Les photos des slides sont de la présentation
de l'auteur. Voir les crédits des autres photos
Janet Borg a eu la gentillesse de nous donner
sa présentation complète (en pdf), elle est disponible sur
ma liaison ftp elle s'appelle. : stardust-borg-SAF.ppt
Comme la présentation est disponible, mon
compte rendu sera très succinct.
Janvier 2006 : retour sur Terre de
la mission Stardust, avec sa moisson de grains cométaires provenant de
la comète Wild-2, survolée quelques heures en Janvier 2004.
Des analyses de ces grains, on espère une meilleure compréhension de la nature des comètes
et de l’évolution de la nébuleuse primitive.
Jante Borg va nous dresser un état des lieux
après près de deux ans de travaux sur les « grains Stardust »
Elle nous signale d'emblée que la "récolte" a été de MOINS DE 1 mg de
grains cométaires!
LES
COMÈTES RÉSIDUS DE LA FORMATION DU SYSTÈME SOLAIRE.
Les différentes étapes de la formation du
système solaire
Il y
a deux réservoirs principaux de comèteset selon l'endroit, elles n'ont pas la même origine.
-La ceinture de Kuiper:
-Située au-delà de Neptune de 30 à 100 UA.
-Comètes à courtes périodes.
-Formées dans le SS externe - orbites
relativement stables.
- Trajectoires dans le plan de l’écliptique.
-
Tempel-1, Wild-2, Churyomov-Gerasimenko, ...
-Le nuage de Oort:
- Situé au-delà de ~ 50000 UA.
-Comètes de périodes longues.
-Formées dans le SS interne
-Trajectoires hors écliptique
- Halley (a été déplacé dans le temps,
appartenait au nuage de Oort), Hale Bopp, ...
RAPPEL
SUR LA MISSION STARDUST.
La mission Stardust a maintes fois été résumée
dans ces colonnes, nous ne signalerons que l'essentiel.
Départ de Cap Canaveral : 7 Février 1999
Survol de la comète : 2 Janvier 2004
Retour sur Terre : 15 Janvier 2006
La
raquette de réception avait deux faces : une face pour les poussières
interstellaires et une face pour les poussières de comètes.
Et elles ont servi toutes les deux, en effet
lors du voyage vers la comète Wild 2, Stardust a rencontré deux fois un
jet de particules interstellaires et a présenté sa raquette à celles ci.
Au moment de la rencontre avec la comète
(vitesse relative 6km/s) la raquette de réception a recueilli les grains
cométaires.
Premier retour d’échantillons
extraterrestres, depuis les échantillons lunaires (missions Apollo, entre
1969 et 1972)
Pourquoi Wild 2 : C'est une comète "fraîche"
: seulement 5 passages au périhélie depuis 1974 lorsqu'elle fut détournée
par Jupiter.
Elle ne possède pas de cratères d'impact,
mais ce que l'on voit ce sont plutôt des dépressions dues à la
sublimation de la glace probablement.
Comète d’environ 4.5 km de diamètre ;
supposée s’être formée dans la ceinture de Kuiper
Vitesse relative au moment de la rencontre: 6,1
km/s
Vitesse d’entrée dans l’atmosphère au
retour sur Terre: 12,8 km/s
LA
COLLECTE DES GRAINS.
Vue des collecteurs remplis d'aérogel de
la raquette collectrice. Densité < 0,01!
132 cellules d'aérogel de 4cm par 2cm
peuvent contenir des impacts qu'il faut déceler optiquement.
Lorsqu'un impact est repéré, on découpe
autour de lui une zone appelée Keystone
(clé de voûte littéralement).
Il y a deux laboratoires au monde capables de découper
l'aérogel , celui de Houston et celui de Berkeley.
Dans l'aérogel, il y a deux côtés à la
raquette de réception qui sont collés dos à dos, un côté pour les
grains interstellaires de 1cm d'aerogel et celui pour grains cométaires de
3cm d'épaisseur.
Les collecteurs avant (comètes) ont recueilli
plusieurs milliers de grains, le plus grand étant de l'ordre de 100 micron!
