Mise à jour le 8 Novembre 2013
 
CONFÉRENCE
«LA MESURE DU TEMPS»
Par Noël DIMARCQ Directeur du SYRTE Observatoire de Paris
Organisée par l'IAP
98 bis Bd Arago, Paris 14ème
 
Le mardi 5 Novembre 2013 à 19H30
 
Photos : JPM. pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos
Vidéo de la conférence par Canal U (ce n’est plus le CERIMES) disponible sur leur site quelques jours après (Canal U  propose aussi toutes les vidéos des conférences IAP) :    
voir :  http://www.canal-u.tv/auteurs/institut_d_astrophysique_de_paris_iap/videos#element_2
 
 
 
BREF COMPTE RENDU
 
 
 
 
Noël Dimarcq est directeur du SYRTE, Systèmes de référence Temps-Espace situé à l'Observatoire de Paris.
 
Il est spécialisé dans les horloges atomiques et tous systèmes de mesure du temps.
 
 
Il nous parle ce soir du temps sous son aspect mesure et non pas philosophique (du genre le temps existe-t-il ? etc…)
 
 
 
 
 
 
ÉCOULEMENTS   ASTRONOMIE.
 
Au début, une des méthodes les plus simples pour mesurer l’écoulement du temps était de l’associer à un phénomène linéaire, comme par exemple un sablier ou une clepsydre (horloge à eau, signifie voleur d’eau dans le sens de voleur du temps) ; de même les bougies graduées.
 
Mais on s’aperçu vite que la rotation de notre planète étant périodique pouvait aussi être un indicateur du temps qui passe.
Cela a donné naissance aux gnomons et cadrans solaires.
 
NDLR :
Mais, car il y a un grand mais, la rotation de la Terre n’est pas parfaitement régulière, indépendamment du fait qu’il y a un temps sidéral (par rapport au fond des étoiles) et un temps solaire (la Terre se déplace sur son orbite et il faut attendre un peu avant de retrouver midi juste). Ce qui nous intéresse nous les Terriens c’est le temps solaire.
 
On définit un temps solaire moyen : temps entre deux passages à midi = 24 heures, or celui-ci n’est pas constant ; l’orbite terrestre est elliptique. La différence entre le jour solaire moyen et le jour solaire vrai est appelé l’équation du temps. Cette variation peut être de +/- 15 minutes au cours de l’année et sert à corriger l’indication des cadrans solaires.
 
 
De plus les mouvements de la Terre sont irréguliers si on les regarde de près : mouvement du manteau et de l’intérieur de notre planète, influence des forces de marée (Lune, Soleil) qui ralentissent la rotation …. ; tout ceci nous a amené à l’époque récente (à partir de l’introduction des horloges atomiques) à corriger le temps universel en rajoutant une seconde additionnelle de temps en temps pour rattraper cette irrégularité. (courbe dans le coin supérieur droit)
 
(dernière addition d’une seconde : 30 juin 2012)
 
 
 
 
 
Définition de la seconde :
 
Jusqu’en 1956 la seconde était une fraction du jour solaire (1/86400) puis de 1956 à 1967 la seconde a été définie comme une fraction de l’année tropique (365,2422 jours solaires, intervalle de temps pour que le soleil retourne à la même position).
Mais ce n’était pas assez précis, aussi à partir de 1967, la seconde a été définie à partir d’horloges atomiques (voir plus loin).
 
L’idée était de mesurer le temps avec un oscillateur. Ce n’était pas nouveau, il y a quelques siècles on utilisait le pendule battant la seconde, mais la période dépend de l’accélération de la pesanteur, donc en fonction de sa propre position on n’a pas la même valeur.
 
On a ensuite envisagé les oscillateurs à quartz basés sur la piézoélectricité. C’est ainsi que fonctionnent toutes les montres actuelles, grâce à un oscillateur au quartz.
La piézoélectricité a été découverte par Pierre Curie dans les années 1880. La déformation mécanique de certains cristaux entraînait la génération d’un signal électrique et réciproquement.
 
Cette technologie donne naissance à la technologie MEMS (Micro Electro Mechanical Systems).
 
 
 
 
Concernant les oscillateurs, il est fondamental d’avoir la plus grande fréquence possible afin d’avoir une meilleure précision.
 
Dans l’ordre croissant on passe :
Des horloges classiques aux
Horloges à quartz puis
Aux micro ondes et enfin
Aux horloges laser.
 
 
 
 
 
 
 
HORLOGES ATOMIQUES.
 
 
Le principe repose sur un principe quantique fondamental : un atome ne peut exister que sous différents niveaux d’énergie bien quantifiés dépendant de la nature de cet atome. Lorsqu’il est « illuminé » par un faisceau de photons à la bonne énergie, l’atome peut chasser un électron d’une couche interne ; afin de conserver l’énergie, l’atome réagit en émettant un photon correspondant exactement à la différence d’énergie entre ces couches.
Le principe d’une horloge atomique devient donc « simple » : il suffit de compter la fréquence émise par un atome bien particulier comme elle est constante, elle devient une base de temps.
 
 
 
 
Ça c’est pour le principe, maintenant pour arriver au résultat, on a besoin d’un asservissement avec un oscillateur hyper fréquence à quartz qui va irradier une cavité résonante afin de permettre aux atomes choisis (Cs par exemple) d’entrer dans la résonance voulue (pour le Cs : 9129631770 Hz).
 
Plus on est proche de la fréquence recherchée et plus les atomes sont excités, provoquant un signal qui va servir de contre réaction (asservissement) à la fréquence de l’oscillateur, qui va ainsi être pilotée par cette différence. À la fin, le signal est parfaitement calé sur la fréquence de transition, fournissant ainsi une fréquence stable.
 
