Grâce à la SAF (Société Astronomique de
France), nous avons pu effectuer cette visite haute en astronomie à Londres
et dans sa région. Qu'elle en soit ici remerciée!!
Les quelques étapes de la
visite avec accès direct :
Le site de Greenwich (prononcez Greenich sans
le w) situé en face de Londres sur la Tamise comprend le musée national
maritime (nmm) et l'Observatoire lui-même décomposé en plusieurs éléments.
On peut s'y rendre de Londres soit par métro
et train , soit ce qui est beaucoup plus sympathique par bateau, notamment
du pied de la Tour de Londres (recommandé).
GREENWICH
: LE NATIONAL MARITIME MUSEUM (NMM).
Musée
principalement consacré à la Marine et à la navigation, mais il contient
une énorme collection d'instruments anciens de navigation ou astronomiques
comme astrolabes, cadrans solaires, sphères armillaires, horloges, etc..
Collection
très riche de :
Plus de 150 horloges et sphères armillaires,
près d'une centaine d'astrolabes, plus de 350 cadrans solaires, 450 télescopes,
lunettes, sextants, cercles de Borda etc…
La plupart de ces instruments sont situés dans
deux énormes vitrines au premier étage du bâtiment sous la verrière.
Examinons quelques uns de ces instruments et
pour en voir plus avec plus de précision consultez le diaporama annoncé au
début.
Globe
céleste avec horlogerie de Isaac Habrecht, Strasbourg 1646,
globe en cuivre supporté par Atlas. Le globe tourne autour de
l’axe des pôles en 24h.
Laiton diamètre 155mm Probablement
fabriqué en France (des noms sont en français) mais pour
l’Islam.
Astrolabe
français de Jean Naze datant de 1553 en laitonDiamètre 139mmOrigine : Lyon,
Astrolabe
de Bohème, fabriqué par le célèbre Erasmus Habermel à
Prague en 1590C’était
un des plus prolifiques fabricants d’astrolabes de l’époque
(150).
Un nocturlabe permet de lire l'heure aux étoiles
circumpolaires la nuit, en voici un bel exemplaire italien datant de 1589.
Il existe aussi une vitrine avec de nombreux
instruments comme les quadrants, sextants, cercles de Borda etc..
LE ROYAL OBSERVATORY OF GREENWICH (ROG).
Il
faut savoir que l'Observatoire de Greenwich a été fondé en 1675, c'est à
dire après l'Observatoire de Paris dont les travaux débutèrent en 1666 grâce
à Colbert et Louis XIV.
L'architecte de l'Observatoire fut le célèbre
Christopher Wren.
C'est Charles II d'Angleterre qui le crée en même
temps que le poste d'Astronome Royal.
Ci-contre l'observatoire lui même (il n'est
plus en service, il a été déménagé dans le Sussex).
Le but principal à l'époque, n'était pas
tant d'étudier les astres que d'établir des
tables de navigation, la marine anglaise étant la reine des Mers à
l'époque.
Merci
à Gloria Clifton,
ici à droite, elle est responsable de l'Observatoire de Greenwich et nous a
montré toutes ces merveilles.
Ci-contre Flamsteed House, qui jouxte les
autres bâtiments et qui contient les pièces les plus précieuses de la
collection de montres maritimes de J Harrison notamment.
À remarquer aussi au ROG; la boule rouge située au sommet de Flamsteed House
descend son mât chaque jour à 13 heures précises, un signal visuel
(et sonore) qui est utilisé par les bateaux naviguant sur la Tamise afin de
régler leurs chronomètres.
Mais si Greenwich est connu, c'est aussi grâce
à l'expression
GMT que tout le monde emploie, cela signifie : Greenwich Mean Time, ou temps moyen de Greenwich ou
Zulu Time pour les militaires
Il a été remplacé par le temps moyen
coordonné (ou UTC Universal
Coordinated Time ) compromis entre le temps atomique international (TAI
) et le temps universel (TU)
Greenwich est aussi le lieu où l'on trouve
les fameux chronomètres de John
Harrison, le sauveur de la Marine Britannique, en fournissant une
montre précise embarquable, permettant de calculer très exactement la
longitude en mer.
