Mise à jour le 4 Octobre 2018
CONFÉRENCE DÉBAT
« DYNAMIQUE DES
SYSTÈMES PLANÉTAIRES,
SATELLITAIRES ET
GALACTIQUES »
À
L’ACADÉMIE DES SCIENCES
INSTITUT DE FRANCE
25 Septembre 2018
23 Quai Conti Paris 75006
Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution
peuvent
m'être demandées
directement)
La séance a été filmée en vidéo et sera disponible sur le
site de
l’Institut. Et aussi :
La session complète sur YouTube :
https://youtu.be/vJZxK6rnuvg
BREF COMPTE RENDU
La grande salle des
séances de l’Académie pour cet évènement exceptionnel.
1.
Ouverture de la séance et Introduction par Sébastien Candel et
Alessandro Morbidelli.
2.
L'origine dynamique du système solaire et des exoplanètes par
Sean Raymond
3.
Gaia et la dynamique de la Voie Lactée par Paola Di Matteo
4.
L'origine et l’évolution des systèmes des satellites par
Sébastien Charnoz
5.
Dynamique
dans l’environnement du centre galactique par Guy Perrin
La dynamique des disques, que ce soit pour les
systèmes planétaires ou galactiques, présente beaucoup de similarités, étant des
ensembles de corps en rotation régis par la gravité. Leur évolution est
fortement influencée par des phénomènes de résonance, et de migration radiale
associée. Pourtant il y a aussi beaucoup de différences, les disques galactiques
étant plus soumis à leur propre auto-gravité, et le degré de dissipation par
collisions, ou l’hydrodynamique du gaz étant très variable. Dans cette
conférence, seront exposés les résultats récents sur la formation des planètes
et systèmes planétaires, à la fois le système solaire et les systèmes
extra-solaires, ainsi que des satellites naturels, qui constituent des
véritables systèmes planétaires en miniature. La comparaison sera faite avec les
disques galactiques, notamment celui de la Voie Lactée et les résultats tout
nouveaux du satellite GAIA, de même du disque d’étoiles dans le noyau de la Voie
lactée, autour du trou noir super-massif et les résultats de l’instrument
Gravity du VLT(Very Large Telescope) de l’European Southern Observatory (ESO).
Une remarque, toutes les présentations étaient brillantes et très
intéressantes, mais sont passées comme souvent trop vite.
La prise de notes était difficile, il faudra se reporter aux
présentations mises en ligne avec la vidéo de l’évènement pour avoir plus de
détails.
1 OUVERTURE ET
INTRODUCTION PAR S CANDEL ET A MORBIDELLI.
Sébastien Candel est Président de l’Académie des Sciences, pour la période
2017-2018.
Professeur des universités émérite à CentraleSupélec (Université
Paris-Saclay), membre honoraire de l'Institut Universitaire de France, Il est
membre de l’Académie des sciences depuis 2011 Il a principalement travaillé dans
les domaines de la combustion et de l’aéroacoustique.
Ses recherches au laboratoire Énergétique Moléculaire et
Macroscopique, Combustion (EM2C, CNRS) ont notamment porté sur la dynamique de
la combustion.
Alessandro Morbidelli
est de l’Observatoire de Nice (OCA).
Il consacre sa recherche à la compréhension de la formation du
système solaire et des systèmes planétaires en général et cela depuis
l’évolution des disques proto-planétaires, la formation des premiers embryons
solides au sein de ces disques, jusqu’à l’évolution de notre système solaire
actuel et des exoplanètes.
En mai 2005, Alessandro Morbidelli et ses collaborateurs mettent au
point un modèle décrivant l’évolution tardive du système solaire.
Ce nouveau modèle (dit“de Nice”) a profondément marqué la
communauté travaillant dans ce domaine et est devenu une référence
incontournable pour les scénarios de formation du système solaire. Ses travaux
ont été reconnus par le Grand Prix Lépine de la Ville de Nice, le prix Harold
Clayton Urey de l’American Astronomical Society, le prix Prix Mergier-Bourdeix
de l’Académie des sciences.
Il est par ailleurs membre de l’Académie royale de Belgique
Alessandro en introduction établit le parallèle entre les
systèmes planétaires et les systèmes galactiques.
