Mise à jour le 24 Octobre 2015
CONFÉRENCE de G Dawidowicz et JP Martin
Membres de la SAF
Organisée par la SAF
Dans ses locaux, 3 rue Beethoven, Paris XVI
Le Samedi 17 Octobre 2015 à 15H00
à l'occasion de la réunion de la Commission de Planétologie.
Photos : JPM pour l'ambiance. (Les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur. Voir les crédits des autres photos si nécessaire
J’ai mis les présentations sur ma liaison ftp elles sont disponibles au téléchargement et s'appellent .
Planetonews-oct2015.zip .
Ils sont dans le dossier PLANETOLOGIE SAF de la saison 2015-2016.
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me contacter avant.
BREF COMPTE RENDU
Aujourd’hui deux panoramas. Enfin, je suis sur l’un d’entre eux !.
Un fait normalement en montant 3 photos et l’autre par Gilles avec son téléphone en mode panorama.
1- Seuls sur Mars
2- Mars : de l’eau liquide, plutôt de la saumure !
3- InSight la nouvelle mission martienne
4- CR complet sur New Horizons, la séance à la cité des sciences et les premières photos de Pluton
5- Rosetta et la comète
6- Cérès par la mission Dawn, des énigmes encore des énigmes
Je serai très bref, étant donné que la présentation ppt est très complète et supporte un grand nombre de vidéos.
SEULS SUR MARS.
Le 7 Octobre 2015, nous avons été invités au cinéma Élysées Biarritz à assister à la projection en avant-première du nouveau film de Ridley Scott tiré du livre d’Andy Weir « Seul sur Mars » (titre original : The Martian) avec Matt Damon. Le film était prolongé par un débat animé par notre ami Gilles Dawidowicz, Président de la commission de planétologie de la SAF.
Les invités du débat (de gauche à droite après Gilles) : Michel Tognini astronaute , Alain Souchier Président de l’association Planète Mars, Francis Rocard Directeur de l’exploration du système solaire au CNES et Olivier de Goursac de la Planetary Society et de APM, grand spécialiste de Mars.
Longue discussion ensuite sur la réalité d’un tel voyage.
Deux vidéos existent en ligne sur cet évènement :
Seul sur Mars - L'avis des scientifiques 5 min
Seul sur Mars - Débat scientifique [Officielle] VF HD 25 min
La bande annonce est dans le ppt.
MARS : DE L’EAU LIQUIDE, DE LA SAUMURE EN FAIT, EN FAIBLE QUANTITÉ.
Fin Septembre 2015, la NASA avait convié tous les journalistes scientifiques à une conférence de presse que seuls les Américains savent faire. Quelques jours avant, ils on fait monter la pression en annonçant une découverte scientifique « majeure » sur Mars.
Bref, on est habitué à ce genre d’annonce, surtout en période budgétaire US, tiens on est justement en période budgétaire, ça tombe bien ! Il faut motiver les membres du Congrès qui votent chaque année le budget de la NASA.
Alors en quoi consiste cette annonce ?
Basées sur les mesures de la sonde MRO (en orbite depuis 2006) avec son spectromètre (Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer for Mars ou CRISM), la NASA avance que de l’eau sous forme liquide se trouve en certains endroits (très peu nombreux) de Mars et à certaines périodes de l’année seulement, de plus cette eau ressemble plus à une saumure (brine en anglais) de sels comme celle utilisée en hiver pour lutter contre le verglas, qu’à un ruisseau d’eau vive.
Ces découvertes ont été faites sur les (fortes) pentes de Mars, elles apparaissent sous la forme de longues coulées noires. Et cela uniquement lorsque les conditions sont favorables, c’est-à-dire que qu’uniquement quand la température est au dessus de -23°C.
Ces trainées sombres (baptisées RSL = Recurring Slope Linea en anglais), les anciennes ravines (gullies) détectées il y a de nombreuses années, disparaissent lorsque la température devient plus froide.
On sait en effet que la présence de sels comme le perchlorate de Mg et de Na ainsi que le chlorate de Mg sont des parfaits éléments favorisant la baisse extrême du point de congélation de l’eau, pouvant aller dans certains jusqu’à -70°C !
Voir les photos et animations dans le ppt
INSIGHT, LA NOUVELLE MISSION MARTIENNE DE LA NASA.
InSight, c’est l’acronyme de INterior exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport. Elle est consacrée à l’étude de l’intérieur de la planète Mars, comme son sigle l’indique.
Les corps rocheux du système solaire, gros et moins gros débutent par une phase d’accrétion, à l’état de poussières grâce aux forces électrostatiques puis ensuite la gravitation prend le relais pour atteindre des dimensions plus ou moins importantes (planètes, satellites ou astéroïdes).
