Mise à jour le 31 Janvier 2018
VOYAGE D’ÉTUDE DE
VEGA ET SAF
OBSERVATOIRE DE GENÈVE ET CERN (LHC)
ORGANISÉ PAR JPM
Les 19 et 20 Janvier
2018
Photos : JPM et autres pour l'ambiance, de nombreuses photos ont
été faites, elles sont à votre disposition (les photos avec plus de résolution
peuvent
m'être
demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.
Voir les crédits des autres photos et des animations éventuelles.
De
nombreuses photos ont été faites pendant de voyage ; on en trouve par
exemple
à cette
adresse.
Les photos
sur le site
de VEGA.
BREF COMPTE RENDU
·
Le CERN et
le LHC Généralités
Suite à une information lue dans la presse, j’ai remarqué que le
LHC était en arrêt pour maintenance pendant quelques semaines, j’ai aussitôt
pensé que l’on aurait peut-être la possibilité de descendre dans une des
cavernes du LHC et si possible l’expérience CMS.
Nos amis de Vega étaient partant, j’ai contacté notre homme sur
place, Mick Storr, qui était d’accord, il fallait trouver une bonne date et si
possible un vendredi soir pour que nous ayons une chance d’être tous (nombre
prévu approx 50) à l’hôtel du CERN.
Nous avions déjà effectué deux voyages à Genève, en
2010
et en
2013,
alors jamais deux sans trois !
Je suis resté fidèle à la solution « autocar », c’est le meilleur
moyen pour ne perdre personne et pour se déplacer sur place.
La société des cars Hourtoule nous a fait une proposition qui fut
acceptée. Avec Éric Laurent notre pilote.
Cette fois-ci c’est VEGA qui patronne le voyage et nous proposons
un certain nombre de places aussi à nos amis de la SAF.
Le programme est similaire aux précédents voyages,
dans les grandes lignes :
L’Observatoire de Genève (Michel Mayor sera absent) le 19 dans
l’après midi
Hébergement et dîner au CERN le soir
Le lendemain le 20, on se répartit en plusieurs groupes pour
descendre dans CMS et ensuite voir salle de contrôle et AMS
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|
Notre pilote Éric Laurent et sa puissante machine. |
Comme
d’habitude, pendant le voyage, Bernard Lelard (Président de VEGA)
nous propose une conférence sur ce que nous allons voir.
Le texte est disponible à la fin de ce CR |
De nombreux ouvrages ont été distribués (gracieusement) pendant
le voyage, livres ayant trait au LHC, aux particules et au fameux boson de Higgs.
Je crois que cette action a été très appréciée.
Historique de l’Observatoire : (reprise d’un texte précédent)
Cet
observatoire date de 1772, depuis de nombreuses années il n’est plus
utilisé comme observatoire ; comme la réputation suisse se porte sur
l’horlogerie, ce centre est spécialisé dans la chronométrie.
En 1966 l’observatoire est situé sur le site de Sauverny au
Nord-Ouest de Genève en pleine forêt.
Une centaine de personnes travaillent sur ce site.
Signalons leur « spécialité »,
la recherche des
exoplanètes avec notamment M Mayor et D Queloz, mais aussi
Stéphane
Udry (Directeur actuel de l’observatoire) qui a récemment avec son
équipe découvert un système
exoplanétaire de 7 planètes autour de la même étoile.
L’observatoire de Genève est aussi le lieu de réception des
données du satellite gamma Intégral au
centre ISDC
situé à quelques km de Sauverny et spécialisé dans ces données concernant
l’astronomie des hautes énergies.
Plus de détails sur la présentation de ce site
sur cette
page de leur site Internet.
C’est Uriel Conod de l’Observatoire qui nous reçoit malgré notre
retard (paiement de taxe autoroutière interminable à la frontière)
|
|
L’Observatoire développe de nouveaux instruments |
L’optique adaptative a révolutionné les observations
comme on le voit sur cette slide. |
Analyse du signal par HARPS développé ici par M Mayor et son
équipe.
On voit ici U Conod qui nous présente Harps.
C‘est l’instrument dont il est le plus fier est
l’interféromètre HARPS (installé à l’ESO) dont nous avions vu le
deuxième exemplaire la dernière fois. Sa résolution : 10 à 20 micro arc sec.
Il permet le traitement des spectres détectés.
Les différents thèmes de recherche de l’Observatoire sont :
·
Recherche des planètes extra solaires
·
Physique et évolution stellaire
·
Formation stellaire
·
Astérosismologie et Gaia
·
Dynamique des galaxies
·
Formation des étoiles et galaxies dans l’univers
lointain
·
Astrophysique des hautes énergies
·
Les particules cosmiques
On voit ici un spectre typique complet émis par un objet
lointain.
Les informations sont mises bout à bout pour former cet ensemble
de lignes.
On voit ici la première lumière
d’Espresso
, spectro ultra haute résolution récemment installé au VLT.
Espresso doit succéder au célèbre Harps.
Article sur
la première lumière.
Les différentes méthodes de recherche des exoplanètes :
·
Méthode des vitesses radiales : on détecte le
léger mouvement de l’étoile quand une planète tourne autour
·
Méthode des transits : très légère baisse de
luminosité quand une planète passe devant une étoile.
En quelques mots Mr Conod et sa collègue nous expliquent leur
découverte à propos de l’exoplanète GJ-436b dont j’ai relaté
les
informations récemment.
Merci à nos amis Suisses de l’Observatoire de nous avoir reçu si
gentiment.
Nous partons pour le CERN.
POUR ALLER PLUS LOIN.
Explications
(très) techniques sur le fonctionnement de HARPS.
Les archives
exoplanètes du site.
Les
exoplanètes dans la Voie Lactée : CR de la conf SAF d’Arnaud Cassan
du 14 Déc 2016
Exoplanètes observées avec SPHERE : CR conf IAP de A.
Boccaletti du 4 sept 2017
GÉNÉRALITÉS SUR LE CERN.
Le CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire) se situe à
la frontière Franco-suisse près de Genève, il a été crée en 1954 par 12 pays
européens, ils sont maintenant beaucoup plus (20) et compte aussi des pays
associés ‘USA, Japon, etc..)
Le CERN a été crée après guerre pour lutter contre la fuite des
cerveaux vers les USA.
Ce sont Bohr et De Broglie notamment qui proposent d’élaborer un
projet européen commun qui aboutira au CERN en 1954.
Le but du CERN est d’accélérer des particules à très hautes
énergies et de traiter les données qui proviennent des diverses expériences qui
s’y déroulent.
Les grandes dates du CERN :
·
1960 : Premier synchrotron à protons (PS).
·
1965 : la France accorde le droit de construire
sur son sol, on démarre la construction de l’ISR.
·
1971 : Super synchrotron à protons (SPS) de 7km
de circonférence
·
1981 : on décide de construire le Large electron
positron collider (LEP) dans un tunnel de 27 km de circonférence.
·
1989 : Tim Berners-Lee
conçoit
le World Wide Web (www).
·
1992 : G Charpak reçoit le prix Noble de physique
pour ses travaux au CERN.
·
1994 : la construction du LHC (Large Hadron
Collider) est décidé, il utilisera le tunnel du LEP.
·
2008 : mise en service du LHC.
·
2012 :
découverte
du boson de Higgs
·
2013-2014 :
maintenance
afin de permettre une montée en puissance en 2015.
·
2017-2018 : courte période de maintenance.
Le CERN emploie près de 3000 personnes à plein temps et accueille
6000 scientifiques de toutes nations.
Plan du CERN, attention le vendredi : arriver par la France c’est
plus judicieux !!!!
Après avoir été bloqué dans les bouchons pendant au moins 30
minutes, nous retrouvons Mick.
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Symbole du
CERN :
le Globe, particulièrement bien
éclairé la nuit. Il abrite une exposition ainsi que tous
les détails qui expliquent la création
du web ! Il contient aussi les textes originaux qui ont
mené au Prix Nobel 2013. |
C’est Mick
Storr qui s’est occupé parfaitement de nous durant ce séjour. |
Mick est responsable de la formation et de l’organisation des
visites au CERN.
Le CERN accueille maintenant près de 100.000 visiteurs par an
dont la moitié sont des élèves.
Après nous avoir conduits à nos chambres à l’hôtel du Centre (bâtiment
39), Mick nous a réservé une surprise.
Il
a réservé l’amphithéâtre principal du CERN,
là où a été
annoncée la découverte du boson de
Higgs en
2012, pour nous et pour Mr Daniel Treille, éminent physicien des
particules qui nous s donné une brillante présentation sur les buts du CERN et
son futur.
Daniel
Treille est physicien de recherche au CERN et président du conseil
scientifique de l'Institut national de physique nucléaire et de physique des
particules du CNRS. Initiateur et acteur de divers programmes expérimentaux, il
est l'un des pères fondateurs et réalisateurs de DELPHI (Detector with lepton,
proton and hadron identification), une des quatre grandes expériences du Large
Electron-Positron Collider (au CERN), qu'il a dirigé de 1996 à 1998.
Ses sujets de recherche portent sur les problèmes clé de la
physique des particules, le mécanisme de brisure de la symétrie électrofaible,
la recherche de la supersymétrie, l'unification des forces.
Il est membre de l'expérience CMS (compact muon solenoid) du
Large Hadron Collider (au CERN).
J’ai sa
présentation pour ceux que cela intéresse.
L’amphi mythique où a
été annoncée la nouvelle concernant le boson de Higgs.
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Un public toujours
passionné malgré la difficulté du sujet parfois.
Quelques extraits de sa présentation :
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En bas à gauche quelques projets futurs du LHC
dont :
Le projet
CLIC (Collisionneur linéaire compact) serait un collisionneur
linéaire cette fois, où des électrons et des positons (antiélectrons)
entreraient en collision à des énergies de plusieurs TeV.
Il se présenterait comme un accélérateur qui pourrait être
construit en plusieurs étapes.
Le premier tronçon ferait 11km de long (tunnel) avec une énergie
réduite.
La collision e- e+ est plus précise que celle de des protons et
permettrait de mettre au jour plus facilement de nouvelles particules.
Ou l’anneau de 80km
On creuserait sous le Jura et sous le lac à l’aide de plusieurs
tunneliers un anneau circulaire de 80km de circonférence similaire au LHC mais
allant plus haut en énergie (100 TeV ?) pouvant permettre une nouvelle physique.
Il pourrait alternativement accélérer soit des e-/e+ soit des
protons.
Comme ce sera un projet très coûteux, il faudra certainement
faire rentrer l’Asie et les USA dedans.
Pour les deux projets une décision devrait être prise avant 2020
La dernière slide (en bas à droite) est particulièrement
intéressante concernant l’histoire thermique de l’Univers.
Bref après autant d’informations en une journée, nous avons enfin
la possibilité d’aller à la cafeteria (même bâtiment que l’auditorium)
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Sommeil bien mérité, on se retrouve le lendemain matin après le
petit déjeuner pour la visite de l’expérience CMS.
Mais voici d’abord quelques informations sur le LHC et plus
particulièrement le CMS, pour ceux qui ont oublié.
Extrait du site du LHC :
Le Grand collisionneur de hadrons (LHC) est le plus grand et le
plus puissant accélérateur
de particules du monde.
Il est aussi la dernière machine à être venue enrichir le complexe
d’accélérateurs du CERN : son démarrage a eu lieu le 10 septembre
2008.