 
 
 
C’est donc à partir de 1967 que la seconde va être définie comme la durée de 9129631770 périodes de la radiation correspondant à la transition de deux niveaux hyperfins de l’état fondamentale du Cs 133.
C’est le temps atomique international (TAI) il est donné par la moyenne de quelques centaines d’horloges atomiques mondiales, il est absolu et totalement déconnecté de la rotation de la Terre et de ses variations éventuelles.
C’est pour cette raison que l’on en a déduit le temps universel UTC, égal au TAI à un nombre de seconde près qui permet de tenir compte de la rotation de la Terre (seconde additionnelle).
 
 
Une des causes d’instabilité de ces horloges atomiques est l’agitation thermique des atomes utilisés.
 
Il faudrait donc utiliser des atomes « froids » le plus proches possibles du zéro absolu, c’est ce que l’on fait avec le refroidissement laser qui a permis d’améliorer la précision de ces horloges de façon exceptionnelle.
 
Ce sont des horloges à atomes froids ou horloges à fontaine d’atomes.
Cette technologie permet d’avoir des horloges très petites et très performantes : 10-16 sur la fréquence soit sur le temps : une seconde de variation sur 300 millions d’années !
 
 
 
 
 
Il existe un projet pour mettre une telle horloge dans l’espace sur l’ISS : PHARAO (acronyme de Projet d'Horloge Atomique par Refroidissement d'Atomes en Orbite). C’est un projet CNES/ESA qui devrait être installé en 2016.
Elle permettra de tester la relativité.
 
 
 
D’autres améliorations : les horloges optiques avec une fréquence 50.000 fois plus grande que pour le Cs.
On devrait atteindre une précision de l’ordre de une seconde pour 3 milliards d’années !!!
 
 
 
Évolution de la précision de la mesure du temps.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LES APPLICATIONS DE CES HORLOGES ATOMIQUES.
 
 
·        Redéfinition des unités SI
·        Datation et synchronisation (transports, transactions bancaires etc…)
·        Nouvelle définition de l’heure légale basée sur UTC. (horloge parlante puis radio pilotage par ondes hertziennes)
·        Diffusion des échelles de temps atomique.
·        Mesure des distances (tir laser sur la Lune par ex)
·        Positionnement par satellite : GPS
·        Test de la théorie de la relativité
 
 
 
 
Gloire à ces scientifiques précurseurs qui ont permis cette avancée de la technique des horloges atomiques.
 
Un petit cocorico pour deux de mes professeurs :
Alfred Kastler mon prof de thermo et
Claude Cohen Tannoudji mon prof de MQ
 
Tos deux (comme beaucoup d’autres) prix Nobel.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CONCLUSIONS.
 
La mesure de temps avec des atomes est de loin la plus précise : de 10-16 à 10-17
 
Il y a de nombreuses retombées scientifiques et sociales.
 
Avec les atomes froids, nous explorons un nouvel état de la matière.
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
 
De la lumière laser aux atomes ultra froids par le labo Kastler Brossel.
 
La Nouvelle Définition de la Seconde et le Temps Atomique International
 
Le saut de seconde 
 
Les horloges atomiques par le labo Kastler Brossel.
 
Manipulation d'atomes par la lumière, mesure du temps par Claude Cohen-Tannoudji
 
Le fonctionnement d’une horloge atomique.
 
Fonctionnement des horloges atomiques. Plus simple
 
Une vidéo sur le fonctionnement d’une horloge atomique.
 
Pharao la machine à explorer le temps.
 
Les horloges atomiques et l’espace : projet PHARAO / ACES par Noël Dimarcq. Présentation pdf
 
Horloges atomiques et transferts de temps ultrastables par N Dimarcq Présentation pdf.
 
Une brève histoire de la mesure du temps: Noël Dimarcq vidéo de 15 minutes.
 
 
BIBLIOGRAPHIE  SUR LE TEMPS
Notre ami Christian Larcher nous fait parvenir cette imposante bilbio sur le Temps (par auteur) qui ne concerne pas que la science, mais aussi la philo etc…, merci à lui :
 
 
A
 
B
C
D
 
E
 
F
N. Farouki : La Conscience et le temps ; Le Pommier
O.S. Ferer : Le temps, la perception, l’espace, la mémoire. Ellipses 1996
G
·    P. Galison : L’empire du temps, les horloges d’Einstein et les cartes de Poincaré ; R. Lafont 2005.
·      L. Garbagnati : Temps scientifique, temps théâtral ; CRDP Franche-Comté.
H
§         Une brève histoire du temps
§         Une belle histoire du temps
§         Commencement du temps et fin de la physique
§         Être et temps
J
K
Dossier Cahiers philosophiques ; CNDP 2003
L
M
 L’invention du temps ; Catalogue la Cité 1989
P
R
S
·    Schnell (dir.) Le temps ; Vrin  2007
·    MC de La Souchère : Une histoire du temps et des horloges, Ellipses 2007
·    D. Soutif : Le Temps, vite ; Centre Pompidou
T
·    E. P. Thompson : Temps discipline du travail et capitalisme industriel, La Fabrique éditions 2004.
W
·  P. De Weber
·         Le temps mesuré par les sciences, Vuibert 2002
·         La mesure du temps dans l’histoire de la Terre, Vuibert 2005
Z
·         C. Zananiri
·            Espace et temps, Ellipses 2002
·            Le temps ; Bibliothèque tangente HS n° 27 POLE 2006
·         C. Zeitoum : Le temps ; Mango jeunesse 2003
 
 
 
 
 
 
 
Bon ciel à tous !
 
Jean Pierre Martin .Commission de Cosmologie de la SAF.
www.planetastronomy.com
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