Il fait remarquer qu’aujourd’hui l’astronomie fait appel de plus
en plus souvent aux simulations numériques.
Signalons aussi que Jacques Laskar, Anne Marie Lagrange, Daniel
Rouan et François Combes ont aussi participé à l’organisation de ce superbe
colloque.
2 L'ORIGINE DYNAMIQUE DU
SYSTÈME SOLAIRE ET DES EXOPLANÈTES PAR SEAN RAYMOND
Sean
Raymond est du Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux.
Il est américain, a fait ses études aux Etats-Unis et sa thèse à
l’université de Washington à Seattle.
Ses travaux portent principalement sur la formation des planètes
et l’évolution de leurs orbites. Il utilise des simulations numériques pour
étudier l’origine du système solaire et des systèmes exoplanétaires.
Il a également participé à la découverte d’exoplanètes, notamment
de deux systèmes comprenant des planètes de la taille de la terre dans la zone
dite "habitable" de leur étoile.
Je signale qu’il parle parfaitement le français.
Voici ce qu’il en disait en préambule :
Il existe une diversité étonnante de systèmes
planétaires. L'étude statistique des exoplanètes démontre que le système solaire
est rare (environ 1 sur 1000). Mais pourquoi est-il si différent ? Environ la
moitié des étoiles dans la galaxie hébergent des super-terres, des planètes de
taille comprise entre celle de la terre et de Neptune avec des distances
orbitales inférieures à la distance Soleil-Mercure. On peut s'interroger sur
l'absence de telles super-Terres autour du Soleil. Dix pourcents des "Soleils"
possèdent des planètes géantes comme Jupiter, mais la majorité de celles-ci ont
des orbites beaucoup plus excentriques que celle de notre Jupiter.
L’architecture des systèmes planétaires est déterminée lors de leur formation
dans des disques de gaz et de poussière autour de jeunes étoiles. Les modèles
révèlent deux ingrédients essentiels : la migration et l’instabilité orbitale.
Dans cette conférence je présenterai les
bifurcations qui déterminent la diversité des systèmes planétaires, ainsi qu’une
série d’évènements qui peut expliquer la formation du système solaire dans un
contexte galactique.
La présentation démarre avec la répartition des diverses
exoplanètes en fonction de leur taille et distance à leur étoile.
Hormis les Jupiters on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de super
Terres chaudes qui n’existent pas dans notre Système Solaire.
À partir d’une étoile type Soleil, on voit les diverses routes
prises pour aboutir à des systèmes planétaires.
Il semblerait que 10% seulement aboutirait à des systèmes comme
le nôtre.
Sean propose un modèle de formation planétaire basé sur les
derniers développements connus que j’ai résumé sur ces schémas mis bout à bout.
|
Tout commence par un disque proto planétaire composé de
99% de gaz et 1% de poussières. Des planétésimaux se forment, de type rocheux en deçà de
la ligne des glaces (endroit à partir duquel l’eau ne peut plus exister
sous forme liquide) et mixtes au-delà. Puis des embryons planétaires se forment. Au-delà de la
ligne de glace la formation est beaucoup plus efficace, ils sont très
gros. Ils pourront, plus tard, migrer mais s’arrêteront au bord interne
du disque. Il y a évaporation du disque de gaz et des résonances
peuvent se produire entre ces embryons planétaires. (Exemple le système
Trappist-1). Ensuite les instabilités orbitales peuvent détruire les
résonances. |
|
Le jeune Jupiter grandit et accrète le gaz du disque. Il creuse son sillon et nettoie tout sur son orbite. Il
bloque ainsi la migration des autres. Migration vers le centre. Puis plus tard repart vers l’extérieur, c’est l’époque du
Grand Tack (grand virement de bord) Mais on remarque que les géantes gazeuses se forment
rarement toutes seules, Saturne va apparaitre. Les instabilités détruisent les petites planètes. Jupiter aurait bloqué la formation de super Terres
chaudes. Ces super Terres chaudes existent autour de 50% des étoiles de
type Soleil. Sommes-nous une exception ? Comme elles se formeraient
loin, on pense que Jupiter à bloqué leurs migrations vers l’intérieur. |
Se pose alors aussi la question suivante : pourquoi notre Jupiter
n’est-il pas un Jupiter chaud ?
