Mise à jour le 17 Janvier 2018
CONFÉRENCE de
Michèle GUIOT
Professeur de Maths,
étudiante à l’Obs de Paris
(Diplôme
universitaire sur…Mars sous la direction d’A Doressoudiram)
sur « 60 ans
d’exploration de Mars, bilan et perspectives »
Organisée par la SAF
Dans ses locaux, 3
rue Beethoven, Paris XVI
Le Samedi 13 Janvier
2018 à 15H00
à l'occasion de la réunion de la Commission de Planétologie.
Photos : JPM pour l'ambiance. (Les photos avec plus de résolution
peuvent m'être
demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur. Voir
les crédits des autres photos si nécessaire
J’ai mis la présentation des actualités
sur ma liaison ftp
elle est disponible au téléchargement et s’appelle.
60ans Mars-M-Guiot-planeto.pdf
Elle est dans le dossier PLANETOLOGIE SAF de la saison 2017-2018.
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent
me contacter avant.
BREF COMPTE RENDU
Cette présentation fait une synthèse des missions passées ou en
cours, présente ensuite quelques-unes des avancées sur les connaissances de Mars
faites grâce à ces missions et aborde aussi la question des futures missions.
Michèle est aussi membre de la commission de planétologie
Elle a soutenu son diplôme d’Université sous la direction d’Alain
Doressoundiram en 2016/2017 ; on le trouve aussi à disposition dans les
documents à télécharger (Exploration de Mars _Michèle
Guiot_pdf) avec sa présentation.
Nous commencerons par un panorama général des missions spatiales
depuis 60 ans.
Puis nous développerons quelques contributions de ces missions
dans différents domaines : captures d’images, relief, eau, atmosphère…
Enfin nous évoquerons quelques missions futures qui devraient
apporter des réponses aux nombreuses questions qui se posent encore.
Présentation classique de la planète Mars :
La Terre et Mars sont toutes deux dans cette zone habitable.
Mars est à 230 millions de km du soleil .Elle a un rayon 2 fois
plus petit que la Terre, une obliquité voisine (25° contre 23° pour la Terre),
elle a donc aussi des saisons. La durée des jours martiens est très proche de la
nôtre (24H37min), une année dure 2 fois plus longtemps.
Il faut au minimum 6 mois pour atteindre Mars, en choisissant des
conditions optimales qui ne se retrouvent que tous les 2 ans.
Ce diagramme représente le panorama général des 43 missions
spatiales martiennes depuis 60 ans, en commençant par le haut. En marron ou
jaune, les missions russes, en bleu foncé les missions américaines, en bleu
clair les missions européennes. Les croix rouges sont des échecs. Au début, on a
de simples survols (flyby) de Mars, puis viennent les mises en orbite (orbiter),
enfin les atterrissages d’atterrisseurs fixes (lander) et d’atterrisseurs
mobiles (rovers).
Clic sur
l’image pour voir tous les détails.
Une autre image est représentative de toutes les missions
martiennes, elle n’est bien visible qu’en
haute
résolution, là voici.
Synthèse des missions martiennes :
Le tableau de gauche (date de 2017) reprend le nombre de missions
et d’échecs par pays.Vous pouvez voir que la Russie n’a pas eu de chance avec
ses missions martiennes. Mais les États-Unis ont connu 5 échecs sur des missions
parfois très coûteuses.
Au total, sur 43 missions, 22 ont été des échecs,
soit plus de la moitié.
Dans le tableau du milieu, figurent les deux rovers américains
opérationnels en 2017 et à droite les orbiteurs opérationnels à cette date.
On peut aussi voir cette représentation de la plupart
des
sondes et robots martiens du site HistroricSpacecraft
La famille des rovers US.
L’évolution des rovers au cours des années, tous ces rovers sont
sortis des fertiles cerveaux du JPL à Pasadena Californie.
·
Le plus petit : Sojourner de la mission
Pathfinder des années 1996/97 (10kg)
·
À gauche le robot MER (Spirit et Opportunity) qui
se sont posés en 2004 (Opportunity a parcouru 45km) 184kg
·
À droite, le plus gros de la famille, le rover
Curiosty qui a atterri en 2012 (a parcouru 18km à ce jour, énergie nucléaire).
