Mise à jour le 11 Juin 2017
CONFÉRENCE
«ALMA, À LA RECHERCHE DE NOS ORIGINES COSMIQUES»
Par Pierre COX Directeur de l’Observatoire ALMA
Organisée par l'IAP (exceptionnellement à l’Amphi Farabeuf)
98 bis Bd Arago, Paris 14ème
Le Mardi 6 Juin 2017 à 19H30
Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent
m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur. Voir les crédits des autres photos
Vidéos des conférences proposées par l’IAP
sur Canal U
BREF COMPTE RENDU
Pierre Cox est astronome, mais il aurait pu devenir musicien comme il nous le signale. Il passe par le célèbre IAS (Institut d’Astrophysique Spatiale) d’Orsay, puis il devient Directeur de
l’IRAM (Institut de Radioastronomie Millimétrique)
En 2013 il est nommé Directeur du nouvel Observatoire ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), le plus grand site de radiotélescopes du
monde.
Ce site comprend 66 antennes géantes (de 7 et 12 m de diamètre) posées sur le plateau de Chajnantor, dans le désert d’Atacama, au nord du Chili, à 5 000
mètres d’altitude.
D’après le texte de l’ESO :
L'ESO exploite le grand réseau d'antennes millimétrique/submillimétrique de l'Atacama (ALMA), avec ses partenaires internationaux, sur le haut plateau de
Chajnantor, dans les Andes chilienne. ALMA est un télescope de pointe dédié à l'étude du rayonnement provenant des objets les plus froids de l'Univers. Ce rayonnement appelé millimétrique et submillimétrique, car possédant une longueur d'onde de l'ordre du millimètre, se situe entre le rayonnement infrarouge et les ondes radios. ALMA est composée de 66 antennes de grandes précisions réparties à des distances pouvant aller jusqu'à 16 kilomètres. Cette collaboration dans sa globalité constitue le plus grand
projet existant pour l'astronomie au sol
Qu'est-ce que l'astronomie submillimétrique ?
A ces longueurs d'onde, le rayonnement émane de gigantesques nuages froids intersidéraux ayant des températures de quelques dizaines de degrés au-dessus du
zéro absolu, mais aussi des toutes premières galaxies. Les astronomes utilisent ce rayonnement pour étudier les conditions chimiques et physiques régnant dans les nuages moléculaires, des régions denses de gaz et de poussières où les étoiles naissent. Ces régions sont obscures et opaques à la lumière visible, mais transparentes dans la partie millimétrique et submillimétrique du spectre électromagnétique.
Illustration Crédit: ALMA
(ESO/NAOJ/NRAO)/W. Garnier (ALMA)
Pourquoi construire ALMA sur les hauteurs andines ?
Le rayonnement millimétrique et submillimétrique ouvre une nouvelle fenêtre sur l'univers froid, encore énigmatique, mais ce rayonnement est absorbé par la
vapeur d'eau contenue dans l'atmosphère terrestre. Aussi, les télescopes observant dans ce domaine de longueurs d'onde doivent être construits sur des sites élevés et secs tel que le plateau de Chajnantor à 5 000 mètres d'altitude, un des plus hauts observatoires astronomiques sur Terre.
Le site d'ALMA, situé à quelques 50 km à l'est du village de San Pedro de Atacama au nord du Chili est un des endroits les plus arides sur Terre. Les
astronomes y trouvent des conditions inégalées pour les observations, mais cela exige de faire fonctionner un observatoire de pointe dans des conditions extrêmes. En effet, Chajnantor dépasse en altitude de 750 m l'observatoire de Mauna Kea, à Hawaii et de 2400 m le VLT à Cerro Paranal.
ALMA est un observatoire unique de conception révolutionnaire, composé de soixante six antennes de haute précision et opérant dans la gamme de longueurs d'onde
de 0,32 à 3,6 mm. Le réseau principal comporte cinquante antennes de 12 mètres de diamètre, utilisées ensemble comme un télescope unique – un interféromètre. Un réseau compact composé de quatre antennes de 12 mètres de diamètre et de douze antennes de 7 mètres de diamètre le complète. Les soixante six antennes d'ALMA peuvent être organisées dans différentes configurations et la distance entre les antennes peut varier de 150 mètres à 16 kilomètres, donnant à ALMA une formidable capacité de zoom. ALMA sera
capable de scruter l'Univers aux longueurs d'onde millimétriques et sub-millimétriques avec une sensibilité et un pouvoir de séparation angulaire inégalés. Sa vision sera 10 fois plus précise que celle du Télescope Spatial Hubble et complétera les images réalisées avec l'interféromètre du Very Large Telescope (VLTI).
Donc ALMA est un réseau de 66 antennes basé sur le principe de synthèse d’ouverture
(interférométrie) et pouvant être mis ensemble afin d’obtenir une énorme antenne de 16km de diamètre au maximum.
Ces antennes sont donc à 5000m, mais tout le monde vit plus bas à 3000m où est située la salle de contrôle, c’est aussi de là que l’on déplace les antennes. Elles tournent aussi afin de suivre la rotation de la
Terre.
La radioastronomie s’intéresse au rayonnement millimétrique ou sub millimétrique, c’est-à-dire principalement aux objets froids :
·
Formation des étoiles
·
Nuages interstellaires
·
Disques protoplanétaires
Mais pourquoi le Chili ?