Cet anneau de 27 kilomètres est jalonné d’aimants
supraconducteurs, associés à des structures accélératrices qui augmentent
l’énergie des particules qui y sont propulsées.
Dans l'accélérateur, deux faisceaux de particules de haute
énergie circulent à une vitesse proche de celle de la lumière avant d'entrer en
collision. Les faisceaux se déplacent dans des directions opposées, dans des
tubes distincts placés sous ultravide.
Un puissant champ magnétique généré par des électroaimants
supraconducteurs les guide tout au long de leur parcours dans
l’accélérateur.
Ces aimants sont composés de bobines d’un câble électrique
spécial qui, parce qu’il est à l’état supraconducteur, conduit l’électricité
sans la moindre résistance ni perte d’énergie. Le secret derrière cette
performance ? Les aimants sont maintenus à moins 271,3 °C, une
température plus basse que celle de l’espace intersidéral. Aussi une
grande partie de l’accélérateur est-elle reliée à un système de distribution
d’hélium liquide, qui refroidit les aimants, et alimentée par d’autres services.
Le Grand collisionneur
de hadrons (LHC) est le plus grand et le plus puissant accélérateur de
particules du monde. (Image: CERN)
Des milliers d’aimants de nature et de tailles différentes
guident les faisceaux le long de l’accélérateur.
On utilise notamment
1232 aimants dipolaires
(de 15 mètres de long) pour courber les faisceaux et
392 aimants
quadripolaires (de 5 à 7 mètres de long) pour concentrer les faisceaux.
Juste avant la collision, un autre type d’aimant vient resserrer les particules
et augmenter la probabilité des collisions. Réaliser une collision entre des
particules aussi minuscules exige une précision comparable à celle qu’il
faudrait pour faire se percuter deux aiguilles lancées à 10 km de distance.
Toutes les commandes de l’accélérateur, ses services et son
infrastructure technique sont regroupés au Centre de contrôle du CERN. C’est à
partir de là que les faisceaux du LHC sont guidés pour entrer en collision en
quatre points de l'anneau où se situent quatre détecteurs
de particules – ATLAS, CMS, ALICE et LHCb.
La performance du Grand
collisionneur de hadrons (LHC) reste supérieure aux attentes : cette
semaine, le nombre de paquets de protons injectés dans chaque faisceau a été
porté à 2 200, ce qui constitue la valeur la plus élevée qui sera atteinte cette
année.
La machine est capable d’accueillir davantage de paquets (près
de 2 800 dans chaque faisceau lorsque l’intensité est maximale), mais
ce nombre se trouve actuellement limité par un problème technique du Supersynchrotron
à protons (SPS).
« Compte tenu de cette limite, c'est une excellente
performance, indique Mike Lamont, chef du groupe des opérations. Nous
nous situons 10 % au-dessus de la luminosité nominale
(que nous avons dépassée en juin), nous avons de très longs cycles (durant
lesquels le faisceau peut circuler pendant 20 heures environ) et les taux de
collision sont très élevés. Atteindre 2 200 paquets, c’est simplement en
injecter autant que possible compte tenu des restrictions afin d’optimiser les
données de l'expérience. »
Autre exemple de la performance remarquable de la machine, un
niveau de luminosité intégrée de 22 fb-1 a déjà été atteint alors
qu’il reste presque deux mois d’exploitation cette année. Cette valeur est très
proche de l’objectif de 25 fb-1 fixé pour 2016 (4 fb-1 de
plus que l'année dernière) et équivaut à 2 200 milliards de collisions.
La luminosité est un indicateur important de la performance d’un accélérateur.
Elle correspond au nombre de collisions susceptibles de se produire en un temps
donné. La luminosité intégrée, quant à elle, (mesurée en femtobarns inverses, fb-1)
est le nombre cumulé de collisions potentielles. Au sommet de sa performance, le
LHC atteint environ un milliard de collisions proton-proton par seconde, ce qui
augmente la probabilité des processus les plus rares à très haute énergie.
Le SPS connaît actuellement une petite défaillance qui pourrait
être aggravée par une intensité de faisceaux élevés. C'est pour cette raison que
le nombre de paquets envoyés dans le LHC par injection est limité à 96, contre
288 en temps normal.
« Dès que le problème sera résolu, lors du prochain arrêt
technique de fin d'année, nous pourrons encore augmenter le nombre de
paquets injectés. L’année prochaine, nous devrions pouvoir atteindre de nouveaux
records », se réjouit Mike Lamont.
LA
COMPLÉMENTARITÉ.
Lorsque deux particules, ici des
protons, se rencontrent à très haute énergie (c’est-à-dire presque à la vitesse
de la lumière), leur collision (ou interaction), produit de nombreuses nouvelles
particules très éphémères. À chaque interaction, ces particules sont différentes
car leur production suit des règles probabilistes. Pour étudier ces
interactions, il faut donc des appareillages capables de détecter tous les types
de particules connues, avec la plus grande précision possible. Comme ces deux
conditions sont parfois incompatibles, chaque expérience choisit quel type de
processus physique elle veut étudier en particulier, et choisit les
sous-détecteurs appropriés.
Les différentes
expériences sont donc complémentaires.
Le LHC accélérera également des
ions lourds, dont les collisions produiront des nombres beaucoup plus grands de
particules. Pour les détecter correctement, il faut un appareillage adapté en ce
sens. Une deuxième raison pour la présence de plusieurs expériences, vient de
l’indispensable processus de validation des résultats scientifiques et de
l’émulation qui en découle.
Une découverte isolée nécessite des
confirmations, et le recouvrement entre les sujets de physique accessibles aux
expériences doit permettre cette confrontation. En effet, les mesures effectuées
seront entachées d’incertitudes qui sont liées aux performances des détecteurs.
En combinant les résultats fournis par plusieurs expériences, il sera donc
possible d’améliorer la précision des mesures.
Par ailleurs, pour s’assurer de la
découverte d’une nouvelle particule ou d’un nouveau phénomène physique, il sera
indispensable de l’observer au sein d’au moins deux expériences.
La conception de l’expérience
Seules deux expériences, Atlas et
CMS, ont pour objectif d’identifier toutes les particules issues des
interactions, et pour cela empilent des couches cylindriques de détecteurs
autour de la zone d’interaction. On dit qu’elles sont « généralistes ».
Mais dans chacune, l’accent est mis
sur des points différents : Atlas, grâce à son aimant toroïdal géant, pourra
mesurer les trajectoires des muons avec une très grande précision ; CMS, avec
son calorimètre électromagnétique à cristaux, compte identifier et mesurer les
électrons et photons avec une précision inégalée. Les deux autres expériences,
Alice et LHCb se concentrent sur des processus très spécifiques, et n’ont pas
besoin de couvrir tout l’espace autour du point d’interaction. Les différents
sous-détecteurs sont adaptés à ces besoins. Il y a également au LHC deux autres
expériences, Totem et LHCf, qui se situent de part et d’autre du point
d’interaction respectivement dans les cavernes des détecteurs CMS et Atlas.
Elles ne verront que les particules émises très près de l’axe du faisceau.
Tout ceci nous amène à parler de l'énorme
quantité d'informations à traiter et à stocker : par exemple pour
l'expérience Atlas, avec ses 700 millions de collisions/sec, on obtient 1
Gigabyte de données par seconde soit 2 Petabytes (peta = un million de GB) par
an.
Tout le LHC correspondant à 10 Petabytes/an. Cela correspond
comme image, à une colonne de DVD de 20km de haut par an (100.000 DVD par an).
On comprend bien qu'un seul calculateur ne peut pas gérer de
telles quantités d'information; on va donc utiliser tout un réseau de
calculateurs répartis dans le monde entier, c'est le fameux super réseau
d'ordinateurs GRID.
Un rappel aussi
sur les
hadrons, ce sont des particules comme les mésons et les baryons
(protons et neutrons constituants le noyau atomique) qui sont sensibles à
l’interaction forte qui soude ces composants entre eux dans le noyau.
Les hadrons sont composés de quarks (ou d’antiquarks bien sûr),
les gluons établissant la cohésion des quarks au sein des hadrons.
Film général
sur le LHC expliquant tous les aspects
Film sur
l’accélération des particules depuis la bouteille d’H jusqu’aux
collisions. À voir
absolument
Vidéo :
les
différents accélérateurs qui mènent à la fin aux collisions.
Avant d’être injectés dans le LHC, les protons subissent une
accélération progressive dans des boucles de plus en plus longues. Le booster,
augmente l’énergie des particules jusqu’à 1,4 GeV.
Les protons sont ensuite injectés dans deux synchrotrons le PS et
le SPS, portant leur énergie à 25, puis à 450 GeV.
Ils sont ensuite envoyés dans la dernière boucle, celle du LHC
proprement dite, longue de 27 km! Leur vitesse se rapprochera alors de celle de
la lumière.
Nous n’avons pas pu visiter l’usine des aimants supraconducteurs,
voici donc en compensation voici quelques explications sur ces aimants tirées de
la dernière visite :
Un des aimants
constituant le LHC.
Pour faire tourner des particules chargées dans le LHC, il n’y a
pas d’autres solutions que de leur appliquer un champ magnétique grâce à des
électroaimants
supraconducteurs puissants. Ceux-ci comprennent des bobines constituées
de câble électrique spécial, fonctionnant dans un état « supraconducteur ». Le
champ magnétique (8,3 Teslas) créé est 100 à 200.000 fois supérieur au champ
terrestre.
Cela signifie qu’à une certaine température (très basse, -271K)
le câble
ne présente PLUS AUCUNE résistance, il ne peut donc pas chauffer et on peut en
conséquence y faire passer un courant très important (près de 12.000 A !!!).
Pour
garantir cette très basse température, on fait circuler de l’Hélium liquide qui
refroidit ces aimants et la partie centrale des anneaux.
Cet Hélium, appelé superfluide, maintient la température à 2K, et
l’intérieur de l’anneau du LHC, devient ainsi le point le plus froid de
l’Univers, plus froid que l’espace ambiant à 2,7K !
L’anneau faisant 27km de long, il est composé de segments
élémentaires dipolaires, les aimants de courbure (les principaux, de 15m de long
30 tonnes très légèrement courbes) et quadripolaires (qui concentrent les
faisceaux) qui sont au nombre de près de 1700. en fait en comptant tous les
autres petits aimants, il y en a beaucoup plus, près de 8000 en tout.
Photo : vue de la partie « froide » d’un dipôle.
Ce sont ces aimants (en anglais on les appelle
cryomagnets)
qui sont testés ici, ils utilisent des câbles en
Niobium/Titane
(Nb/Ti) ; qui possèdent la supraconductivité lorsqu’ils sont à –271°C. Ces
câbles sont bobinés 100 fois afin de générer le champ nécessaire.
Le mélange Nb/Ti permet de faire passer un courant de
600A/mm2 !
Cela va permettre de pouvoir accélérer chaque
faisceau à 7TeV
avant les collisions. (le TeV énergie extrêmement importante au niveau atomique,
correspond à notre échelle à l’énergie d’un moustique en vol…)
Film sur
l’installation du dernier aimant au LHC.
CR de la conférence de M Spiro sur
le LHC et les deux infinis à la SAF.
CR de la conférence de Y Sirois sur LHC,
chasseur de Higgs aux RCE 2010.
VISITE DE L’EXPÉRIENCE
CMS DU LHC.
Comme vous le savez le LHC comporte
4 grandes expériences en
4 points espacés de l’anneau.