Et aussi : pourquoi Mars est-elle si petite (1/10 masse Terre)
par rapport à la Terre ?
Alors que dans beaucoup de simulations, on aboutit à une Mars de
type Terre.
Quelque chose s’est produit qui a vidé la zone où se trouvait
Mars et a rendu la matière première rare.
C’est probablement la migration de Jupiter qui en est la cause.
De nombreuses questions restent posées notamment :
·
Quelle est la structure des disques proto
planétaires ?
·
Quelles sont les compositions des super Terres :
roches ou glaces ?
·
Existe-t-il une corrélation entre les planètes
géantes et les super Terres ?
POUR ALLER PLUS LOIN SUR CE SUJET :
Global
models of Solar System formation (and super-Earths)
par S Raymond et A Izidoro
Gas giant planets as dynamical
barriers to inward-migrating super-Earths
par A. Izidoro, S Raymond A Morbidelli et al…
Terrestrial planet formation constrained by Mars and the structure of the
asteroid belt
par les mêmes
Dynamical water delivery: how Earth and rocky exoplanets get wet
par S Raymond
Challenges in planet formation
par Alessandro Morbidelli et Sean N. Raymond
The Grand Tack model: a critical review
par Alessandro Morbidelli et Sean N. Raymond
Two
phase, inward-then-outward migration of Jupiter and Saturn in the gaseous solar
nebula par
A. Pierens etS. N. Raymond
The Grand Tack
par Kevin Walsh
The
Grand Tack
par Sean Raymond
Jupiter Descending
intéressant
Solar System Archaeology,
Part I and
Part II sur la formation du système solaire. Intéressant
Explications du Grand Tack dans cet ancien Astronews
Les
publications de Sean Raymond.
Pour ceux qui veulent une explication plus consistante sur le
Grand Tack , voici titré de Jupiter Descending et en anglais :
This figure
combines the scenarios of Walsh et al. 2011 and Batygin & Laughlin 2015.
Panel a shows
the beginning of the Grand Tack at a system age of ~1-2 million years. The gas
nebula is still present and accretion has progressed throughout the system, with
several low-mass planets already formed on inner orbits and two gas giants
growing in the “snow region” beyond 3 AU where water freezes. (Note: BL15 place
Jupiter’s starting point at 6 AU.)
Panel b shows
the maximum incursion of the two gas giants into the inner system, where they
scatter planets and planetesimals as they establish an orbital resonance. Some
of the original low-mass planets have already been engulfed by the Sun. In the
outer system, two or more additional low-mass planets are growing interior to a
massive planetesimal belt.
Panel c shows
the retreat of proto-Jupiter and proto-Saturn as their resonant orbits carry
them back into the snow region, just as the gas nebula begins to dissipate.
Meanwhile,
the planetesimals scattered inward by proto-Jupiter have already crowded all the
original low-mass planets into the Sun, leaving a ring of colliding
planetesimals and debris near the present orbit of the Earth.
Panel d shows
the final stable configuration of the Solar System at an age of about 1 billion
years. The collisional assembly of the four terrestrial planets has scattered
residual debris into a “garbage orbit” beyond Mars, creating the ancestral
Asteroid Belt, while the outward migration of Saturn has pushed Uranus and
Neptune onto wide orbits, outside the scale of this diagram.
Les vidéos des simulations :
Simulation numérique de la migration d'une proto-planète:
L'étoile centrale, non représentée, est située au centre de la
figure. La simulation a été réalisée sur une échelle de temps correspondant à
200 orbites. Le cercle en pointillés blancs représente l'orbite initiale et la
masse de la proto-planète est égale à 40 fois celle de la Terre.
La vidéo par Fréderic Masset :
http://www-star.qmul.ac.uk/~masset/movies/MOVIE2_small.mpg
Simulation de formation par Kevin Walsh :
http://www.boulder.swri.edu/~kwalsh/Fred/GT-all.AVI
3 GAIA ET LA DYNAMIQUE
DE LA VOIE LACTÉE PAR PAOLA DI MATTEO
Paola Di Matteo est astronome-adjoint à l’Observatoire de Paris.