900kg
On passe en revue le relief martien : les dômes de Tharsis, le
volcan Olympus Mons, Valles Marineris etc…
À propos d’Olympus Mons, c’est un volcan bouclier, étendu et
formé par des laves fluides.
Les volcans boucliers de Mars ont des altitudes faramineuses à
cause de l’absence de mouvements tectoniques et de l’accumulation de la lave en
un même point chaud. (Contrairement aux volcans hawaïens par exemple qui sont
multiples à cause de la tectonique des plaques)
Sa dernière activité remonterait à 100 millions d’années, mais
ceci est controversé : les observations tendraient à prouver qu’une activité
volcanique pourrait s’être produite il y a quelques millions d’années seulement.
Carte topographique des
2 hémisphères martiens, due à
MGS et à son
altimètre laser IR, le MOLA, très précis (précision 13m !!!).
Les taches bleues sont des zones de basse altitude.
Le niveau 0 a été défini comme celui où la pression atmosphérique
est de 6 mb en moyenne.
Cette pression correspond au point triple de l’eau à une
température de 0°.
À gauche, dans l’hémisphère Ouest, nous pouvons voir un cratère
d’impact, Argyre, et Olympus Mons, sur le bord ouest du dôme de Tharsis. Des
vallées de débâcle bien visibles débouchent dans la plaine Chryse.
À droite, dans l’hémisphère Est, on visualise bien la différence
d’altitude entre les basses plaines du Nord et les hauts plateaux du Sud.
La tache bleue très foncée en bas représente Hellas, un énorme
cratère d’impact profond de plus de 8 km.
Il y a une réelle
dichotomie entre les
deux hémisphères. Nous ne connaissons pas encore l’origine de cette
dichotomie, qui se serait formée dès le début de l’histoire de Mars.
Une équipe du CNRS et
S. Bouley de Paris Sud travaillent sur une hypothèse qui pourrait expliquer
cette dichotomie.
Michèle nous présente ensuite une coupe altimétrique très
intéressante de Mars, elle est faite au méridien zéro.
Coupe effectuée au
niveau du méridien zéro avec le MOLA.
Le méridien 0 a été
défini en 1830 par des astronomes comme celui passant par un cratère bien
visible, le cratère d’Airy.
Du pôle Nord à gauche, au pôle Sud à droite, on retrouve les
basses plaines et les hauts plateaux, en passant par la transition d’Arabia
Terra.
Les pôles culminent à cause d’accumulation de poussières piégées
dans les glaces.
Les
différentes ères martiennes.
On date les terrains martiens à l’aide des nombres de cratères et
ceci en comparaison avec ceux de la Lune.
Les échantillons ramenés par Apollo ont permis de dater de façon
absolue ces terrains en établissant une correspondance entre le nombre de
cratères et l’âge. Plus il y a de cratères, plus le terrain est ancien. Cette
méthode a été adaptée à Mars, grâce à un comptage précis des cratères permis par
la caméra haute résolution HRSC de Mars Express
On définit 3 ères géologiques (échelle Hartmann et Neukum) :
(voir aussi
Wikipedia)
1. Le Noachien, qui correspond
aux terrains fortement cratérisés de l’hémisphère sud. Mars avait alors un champ
magnétique, une atmosphère épaisse. On suppose qu’avec l’effet de serre, le
climat a pu être plus chaud, et que l’eau a pu couler en surface.
La fin du Noachien a été marquée par le grand bombardement tardif
qui a creusé les énormes cratères d’impact Hellas et Argyre. Comme ils n’ont pas
de trace de champ magnétique, on pense que celui-ci a disparu avant leur
formation. La disparition de ce champ magnétique va entraîner le changement
climatique sur Mars.
2. L’Hespérien, dont les
terrains sont moins cratérisés, est marqué par une intense activité volcanique.
La lave recouvre alors les basses plaines du Nord. Mais l’absence de champ
magnétique provoque l’échappement de l’atmosphère et le refroidissement rapide
du coeur de la planète à cause de sa petite taille. Le climat refroidit, l’eau
gèle et s’enfouit dans le sol.
