Mise à jour 19 Mai 2014
 
 
CONFÉRENCE MENSUELLE DE LA SAF
 «L’ASTROLABE, HISTOIRE ET UTILISATION
DE CE FABULEUX INSTRUMENT»
Par Brigitte ALIX
Membre de la commission des cadrans solaires de la SAF
fabricant d’astrolabes.
Au FIAP, 30 rue Cabanis, 75014 Paris (métro Glacière).
Le Mercredi 14 Mai 2014 à 20H30
 
Photos : JPM. pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos et des animations.
La conférencière a eu la gentillesse de nous donner sa présentation, elle est disponible sur ma liaison ftp et s'appelle : 
SAF-Alix-Astrolabes.ppt, elle est dans le dossier CONF-MENSUELLES-SAF/ saison 2013-2014. .
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me contacter avant.
 
Cette conférence a été filmée en vidéo (grâce à UNICNAM et IDF TV) et est accessible sur Internet
On la trouve à cette adresse   https://www.youtube.com/playlist?list=PLM_NLeMfZ9Tq9mEhHay1Kuv9HgJ9WiSgH

 
 
 
 
 
 
Brigitte Alix est tombée dans les astrolabes quand elle était petite et de sa passion est né un métier. Elle nous explique ce soir la genèse et l’utilisation de ce merveilleux et très ancien instrument astronomique.
 
N’oubliez pas de consulter aussi son site : http://www.astrolabes.fr/
 
 
Brigitte nous met à disposition sa présentation très claire montrant les différentes étapes explicatives de l’astrolabe, si bien que je ne ferai pas mieux avec mon compte rendu qui sera donc très sommaire.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Brigitte nous avait amené de nombreux modèles d’astrolabes que le public pouvait contempler et toucher, dont un grand modèle (au premier plan) utilisé pour ses explications.
 
Le quatrième en partant de la gauche est un astrolabe nautique, version ultra simplifiée de l’astrolabe pour utilisation à bord des navires.
 
 
 
 
 
 
 
 
L’astrolabe (littéralement « preneur d’étoiles ») est originaire de la Grèce antique (probablement 2ème siècle av JC, très probablement conçu par Hipparque), il est censé représenter les mouvements du ciel avec la Terre au centre .
 
Il n’est valable que pour une latitude donnée.
 
Il repose sur la projection stéréographique. Voici une vidéo montrant le principe. On fait correspondre les points d’une sphère à des points d’un plan (appelé le tympan).
 
On ne peut pas projeter la (demie) sphère céleste sur un plan sans déformation. Néanmoins on conserve les angles (projection dite « conforme ») si on projette à partir du Pôle Sud (pour l’hémisphère Nord).
L’équateur et les tropiques sont des cercles centrés sur le centre du plan (le Pôle Nord), l’écliptique est un cercle (jaune) décalé.
 
 
 
 
 
TRACÉ DE L’ASTROLABE.
 
 
Voir la présentation de Brigitte Alix pour plus de détails.
 
La face arrière avec son limbe gradué.
Le tympan complètement tracé.
 
 
 
En plus de la base qui supporte les autres éléments (la Mère, Mater en anglais) dont le dos est gravé et porte l’alidade (réglette mobile) qui permet la visée, on trouve le tympan (plate en anglais) personnalisé à la bonne latitude du lieu et enfin un élément essentiel, l’araignée (rete en latin et utilisé aussi en anglais, pour la petite histoire, rete en latin signifie en fait toile d'araignée) qui pointe vers des étoiles connues (généralement 17).
 
 
Brigitte nous montre ici un exemplaire de démonstration d’une araignée.
 
 
 
 
 
 
 
HISTORIQUE ET CHRONOLOGIE.
 
 
 
 
 
 
QUELQUES ASTROLABES MÉMORABLES.
 
Il faut d’abord noter où l’on trouve la plupart des astrolabes : dans les musées, notamment :
 
Le Musée de l’histoire des sciences d’Oxford contient la plus riche collection au monde d’astrolabes. (voir par n° d’inventaire)
 
Le musée maritime de Greenwich possède aussi une très grande collection d’astrolabes.
 
Musée des Arts et Métiers de Paris. Nombreux instruments anciens et astrolabes.
 
Science Museum de Londres mais la plupart des astrolabes et instruments anciens sont dans les réserves malheureusement.
 
Le Deutsches Museum de Munich, très riche.
 
Le musée Galileo de Florence.
 
Je n’ose pas parler du Louvre, il existe bien une salle dédiée aux vieux instruments et notamment aux astrolabes, la salle Nicolas Landau, mais elle semble être toujours fermée. Je n’ai réussi à la voir qu’avant les travaux avec Alain Ferreira en 2009.
 
Il faut noter qu’il n’existe pas d’astrolabes de la période grecque, aucun n’ayant pu parvenir jusqu’à nous.
 