Après avoir fait ses études en Italie, à l’université de Rome La
Sapienza sur la dynamique des amas globulaires, elle a rejoint l’Observatoire de
Paris où elle a travaillé sur les phénomènes de fusion de galaxies.
Ses travaux actuels portent sur les mécanismes dynamiques de
redistribution des étoiles dans les disques de galaxies, comme la formation de
barres ou la migration radiale, qu’elle étudie notamment à l’aide de simulations
numériques.
L’étude de ces phénomènes a permis d’approfondir notre
compréhension de la formation et de l’évolution de la Voie Lactée dans une série
d’études publiées ces dernières années.
Voilà son introduction :
La mission astrométrique Gaia, lancée par l’Agence
Spatiale Européenne en fin 2013, est en train de cartographier en 3D plus d’un
milliard d’objets de notre Galaxie, avec une précision inégalée.
Pour la première fois, nous avons accès aux
mouvements de plusieurs millions d’étoiles, bien au-delà du voisinage solaire,
alors que jusqu’à présent ces mesures n’étaient possibles qu’à proximité de
notre étoile, le Soleil.
Je présenterai les nombreuses premières découvertes
de la mission Gaia, et en particulier la façon dont Gaia a permis de « peser »
la Galaxie, de mesurer les mouvements d’ensemble des étoiles dans le disque, de
mettre en évidence les traces fossiles de l’accrétion d’une galaxie satellite
dans le halo de la Voie Lactée, il y a plusieurs milliards d’années, ou encore
de révéler une multitude de courants stellaires, témoins de la destruction des
amas d’étoiles et galaxies satellites par notre Galaxie.
On change d’échelle par rapport à la présentation précédente.
|
|
Distance du Soleil au centre galactique : 26.000al ou
8,5kpc. 4 bras spiraux. Au centre le bulbe et autour du disque un
halo stellaire et des amas globulaires (concentrations très dense
d’étoiles, la Voie Lactée : 150 amas approx). |
L’environnement de
notre Galaxie. La Voie Lactée et Andromède sont les plus massives du
Groupe Local. |
On sait aussi que les galaxies, dont la nôtre sont entourées d’un
halo de matière noire nécessaire à leur stabilité.
Quelques rappels sur
la Voie Lactée :
galaxie spirale barrée, barre de 3,5kpc et orientée de 30° par rapport à la
direction de la Galaxie. Diamètre approx 200.000 al.
L’Observatoire spatial GAIA a imagé de façon étonnante notre
Galaxie, on voit ci-dessous un de ses plus beaux clichés.
Notre Galaxie en couleur vue par Gaia (ESA)
Pour étudier plus avant le mouvement des étoiles dans la Galaxie
on a besoin de connaitre certains paramètres listés sur la slide ci-contre.
Comment accéder à ces informations : grâce à Gaia, la mission
astrométrique de l’ESA, qui vient de publier son deuxième catalogue d’étoiles et
dont nous avons informé longuement nos amis
de cet évènement.
Ce catalogue contient la position et la luminosité de 1,692
milliards d’étoiles (chaque étoile a été mesurée plus de 200 fois !), ainsi que
la parallaxe et le mouvement propre de 1,331 milliards d’étoiles. De même la
couleur de plus de 1,3 milliards d’étoiles et la vitesse radiale de 7,2 millions
d’étoiles. Ces données permettront l’élaboration d’une carte 3D de notre
Galaxie.
Gaia a photographié une portion de notre Galaxie (apparait en
rose et rouge) alors que le prédécesseur Hipparcos n’a pus cataloguer que la
portion en vert.
Hipparcos avait catalogué (seulement !) 100.000 étoiles.
Depuis la publication du deuxième catalogue, plus de 200 articles
scientifiques ont été publiés.
Quelques résultats prometteurs parmi ces articles.
Carte cinématique de la Galaxie.
Carte des vitesses radiales.
Slide tirée de la collaboration Gaia
Katz et
al 2018.
Cette carte a des structures : des étoiles vont ver l’extérieur
(régions rouges) certaines vont vers l’intérieur (régions bleues).