La taille augmentant, l’intérieur se réchauffe et passe à l’état liquide ou pâteux (phase de différentiation), les éléments lourds étant précipités au cœur du noyau. Au cours du temps, ce corps se refroidit, une croûte se forme, un manteau, et une atmosphère aussi. La plupart vont devenir des planètes telluriques comme Mercure, Vénus, la Terre et Mars, leur nombre ayant été probablement plus important au moment de leur formation.
D’autres, moins gros, évolueront vers des corps moins complexes (quoique…), comme des planètes naines ou des astéroïdes.
Ces planètes telluriques sont similaires au point de vue structure, mais certainement pas identiques.
D’ailleurs une des grands questions posées en planétologie est, pourquoi Vénus, la Terre et Mars étant situées plus ou moins dans la zone habitable du Soleil, pourquoi ont elles suivi des chemins si différents ? Elles ont suivi des évolutions différentes dépendant de leur taille, densité, noyau liquide ou non etc. Enfin pourquoi Mars ne possède pas un système de plaques tectoniques ?
Cette mission doit étudier la structure interne de la planète rouge, étudier les processus de formation et en mesurer les paramètres physiques.
On veut pouvoir étudier la « machine Mars », son activité, sa chaleur interne. A-t-elle toujours une activité sismique et volcanique ? Peut-on connaitre l’état de son noyau, est-il encore liquide ?
La mission insight.
La maitrise d’œuvre de cette mission a été confiée au célèbre JPL de Pasadena, gage de qualité et de sérieux car à la pointe de toutes les premières missions spatiales depuis 50 ans. Comme Phoenix, la sonde est fabriquée par Lockheed-Martin Space Systems à Denver, Colorado.
Et comme c’est une mission « low cost » (moins de 500 Millions de $), on fait du neuf avec du vieux !
Il restait de nombreux sous ensembles de la mission Phoenix (celle qui s’est posée près du Pôle N martien en 2007), elle –même une récupération de Mars Surveyor, on va les recycler et y ajouter quelques nouveaux instruments.
Elle est composée d’un atterrisseur fixe, véritable station géophysique, puisqu’elle comprend trois instruments :
· Le SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure) pour étudier l’activité tectonique de la planète ; fourni par le CNES avec participations de l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP), de l’ETH suisse, du Max Planck MPS, de l’Imperial College et du JPL. Donc équipement international.
· Le HP3 (Heat Flow and Physical Properties Package) pour mesurer les échanges de chaleur notamment, instrument fourni par l’agence spatiale allemande DLR. Il pénètre le sol de 5m.
· Le RISE (Rotation and Interior Structure Experiment) doit mesurer les variations éventuelles de l’axe de rotation martienne, il est fourni par le JPL.
L’instrument essentiel : le sismomètre SEIS
L’étude sismique de Mars a été un des buts de la mission des Vikings des années 1976, mais leurs sismomètres n’étaient pas assez performants et les résultats non conclusifs.
C’est donc avec impatience que le monde scientifique attend les résultats de SEIS, matériel beaucoup plus performant que celui des années 1970. Il doit résister aux cocs, aux vibrations et aux radiations.
Cet instrument est sous la responsabilité scientifique de l’Institut de Physique du Globe de Paris, qui a mis au point l’expérience et anime le consortium scientifique, avec plusieurs laboratoires Européens et Américains et plus particulièrement en France le Laboratoire de Géodynamique et de Planétologie de Nantes et l’Institut de l’Aéronautique et de l’Espace de Toulouse. Le maître d’œuvre de
l’expérience est l’Agence Spatiale Française, CNES et la société Sodern.
La fenêtre de lancement est prévue entre les 4 et 30 Mars 2016.
Atterrissage le 28 Septembre 2016.
Opérations sur le sol martien prévu pour 728 jours terrestres.
Fin de mission prévue : 26 Septembre 2018.
PLUTON ET NEW HORIZONS.
Voir les divers CR sur mon site comme :
· L’évènement à la Cité des Sciences
· Le dossier complet sur New Horizons et
Pluton
· Les dernières photos et films
(aussi sur le ppt)
Tout frais sorti de la mémoire de New Horizons :
Photo composite de Charon et des 4 petites lunes de Pluton.
Credit: NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Southwest Research Institute
Les corrections de trajectoire pour se diriger vers l’objet cible dans la ceinture de Kuiper a commence.
ROSETTA ET LA COMÈTE CHURYUMOV-GERASIMENKO
Même si on n’a pas de nouvelles de Philae, la mission se déroule comme prévu.
Rosetta, éloignée de la comète pour des raisons de sécurité, procède à toutes les mesures programmées qui donnent de plus en plus de résultats.
Notamment on a réussi à déterminer que cette comète bilobée, est l’accrétion à vitesse très faible de deux corps plus petits, voilà un mystère de résolu au moins.
Le blog de Rosetta (à voir).