Celle que nous allons voir, CMS, se situe du côté français à
Cessy.
CMS veut dire Compact
Muon Solenoid (Solénoïde compact pour muons).
Son détecteur a participé à la découverte du Boson de Higgs et
des particules qui pourraient constituer la matière noire.
Le détecteur CMS est construit autour d’un énorme aimant
solénoïde qui se présente sous la forme d’une bobine cylindrique
supraconductrice qui produit un champ magnétique d’environ 100 000 fois le champ
magnétique terrestre.
Il est situé dans ce trou appelé caverne, près de Cessy.
Briefing dans la salle de réunion avant de descendre.
Nous sommes répartis en 4 groupes de 12 personnes pour une visite
complète du site avant de descendre à 100m sous terre, dans la galerie de
l’expérience, galerie qui pourrait contenir Notre Dame de Paris.
Notre guide est anglais il s’appelle Vincent Smith.
|
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Visite de l’atelier avant de descendre |
Vue d’un aimant et ses connexions. Vincent à droite |
Vue de la salle de
contrôle locale du CMS.
On prend l’ascenseur pour descendre, et on ne peut pénétrer dans
la zone sensible qu’après examen de sécurité (rétine) qui fait ouvrir le sas ;
une procédure accélérée a été mise au point pour nous
Casques et charlottes toujours très saillants, on a vraiment
l’air très intelligent !!!
Consignes
de sécurité ; l’anneau est refroidi à l ‘Hélium à –271°C (c’est le point le plus
froid de l’Univers, plus froid que le CMB !), et l’He en cas de fuite peut
absorber une partie de l’Oxygène de l’air, et donc en cas de problème il faut
vite remonter à la surface.
Et on arrive devant le monstre :
Remarquez les deux
ouvriers à l’extrême-droite en train de travailler.
Dimensions : 21 mètres de long, 15 mètres de large et 15 mètres
de haut Poids : 12 500 tonnes
De notre dernière expédition de 2010, j’ai récupéré cette photo
montrant le CMS fermé.
C‘est
le solénoïde supraconducteur le plus grand et le plus puissant jamais construit
au monde.
Il comporte principalement les détecteurs suivants :
· Un calorimètre électromagnétique, constitué de près de
80 000 cristaux de tungstate de plomb, conçu pour mesurer l’énergie des photons,
électrons ou positons. Un dispositif d’une grande finesse, le processeur de
lecture sélective, fait un premier traitement des données en les associant aux
informations de déclenchement.
· Un calorimètre hadronique, placé autour du précédent, et
destiné à mesurer l’énergie des hadrons (protons, pions, kaons).
Le LHC est un super accélérateur de particules chargées (par
exemple des protons) situé 100m sous terre et long comme le périphérique
parisien, en fait un double anneau où les particules circulent (sous vide et à
une température de 2K) en sens inverse et à une vitesse extrêmement proche de
celle de la lumière.
Les particules sont envoyées par paquets (bunches en anglais) de
quelques 100 milliards de particules.
Quand les paquets se croiseront (30 millions de fois par
seconde), se produiront les collisions.
En quatre
endroits (les expériences), on dévie les deux faisceaux afin de les
faire se rencontrer et de provoquer ainsi des collisions, ce qui peut provoquer
la création de nouvelles particules à la vie très éphémères. Certaines de ces
particules sont recherchées ardemment par les physiciens, comme le Boson de
Higgs.
La plupart des évènements détectés dans les expériences comme le
CMS, sont…………..mis à la corbeille ; en effet on filtre les mesures (avec la
fonction trigger), et on remarque que la grande majorité des conséquences de
collisions est inintéressante.
Mais si on voit par exemple un choc qui produit4 muons (mésons
mu), on le garde c’est peut être un Boson de Higgs.
Mais on doit remonter maintenant en remerciant tous nos amis qui
nous ont permis cette descente vers les origines de l’Univers.
LA SALLE
DE CONTRÔLE DU LHC.
La salle de contrôle du LHC est le centre névralgique des différentes
expériences.
39 pupitres de contrôle et près de 1000 écrans, mais relativement
peu de personnel, sauf pour les grands évènements, comme par exemple
le jour du
démarrage.
POUR ALLER PLUS LOIN SUR CMS :
Le CMS petit
mais costaud par l’IN2P3.
Découvrez le
CMS (animation).
Très belle
explication complète sur l’expérience CMS en français.
Vues
panoramiques de l’expérience CMS
LA SALLE DE CONTRÔLE DE
L’AMS.
Qu'est
l'antimatière devenue? En effet, au début de l'Univers (le Big Bang) il y
avait autant de matière que d'antimatière, mais notre Univers maintenant semble
n'être qu'à base uniquement de matière, donc une question se justifie : où est
l'antimatière????
Et bien on va essayer de répondre à cette question, ou plutôt de
détecter des galaxies en "antimatière".
En effet, on pense qu'il existerait des galaxies très
lointaines (elles ne peuvent pas être proches, sinon on les détecterait, de par
leur émission X due au contact avec de la matière) faites d'antimatière.
Mais il n'est pas facile de distinguer, rien qu'en l'observant,
une galaxie d'antimatière d'une galaxie de matière, il faudrait pouvoir Détecter
des antiparticules ou des antinoyaux de matière, c'est le rôle de l'instrument
suivant.
L'instrument chargé de cette détection est un spectromètre
magnétique Alpha (AMS : Alpha
Magnetic Spectrometer), en fait un détecteur de rayons cosmiques un
peu spécial, dont on peut voir une représentation ci-après.
Vue de l’intérieur de la salle de contrôle.
Un des derniers vols de la navette a envoyé cet énorme détecteur
vers l’ISS, où il a été
installé sur
la poutre principale.
C'est le physicien, prix Nobel 1976, Samuel Ting du MIT qui a
conçu la sonde AMS avec le CERN et l’Université de Genève, il la compare souvent
à l'accélérateur du CERN, car ces deux dispositifs utilisent le même phénomène:
un champ magnétique puissant pour dévier les particules et les détecter.
Le professeur Ting était actuellement eu CERN, mais nous ne
l’avons pas rencontré.
Voir les explications plus techniques sur les derniers astronews
sur le sujet ; ceux du mois
d’août 2010
et ceux
d’avril 2013.
Vue de la maquette de l’ISS à l’entrée de la salle de contrôle de
l’AMS.
Détecteur
= aimant affectant la trajectoire des cosmiques émis par les galaxies et les
possibles anti-galaxies.
Il semble qu’après analyse de près de centaines de milliards de
particules ( !) on n’ait rien trouvé permettant de décider.
Un dernier déjeuner à la cafeteria , un passage obligé à la shop,
une bise et un gros coffret de bulles pour Mick que l’on remercie bien fort pour
tous ses efforts et on repart sous la neige pour Paris, des souvenirs plein la
tête.
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LE TEXTE DE BERNARD
LELARD LU PENDANT LE VOYAGE.
Voyage au LHC du CERN
Association d’astronomie VEGA avec Société Astronomique de France
Bernard LELARD
Genève 19 20 janvier 2018
Bonjour tout le monde,
Nous avons aujourd’hui
rendez-vous avec l’Europe des physiciens et le monde des astronomes.
Nous allons donc en Suisse ! La Suisse est la patrie de la
Relativité et des découvertes des composants des atomes car c’est là qu’Einstein
termina ces études, devint suisse, ce qui lui évita, étant Allemand, de partir
en guerre en 1914.
Einstein arriva en Suisse à 15 ans en 1894 par hasard et par
protection, après une fugue depuis l’Allemagne et un stage de mise à niveau pour
obtenir son diplôme de Maturité, sorte de bac suisse. Son père et son oncle
avait fondé à Munich une entreprise d’électrification urbaine. J’ai trouvé, en
préparant une conf, une photo de compteur électrique de marque « Einstein » et
des publicités commerciales vantant les dynamos « Einstein ». Soit-dit en
passant Albert baigna dans l’électromagnétisme dès son plus jeune âge comme
Obelix et sa potion, ceci expliquant un peu de cela. Ayant perdu en 1894 le
marché d’électrification de Munich au profit de Siemens, l’entreprise Einstein &
Cie déménage à Pavie près de Milan, laissant le jeune Albert en pension dans une
famille d’accueil. Albert fugue en prenant l’un des premiers trains Munich-Milan
à travers les Alpes au grand dam de son père. Lequel demande à son ingénieur
Galileo Ferraris de sa succursale de Turin, ayant étudié à
l’Institut Polytechnique de Zurich, où
l’on parlait allemand, d’y introduire Albert. Le jeune Einstein finit par
intégrer difficilement le prestigieux établissement auprès de 2 prestigieux
professeurs Hermman Minkovski, mathématicien, vrai inventeur du concept
espace-temps, et Henrich Weber célèbre professeur de physique rencontré à la
Foire Industrielle de Francfort. L’étudiant Einstein turbulent et contestataire
au point de faire sauter le labo de chimie et cramer quelques instruments du
professeur Weber ne trouva pas, diplôme obtenu de justesse en juillet 1900, de
directeur de thèse pour devenir lui-même professeur. Il obtint la nationalité
suisse le 21 février 1901 et sera réformé du service militaire pour pieds plats
et varices ! Pendant 2 ans il va galérer en donnant des leçons de math et de
physique à Zurich. Le 23 juin 1902, pistonné, encore, par le père de son ami
Grossman, il intègre l’Office des brevets à Bern (capitale de l’horlogerie
depuis que Calvin, protestant de strict observance, avait fait interdire le port
et la fabrication des bijoux) où on lui confiera l’étude des brevets sur le
synchronisme des horloges. Commenceront alors ses réflexions sur la relativité
des mesures du temps - ou plutôt des temps – et la simultanéité des évènements
et publiera, grâce à son ami Konrad Habsicht, alors collaborateur de Planck, en
1905 la relativité sur la notion LOCALE
du temps. Ayant aussi inventé la
notion quantum de lumière (qui deviendra bien plutard « photon ») Albert en
candidat libre obtient en 2 tentatives sa thèse à Bern en 1908 où il
prouve l’existence physique des atomes
et devint donc professeur d’abord à Zurich, puis à Prague en 1911 et à Berlin en
1914. Ainsi en 2 temps il fera bondir les sciences de l’infiniment grand et de
l’infiniment petit. La Relativité doit tout à la Suisse et la physique quantique
aussi.
A Genève, ville
francophone, nous verrons beaucoup de banques depuis que Louis XIV abolissant
l’Edit de Nantes a fait fuir de France les protestants banquiers, réfugiés à
Genève. A Genève, neutralité oblige,
se trouvent beaucoup d’institutions internationales, dont le CERN que
nous rejoindrons cette après-midi.
Cette organisation
internationale résume à elle seule l’incroyable histoire de la physique du XX
ième siècle et les perspectives des découvertes du XXI ième.
CERN veut dire : « Centre
Européen de Recherches Nucléaires ». Il ne s’agit pas d’y étudier l’énergie
nucléaire, mais de se concentrer sur
l’étude du noyau des atomes, de ses
particules et des forces qui les interagissent.
Les atomes de l’atome, pour
simplifier beaucoup, l’influence des
champs pour être un peu plus précis et encore plus :
fluctuations quantiques. Le coût de
construction, en incluant les salaires, du LHC a été de 8,9 milliards d'euro,
partagée entre le CERN (60 %) et 608 autres institutions distribuées dans 113
pays.