Le Soleil (flèche) se trouve au milieu.
Comment expliquer ces divers mouvements : il semble bien que ce
soit la présence de la barre centrale, il y a des régions de tension et de
compression. Cela a été mis au jour à l’aide de simulations.
Il y a bien mouvement non axisymétrique des étoiles dans le
disque.
Beaucoup d’informations contenues dans ces cartes.
Le deuxième résultat caractéristique :
Il y a des mouvements verticaux, comme des oscillations produites
par le passage de la Galaxie satellite du Sagittaire au travers du disque.
Probablement dans un passé récent : 500Ma.
Cela a produit des trainées de marée (en couleur sur la slide).
Dernier point décrit aujourd’hui : les courants stellaires
(stellar streams en anglais).
Notre Galaxie comporte plus d’une centaine d’amas globulaires,
amas qui orbitent autour de la Galaxie. Lors de ces orbites certaines étoiles
des amas s’échappent et par effet de marée sont attirées par le potentiel
galactique. Mais il reste prisonnier de l’orbite de leur amas respectif.
En étudiant ces courants stellaires, on peut avoir des
informations sur
le potentiel
galactique.
L’analyse des données de Gaia dévoile l’existence d’une dizaine
de courants stellaires, issus de la désagrégation des amas globulaires proche de
notre Galaxie.
Ce pourrait être une découverte fondamentale pour contraindre la
distribution spatiale
de la matière
noire.
Le mouvement des étoiles dans notre Galaxie résulte de l’action
de la barre et des bras spiraux, mais aussi des perturbations dues au passage de
galaxies satellites.
Ces mouvements nous renseignent sur la distribution et la
granularité de la matière sombre dans notre Galaxie.
POUR ALLER PLUS LOIN SUR CE SUJET :
Off the beaten path: Gaia reveals
GD-1 stars outside of the main stream
Adrian M. Price-Whelan,
∗ and Ana Bonaca
Clearing Up Stellar Streams with Gaia
Distinguishing between WDM and CDM by studying the gap power spectrum of stellar
streams
Stellar Streams & The Nature of Dark Matter
Probing the nature of dark matter
particles with stellar streams
4 L'ORIGINE ET
L’ÉVOLUTION DES SYSTÈMES DES SATELLITES PAR SÉBASTIEN CHARNOZ
De l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP)
Les travaux de
Sébastien
Charnoz concernent la question de la formation des planètes mais
aussi l’origine et l’évolution des anneaux et de satellites des planètes
géantes.
Après une thèse soutenue en 2000, sous la direction d’André
Brahic, il a intégré l’équipe d’imagerie de la mission Cassini.
Il a, au sein de cette équipe, étudié la dynamique des anneaux et
des satellites de Saturne et développé de nouvelles théories concernant leur
origine.
Sébastien Charnoz travaille aujourd’hui à l’Institut de Physique
du Globe (IPGP) pour faire le lien entre la composition des météorites et les
scénarios de formation des planètes.
Il fait aussi partie de la mission CHEOPS (ESA) pour étudier les
exoplanètes en transit.
Son introduction :
Je vais parler des scénarios de formation des
satellites des planètes. Contrairement à beaucoup d’idées reçues, les satellites
des planètes géantes ne se forment pas nécessairement de la même manière que les
planètes. Cela semble bien établit pour les satellites de Saturne, Uranus et
Neptune.
Je comparerai les scénarios de formation des
satellites des différentes planètes géantes et montrerai l’importance et le rôle
crucial que jouent les anneaux. Un des grands résultats de la mission Cassini
est qu’il existe un lien génétique fort entre anneaux et satellites et
j’illustrerai cela par des données spatiales et des simulations numériques.
Ce type de modèle s’étend aujourd’hui à la
formation de planètes autour de naines blanches et semble être un processus
générique, révélé par la dynamique des anneaux de Saturne.
Il commence par un hommage à son professeur André Brahic que nous
regrettons tous.
Le sujet traite de la dynamique des satellites « réguliers » du
Système Solaire, c’est-à-dire des satellites qui orbitent dans le plan
équatorial de la planète. Par opposition aux satellites irréguliers comme Triton
qui ont certainement été capturé.