Le désastre maritime de Sir Clowdisley en
1707 (2000 marins morts) suivi et précédé par beaucoup d’autres ne
pouvait pas laisser l’Angleterre reine des mers indifférente.
La couronne promit une prime de 20.000 £
(une petite fortune) à celui qui permettrait de calculer la
longitude à bord des navires
C’est ce que nos amis anglais appellent le
« Longitude Act » voté en 1714
La
chasse à la longitude était ouverte!
Toutes les méthodes (ou presque) sont basées
sur le fait que la longitude est donnée par :
La différence de temps entre l’endroit où
l’on se trouve et un point de référence
En sachant que 15° d’arc = 1 heure
Connaissant la différence d’heure on en déduit
la différence en degrés d’où la position en longitude
Ceci aboutit à ce décret royal de la Reine
Anne, le Longitude
Act du 8 Juillet 1714 qui promit une récompense à toute personne résolvant
le problème de la longitude:
20.000£ (une somme énorme: plusieurs M$
aujourd’hui) à celui qui pouvait déterminer la longitude en mer avec une
précision de ½°
15.000£ avec précision de 2/3°
10.000£ avec précision de 1°
On notera que ½° longitude = 3secondes par
jour pour une montre, précision qui n’existait pas à l’époque, et en
distance approx. 60km à l’équateur.
John Harrison, naît pauvre en 1693 dans le
Yorkshire, il devient charpentier
Pour s’amuser il construit sa première horloge à 20 ans …….en bois (presque
entièrement)
Rouages en chêne, pivot en buis, balancier
(qui normalement se dilate à la chaleur) il a l’idée d’utiliser 2 métaux
dont les dilatations se compensent (laiton et acier) etc..
On ne sait pas comment il a entendu parler du
prix mais il va s’attaquer au problème.
À cette époque, le conseil de la longitude était
noyauté par la tendance « astronome », qui ne jurait que par
les phénomènes astronomiques pour résoudre le problème.
Il a du mal à persuader les astronomes qui
lui font construire plusieurs modèles de plus en plus perfectionnés :
les H1,
H2,
H3
et enfin le modèle « de poche » H4.
Elle va faire seulement 1,5kg et utilise
diamants et rubis
C’est la H4, modèle définitif de chronomètre
marin qui une fois remontée peut fonctionner pendant 30 heures
Nous sommes en 1759, 29 ans après sa première
visite à Londres!!
Après
3 mois d’atlantique, le chronomètre avait ……5 secondes de
retard!!!!!!
Tableau représentant ce modeste horloger qui a
tant fait pour la science astronomique.
Bravo John!
Mais le nom de Greenwich est surtout connu
pour son méridien qui a supplanté celui de Paris.
C'est une histoire qu'il me
faut absolument conter où notre Albion mérite bien l'attribut de
perfide.
Les deux grands pays maritimes de l'époque,
la France et l'Angleterre avaient chacun leur méridien d'origine, celui de
Paris et celui de Greenwich; pensez aux mésaventures du Capitaine Haddock dans "Le
trésor de Rackham le Rouge"
Un
système universel
favorisant le commerce international devenait de plus en plus nécessaire, évidemment chaque pays
favorisait le sien.La France
après la mesure épique d'une partie d'un arc de méridien par Delambre
et Méchain, venait de mettre au point le système métrique qu'elle
mettait à la disposition dumonde
entier, nos amis anglais proposèrent d'adopter le système métrique en échange
de l'adoption par la France du méridien de Greenwich, situé 2°20'14"à
l'ouest de celui de Paris.
