution
réduite car on a privilégié la quantité d'images (on est à 16 images/sec)
Le
Keck à Hawaï. Situation idéale à Hawaï pour voir l'impact (nuit)
À l'ESO : le VLT voit
l'impact.
L'observation de
puis la Terre était idéale dans la région Hawaï et Nouvelle Zélande.
Le CFHT a filmé l'impact
de –7min à +3h30.
En résumé ,
cratère d'impact évalué à 80m de diamètre,.
Les instants suivant
l'impact :
Impact à 10km/S
suivant un angle d'incidence de 34°.
Pénétration en 0,2
sec, signifie matériau assez poreux.
flash en
profondeur et faible, 0,25 sec pour la sortie du champignon (plume en anglais)
Nuage long à se
dissiper et très opaque le nuage a mis longtemps à se dissiper, au moins une
heure; majorité de poussières fines.
C'est l'élargissement du cône de retombée
de la poussière qui donne des informations sur la force de gravité de la comète
et permet d'atteindre sa densité qui est évaluée à 0,5.
On évalue la
quantité de matière éjectée après l'impact :
En plus des trois caméras,
la sonde était aussi équipée d'un spectromètre IR (entre 1 et 5 microns), et
l'on a pu voir le CO2 (4,3µ) l'eau (2,6µ) et le CO (4,7µ).
Pour information
l'impact a été simulé sur Terre, en voici un petit film au
format mpeg.
Le VLT (photo) a
aussi évalué la variation de luminosité avant et après l'impact, elle n' a été
que de 50%, un jour après l'impact cette variation avait disparue.
QU'A T
ON APPRIS SUR TEMPEL 1?
Voici une superbe
image de Tempel qu'on n'a pas l'habitude de voir, on se rend compte que le
noyau est peut être composé de deux parties.
Que peut on dire
de cette approche du noyau de cette comète :
Diversité de
terrains , cratères d'impact de toutes tailles.
Il y a des failles
et des zones très lisses et des points brillants (d'albédo 10%).
Taille : 4,9 x 7,6
km masse : 7 1013 kg densité : 0,5
Température de
surface : 260 à 329 K; la température est proportionnelle à l'ensoleillement,
l'inertie thermique est donc très faible.
La chaleur pénètre
à moins de 7 cm de profondeur.
La surface est de
la glace d'eau mélangée avec de la poussière.
Le noyau est très
sombre comme tous les noyaux étudiés jusqu'à présent.
Il faut continuer
à étudier les comètes!
Nombreuses
questions posées à l'orateur.
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin www.planetastronomy.com
Membres de la SAF