Plus d’une centaine de satellites répertoriés dans le Système
Solaire, et chacun de
ces objets est un monde en soi.
Ces satellites sont les derniers témoins de la formation
planétaire.
Beaucoup de ces satellites donnent en fait des informations sur
leur planète respective, comme la Lune qui donne une énorme quantité
d’informations sur la Terre.
En vertical : la masse du satellite rapporté à la masse du corps
principal
En horizontal : la distance rapportée au rayon du corps
principal.
Et ceci pour différentes planètes.
Les systèmes de satellites autour des planètes géantes sont plus
compacts (plus serrés) que le système solaire en général.
Ça rappelle aussi des systèmes d’exoplanètes.
La grande spécificité des satellites est qu’ils sont dominés par
le
phénomène de
marées.
C’est l’effet d’attraction différentielle qui s’exerce sur le
cops principal et sur le satellite.
Cela déforme le satellite ou un chauffage interne. La déformation
de la planète est à un degré moindre, elle dissipe cette énergie (frottement
dans le fond des océans) en ralentissant, comme la Terre par exemple..
Les effets
induits par les marées.
Les systèmes de satellites évoluent beaucoup plus rapidement que
les systèmes planétaires.
Les marées induisent des migrations de satellites et produisent
de nombreuses résonances entre les satellites.
Comme pour Jupiter où il y a 3 grosses résonances entre
satellites (voir figure).
De même pour Saturne 5 grosses résonances, Uranus 6 et Neptune 3.
Ces résonances vont induire dans l’intérieur de certains
satellites par déformation mécanique (transformation d’énergie mécanique en
énergie calorifique) une élévation de la température. Phénomène particulièrement
sensible
sur Encelade
satellite de Saturne. Chauffage interne (6 GW on pense) si intense qu’Encelade
émet d’énormes geysers dans l’espace.
Au cours du temps, Encelade s’éloignant de Saturne, traverse les
autres résonances satellitaires et à chaque fois sa chaleur interne augmente, ce
qui entretient ces geysers.
Les
marées sont donc un facteur d’évolution très fort sur les satellites.
Elles font s’éloigner les satellites la plupart du temps,
c’est-à-dire que la position des satellites que l’on voit aujourd’hui, n’est pas
la position originelle.
Comme la Lune qui s’est formée à seulement 3 ou 4 rayons
terrestres (la Terre tournait en 4 heures à l’époque) avant de s’éloigner.
Les
mécanismes de formation.
On pensait que c’était comme pour les satellites, des mini
systèmes planétaires, mais les effets de marée rendent cette formation beaucoup
plus complexes et diverses.
On a plusieurs systèmes de formation concurrents.
Un des scénarios classiques pour les planètes géantes c’est la
formation dans le disque circumplanétaire. Un tel disque se forme lors de la
naissance de la planète géante.
C’est en fait la reproduction autour d’une planète géante du
scénario de formation des planètes dans le Système Solaire.
Ce type de formation marche très bien pour Jupiter.
Le disque circumplanétaire va être alimenté par le disque
protoplanétaire du Système Solaire. Des satellites vont se former et même migrer
et être absorbés par Jupiter, jusqu’à ce que d’autres prennent leur place.
Ce système ne semble pas marcher pour les 3 autres planètes
géants, leurs disques circumplanétaires n’étant probablement pas assez
importants.
Un autre type de scénario, plutôt pour Saturne, Uranus et
Neptune, ce serait les anneaux eux-mêmes qui auraient formé les satellites.
On voit ici les 4 planètes géantes et leurs satellites.
On remarque que les masses des satellites augmentent avec la
distance aux anneaux.
Il semble bien qu’il y ait une relation avec les anneaux.
On se rappelle cette notion :
tous les disques
astrophysiques ont tendance à s’étaler.
Le disque est bordé par la
limite de
Roche, limite en deçà de laquelle des gros corps ne peuvent pas se
former à cause des effets de marées trop importants.
À la limite de Roche (rR), les forces de gravité sont
égales aux forces de marée.