3. L’Amazonien, qui
caractérise les terrains les moins cratérisés de l’hémisphère Nord. À cause du
refroidissement, l’intensité volcanique diminue au fil du temps. Le climat est
sec et froid.
Si Mars a gardé à sa surface une bonne partie de son histoire
géologique à cause de l’absence de tectonique de plaques, le volcanisme très
important à certaines périodes a effacé des traces de son histoire.
Une autre échelle chronologique, basée sur les minéraux, a pu
être définie grâce aux observations des sondes spatiales, elle a été définie par
notre ami Jean Pierre Bibring :
Elle est basée sur les cartes d’abondance de minéraux fournies par les orbiteurs. Son
échelle distingue également 3 périodes, aux mêmes dates que l’échelle précédente
JPB est responsable du spectro imageur OMEGA de Mars Express
Les
vallées et l’eau.
Il y a sur Mars deux types de vallées bien distincts
correspondant à des temps géologiques différents.
·
Les réseaux fluviatiles se retrouvent sur les
terrains anciens de l’hémisphère sud. On estime leurs débits à quelques milliers
de m3/s, comparables à celui du fleuve Danube actuellement. Un bel exemple est
la vallée Nirgal.
Correspondent-elles comme le pense S Bouley au basculement de Mars (dû au dôme
Tharsis) qui aurait entrainé un glissement de la croûte ?
·
Les vallées de débâcle datent d’une époque où le
volcanisme était intense. Elles sont plus récentes que les précédentes. Elles
avaient des débits de plusieurs centaines de milliers de m3/s, beaucoup plus
élevés que celui du fleuve Amazone aujourd’hui. Elles peuvent faire jusqu’à 500
km de large. Exemple ces fleuves qui débouchent dans
Chryse Planitia.
Il y a aussi le mystère
des ravines (gullies) qui se forment sur les pentes froides en hiver.
On n’est pas certains qu’elles soient dues
qu’à un écoulement liquide.
Il semble bien que l’on ait trouvé
une explication sur ces coulures noires périodiques observées sur certaines
pentes de Mars.
Y a-t-il eu un océan dans l’hémisphère Nord?
C’est une question encore controversée : La plaine Chryse a été
recouverte par la lave, et seuls subsistent quelques signes qui pourraient
accréditer l’hypothèse d’un océan
Les calottes polaires sont différentes l’une l’autre,
·
la calotte Nord est constituée de glace d’eau, et
s’étend sur une largeur de 1000 km, avec une épaisseur de 3 km.
·
la calotte Sud est constituée d’un mélange de
glace d’eau et de glace de CO2. Elle fait 400 km de large.
Ces deux calottes se couvrent en plus de givre de CO2 en hiver,
en été celle-ci se sublime et va se condenser sur la calotte du pôle opposé.
Une grande quantité de poussière reste piégée dans la glace,
cette accumulation de poussières est à l’origine de la haute altitude des pôles.
On ne se pose donc plus de question concernant l’eau sur Mars,
elle a coulé dans un passé lointain, c’est à peu près sûr.
D’ailleurs la sonde Mars Odyssey, équipée d’un détecteur de
neutrons a mis au jour des concentrations d’H (donc d’eau) dans de nombreux
endroits sur Mars comme on le voit sur la carte en bleu ci dessus. Elle
représente l’abondance de l’eau jusqu’à 2m de profondeur.
L’atmosphère.
On sait que Mars a perdu son atmosphère à cause de deux facteurs
principalement :
·
Absence de champ magnétique (Mars plus petite que
la Terre s’est refroidie plus vite, le noyau s’est figé !) protégeant la planète
du vent solaire, celui-ci a balayé la planète de son atmosphère.
·
La planète étant plus petite, sa gravité est plus
faible que la Terre, cela participe aussi à l’échappement de l’atmosphère dans
l’espace
Mars a perdu une grande partie de son atmosphère. Ce schéma nous
montre par quels processus les ultraviolets et le vent solaire représentés à
gauche font s’échapper l’atmosphère de Mars représentée à droite.