22 états membres européens participent à un budget de
fonctionnement de plus d’un milliard d’euros par an, 2.400 personnes y
travaillent à plein temps et 6.000 scientifiques de 104 nationalités, de 600
instituts de recherches y organisent leurs expériences. 18 prix Nobel de
Physique ont été décernés à des chercheurs au CERN.
Depuis Galilée la
physique est le domaine scientifique
basée sur l’expérience, nous allons rencontrer des expérimentateurs sur
le plus grand laboratoire du monde et la
plus grande machine jamais construite par l’Humanité.
Pourquoi construire un
tel gigantesque laboratoire pour d’infimes grains de matière de l’ordre de
10-18 cm ? Et pourquoi cela
peut-il intéresser des astronomes ? En 1927 le génial
abbé Lemaître avait résolu
l’équation géniale du génial Einstein,
résumée par : Géométrie = Matière
qui donnait, par un système d’
équations en tenseurs et en dérivées partielles,
la courbure de l’espace-temps en
fonction des masses environnantes,
l' abbé, en appliquant des limites dues à des observations de Vesto
Slipher sur les décalages spectraux, des charges, des pressions -paramètres
qu’Einstein, non praticien, ne pouvait pas introduire-, l’abbé donc trouvant une
solution à cette équation par une
métrique (c’est à dire une fonction donnant la distance de 2 évènements dans
l’espace-temps local) une métrique
donc fonction du temps qu’il
interpréta à juste titre comme
l’expansion de l’Univers, fantastique intuition, vérifiée
expérimentalement par l’astronome génial Hubble en 1929,
donc 2 ans après. Eddington
et Crommelin avaient déjà prouvé en 1919, lors d’une éclipse à Sobral au Brésil
et à Principe en Guinée la courbure de l’espace (matérialisée par l’illusion
optique qui déviait les rayons des étoiles de l’amas des Hyades) par
la masse du Soleil masqué par la Lune,
situation indispensable pour l’observation.
Le même génial abbé concluait
en 1933 qu’avec
la flèche en arrière du temps il
devait y avoir au début mathématique du
temps une sorte d’« atome primitif »
que Fred Hoyle, adepte d’un Univers stationnaire, méprisera le 28 mars 1949 lors
d’une émission à la BBC par
l’expression, pour lui péjorative, de
« Big Bang », expression qui
ravit tous les ignorants de la chose
et que l’on retiendra par facilité de
langage sachant qu’un tel événement ne peut pas physiquement exister comme
le répètent à longueur de conférences nos amis, Etienne Klein, Aurélien Barreau
et Carlo Rovelli. Il faut dire qu’AVANT
CE MOMENT, appelé « MUR de PLANCK »
tout devient infini : température
supérieure (1028K), temps
( 10-47s), masse, ce dont
les physiciens ont en horreur car
cela ne veut rien dire, la nature
n’étant pas, elle, infinie, une
température infinie voudrait aussi dire « agitation infinie ». Et « physique »
vient du mot grec « phusiké »
voulant dire « connaissance de la
Nature » qui, elle, est aussi finie. Des petits malins contournèrent ces
aberrations par l’astuce mathématique de renormalisation,
c’est à dire mettre de côté tout ce qui est ponctuellement infini.
Le CERN a donc
été construit pour étudier le comportement de l’Univers à ce début, si
tant est qu’il y est eu un ou plusieurs débuts. Il intéresse ceux des
Astronomes, des Physiciens, des Philosophes qui veulent comprendre comment
l’UNIVERS existe (pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? disait
Leibniz dès le XVIII ième siècle).
En 1900 on ne savait rien
de l’atome et beaucoup n’étaient pas
convaincu de son existence, par exemple Max Planck ! mais aussi en France :
ainsi le grand chimiste Berthelot,
secrétaire de l’Académie des Sciences, refusait tout article parlant d’atomes.
Ministre de l’Instruction Publique il interdisait que l’on en parlât dans les
programmes. Honteux de cet épisode Claude
Allègre, alors lui aussi ministre de
l’Education Nationale en 1998, a voulu faire déboulonner la statue d’Auguste
Comte, leader antiatome, de devant
la Sorbonne. Il n’y parvint pas mais il réussit à la faire changer de sens, la
statue tourne désormais le dos à l’université.
Désespéré lui aussi par l’imbécillité de ses collègues
Ludvig Boltzman se suicide à
Trieste, pas très loin de Padoue, en 1906 en demandant que sa formule
logarithmique sur l’entropie soit inscrite sur sa tombe. Se faisant, il ignorait
qu’un jeune de 26 ans nommé Einstein
venait de démontrer que les grains de pollen du
botaniste Brown ne pouvaient
s’agiter que par l’action des atomes de l’eau où baignait le pollen. Jean Perrin
(prix Nobel 1926) démontra en 1908 par l’expérience
l’existence des atomes d’Einstein.
La préoccupation des chercheurs les dernières années du XIX ième
siècle (1899) était l’explication des
rayonnements que Becquerel
appelait « hyperphosphorescences » en ayant découvert, selon les conseils de
Poincaré, la fluorescence des sels d’uranium et l’impression en pleine nuit de
plaques photographiques. Cela orientera la thèse puis les travaux de
Marie Sklodowska Curie (en épousant
Pierre Curie, son chef de labo, labo tout près de l’amphi d’AGROTECH des confs
de la SAF) mesurera que la radioactivité
du polonium sera 400 fois plus rayonnante que l’uranium puis le radium 900 fois
plus ! Au vu de ces phénomènes Marie Curie inventera le mot « radioactivité »
puis le mot « nucléaire ».
Le personnage clé de
cette aventure, celui par qui tout a commencé, sera :
Ernest Rutherford,
néo-zélandais, champion de rugby
avec les All Blacks, premier et
unique boursier à quitter son pays
vers l’Angleterre en raison de ses
exploits en mathématiques (et prix
Nobel de chimie 1908 sur la nature des
particules alpha qu’il découvrit). Au Cavendish Laboratory, alors temple de
la Physique, que nous avons visité en 2011 à
Cambridge avec Joseph John
Thompson lui aussi prix Nobel pour
la découverte de l’électron (1897), il
étudia l’effet ionisant sur les gaz des rayons que
Röntgen baptisa X par manque
d’inspiration. Rutherford imagina alors plusieurs expériences pour comprendre
l’action sur la matière des rayonnements
découverts par Marie Curie et par lui
(rayons alpha et bêta). En 1911,
en bombardant une feuille d’or avec des rayons alpha, il remarqua que certains
rayons rebondissaient alors que
d’autres traversaient la feuille. L’étudiant qui comptait les rebonds (quelle
patience : 1/800) s’appelait Hans
Geiger, le gars du compteur.
Rutherford eut alors l’intuition
qu’il y avait quelque chose à
l’intérieur des atomes de la feuille qui faisait rebondir certaines
particules d’or et en laissait passer d’autres. Ancien agriculteur
néo-zélandais, par souvenir aux cerises que cultivait son père, il nomma « noyau »
cet obstacle et il calcula qu’il
concentrait presque toute la masse et toute la charge positive de l’atome
électriquement neutre, les électrons situés à l’extérieur
déterminant de fait la taille de cet
atome. Le noyau d’atome d’H est 25.000 fois plus petit que l’atome lui-même.
Marie Curie nommera « nucléaire » de
« nucleus, noyau » les expériences sur les noyaux des atomes.
Ainsi Rutherford avait démontré que :
Que la matière est vide
puisque la plupart des particules passent à travers sans interaction, ce qui
signifie qu’elle est concentrée dans des
petits volumes.
8 ans plus tard, Rutherford, dont la spécialité était le
bombardement des atomes, découvre
que les éléments du noyau de l’atome d’hydrogène se trouve
aussi dans d’autres atomes. Il
remarque que lorsque des particules alpha sont envoyées dans un gaz d'azote, ses
détecteurs de scintillation indiquent la
signature de noyaux d'hydrogène. Il détermine ensuite que cet hydrogène ne
peut provenir que de l'azote. Ce noyau d'hydrogène est donc présent à
l'intérieur d'un autre noyau. Rutherford baptise la particule correspondante du
nom de proton, d'après le mot grec
pour « premier », πρῶτον.
Il faut noter que presque tout le vocabulaire scientifique vient, depuis le
XVIIIème siècle du grec,
juste reconnaissance pour la créativité
scientifique et philosophique grecque car il n’existait pas de scientifiques
romains aussi le latin ira enrichir surtout le vocabulaire juridique, militaire
et administratif, grandes spécialités des Romains.
Rutherford, désormais
considéré comme père de la physique nucléaire, était devenu célèbre à
Manchester et un jeune étudiant
danois, Niels Bohr prix Nobel 1922,
obtint une bourse pour étudier à Cambridge avec Thomson. Ne supportant pas le
caractère irascible de Thomson, Bohr part à Manchester où il trouve un autre
étudiant : Robert Oppenheimer. Bohr
réfute immédiatement le schéma, style système solaire, de l’atome de Rutherford
qui, selon les équations de Maxwell, ne peut pas être stable (un
électron est accéléré en tournant autour du noyau et devrait produire une onde
électromagnétique comme toute charge accélérée donc perdre de l'énergie en
tombant sur le noyau, ce qui n’est pas ce que l’on observe). Adepte des
sauts quantiques, il propose que les électrons soient sur des
niveaux d’énergie comme les étages d’une
tour lorsque ceux- ci change de niveau à l’occasion d’une collision
extérieure, ayant aussi découvert le quantum d'énergie de la lumière qui sera
nommé photon du grec « photos :
lumière » par le physicien Gilbert Lewis en 1926. C’est la manifestation du
discret et du continu. Jusqu’alors
la physique utilisait des valeurs
continues provenant de fonctions continues où, à partir d’une position, on
en déduisait la suivante par récurrence
ou continuité. Là les phénomènes procédaient par
saut imprévisible un peu comme des
pop corns. Ce sera la
grande querelle des anciens et des
modernes, illustrée au Congrès Solvay d’octobre 1927 à Bruxelles par la
confrontation d’idées Bohr-Einstein (Dieu
ne joue pas aux dés), avec la réplique de Bohr : « Cessez
Einstein de dire à Dieu ce qu’il doit faire ». Bohr était croyant, tout
comme Rutherford. A ce même Congrès l’abbé Lemaître, qui vient de recevoir son 2
ième doctorat au MIT d’Harvard avec Harlow Shalpey, rencontre Einstein qui lui
dit « vos mathématiques sont justes,
mais votre physique est abominable ». C’est la séparation des physiques :
la mécanique relativiste est
déterministe, la mécanique quantique est probabiliste.
Le décor étant posé, arrive
la géniale et nobelisée « Quantique Band » :
Heisenberg,
prix Nobel 1932, jeune mathématicien contrarié, veut travailler avec Bohr de
retour à Copenhague, en appliquant la
théorie des matrices sur les
paramètres des particules incontrôlables,
celles-ci remplissant tout l’espace, en introduisant des probabilités de
présence et en évacuant les
représentations par point de la mécanique classique. A la suite d’une
retraite studieuse en 1927 sur les falaises de l’île d’Héligoland en Mer du Nord
(il était gravement allergique au pollen et l’air sur l’île était pur) il déduit
que les
particules sont et seront invisibles
car apparentées à des objets
mathématiques.
Les
expérimentateurs les devineront
par leur trace, leur masse, leur charge auquel Pauli rajoutera le
spin, étrange degré de liberté.
