Mise à jour 16 Janvier 2018
CONFÉRENCE MENSUELLE
DE LA SAF
«UNE VIE D’ASTRONAUTE ET DE NOUVELLES MISSIONS»
Par Claudie HAIGNERÉ
Astronaute de l’ESA,
ancienne Ministre et Président d’Universcience
À TelecomParisTech
46 rue Barrault Paris 13.
Le Vendredi 12
Janvier 2018 à 19H00 Amphi Thévenin
Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution
peuvent m'être
demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.
Voir les crédits des autres photos et des animations.
Le conférencier a eu la gentillesse de nous donner sa
présentation sur les villages lunaires, elle est disponible sur
ma liaison ftp et se nomme :
CH-The Moon Village-SAF.pdf, qui
se trouve dans le dossier CONF-MENSUELLES-SAF/ saison 2017-2018. .
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me
contacter avant.
Cette conférence a été filmée en vidéo (grâce à UNICNAM et IDF
TV) et est accessible sur Internet
On la trouve à cette adresse
https://www.youtube.com/playlist?list=PLM_NLeMfZ9TqBSggjX0oLOLx__oUWUfW8
Claudie Haigneré, est astronaute de l’ESA, médecin et spécialiste
en neurosciences.
Elle a été Présidente d’Universcience et ministre délégué à la
recherche et plus tard des affaires européennes.
Elle va nous parler de sa vie d’astronaute, elle a connu la
station MIR et l’ISS, elle a été deux fois dans l’espace.
Elle est maintenant en poste à Paris au siège de l’ESA et va nous
parler de ses nouvelles activités
Sa vie d’astronaute : dans les années 1990 elle est responsable
de la médecine spatiale au CNES, elle est sélectionnée pour faire partie des
astronautes (dans ce cas, des cosmonautes) et est acceptée pour
la mission franco-russe
Cassiopée à bord de la station MIR en 1996.
Elle devient la première femme française dans l’espace grâce à la
mission Cassiopée.
C'était le huitième vol d'un Français dans l'espace (dont un au
titre de l'ESA) et le cinquième réalisé dans le cadre de la coopération entre le
CNES et l'agence spatiale russe RKA.
Sa mission durera 16 jours, elle décolle de Baïkonour à l’aide
d’une fusée Soyuz avec ses deux collègues russes Valéri Korzoun et Alexandre
Kaléri.
Claudie avant de monter dans le bus (17 Aout 1996) l’amenant au
pas de tir (Photo PIF)
Elle procède avec succès à des expériences de cardiologie, de
physiologie neurosensorielle et de biologie animale.
Retour sur terre le 2 Septembre
avec la capsule Soyuz, atterrissage « viril » mais Claudie garde le
sourire.
Mission accomplie, elle veut retourner dans l’espace !
Il y a une courte vidéo sur cette mission, que voici :
Et une vidéo plus complète : https://youtu.be/6_yIsLwI0H4
Elle rejoint d’abord la
Cité des Étoiles à Moscou (cité secrète à l’époque) où elle devient
astronaute remplaçante de la mission Perseus.
Elle s’entraine comme ingénieur de bord.
Elle est ensuite intégrée au corps européen des astronautes de
l’ESA, mais elle ne peut plus se passer de la Russie, elle y retourne afin de
préparer une mission vers l’ISS cette fois.
Ce sera la mission Andromède. Elle y rencontrera
son futur
mari.
21 Octobre 2001, départ de
la mission Andromède,
arrimage à l’ISS.
Principal objectif de cette mission : convoyer jusqu’à l’ISS un
nouveau type de Soyuz,
devant servir de secours à l’équipage.
Celui amarré à la station servira de véhicule de retour à cet
équipage.
Autre mission : les sciences de la vie et biologie.
Le vaisseau Soyuz est composé de trois parties, de gauche à
droite : module orbital, module de descente/rentrée et module de service.
Notre astronaute remplit parfaitement ses expériences et revient
sur Terre le 31 Octobre 2001, comme pour la première mission
à bord d’un Soyuz.
Photo : NASA
L’équipage de la
mission Andromède : Constantin Koseev, le commandant Victor Afanassiev et
Claudie Haigneré.
Elle nous présente un film assez détaillé sur cette mission, je
l’ai retrouvé sur le site de l’ESA, le voici : (je ne l’ai pas sur YouTube)
http://www.esa.int/esatv/Videos/Undated/Andromede_Mission_Summary
À son retour, elle devient ministre déléguée à la Recherche et
aux Nouvelles technologies et ministre déléguée aux Affaires européennes, puis
Présidente d'Universcience (regroupe Palais de la Découverte et Cité des
Sciences).
Elle est aujourd'hui conseillère auprès du président de l'Agence
spatiale européenne.
Public attentif comme
toujours.
Et c’est en tant que conseillère qu’elle nous parle de sa
nouvelle mission à l’ESA : promouvoir
les villages lunaires.
(Reprise en partie d’un article que j’ai écrit sur le sujet il y
a peu)
Va-t-on enfin retourner sur la Lune ????
Il semblerait qu’il y ait un mouvement général dans les agences
spatiales internationales pour répondre oui à cette lancinante question.
Du côté de l’ESA, Jan Wörner, son directeur général annonce la
volonté de vouloir construire une base lunaire permanente.
Une base ouverte à tous mais sous quelles conditions ?
Évidemment on pense tout de suite aux difficultés de la
construction et du transport des matériaux de la Terre vers la Lune.
De plus une telle station est exposée aux rayonnements en
provenance de l’espace et aux météorites et aux variations extrêmes de
température (la Lune ne possède pas d’atmosphère), comment s’en protéger ?
Où la situer ? Probablement au pôle Sud dans un des cratères
exposés en permanence au Soleil (par exemple le Shackleton Crater) et où de la
glace a été détectée.