Le vent solaire et son champ magnétique ionisent des molécules et
projettent ces ions dans la haute atmosphère d’où ils s’échappent. C’est
l’échappement ionique indiqué en brun sur le schéma.
O
Les
questions en suspens.
Les nombreuses missions spatiales ont répondu à de nombreuses
questions, mais en ont fait poser beaucoup d’autres, notamment :
·
D’où vient la dichotomie observée entre les deux
hémisphères?
·
Comment dater précisément les roches de Mars et
les ères géologiques?
·
Y a-t-il eu un océan dans l’hémisphère Nord?
·
Quelles sont les origines et les débouchés des
vallées?
·
Y a-t-il eu et y a-t-il encore de la vie sous
forme de bactéries extrêmophiles par exemple ? Curiosity a bien observé des
bouffées de méthane, mais on ne sait pas si le processus à l’origine de ces
bouffées est chimique ou biologique.
Les missions futures ont pour objectifs d’apporter quelques
éléments de réponses à toutes ces questions.
Les futures missions :
·
Insight (2018) NASA avec équipements CNES
·
Mars 2020,
Rover, un clone plus performant (prise d’échantillons mais restant sur Mars !) de Curiosity NASA avec instruments Lesia et Cnes
·
ExoMars 2020 ESA et Russie, on va forer à 2m de profondeur.
Conclusion.
Je cite notre conférencière :
En conclusion, Mars a beaucoup de similitudes avec la Terre, elle
a sans doute connu un climat chaud et humide dans le passé, avec de l’eau
liquide, comme le prouvent les vallées que nous pouvons observer à sa surface.
Proche de nous, elle est accessible aux hommes et à ses robots.
Une meilleure connaissance de Mars permettrait de mieux
comprendre la formation de la Terre, celle du système solaire, et peut-être
aussi les conditions d’émergence de la vie dans l’Univers.
L’exploration spatiale a permis des progrès techniques
considérables.
Elle s’appuie sur des coopérations fructueuses entre pays et des
complémentarités entre missions.
Celles-ci ont déjà fourni des données et des résultats
considérables.
Mais de nombreuses questions restent ouvertes, auxquelles les
missions futures devraient apporter des réponses.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Vidéos sur Mars proposées par Michèle Guiot :
Les vidéos de l’ESA sont téléchargeables :
Sur Atlantis Chaos :
http://www.esa.int/spaceinvideos/Videos/2015/07/Flight_over_Atlantis_Chaos
sur Mawrth
Vallis :
http://www.esa.int/spaceinvideos/Videos/2016/12/Fly_over_Mawrth_Vallis
Une simulation de la descente de Schiaparelli telle qu’elle
aurait dû se produire :
http://www.esa.int/spaceinvideos/Videos/2016/10/Schiaparelli_s_descent_to_Mars_in_real_time
D’autres vidéos que vous pouvez voir mais pas télécharger :
http://www.clubic.com/mag/sciences/actualite-802056-opportunity-filme-impressionnant-tourbillon.html
https://videotheque.cnes.fr/index.php?urlaction=doc&id_doc=32716
https://videotheque.cnes.fr/index.php?urlaction=doc&id_doc=33872
Bon voyage sur Mars !
Sur la conférence SAF sur Mars de S Bouley.
Mars, la nouvelle frontière : CR conf Vega avec JP Martin du 8 Octobre
2016 (07/11/2016)
Dossier
spécial Mars sur mon site.
Prochaine réunion de la
commission de planétologie :
Samedi
19 Mai 2018 15H au siège :
Sujet et invité à
définir
Prochaine conférence mensuelle de la SAF : Vendredi
16 Février 2018 19H00
CONFÉRENCE DE JEAN PIERRE LUMINET
Astrophysicien LuTh et LAM SUR
« LES FORMES DE L’ESPACE : DU TROU DE VER AU MULTIVERS »
COMPLET COMPLET
Entrée libre mais réservation
obligatoire.
(Vigipirate) À partir du 13 Janvier 2018 09H00
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin SAF Commission de
Planétologie
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