Heisenberg énonce alors son « Principe
d’Incertitude » par une formule disant qu’il y a incertitude sur la
position, la vitesse, l’énergie des particules. Il introduit, en même temps que
son adversaire Schrödinger, la notion que le comportement d'un électron dans un
atome est décrit par une orbitale
qui est une distribution de probabilité
de présence plutôt qu’une orbite.
Pauli,
l’inventeur du neutrino pour
expliquer la conservation de l’énergie
dans la radioactivité béta, prix Nobel 1945, redéfinit en 1924 le
spin d’une particule, notion
compliquée qui permit d'expliquer la structure hyperfine des spectres atomiques
(l’effet Zeeman). Le mot spin
(rotation en anglais) est tout aussi impropre que « trou noir » car on a cru un
moment que l’électron tournait sur lui-même comme la Terre. Pour simplifier
cette notion complexe, disons qu’il s’agit d’un degré de liberté supplémentaire
détectable. Pauli énonce alors le « Principe
d’exclusion » : les
électrons ne peuvent pas se trouver dans le même état quantique (car l'état
quantique contient toutes les informations sur l'électron et également sa
position de façon statistique. En
mécanique quantique, il n'est pas possible de supposer que les grandeurs
physiques telles que la position ou la vitesse aient une valeur définie que l'on
puisse mesurer sans perturber le
système. L'état du système
est uniquement parfaitement défini par son état quantique.
De ces découvertes
fondamentales plusieurs problèmes
surgissent : comment décrire par des champs des
mouvements incontrôlables par
coordonnées, comment décrire des particules issues de ces champs, en
conservant l’énergie, l’impulsion, la charge, le moment.
La physique mathématique va prendre le
relai.
Arrivent alors
les clés de toutes les futures
recherches du neutron, du neutrino, du muon, du
boson de Higgs : « la théorie
quantique des champs » QFT
et le fameux théorème d’Emmy Noether sur
l’invariance de jauge : les symétries sont équivalentes à la loi de
conservation. Il fallait donc un
outil capable de décrire un champ dont les caractéristiques étaient totalement
libres dans toutes les directions à la fois.
Pour cela il faut
recourir à des notions mathématiques difficiles comme
les lagrangiens, les
diagonalisations de matrices. Ainsi les photons ne sont plus considérés comme
des « petites boules de billard » :
ils sont considérés comme des champs
quantiques dont les « excitations »
ou les « oscillations »
'ressemblent' à des particules.
Tous les électrons de l’Univers sont
donc identiques dans tout l’Univers car issus d’un même champ : le champ
électron.
La notion de champ fut trouvée par
Faraday qui tentait de
visualiser la fluctuation de perturbation ambiante telles que l’induction autour
d’un courant que venait de découvrir Oersted : regardant par sa fenêtre les
mouvements d’un CHAMP de houblons
par le vent il appela la chose « field, champ ».
Etres d’abord mathématiques : il
existera des champs scalaires et des
champs vectoriels : tout le monde
est familier avec ces notions en regardant les
cartes météo à la télé :
scalaires pour la représentation
ponctuelle des températures,
vectorielles par les représentations
des directions et de la force des vents des perturbations.
Les particules sont considérées comme
des états excités d'un champ (dit champ quantique),
propriété qui sera démontrée plus tard
en 1937 par Winger, autre Prix Nobel.
Erwin
Schrödinger, prix Nobel 1933,
publie une équation d'évolution de la
fonction
d'onde associée à l'état d'une particule.
Paul Dirac, prix
Nobel avec Schrödinger, formula une théorie quantique enfin mathématiquement
cohérente en réconciliant les idées
de Schrödinger et Heisenberg. Son équation traduira le comportement de
particules comme l’électron à partir de l’équation de Schrödinger et de la
relativité. En 1928, il déduit du travail de
Pauli
sur un système de
spins
une équation relativiste décrivant l'électron.
Cela permet à Dirac de prédire en 1931 l'existence d'une particule appelée
positron,
l'antiparticule
de l'électron.
Dirac venait de
découvrir l’antimatière.
Étudiant lui aussi les expériences de Marie Curie, lors d'une
expérience en 1932, Chadwick, qui
bombardait du béryllium avec des particules α, remarqua
une radiation inconnue qui éjecte des
protons du noyau. Chadwick en conclut que ces radiations étaient composées
de particules de masse approximativement égale au proton mais sans charge
électrique, les neutrons. Prix Nobel
1935.
Arrivent alors les instruments
capables de détecter l’indétectable !
En conséquence de ces avancées théoriques
les premiers expérimentateurs
construisent les détecteurs des
particules sorties des équations. Dès 1912 Charles
Wilson (prix Nobel 1927) avait
imaginé la chambre à bulles qui
permit à Anderson en 1932 de découvrir le
positron (l’anti électron) en
étudiant les photons des rayons cosmiques. Prix Nobel 1936.
En Angleterre, Cockcroft
et Walton toujours en 1932, réalisèrent la première
désintégration réussie du noyau par des
particules électriquement accélérées. Ils utilisèrent un multiplicateur de
tension à l'aide d'un montage compliqué en forme de colonne de
redresseurs
et de
condensateurs qui trône aujourd’hui à l’entrée du Musée des Sciences
de Londres. Prix Nobel 1951. A la
fac de Jussieu, en sous-sol se trouve un générateur Van de Graff au début d’un
tout petit accélérateur qui, entre deux passages du métro, bombarde des cibles
que nous photographions en octobre à chaque « Fête de la Science ». Ce fut il y
a 15 ans le bizutage VEGA !
En visitant le
synchrotron d’Orsay en décembre nous avions compris que les photons, donc la
lumière visible, nous permet de voir
avec nos yeux les objets qui nous entourent : dans une pièce obscure
l’absence de lumière fait que nous ne voyons rien. Mais dès qu’une lumière,
solaire ou artificielle revient les photons heurtent la matière et
notre œil devient un détecteur de la
longueur d’onde que cette matière n’a pas absorbée. Nous portons nous même
le principe de détection.
En 1931 les Américains
arrivent enfin sur le terrain de la nouvelle physique : Orlando
Lawrence invente le
cyclotron à
Berkeley pour
fracasser des particules en frontal
grâce à une très forte tension électrique afin
d’en analyser les morceaux.
Le principe du LHC est né.
Lawrence aura le prix Nobel en 1939.
L'énergie des particules ainsi accélérées se mesure en
électron-volts (eV).
L’électron volt, dont on se sert pour annoncer la puissance d’un accélérateur
(14 TeV, eV puissance 12, mille milliards, pour le LHC) est
l’énergie d’un électron entre une
différence de potentiel de 1 volt.
Les découvertes vont s’accélérer par
l’étude des impacts des rayonnements
nucléaires. La désintégration beta
(provoquée par l’émission d’un électron ou d’un positron) verra Pauli imaginé le
neutrino (l’énergie manquante est
emportée par une particule), Fermi
en 1934 trouve que la désintégration
beta vient de l’échange d’une particule entre le proton et le
neutron (ce sera bien plus tard le
boson W de la force électro faible).
Prix Nobel 1938.
S’en suivirent alors de multiples recherches sur
la naissance de la matière avec pour
merveilleux outils les belles équations
de la physique quantique et des
nouveaux génies : Fermi, Feymann, Murray Gell Mann, tous
brillants nobélisés, auxquels il
faudrait rajouter Gamov qui, avec
Hans Bethe énonça
l’histoire thermique de l’Univers
ainsi qu’Alan Guth et
Andrei Linde inventeurs de
l’inflation cosmique, en partie
vérifiée par le satellite PLANCK en 2013.
Les particules ainsi cassées donnant
des morceaux devaient être
identifiés ou découverts par des
détecteurs, des chambres à brouillards de Wilson (prix Nobel 1927) ou
détecteurs à fils de Charpak le
Alain Delon de la physique, nobélisé en 1992.
Les théoriciens reviennent :
Hideki Yukawa,
professeur à l’université d’Osaka au Japon prévoit une théorie des
forces nucléaires fortes avec une
particule intermédiaire, le méson,
de masse intermédiaire entre celle du proton et de l’électron qui sera
découverte en 1947 par Carl Powel dans les rayons cosmiques. Prix Nobel 1949.
Richard Feynman
apporta en 1942 un corpus décisif à
toutes les recherches sur la physique des particules. il reformula entièrement
la
mécanique
quantique à l'aide de son
intégrale de
chemin qui généralise le
principe de
moindre action de la
mécanique
classique et inventa les
diagrammes
qui portent son nom et qui traduisent par des graphes
les désintégrations de particules.
Feynman invente aussi la chromodynamique
des champs (QCD) pour décrire la
force d’interaction forte et pour comprendre la
structure des hadrons (protons,
neutrons).
Feynman avait pour voisin de bureau au Caltec à Los Angeles le
très sérieux Murray Gell
Mann autre génie,
seul survivant de cette aventure (88
ans), à qui il faisait peur en criant dans les couloirs et en jouant du
djembé dans son bureau souvent
rempli de filles qui n’étaient pas toujours ses élèves. La profusion des
particules découvertes dans des accélérateurs toujours plus puissants
donnait une impression de domaine à
la dérive et immaîtrisable.
Bref on n’y comprenait
plus rien.
Le physicien Isidore Rabi, prix Nobel 1944, spécialiste des
forces dans les noyaux dit même un jour : « Who
ordered that ? Mais qui a créé
ça ? » Murray eut alors l’idée de
classifier les particules en fonction de leurs caractéristiques en utilisant
la théorie mathématique des ensembles énoncée par
Galois en 1832 et améliorée par le
norvégien Sophus Lie. Murray établit
en 1961 une classification des nouvelles particules découvertes en utilisant
les propriétés de symétrie d'ordre trois
du groupe SU(3) car
tout est symétrique
dans l’Univers du début.
Mathématiquement S vient de « spécial » et U vient de
« unitaire », afin de rappeler les transformations en rotation du mouvement des
particules qui répondent à des groupes non abéliens (non commutatifs). Ainsi
naquit les fermions, particules de
matière de spin demi entier qui se
repoussent et les bosons à spin
entier qui s’agglomèrent.
Dans la classification, certaines
places pour de nouvelles particules
étaient encore libres (elles seront
comblées par l’expérience). La découverte en 1963 par un groupe de
chercheurs de Brookhaven de la particule Ω-, prévue dans cette
classification, confirma le classement
de Gell-Mann.
La théorie du groupe de symétrie SU(3) permit à Gell-Mann de
proposer l'existence de nouvelles particules, appelé
quarks, particules constituant les
neutrons, les protons et toutes les particules massives appelées
hadrons (le H de LHC). Avec la
théorie de Fynman les différents quarks prirent les couleurs rouge, bleue,
verte.
Ainsi naquit la notion de
Modèle Standard
qui est, au sens strict, une théorie
quantique des champs.
Les quarks sont les composants aujourd’hui ultimes des nucléons
(protons, neutrons). L'existence des quarks sera mise en évidence en 1969 par
James Bjorken et Richard Feynman à l’accélérateur de Chicago.
En 1954 les physiciens
Yang et Mills imaginent une force
initiale unique débouchant vers une théorie de jauge (c’est à dire de mesure
et de localisation par des champs) pour obtenir une description cohérente de la
force
nucléaire responsable de la cohésion des
protons-neutrons
dans le noyau. Ils appliquent le théorème de Emmy Noether. Ce théorème énonce
des symétries dans l’espace qui
préservent les lois de conservation (énergie, impulsion, moment) ainsi que
la charge nécessaire pour
l’interaction de l’interaction électromagnétique.