L'accord fut signé à
Washington en 1884 et …..nos amis
Britanniques n'ont toujours pas adopté complètement le système métrique
à la date d'aujourd'hui.
Ce méridien d'origine (Prime
Meridian en anglais ) traverse
l'Observatoire, il a d'abord été marqué par un fil de cuivre mais
remplacé maintenant par une bande en inox dans le sol.
Récemment il est aussi matérialisé par un
laser nocturne vert.
À Greenwich, au méridien zéro, on n'échappe
pas à ce genre de photo!
LA
ROYAL ASTRONOMICAL SOCIETY (RAS).
La Royal Astronomical Society (RAS) homologue
de la SAF en Grande Bretagne, est située en plein cœur de Londres sur
Picadilly, dans Burlington
House, immeuble dont l'origine date du XVII ème siècle.
Nous avons été reçus de façon très
chaleureuse et notamment grâce à son responsable en chef de la Bibliothèque,
le Dr Peter Hingley que nous tenons à remercier.
Il
nous avait été recommandé par notre amie Françoise Launay (photo),
physicienne à l'Observatoire de Paris et grande spécialiste de l'histoire
de l'astronomie que nous remercions.
Indépendamment des livres anciens dont nous
allons parler plus loin, la RAS contient aussi quelques pièces uniques
comme celles-ci :
Une partie du miroir de 9 pouces
fabriqué par William Herschel
Une portion du célèbre arbre de
Newton (celui avec la pomme) de sa propriété à Woolsthorpe.
Mais évidemment ce sont les livres anciens qui nous intéressent, en voici quelques uns,
les autres pourront être consultés dans la présentation en ligne.
Le célèbre atlas céleste de J
Bayer (1572-1625) Uranometria
On y remarque notamment dans cette représentation
de Cassiopée la Super Nova observée par Tycho Brahé en 1572 (flèche).
C'est dans cet ouvrage que Galilée a représenté
notamment le ballet des satellites de Jupiter, ce qui l'a conforté dans
l'idée que
Copernic avait raison avec son système héliocentrique.
Première édition de 1613!!!
C'est aussi dans ce livre qu'il parle
des taches solaires, d'où le titre du livre : histoire et démonstration
des taches solaires.
Le Lynx est le symbole de l'académie à
laquelle Galilée vient d'être élu en 1611.
Le "ballet" des satellites de Jupiter
de la main de Galilée.
Un des "clous" de la
collection, un exemplaire rare de De Revolutionibus de
N Copernic, je suis très fier de le tenir dans mes mains.
On y voit parfaitement représenté, un
système solaire avec pour la première fois le
Soleil au centre
Le très célèbre Almageste de Ptolémée
édition de Venise en 1515
Les fameuses
épicycles de Ptolémée qui rendent compte du mouvement des
planètes avec la Terre au centre du système solaire.
Claude Ptolémée, né en Égypte vers 90, est
un astronome et mathématicien.
Sa grande œuvre est
l'Almageste traité
d’astronomie de treize livres, qui influencera pendant 15 siècles les
sciences.
Ce livre a été baptisé l’Almageste par les arabes (le grand livre en arabe)
Il comprend de nombreuses cartes du ciel et de
la Terre,, avec quelques erreurs (dimension de la Terre réduite par rapport
aux mesures d'Ératosthène, ce qui motiva C Colomb pour aller "aux
Indes".) et bien sûr, il place la Terre au centre du système solaire,
cela deviendra un dogme de l'église qui bloquera toute avancée
scientifique pendant des siècles.
Peter
Apianus, astronome allemand du XVIème siècle, a publié un ouvrage
magistral : l'Astronomicum Caesareum en 1540.
C'est dans cet ouvrage qu'il s'intéresse
notamment aux comètes (la comète de Halley vient de passer en 1534), il
constate que les queues de comètes sont toujours opposées au Soleil, comme
on le voit sur les pages ci-contre.