La vapeur d’eau de l’atmosphère absorbe les rayonnements mm
Donc il faut être situé en altitude pour avoir le moins d’épaisseur d’atmosphère. On remarque le peu de nuages au dessus de cette région
très aride, aridité due à l’influence conjuguée du courant froid de Humboldt le long de la côte pacifique du Chili et les hautes montagnes des Andes qui bloquent les perturbations.
C’est un site unique aussi car :
·
La base et le site sont séparés de 20km par une route fermée la nuit
·
C’est un site isolé
·
Le personnel vit et travaille sur le site
·
Mais le temps peut être traitre par moment (blizzard..) et volcan très proche.
ALMA c’est le projet de 22 pays et de 3 régions du globe.
Il y a quatre types d’antennes avec 3 fabricants, chacun issu d’une des régions.
La précision de l’usinage de surface (fibre de carbone) est de 12 microns !
Les données recueillies sont transmises aux 3 régions.
QUE FAIT ALMA :
Le système solaire.
Il observe aussi le Soleil comme on le voit dans cet article.
Et i s’intéresse aux astéroïdes, comme ici avec Juno.
On voit ici une animation de Juno due à ALMA
De la poussière d’étoiles aux planètes.
L’émergence de la complexité !
Gaz moléculaire
à
disque accrétion à
étoile à
planètes
Les disques proto planétaires vues avant et après ALMA :
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Au niveau des étoiles :
Des bras spiraux ont été trouvés au sein de l’anneau de poussières de la jeune étoile AB Aurigae
Cela pourrait signifier la présence de deux planètes l’une située à 80UA et l’autre à 30UA.
Le disque de Fomalhaut.
Alma étudie le disque de poussières autour de la jeune étoile Fomalhaut (440Ma) et proche (25al), probablement le signe d’une présence planétaire.
D’ailleurs il semble même que les dernières mesures semblent indiquer qu’il pourrait s’agir de deux planètes comme on le voit sur ce dessin d’artiste.
Ce disque de poussières serait situé à 1 milliard de km (140 UA) de son étoile.
Relevés d’Alma concernant Fomalhaut (à gauche) et Alma et HST à droite. (M Mc Gregor et al.)
On recherche et on trouve des molécules organiques dans des disques proto planétaires : par exemple CH3CN (Cyanure de Méthyl) dans le disque de MWC 80. Les
cyanures sont importants car ils contiennent les liens azote-carbone essentiels pour la formation des acides aminés.
Grâce à ALMA, on commence à explorer systématiquement la chimie la chimie des proto étoiles.
Il existe un projet : PROTOSTELLAR INTERFEROMETRIC LINE SURVEY (PILS) auquel Alma participe, qui doit permettre d’étudier les possibilités de vie autour
de jeunes étoiles.
Alma et les trous noirs.
Alma s’intéresse aux trous noirs, cet observatoire vient de montrer que des jets radio d’un TNSM (Trou noir super massif), comme ceux situés au centre des galaxies ; peut produire du gaz moléculaire et mener à la
production d’étoiles.
On voit ici une image composite (Alma Chandra) du TNSM au centre d’une galaxie de l’amas du Phénix. Le gaz froid (en rouge) donnera naissance à des étoiles.
NGC 1097 est une galaxie spirale située à 45 Mal de nous, Alma a réussi à mesurer la masse de son trou noir central en se basant sur le mouvement du gaz (HCN et HCO+ notamment)
et sa distribution.
140 millions de masses solaires, telle est sa masse.
Technique très prometteuse pour le futur.
Alma devrait participer à l’élaboration du télescope virtuel Event Horizon Telescope qui est un ensemble de
radio télescopes répartis sur toute la planète.
Il devrait nous permettre de « voir » notre trou noir central ou plutôt la surface de son horizon des évènements.
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ALMA devrait nous aider à sonder l’époque de la formation des premières galaxies. |
Merci Pierre Cox pour cette très intéressante présentation. |
POUR ALLER PLUS LOIN :
Instrumentation et Observation en Radioastronomie par Philippe Zarka
NOEMA & ALMA: la radioastronomie sub/millimétrique par Frédéric Gueth IRAM
Alma observations of asteroid 3 Juno at 60 kilometer resolution
ALMA :.premières découvertes après l’inauguration dans un astronews
ALMA :. il révèle la naissance de planètes autour d’une jeune étoile! Dans un astronews
L’étoile HL Tauri, une usine à planètes située à 450 années-lumière de notre Terre par Trust my science
A Complete ALMA Map of the Fomalhaut Debris Disk par astrobiology.com
Le jeune système planétaire de Fomalhaut sous l’œil d’Alma par le cosmographe.
Astronomers Found Spirals
Inside a Dust Gap of a Young Star Forming Disk
A Measurement of the Black-Hole Mass in NGC 1097 using ALMA
A Measurement of the Black Hole Mass in NGC 1097 using ALMA par
Kyoko Onishi
Black-Hole-Powered Jets Forge Fuel for Star Formation
Le trou noir qui favorise la production d'étoiles par ça se passe là haut.
The ALMA Protostellar Interferometric Line Survey (PILS): First results
Bon ciel à tous !
Jean Pierre Martin .Commission de Cosmologie de la SAF.
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