Donc voilà où nous en
sommes aujourd’hui :
1 Toutes les particules
de matière (les fermions) ou d’interactions (les bosons) sont des quanta
d’excitation de champs. Ces champs sont présents dans tout l’Univers et peuvent
osciller et interagir entre eux.
2 Universalité des
particules : les électrons sont exactement identiques dans tout l’Univers car
tous quanta (oscillation minimale) d’un seul et même champ F. Wilzeck, Nobel
2004.
Le Modèle Standard, en
1963, a donc 4 forces dont la gravité, mais cela semble un
SYSTEME PHYSIQUE BOITEUX.
Certains chercheurs pensèrent alors que
ces 4 forces devaient être réunies en
une seule force au début du BB. En
1963 Sheldon Glashow propose que la force nucléaire faible et la force
électromagnétique peuvent être réunies en une seule force dont les bosons
seraient W + et W - et Z de masse très élevée. Le problème principal de la
théorie électrofaible de Glashow est que les particules qu'elle décrit sont sans
masse, ce qui est en désaccord avec la réalité.
Le hic est qu’il faut
aussi réunir le
boson photon de masse nulle de
l’électromagnétisme avec les bosons W et Z de masse élevée. C’est
impossible à cause du photon donc les forces sont inunifiables.
De plus avant la séparation des forces
à 10 puiss-10 l’Univers est
symétrique parce que les masses sont nulles.
Si pas de masse : pas de
matières.
Il s’agit de masse inertielle (celle qui résiste à
l’accélération). Comment donner des
masses sans briser la symétrie ? La
« brisure de symétrie » veut dire « changement de nature » (comme l’eau
devenant vapeur ou glace). Les premiers à
y penser sont Anderson, Nambu et Schinger. L’écossais
Peter Higgs, chercheur à Edimbourg va alors proposer une solution, ainsi que
les Belges Brout et Englert de
l’Université Libre de Bruxelles. Dans les instants très proche du BB l’Univers
était très chaud, composé d’un plasma de gluons (étudié par le détecteur ALICE)
et d’une seule force :
c’est le refroidissement
dû à l’inflation qui les a dissocié.
Higgs annonce en août
1964 un mécanisme qui permet d’avoir des forces totalement unifiées à haute
température, mais dissociées à basse température (la clé est là)
–
un champ variable selon la température
-.
Ce sera le fameux champ
de HIGGS, objet de construction du LHC
Cette dissociation se manifestant notamment par le fait que les
bosons W et Z doivent acquérir une masse à basse température.
Higgs est le seul à décrire le boson qui portera son nom.
Pour que les bosons W et Z acquièrent de la masse, on va
imaginer les mettre dans un champ
analogue à une mélasse ou un espace visqueux. La masse, c’est quelque chose qui
s’oppose au changement dans le mouvement, une accélération, et pour donner une
illusion de masse à une particule, on peut la faire interagir avec ce champ, qui
va jouer un rôle analogue à de la mélasse. En langage de physicien c’est
une fluctuation de l’énergie du vide.
Dans l’Univers le vide n’est pas totalement vide car il y a toujours des
particules résiduelles en mouvement non détectables. Par ailleurs l’état
fondamental d’un champ est son état de plus faible énergie.
Toute la difficulté, c’est faire en
sorte que le champ recherché crée bien une mélasse à basse température, mais pas
à haute température. Or la mélasse n’est pas l’état naturel d’un champ.
Exemple le champ électromagnétique : si on ne fait rien pour le stimuler ou le
créer, il sera nul et ne freinera pas. On dit que
l’état fondamental du champ
électromagnétique est zéro. Mais avec le champ de Higgs, pour avoir de la
mélasse sans rien faire, il nous faut aussi un
champ dont l’état fondamental soit non
nul. Enfin seulement à basse température, car on ne veut plus de mélasse à
haute température.
Ce double état
changeant s’appelle une brisure de
symétrie.
Représenté par un
chapeau mexicain où les particules du début vont glisser de haut en bas
selon la température.
En introduisant le champ de Higgs avec la bonne forme de
l’énergie à haute et basse température, on crée la mélasse qui va freiner les
bosons W et Z, et donc les agglomérer et donc
leur donner de la masse par
condensation. En prime il donnera de
la masse aux autres particules sauf pour le photon qui ne sera pas couplé avec
le champ.
A cette cohorte de savants il faut ajouter des astro
mathématiciens tel que John Ellis
dont nous verrons une fois encore le bureau jonché de papiers et son tableau
couvert de Lagrangiens, êtres mathématiques du marquis de Lagrange depuis 1788,
résumant le fameux « Modèle Standard »,
expression banale mais lourde de sens. Le
même Lagrangien ornant les T shirt noirs que vous achèterez à la boutique du
CERN et porterez sur les plages cet été, effet garanti que j’ai pu vérifier.
Formule lagrangienne presque magique dont le polynôme de dérivées partielles
résume (ce n’est qu’un résumé) en 4 lignes les différents mouvements des groupes
de particules en fermions, bosons et champs de Higgs. Devant la multitude de
particules découvertes dans le plus grand désordre on parlait dans les années
1950 de zoo de particules. L’abbé
Lemaitre, à qui on demandait pourquoi il se désintéressait de la physique des
particules, il répondait que ce zoo lui rappelait la botanique et qu’il se
concentrait sur l’étude des rayonnements fossiles traces des débuts de l’Univers
que découvriront par hasard en 1965
Penzias et Wilson. Murray Genn-Mann,
le génial inventeur des quarks,
appliqua la théorie mathématique des groupes, puis de l’algèbre de
Lie pour classifier le zoo des
particules en fermions et bosons selon leurs caractéristiques (spin, masse,
charge) et leurs degrés de liberté, classification qui en suggérait d’autres
comme le fameux boson de Peter Higgs, qu’imagina aussi Robert Brout, François
Englert, Gerald Guralnik, Carl Hagen et Tom Kibble. Le nom de Higgs fut retenu
pour le marketing des découvertes futures.
Pourquoi alors chercher
avec autant de moyens, d’énergie et de mobilisation de savants l’existences de
particules qui gouvernent encore notre Univers depuis 13,8 milliards d’années ?
Peut être pour répondre, 350 ans plutard à la question de
Leibniz regardant le ciel
étoilé : « Pourquoi y-a-t-il quelque
chose plutôt que rien ?». Le 21 juin 2017, au solstice d’été, nous
célébrions, à 13 H 53, les 350 ans de l’Observatoire de Paris et de l’Académie
des Sciences, avec Madame Françoise
Combes et quelques autres académiciens modernes, parmi lesquels
l’académicien berlinois Eberhard
Knobloch qui, étant moi aussi fan de
Leibniz, me dit avoir découvert la fameuse interrogation sur un manuscrit en
latin toujours conservé à l’Observatoire de Paris.
Et
comment ne pas penser que toutes les
particules découvertes en 50 ans permirent les fantastiques découvertes de
l’électronique moderne qui transformèrent avec télé, mémoires, ordinateurs,
téléphones portables, GPS et internet, notre vie quotidienne.
L’organisation CERN permit dès 1954 la construction et
l’hébergement de tous les équipements nécessaires et
favorisa les rencontres des savants
modernes dont l’aboutissement fut le LHC
et la preuve d’existence du boson de Higgs, symbole actuel de
l’aboutissement des recherches les plus poussées.
De nombreux Français y expérimentent toujours ou conçoivent de
nouveaux équipements comme nos amis Bruno Mansoulié du CEA, un des concepteurs
du détecteurs ATLAS et Yves Sirois, chercheur Canadien, travaillant à l’Ecole
Polytechnique, au laboratoire Louis Leprince Ringuet, dont l’équipe au CMS a vu
la première la courbe d’énergie du boson
de Higgs le 14 juin 2012 à 19 H.
Fameuse particule qui venait clore un cycle de recherches prouvant
expérimentalement la validité du « Modèle
Standard », c’est à dire la représentation infiniment petite de la matière
sur Terre et dans l’Univers. La démarche
scientifique consiste souvent à imaginer une théorie par sa représentation
idéale, selon les connaissances du moment, symbolisée dans un « Modèle ». Le
modèle en question est résumé par le fameux Lagrangien et dit « Standard » parce
que adopté par la communauté scientifique.
Ensuite, le modèle étant approuvé, il reste à inventer tout un protocole
d’expériences venant confirmer ou infirmer leur existence effective.
L’objectif du CERN est donc
la recherche expérimentale de la
constitution ultime de la matière au moyen d’un accélérateur de particules
de 27 km de circonférence situé de part et d’autre de la frontière Franco-Suisse
en banlieue de Genève. Sur les 200 hectares d’espace clôturés du CERN, 120
hectares se trouvent en France dont le détecteur CMS. Le creusement à 100 m de
moyenne sous terre (en fait 175 m côté Léman et 45 m côté Jura) pour éviter de
très couteuses expropriations en surface, de protection des tubes magnétiques et
d’écran contre les rayons cosmiques.
Le LHC est un
accélérateur de particules qui accélère des protons d’hydrogène ou des ions
de plomb à une vitesse proche de celle
de la lumière afin d’atteindre des
énergies considérables proches de celles du Big Bang. Il consiste en un
anneau de 27 kilomètres de circonférence composé d’aimants supraconducteurs et
équipé de structures accélératrices qui augmentent l’énergie des particules qui
y circulent en les focalisant et les courbant dans une trajectoire circulaire,
comme au synchrotron d’Orsay.
« L
» veut dire très grand car il s’agit du plus grand accélérateur du monde.
« Collisionneur »
parce qu’il permet à deux faisceaux de particules se déplaçant en sens opposé
d’entrer en collision par croisement
en quatre points de la machine qui sont des détecteurs dont le CMS que
allons visiter.
« Hadrons »
parce qu’il accélère des protons ou des
ions, qui appartiennent à la famille de particules appelées hadrons,
c’est-à-dire lourdes.
Le « H » de LHC veut
dire Hadrons : les hadrons sont des
constituants lourds ((hadron vient
du grec hadron qui veut dire « lourd » -crée en 1960 - par opposition à
« lepton » qui veut dire « léger »), terme crée en 1962, constituants donc du
noyau des atomes : les
nucléons, eux-mêmes composés de
protons positifs et de neutrons
électriquement neutres, l’équilibre électrique étant constitué par les électrons
négatifs par nature. Ces protons contiennent eux-mêmes des constituants appelés
« particules » (du latin
« particula », petite parcelle). Celles-ci sont
extrêmement petites (ces valeurs
vertigineusement incompréhensibles pour les humains résultent de calculs puis de
mesures) : la taille d’un atome est 10-10m
soit un dixième de millionième de millimètre. Un noyau d’atome est de 10-15m
soit 100 mille fois plus petit qu’un atome. Si un atome faisait 100 m de
diamètre, son noyau aurait la taille d’un petit pois. Un
proton, matériau de base du LHC, est
une particule stable (sa
désintégration prendrait 2,1 x 1029ans). Pour
examiner son contenu il faut donc le
casser. Collisionneur veut dire
que l’on va provoquer un choc entre plusieurs protons pour les casser afin
d’analyser les débris de la
collision. Ces débris permettront aux physiciens de comprendre la
composition ultime de la matière
originelle, c’est-à-dire de la première matière des débuts de l’Univers et
d’en déduire ensuite son organisation et son évolution, donc
sa généalogie. Pour provoquer les
collisions il va falloir lancer à une vitesse proche de celle de la lumière des
faisceaux de protons et les faire se croiser : il faudra donc
l’accélérer un maximum dans un
accélérateur et cette accélération se fera par des champs magnétiques produites
par des électroaimants ultra conducteurs refroidis à l’hélium à
-271 °C.