CÉRÈS ET DAWN.
Pendant qu’elle approchait de Cérès, la NASA nous donne à voir un beau montage gif de Cérès sur une rotation complète, on y voit distinctement ces deux points brillants au milieu d’un cratère de 90km de diamètre.
Une première image de Cérès, en fait un croissant, a été prise quelques jours avant la mise en orbite.
Le programme :
La phase scientifique originale prévue est de 14 mois, Dawn va effectuer une série d’orbites polaires à différentes altitudes afin de cartographier la surface entière.
On commencera par une altitude de 13.500km (phase Rotation Characterization #3 ou RC3), ensuite la sonde va spiraler jusqu’à une altitude de 4430km et effectuera des vues dans le visible et dans l’IR.
Puis on descendra jusqu’à 1480km d’altitude.
Arrivé en Août 2015, Dawn s’adonne pendant deux mois à une phase de cartographie de haute altitude (HAMO), afin d’obtenir des vues globales de Cérès ainsi que des vues stéréo 3D.
À la fin de cette période, on spirale de plus en plus près de Cérès pendant deux mois avant de faire un véritable rase-mottes à 375km d’altitude (low-altitude mapping orbit ou LAMO) permettant ainsi la mesure à l’aide du détecteur de Neutrons et de Gamma (GRaND gamma ray and neutron detector) qui devraient analyser le sol, de même des mesures de gravité auront lieu.
On s’approchera alors de la fin de la mission, car le carburant (hydrazine) commencera à manquer.
À l’épuisement du carburant, la sonde sera inopérante, incapable de pointer ses instruments, de commander son moteur ionique ou de diriger ses antennes vers la Terre.
Dawn restera en orbite autour de Cérès, mais sans vie, seule trace de la présence de l’intelligence humaine dans ce coin du système solaire.
Voici la dernière image haute résolution du cratère Occator (90km de diamètre) avec les mystérieux points brillants (les « bright spots » comme disent les
américains) dont l’albédo est relativement élevé, approx 0,5.
Certains sont tellement lumineux qu’ils saturent la caméra d’ailleurs.
Photo prise pendant l’orbite appelée HAMO (High Altitude Mapping Orbit) de1470km d’altitude, la résolution est de 140m par pixel.
On a aussi imagé ce cratère en relief (vue oblique) la vue existe aussi en couleur dépendant de l’altitude.
Il y a une différence de niveau de 6000m entre les points les plus bas (en bleu) du cratère et les bords (en marron).
Les scientifiques sont très perplexes à propos de l’origine de ces points brillants, serait-ce une résurgence d’eau située sous la surface ?
En effet, nombreux sont les planétologues à penser que Cérès abriterait un océan liquide sous la surface.
Cérès serait un corps particulier dans le système solaire, intermédiaire entre les corps glacés du fin fond du système solaire avec leurs surfaces dures en glace d’eau et les planètes de type terrestre comme Mars ou la Terre qui peuvent avoir de la glace et de l’eau à la surface, ou l’ont eu dans le passé.
Ces points brillants, pourraient donc bien être une évaporation due à une eau salée par exemple, ces « fuites » pourraient déposer du sel et l’eau elle-même se sublimer.
L’albédo de l’ordre de 50% nous a mis sur la voie, par comparaison avec la Terre, les résurgences d’eau dans les déserts déposent du sel dont la réflectivité est comparable aux bright spots de Cérès.
Par contre on n’a pas à ce jour découvert de geysers en éruption comme sur Encelade.
Pour avoir plus d’information sur cette curieuse formation, il faudra utiliser la caméra allemande et le spectromètre IR et dans le visible de nos amis italiens. On n’a pas encore de résultats.
Dawn grâce à sa propulsion ionique (lente mais continue !) doit changer d’orbite à partir du 23 Octobre 2015 et se rapprocher de la surface (orbite LAMO) jusqu’au 15 Décembre, à ce moment on aura des données plus fiables des spectromètres et ainsi obtenir les compositions recherchées.
LE MYSTÈRE DE LA GRANDE PYRAMIDE.
Elle a été rephotographiée de l’orbite actuelle; elle est située dans l’hémisphère sud et s’élève jusqu’à 6000m.
Ses flancs sont très abrupts et aucun débris ne semble être accumulé à sa base.
Elle est toujours aussi mystérieuse.
Prochaines réunions de la commission de Planétologie :
· Samedi 19 Décembre 15H au siège (si le chauffage est réparé !)
· Samedi 16 Avril 2016 15H au siège
Notez dès à présent la date de la journée des commissions de la SAF : le samedi 21 Mai 2016 à l’École des Mines, on apprécierait votre présence à tous pour cette journée.
Marquez ces dates dans vos agendas
Bon ciel à tous
Jean Pierre Martin SAF Commission de Planétologie
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