Les collecteurs arrière (interstellaires) ont
collecté une centaine de grains interstellaires plus petits.
Il y a 132 cellules de 4*2 cm2, soit environ
1000cm2 d’aérogel, mais la
densité de cet aérogel, n'est pas constante, il y a un gradient de densité,
il est de plus en plus dense au fur et à mesure que l'on pénètre dedans :
approx. 0,005 à l'entrée et 0,05 à la sortie de l'alvéole.
On voit sur cette photo, le premier keystone
extrait d'un grain interstellaire en février 2008. ce grain est de taille
inférieure au micron!
Les armatures en Alu sont aussi des
collecteurs, les particules y créent des cratères d'impact qui donnent des
informations même si la particule s'évapore complètement.
Depuis deux ans les échantillons sont distribués
à la communauté de scientifiques :
En France, principalement 7 laboratoires
impliqués, regroupés au sein d’un consortium d’étude :
·CRPG (Nancy)
·CSNSM (Orsay)
·ENS, Sciences de la Terre (Lyon)
·IAS (Orsay)
·Laboratoire de Planétologie (Grenoble)
·LSPES (Lille I)
·MNHN (Paris)
LES
PREMIERS RÉSULTATS.
Les
analyses devraient répondre aux questions suivantes :
Comme
le dit en introduction Janet Borg, ce ne sont pour le moment que des résultats
préliminaires sur un petit nombre d'échantillons d'une comète particulière.
Les premiers résultats sont parus dans Science,
n° 314 (Décembre 2006) à partir de la collaboration entre près de
200 scientifiques, qui ont travaillé sur 35 traces (200 grains extraits) dans 10 des 132 blocs d’aérogel (même
proportion d’armatures d’aluminium)
C'est une prouesse technique que de découper
ces keystones d'aérogel ou d'extraire quelques grains. L'aérogel semble
aussi perturber la collecte (interaction entre le grain incident et l’aérogel),
c'est un très long travail.
Importance donnée aussi aux grains dans les
armatures d'alu.
Que peut on dire de la composition de ces
grains?
Ce sont globalement du type chondrites.
La mesure des rapports isotopiques pour H, C, N
et O sont compatibles avec une origine dans la nébuleuse solaire.
La mesure du rapport D/H (isotope Deutérium de
l'Hydrogène par rapport à l'Hydrogène "normal") montre que
toute l'eau terrestre ne vient pas uniquement des comètes.
L'enrichissement en O17 (par rapport à O16)
semble montrer que certains grains proviendraient du milieu interstellaire
L’hypothèse qui correspond le mieux aux résultats
des analyses implique une implantation de ces gaz rares dès la formation
des grains au voisinage du Soleil, dans une phase précoce de l’évolution
de la nébuleuse.
La matière organique est aussi présente dans
les grains de Stardust, mais très faiblement et très peu structurée.
Concernant la minéralogie des grains on peut
dire :
·Abondance de silicates (Fe+Mg) formés à haute température,
cristallins et amorphes
·Abondance de sulfures Fe/Ni, pauvres en Ni
·Existence de minéraux réfractaires type CAI
·Peu d’évidences de minéraux hydratés
Donc on peut très provisoirement conclure :
Il y aurait eu mélange
de particules condensées loin du soleil (glaces organiques) et près
du soleil (olivines, Inclusions CAIs,...)
Il
semble qu’il y ait eu des
processus de transport et de mélange entre les régions internes du
disque protoplanétaire et les régions externes, avant ou pendant
la formation des comètes, plus efficaces qu’on ne le pensait
auparavant.
·Les poussières cométaires de Wild 2 sont principalement
originaires de notre nébuleuse, et la contribution de grains pré-solaires
et de molécules organiques interstellaires est faible, mais non nulle.
·Les comètes semblent constituées de matériels provenant de
diverses régions de notre nébuleuse. Des mécanismes de transferts
radiaux vont devoir être trouvés
(vents?).
·La matière organique des grains cométaires est variée, et différente
de celle des météorites. Les processus d’organo-synthèse dans le
système solaire primitif sont donc très complexes.
Merci encore à Janet Borg pour cette
passionnante aventure.