Voilà pour le principe du LHC qui a permit la preuve de l’existence du
boson de Higgs en 2012, preuve qui a consolidé notre connaissance de la
composition de la matière.
En quoi cela intéresse-t-il les astronomes et physiciens que nous
sommes ?
Les domaines de recherches du LHC sont :
Avec des protons
d’hydrogène en collision :
Origine de la masse
Nature de la matière noire,
Existence de l’antimatière
Matière primordiale
Mise en évidence de nouveaux types de particules ou de phénomènes
inconnus, notamment en Super Symétrie.
Avec des ions de plomb
en collision : création de très hautes énergies afin de comprendre la première
matière juste après le Big Bang.
La première fois, lors de
notre visite en 2010, Michel SPIRO, l’ex président du CERN, nous avez accueilli
dans le grand amphi où fut annoncée par Fabiola Gianotti, aujourd’hui directrice
générale du CERN, le 4 juillet 2012 la découverte du boson de HIGGS en
commençant :
« Bienvenus les
Astronomes, ici nous travaillons pour vous ».
La deuxième fois, en 2013, Mick STORR, notre guide, nous avez
dit :
« Ici nous cherchons :
d’où venons-nous, où allons nous ? et Woody Allen avait alors ajouté : et
qu’allons-nous manger à midi ? nous ramenant ainsi à des considérations plus
terre à terre, d’autant que le restaurant-cafétéria - où nous déjeunerons -
rassemble la jeunesse scientifique du monde avec des plats de leurs pays dans
une ambiance d’étudiants.
Ainsi donc nous allons vers un
endroit extraordinaire, parfait pour
des astronomes : un site vraiment universel, sans doute le premier du genre, le
CERN, espace scientifique sans notion de
frontières, donc accessible
à tous les Terriens sans aucune distinction,
où tout est accessible à tous, un
endroit doté d’une immense machine, la plus complexe jamais construite par
l’Humanité, mobilisant les meilleurs ingénieurs du monde, rassemblant les
théoriciens les plus avancés, imaginée en 1949, réalisé en 1954 , initiée
surtout par des Français avec à leur tête
Louis de Broglie, (prix Nobel 1929 à
37 ans pour la nature ondulatoire de l’électron) dans une vision de paix
universelle juste après une effroyable guerre,
mise à la disposition gratuitement des scientifiques désireux de
comprendre la généalogie de la matière du commencement de l’Univers et de
recherches fondamentales sur la physique des particules. Un modèle de société
globale et participative, sans chefs, sans organigramme, sans copyrights, avec
pour seule discipline l’expérience
concrétisée par les collaborations,
la recherche de l’inconnu et la vérification des théories en cours. Ce n’est pas
un hasard si le concept du web, le mot même « WEB »,
le langage du monde : HTML, le
protocole HTTP, c’est-à-dire :
partage des télécommunications gratuitement et l’invention de
la notion de téléchargements que
nous utilisons tous les jours aient été inventés là-bas, développés et mis à
disposition gratuitement. HTML, HTTP et
WEB afin de démultiplier mondialement les ressources de calculs
informatiques sont l’œuvre en 1989 (le 12 mars 1989, date de naissance
d’internet) du Britannique Tim Bernes
Lee, le concept de téléchargement
est l’idée géniale de son voisin de bureau au CERN le Belge en 1992
Robert Cailliau. Il y a seulement 25
ans ! Devant l’entrée principale du CERN se trouve une grande sphère en bois
contenant un musée des particules avec le
premier serveur internet, le papier
de Higgs en 1964 et un détecteur bipeur des muons traversant votre corps.
Allez en pèlerinage voir le premier
écran internet.
Votre
première impression sera la complexité
devant des équipements immenses, servant des théories difficiles. Le LHC est le
summum de la physique de la matière, la science des expériences (4.000
chercheurs font des expériences).
Dans cet endroit indéfinissable selon nos critères habituels,
hyper accueillant dans le style ouvert des chercheurs demain nous visiterons
donc le CERN selon 3 grands thèmes :
1 un détecteur géant le CMS
2 l’usine des électroaimants, triomphe de l’électromagnétisme
2 le premier serveur et le premier écran d’internet
D’abord nous verrons, à 100 m sous terre,
un solénoïde (CMS Solénoïde Compact
pour muons). Muons parce que le boson de HIGGS peut se désintégrer en
4 muons. CMS le plus grand solénoïde
du monde, de l’Univers peut être :
12.500 tonnes, dont 800 tonnes d’un calorimètre fondu dans des douilles de
munitions russes de la dernière guerre, 6 m de diamètre, 13 mètres de long.
Le mot solénoïde vient du grec,
encore, « solen », tuyau, et « eidos », en forme de, inventé par Ampère en 1829,
utilisé par le génial Faraday dans
sa découverte de l’induction magnétique.
Nous vient alors à l’esprit tout un vocabulaire de nos lycées :
des nombres de spires au calcul
de champ magnétique. Excellente transition pour dire notre plaisir
d’accueillir dans notre car plusieurs professeurs de physique.
Le modèle standard ne prévoit pas la masse exacte (seulement sa
gamme de masse-énergie (selon la première équation d’Einstein, magistralement
utilisée ici) entre 115 GeV et 140 GeV) du boson de Higgs, seulement ses
propriétés de désintégration.
Le boson de Higgs, se désintègre
en 2 W et 2 gammas ou
un quark top et 2 gammas ou
4 muons, etc…
Au LHC on va sélectionner à forte énergie 2 gammas ou 2 ZZ
donnant 2 électrons
et 2 muons.
Après les collisions il faudra retrouver des signaux ayant ces
désintégrations avec des trajectographes et des calorimètres, disposés en pelure
d’oignons et reliés à des myriades d’ordinateurs dont les logiciels devront
éliminer toutes les dizaines de milliers de signaux parasites, prétraiter sur
place au CERN les signaux acceptables et envoyer sur le net les possibles
signaux en WW et gammas ou en ZZ et électrons ou en 4 muons. Après un filtrage
par des logiciels locaux les signaux sélectionnés sont renvoyés au CERN pour une
sélection finale exploitable. Ce système, ayant donné naissance à internet est
appelé GRID, la grille mondiale de calcul comprend des milliers d’ordinateurs de
170 centres de calculs répartis en 41 pays. Ces centres servent aussi à
l’archivage des mesures qui peuvent toujours reservir selon les expériences et
découvertes à venir. Suprême exemple d’internet !
On va donc éclater par
collision frontale 2 paquets de protons lancés à presque la vitesse de la
lumière sous ultra vide à travers deux tubes parallèles de 1m en diamètre,
comprenant 2 tubes parallèles de circulation inversée qui se croiseront dans
différents détecteurs. On applique les 2 principes :
un champ électrique
accélère une particule chargée, un champ magnétique courbe sa trajectoire.
Les protons tourneront donc en sens inverse dans un anneau
gigantesque de 27 km de long à 100 m
sous terre afin de protéger l’expérience des perturbations extérieures. La
collision s’effectuera dans la chambre centrale d’un détecteur où la température
de collision sera 100.000 fois
supérieure à celle régnant au centre du Soleil. Ce détecteur sera constitué
d’une structure cylindrique à pelure
d’oignon. Chaque pelure sera dédiée à la détection d’une particule
particulière lorsque celle- ci la traversera à chaque collision. Cette pelure
émettra alors un signal qui sera stocké dans un ordinateur relié à la pelure
concernée. Les types de pelure sont : trajectographe, calorimètre magnétique,
calorimètre hadronique, aimants supraconducteur, chambres à muons. Les éléments
les plus spectaculaires sont les
chambres à muons. Chaque pelure est reliée à un ordinateur qui analysera les
caractéristiques de la particule (énergie,
position, type). Le logiciel contient 5 millions de lignes de code, 20
ans de développement.
Les détecteurs :
En fait on va donc
construire 2 grands détecteurs de collision de technologie
fondamentalement différente afin
d’être sûr que le boson ne soit pas fabriqué par un détecteur unique. Les
différences de technologie porteront sur
la production du champ magnétique nécessaire
pour piéger les muons. Pour
CMS (Solénoïde Compact à Muons) le
champ sera celui d’un solénoïde géant, pour ATLAS le champ sera toroïdal. Il y
aura sur l’anneau 2 autres détecteurs :
ALICE (collision d’ion de plomb pour étudier le plasma et les gluons du BB)
et LHCb pour l’étude de
l’antimatière, tous deux de conception
française.
ATLAS, (A
Toroidal
LHC
ApparatuS)
de conception française, par exemple, regroupe plusieurs types de détecteurs
rassemblés dans un cylindre de 40 m de haut, 55 m de long (la nef de la
cathédrale ND de Paris à 100 m sous terre, pesant 7.000 tonnes : c'est un
assemblage de plus de 100 millions d'éléments de détection, qui fourniront
chacun 40 millions de mesures par seconde. Près de 2 000 physiciens et
ingénieurs travaillent depuis dix ans sur ATLAS, dont le coût est de 350
millions d'euros. Le coût total du LHC, lui, est d'environ
3 milliards d'euros. Budget de
fonctionnement 1 milliard € réparti sur les Etats membres.
Le grand atout du LHC :
la puissance de la grille de calcul
(les Américains ont échoué par manque de puissance de calcul). Il est curieux de
constater que les Européens ont inventé internet (avec une structure télécom
répartie américaine militaire -ARPANET-) et que des sociétés américaines en ont
tiré la quintessence dite pudiquement « Réseaux
Sociaux ». Il y a 25.000 PC au LHC reliés par internet à 12 gros centres de
calcul dont le plus gros est en France à Lyon (labo : IN2P3). Il est
impossible de sélectionner un seul
proton (en fait : on injecte en blocs 2808 paquets synchronisés de 100
milliards de particules). Le CERN au cours de son histoire a construit plusieurs
accélérateurs avant le LHC et ceux- ci sont mis à contribution
pour monter en accélération en
se passant les paquets d’accélération en
accélération. Car l’expérience de collision de protons
est aléatoire, donc non reproductible,
donc on va travailler par statistique
et le résultat final sera une courbe de
probabilité de présence voisine de 1 à 5 sigmas, c’est à dire
99,99999%. Aujourd’hui on dépasse
7 sigmas
(99,9.999.999%). Il faudra donc un
très grand nombre de collisions et sachant qu’isoler un seul proton est
impossible on va travailler par essaim
et il faudra trier les bonnes collisions et éliminer sur place les mauvaises (le
LHC est une gigantesque poubelle informatique). En 2 micro secondes il faut
éliminer 99,9% des évènements. C’est à dire enregistrer 1 événement et en
rejeter 10 millions. Isoler le bon
signal est donc le plus difficile, la sensibilité des détecteurs et du
logiciel est le rapport signal/bruit de
fond (le quark top est un vrai parasite). Le bruit de fond ce sont les
évènements similaires à ce que l’on cherche.