Et c’est là que le projet est innovant,
on va utiliser les
matériaux et ressources de notre satellite.
Claudie Haigneré nous présente un power point très détaillé sur
le sujet.
Exemple de base lunaire
(crédit Foster & partners et ESA)
On
pense que le régolithe lunaire pourrait servir de protection aux habitats amenés
depuis la Terre, comment ?
En le travaillant grâce à une imprimante
3D automatique et géante qui fabriquerait des briques de revêtement des
modules habités (par exemple des dômes gonflables) et qui l’es appliqueraient
couche par couche.
Non, vous ne rêvez pas, on l’a simulé sur Terre avec de la
matière analogue au sol lunaire et ça marche.
Une photo
d’un prototype d’imprimante 3D lunaire.
De nombreuses sociétés sont sur les rangs pour fournir une telle
imprimante.
3D-printing a lunar base,
une vidéo explicative.
Ce changement de paradigme, qui a été nommé
espace 4.0 est un
mouvement de fond dans le secteur spatial.
Ce village lunaire, serait
une coopération mondiale, il devrait permettre de nouvelles expériences et de
nouvelles techniques pour peut-être un jour représenter la première étape vers
les astéroïdes, vers Mars ….
Coupe de ce que pourrait être l’intérieur d’une de ces bases
lunaires.
Exemple de base lunaire (crédit Foster & partners et ESA)
Bien entendu, de nouvelles techniques doivent être mises au
point, mais ce n’est qu’une question de temps, nous avons la technologie pour
cela. Même si les premières missions ne devraient pas coûter énormément, on peut
commencer petit, avec un atterrisseur et un robot, il faut quand même ALLER sur
la Lune, or, nous les Européens, nous n’en avons pas les moyens pour le moment
!! Il est là le hic !
Alors comme toujours on va se tourner vers les Américains ou les
Russes, qui eux-mêmes sont intéressés par une telle base.
Et que dire de la Chine ? Une coopération ESA-Chine est-elle
possible ? Elle est interdite en tous cas pour les Américains.
Et du côté des privés, Elon Musk (SpaceX) et Jeff Bezos (Blue
Origin), vont-ils rester sans projets lunaires ?
Ils vont surement être aussi des acteurs incontournables de ce
nouveau projet.
De nouveaux projets précurseurs avant ce village voient le jour,
comme des robots envoyés en explorateurs par toutes les nations spatiales : USA,
Russie, Europe, mais aussi Inde et Chine.
Tout
ceci devant s’articuler dans le grand projet présenté par la NASA pour le futur
proche : le DSP : Deep
Space Gateway.
Son but, notamment, mettre une nouvelle station spatiale en
orbite lunaire vers les points de Lagrange, dans une sorte d’orbite halo.
Une première marche vers la Lune. Ce pourrait être une version
mini de l’ISS avec 4 modules principaux
Cet habitat pourrait accueillir 4 membres d’équipage pendant 1 à
2 mois. Les modules seraient plus grands qu’Orion.
Mise en service prévue: 2020 ou au-delà!
Illustration : NASA
Il y a aussi des projets moins traditionnels comme le
Lunar X-Prize de Google ainsi que
d’autres.
Bref, tous ces nouveaux projets devraient galvaniser la
communauté astronautique internationale, alors que la fin approche pour l’ISS,
cela devrait
devenir le nouveau défi pour la deuxième moitié des années 2030 !
Et Claudie Haigneré de conclure sur l’utilité de ces villages
lunaires :
ET Non, cela n’est pas
inutile dans notre société en crise économique et en défaut de vision
d’avenir. Stop au déclinisme et au repli sur soi !
Au contraire, c’est un
investissement d’avenir :
- c’est se donner les
moyens de préserver notre présent sur terre en trouvant des solutions innovantes
à nos enjeux globaux, ceux de notre humanité au-delà de la préservation de notre
planète (changement climatique, gestion des ressources, nouvelles sources
d’énergie) ,
- c’est maintenir un haut
niveau de créativité (penser et vivre autrement)
- c’est développer notre
intelligence scientifique et technique (avec des ingénieurs motivés par des
grands projets novateurs),
- et bien sûr,
c’est préparer
l’avenir pour des missions d’exploration plus lointaine dont Mars fait
partie.
Merci Claudie de nous avoir fait rêver !
POUR ALLER PLUS LOIN :
http://www.air-cosmos.com/les-20-ans-de-la-mission-cassiopee-81457
La
mission Cassiopée en détail par Le Creusot
Claudie Haigneré et la mission Andromède, dossier de Futura Sciences
Claudie Haigneré, l’aventure continue, article du Figaro Madame.
Le 17 août 1996, une Française propulsée dans l'espace article du Parisien.
Building a lunar base with 3D printing par l’ESA.
En version fançaise.
ESA Moon Village – what it
really is?
Moon village the first stop
to Mars: ESA par
Phys.org
MOON VILLAGE COMING: Space
agency boss says moon-base will be built ‘SOON
La Chine veut participer au projet du village sur la Lune de l'ESA par
Futura Sciences
Deep Space Gateway to Open
Opportunities for Distant Destinations
Where Do We Go Next?
Building the Deep Space Gateway,
article de Universe Today
Prochaine conférence
mensuelle de la SAF :
Vendredi 16 Février 2018 19H00
CONFÉRENCE DE JEAN PIERRE LUMINET
Astrophysicien LuTh et LAM
SUR
«
LES FORMES DE L’ESPACE : DU TROU DE VER
AU MULTIVERS »
COMPLET COMPLET
Entrée libre mais
réservation obligatoire.
(Vigipirate) À partir du 13 Janvier 2018 09H00
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin Président
de la commission de cosmologie de la SAF
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