 
 
 
Il semble que le plus ancien astrolabe se trouvant dans un musée (ici à Oxford) date de la fin du 9ème siècle et fut fabriqué par Khafif en Syrie. C’était un élève du célèbre Ali Ibn Isa.
 
N° inventaire : 47632
 
Diamètre 112mm, en laiton.
 
Voir dans le catalogue du musée.
 
 
Tympans allant de 33 à 41° de latitude.
 
 
Comme d’autres astrolabes de cette époque , il y a aussi des textes en Arménien sur cet astrolabe.
 
(photo JPM)
 
 
 
 
 
Brigitte Alix a eu aussi la chance de contacter avec succès la BNF Richelieu qui l’a autorisé à photographier et à contempler un des plus anciens astrolabes gardé dans cette bibliothèque.
 
C’est un astrolabe en Cuivre du 10ème siècle provenant de Bagdad et réalisé par Ahmad Ibn khalaf.
 
Tous les détails ICI.
 
 
(photo BNF)
 
 
 
 
 
 
 
Un autre très bel instrument : astrolabe en laiton, provenance Espagne datant de 1081 ; œuvre de Muhammad Ibn Said as-Sabban.
Musée d’Oxford, n° d’inventaire : 52473
Le tympan porte, et c’est nouveau, une courbe de l’heure des prières.
 
 
Jean Fusoris était un fabricant français connu de cet instrument, on en trouve un exemplaire au musée d’Oxford (inventaire : 39540)
 
 
 
La présentation ne serait pas complète sans parler de Erasmus Habermel, d’Allemagne, contemporain de Tycho Brahe. Formé à l’école de Nuremberg très certainement mais travaillant à Prague.
 
Il est le fabricant officiel d’instruments astronomiques de la cour impériale.
 
Voici la photo prise à Oxford lors de ma dernière visite de cet étonnant astrolabe dodécagonal de 195mm de diamètre, il date de 1585 (n° d’inventaire : 37297)
 
(Photo JPM)
 
 
 
 
 
Un autre bel astrolabe de Habermel : un très grand (420mm énorme pour l’époque) datant de 1590 en laiton, dont on peut voir ici un détail.
 
Il marque la position de 44 étoiles.
 
Ici, face arrière avec la signature d’Habermel : Erasmus Habermel fe
 
Inventaire : 38097.
(Photo JPM)
 
 
 
 
 
L’astrolabe arrive en Inde à partir du 16ème siècle, en voici un bel exemple dont le trône est très décoré.
 
L’araignée comprend notamment deux oiseaux pour deux étoiles parmi les étoiles guide.
 
N° d’inventaire : 47376
 
 
Date de 1570 Lahore. En laiton.
 
 
 
 
 
 
 
 
COMMENT UTILISER L’ASTROLABE ?
 
Il existe de nombreuses utilisations de cet instrument (plus d’une centaine), mais ce soir B. Alix nous explique comment lire l’heure, l’heure solaire bien entendu.
 
Par exemple, lire l’heure ce mercredi 14 Mai 2014 dans l’après midi.
 
 
Le dos de l’astrolabe sert à trouver la date, on pointe l’alidade sur cette date : 14 mai ; 24° du début du Taureau.
On mesure la hauteur du Soleil au dessus de l’horizon, attention ne jamais regarder directement dans l’alidade, projeter l’image du Soleil sur sa main ou sur un papier.
On note ici 25°
 
 
 
 
 
Ces deux informations vont nous permettre de lire l’heure sur la face avant de l’astrolabe, comme on le voit sur la diapo ci-contre.
 
 
On lit 16H52, heure solaire.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
On passe à l’heure légale en tenant compte de 3 facteurs :
·        Heure d’été : + 2H (en hiver + 1H)
·        Position de Paris (2°20’ Est) par rapport à Greenwich : soit –9min 20 sec
·        Équation du temps (l’orbite de la Terre n’est pas un cercle parfait) : -3min 41sec
 
Soit 18H 39min approx
 
 
Pour vous faire envie : une des vitrines du musée d’Oxford !!!!
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
 
Les astrolabes par shadows pro.
 
Un classique : les instruments mathématiques anciens par Philippe Dutartre (existe aussi en livre)    un Must !
 
Visite du musée maritime de Greenwich de 2009.
 
Visite du musée maritime de Greenwich avec la SAF en 2011.
 
Visite du Deutsches Museum de Munich.
 
Visite du Musée Galileo de Florence. Une merveille.
 
Porte ouverte à l’Observatoire de Paris sur quelques vieux instruments.
 
Erasmus Habermel, la « fabrique » de la science à la cour de Prague par l’Observatoire de Paris.
 
 
 
 
Bon ciel à tous
 
 
Jean Pierre Martin   Président de la commission de cosmologie de la SAF
www.planetastronomy.com
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