On ne peut mesurer les particules que par leurs produits de
désintégration. La durée de vie du boson de Higgs est de 10-22 s,
celles des bosons W ou Z sont de 10-25s. La masse recherchée sera
donc la somme des masses des produits désintégrés. D’où la grande difficulté à
trier en morceaux les bons produits et de les publiés avec l’équation d’Einstein
E = Mc2. Les détecteurs
ATLAS et CMS ont chacun 150 millions de capteurs enregistrant 40 millions
mesures par seconde. Filtrées par logiciels il restera 100 collisions
analysables. Après les bons évènements sont transmis aux analystes dans
différents labos.
La grande difficulté,
et donc l’originalité, sera d’atteindre
une énergie gigantesque voisine de celle du Big Bang. Pour cela on va
accélérer dans le grand anneau 2 faisceaux de protons hadrons tournant chacun en
sens inverse de l’autre dans 2 petits tubes parallèles et voisins jusqu’à que
l’on provoque une collision par
croisement dans une chambre de détection. Toute la difficulté vient de
l’atteinte d’une vitesse très proche de celle de la lumière (300.000 km/s).
Pour atteindre la vitesse de la lumière : les protons provenant
d’une bouteille rouge d’hydrogène passent à travers 4 grosses enceintes
argentées qui délivrent 500.000 volts
pour accélérer les protons (d’où
le nom d’accélérateur) à chaque
passage dans le grand anneau. L’avantage d’un anneau est
le passage cyclique à l’accélération
électrique : pour un accélérateur linéaire (technique américaine) il faut des
accélérateurs tout le long du parcours. L’anneau n’est pas un cercle mais
8 arcs octants avec des circuits
d’injection à chaque départ d’octants. C’est analogue au périphérique parisien :
les véhicules circulent en sens inverse et en 4 point on croise la circulation
provoquant des collisions. La grande
difficulté est la focalisation (la collimation) des faisceaux car si un
faisceau dévie : des protons arracheraient des particules aux parois. Bien
collimatés les faisceaux produisent
davantage de collisions car il faut un maximum de collision pour avoir la
chance d’en trouver une d’analysable
(des centaines de chercheurs à travers le monde par internet vont interpréter
les analyses). C’est la mise en lumière concentrée par des aimants
quadripôles. Il y a 9.600 aimants
disposés sur l’anneau. 392 aimants
quadripôles vont concentrer les
faisceaux. Les aimants sont fabriqués sur place, transportés et descendus
par des cavités spéciales avec des grues spéciales.
Nous visiterons l’usine sur place.
Un proton fait 11.245 tours du LHC par
seconde. Les aimants sont placés dans des cavités cryogéniques à
–271°,3 pour faciliter la
supraconductivité du courant électrique circulant autour des anneaux et aussi
éviter l’échauffement. Le moindre
dysfonctionnement (sur 27 km !) provoque
la congélation du système (incident de septembre 2008 sur 200m). Chaque
faisceau est composé de 2800 (1400 dans
chaque sens) paquets de 100 milliards de particules tellement petites qu’une
vingtaine de collisions pour 200 milliards a lieu. En tournant les paquets
font 7 cm mais à l’approche de la collision on les réduit à 20 microns pour
avoir le plus de collisions possibles.
Chaque seconde 2 à 300 évènements sont analysés, d’où l’on retiendra
25 collisions proton-proton parmi un
bruit de fond gigantesque représentant des collisions ou des
particules parasites comme les gluons.
Par chance il peut y avoir un candidat
Higgs par expérience. Un faisceau peut tourner pendant 10 H après il est
éjecté dans un tunnel poubelle de 350 m avec au bout un bloc de graphite de 8 m
de long tenu par 35 bloc de béton. L’énergie alors est celle d’un TGV à 150
km/s.
Au départ les protons libérés d’une bouteille d’Hydrogène (les
atomes d’H ont été épluchés de leurs électrons) passent successivement dans le
LHC contient un 9600 d'aimants
supraconducteurs pour guider en tournant
les essaims de protons, pour atteindre un champ magnétiques de 8,33 telsa,
chacun d'eux refroidis à 1,9° kelvin, soit -271,25° celsius, faisant du LHC le
plus grand système de refroidissement jamais réalisé. Des températures aussi
basses, nécessitant 120 tonnes d'hélium
liquide pour être obtenues, sont nécessaires
pour atteindre la supraconductivité,
c'est-à-dire, une résistance nulle
au passage du courant électrique. Les forts courants électriques produisent
alors les puissants champs magnétiques requis.
Le LHC est l’endroit le plus froid de
l’Univers. Le bobinage des câbles est le point le plus sensible (1 câble a
36 brins torsadés de 6400 filaments de 7 microns de diamètre : c’est là où se
situe les pannes). La prouesse technologique réside dans la conception et la
construction de l’anneau plus que dans les détecteurs.
Donc pour courber la trajectoire des protons autour de l'anneau,
l'accélérateur utilise 1232 dipôles magnétiques de 15 m de long de couleur
bleue, et 392 quadripôles de
focalisation sont utilisés pour concentrer les rayons avant la collision.
Les ondes radio poussent les protons autour de l'anneau et les « rassemblent »
en paquets d'environ 100 millions chacun. Le budget le plus important fut porté
sur la construction des aimants dont on visitera l’usine. Sur un budget total de
3 milliards d’euros, seuls chaque détecteurs coûtera 500 millions, le reste sera
affecté pour une large part aux aimants,
point fort du LHC jamais souligné.
Dans un premier temps, des atomes d'hydrogène, qui sont
normalement constitués d'un unique électron et d'un unique proton, sont expulsés
d’une petite bouteille (dont on verra un exemplaire dans la sphère musée à
l’entrée). Ils sont débarrassés de leur électrons et accélérés dans un
accélérateur linéaire appelé
LINAC 2, ils sont ensuite accélérés
à nouveau dans une structure composée de quatre anneaux appelée
BPS le Booster Protons-Synchrotron
qui débouche dans le PS synchrotron
à protons de 628 mètres de circonférence. Puis sont injectées dans le grand
anneau dont le but est de passer de 99,9.997.828% à
99,9.999.991% en 20 minutes en tournant.
Les protons traversent les détecteurs en paquets de 100 millions
de protons chacun. Les essaims de protons sont espacés de
7,48 m. Sur les
200 millions de protons présents
dans la zone de collision prévue, seule une
vingtaine vont réellement entrer en
collision, en raison de la petite taille des protons.
Les autres passent entre les gouttes.
Cependant, les paquets de protons voyagent principalement en impulsions, à la
fréquence d'une toutes les 25
nanosecondes, ce qui signifie que les collisions dans le détecteur se
produiront en moyenne 80 millions de
fois par seconde. Les détecteurs doivent enregistrer chaque paquet en moins de
100 nano secondes sur des millions de voies (trafic supérieur à l’ensemble des
communications tel de la planète).
Des logiciels éliminent
les évènements inintéressants (400
par seconde) (ne comportant pas les particules requises ou des phénomènes
connus donnant 2 gammas photons,
éliminent le bruit de fond très importants des parasites dus au système. La
présence d’un boson enrichi une statistique et le degré de fiabilité est
calculé. 25 bosons ont été
sélectionnés de masse 125 GeV sur la désintégration 4 leptons (muons) en 2011 et
2012, 13 ont été retenus.
Les résultats officiels ont été donnés le 4 juillet 2012 à 9H
lors d’un séminaire normal sans sujet, par les 2 portes paroles du CMS et
d’ATLAS en présence de Higgs et Englert, Brout étant décédé l’an passé.
J’ai vu Higgs pleurer (voyant le
résultat d’une expérience prévue 50 ans plutôt !).
Le
prix Nobel a été attribué à Higgs et
Engert le 8 octobre 2013. Il ne pouvait pas être attribué à Brout, décédé en
2011, le comité a laissé sa place vide dans l’annonce. Le CERN, en tant
qu’organisation, ne pouvait pas recevoir de prix à son grand regret comme nous
l’a écrit Yves Sirois (seules les organisations internationales sont proposées
pour le prix Nobel de la Paix, exemple MSF).)
La découverte du boson de Higgs est
fondamentale dans l’explication de la naissance de l’U.
Il est
le point central qui
change l’orientation de l’évolution
l’U en changeant sa densité. C’est
le point dur des fluctuations de
l’énergie du vide. On ne sait pas
pourquoi les particules ont récupéré des masses différentes. On ne sait pas
pourquoi avant il n’y avait au départ que les quarks, des électrons et des
photons. Les Américains l’appellent « the
God Particule », la particule de Dieu. Il s’agit d’une erreur volontaire
d’un éditeur d’un texte de Léon Lederman initialement « The Goddamn Particule »,
« cette foutue particule ». Mais vu son rôle central certains commencent à
s’interroger.
La suite des recherches
sera la découverte d’autres particules grâce à la puissance du LHC (aujourd’hui
4 X 2 Tev, en 2015 7 X 2 Tev) impliquant peut- être 1 ou plusieurs modèles, un
autre boson de Higgs à plus grande énergie. Le Modèle dit Standard pourrait être
étendu à des énergies bien plus grandes dès que le LHC fonctionnera à son
maximum. Michel Spiro nous a dit qu’il pourra même avoisiner les 10 15GeV,
échelle de la grande unification et de l’inflation. Peut -être qu’un autre boson
de Higgs serait l’inflaton ?
Alice pourra peut- être
expliquer la matière initiale au tout début de l’U où les gluons ne pouvaient
plus retenir les quarks. Après il faudra chercher l’origine des quarks, des
photons et … du boson de Higgs lui- même.
Je voudrais maintenant
emprunter mes conclusions au cours
que notre ami Yves Sirois donne à l’Ecole Polytechnique :
« La nature a choisi l’élégance et la simplicité...
« une solution extraordinairement inventive est à
l'origine de la substance de la matière « ... la masse inertielle émerge
spontanément
à
partir de "rien"
« Les principes de symétrie et d'universalité permettent
de comprendre la matière et les « interactions et de contempler les très petites
distances (très hautes énergies) « caractéristiques du début de l’univers
Le champ de Higgs est la clé de voute
de la théorie de l’infiniment « petit ! la masse des particules régulent
l’ensemble
Clef essentielle à notre récit de l’Univers !
En plongeant dans l’infiniment petit
... on est tombé sur le cosmos !
Et maintenant ?
Un des plus grands projets scientifiques de tous les temps est en
marche au CERN pour encore pour 20 ans...
Après 3 ans seulement de prise de données
• Nous avons découvert une nouvelle particule prévue par le
calcul 50 ans auparavant
• Elle couronne un édifice intellectuel intégrant les révolutions
conceptuelles majeures de plusieurs siècles (relativité, mécanique quantique,
champs et symétries etc.)
• Elle implique
l’existence d’une « réalité » sous-jacente composée de « champs » quantiques qui
peuplent l’Univers depuis les origines ...
(Yves SIROIS)
«
Impact
considérable sur notre récit de l’Univers
- origine de la masse - brisure de symétries - énergie du vide
• Nous restons sans
réponses pour
:
- la structure de la matière (3 familles ?, spectre de masse ?)
- l’asymétrie matière ? – antimatière dans l’univers ?,
- la stabilisation de la masse du boson de Higgs ?
- la nature de la matière noire ?;
- de l’énergie noire ?
Sommes-nous arrivés au bout d’un chemin ? (théorie des champs,
symétries de jauges, ...) ?
Faudra-t-il une révolution plus profonde des idées ? une nouvelle
théorie mathématique (comme en bénéficia Einstein) ?
MERCI !
Bernard LELARD
Jean Pierre
Martin Président
de la commission de cosmologie de la SAF
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