L’idée est que lorsque l’anneau s’étale, la partie qui dépasse la
limite de Roche, peut former ainsi un ou plusieurs petits satellites.
Ils finissent par sortir les uns et les autres, se rencontrent et
finissent aussi par grandir. On remarque donc une accumulation de nombreux
petits satellites près de la limite de Roche, ils viennent de se former.
Il existe une vidéo montrant cette évolution incluse
dans
l’article de l’INSU.
En conclusion,
les satellites de
Saturne sont nés dans les anneaux.
En poursuivant les simulations on s’aperçoit que ça marche aussi
pour Uranus et Neptune. (Ne marche pas pour Jupiter)
Pour les planètes terrestres les satellites se seraient formés
comme conséquences des impacts géants.
On remarque que les planètes terrestres ont tendance à former un
gros satellite et les planètes géantes une myriade de petits satellites.
Les satellites des planètes terrestres se seraient formé lors
d’impacts géants lors de la phase finale de la formation des planètes.
Phobos serait aussi le résulta d’un impact géant sur le proto
Mars ; un disque se crée après l’impact. Après simulation, on s’aperçoit qu’en
fait plusieurs petits satellites sont créés mais beaucoup sont absorbés par
Mars. À la fin il ne reste que Phobos et Deimos.
Conclusions.
·
Les systèmes de satellites sont activés par les
marées et les interactions mutuelles
·
Ils évoluent rapidement
·
Très grande diversité de formation
·
Les lunes des planètes terrestres sont formées
par les impacts géants
·
Pour les planètes géantes, les anneaux jouent un
rôle fondamental
·
Les lunes seraient plus jeunes que leurs
planètes.
En clin d’œil final : le modèle de formation de satellite dans
les anneaux (ici de Saturne) avec Peggy au bord de l’anneau A qui n’existait pas
il y a 10 ans.
Il semble que ce soit une découverte faite par hasard.
Cet objet se détacherait dans quelques années de l’anneau.
Crédit : Carl D. Murray et al.
POUR ALLER PLUS LOIN SUR CE SUJET :
Satellite
formation from rings Vidéo par A Crida à l’IAP
Formation of
Regular Satellites from Ancient Massive Rings in the solar system par
S Charnoz et A Crida
S. Charnoz's
research while affiliated with Paris Diderot University and other places
Orbital
resonances of the Galilean moons of Jupiter
How do the
tides slow the earth’s rotation?
Les marées
par l’Université de l’Ohio.
Des anneaux
planétaires seraient à l’origine des satellites du système solaire
Cassini Took
One Last Look at a Mysterious Glitch in Saturn's Rings Before It Died
Un impact
géant : le mystère de l'origine des lunes de Mars enfin percé
Formation of
Phobos and Deimos via a giant impact
On the
Impact Origin of Phobos and Deimos. I. Thermodynamic and Physical Aspects
On the
Impact Origin of Phobos and Deimos II: True Polar Wander and Disk Evolution
On the
impact origin of Phobos and Deimos III: resulting composition from different
impactors
Comprendre
la formation des satellites de Mars par S Charnoz
La limite de
Roche par le CRAL de Lyon.
5 DYNAMIQUE DANS
L’ENVIRONNEMENT DU CENTRE GALACTIQUE PAR GUY PERRIN
Guy Perrin, né à Saint-Étienne en 1968 est ancien élève de l’École
polytechnique et docteur en astrophysique et techniques spatiales de
l’université Paris 7.
Il est spécialiste de haute résolution angulaire.
Il a dirigé l’équipe
OHANA
qui a démontré la recombinaison de télescopes optiques par fibres monomodes.
Il est le responsable de la contribution française à
l’instrument
Gravity dont l’objectif phare est l’étude du trou noir super massif
au centre de la Galaxie et les tests de la relativité générale en champ fort.
Il est Directeur adjoint scientifique chargé de l’astronomie au
CNRS/INSU.
Son introduction :
La source radio Sagittarius A* a été détectée au
centre galactique au début des années soixante-dix.
L’hypothèse d’un trou noir super massif a
rapidement émergé sans qu’une preuve formelle ne puisse être apportée. La masse
de Sgr A* est estimée à partir des mouvements du gaz et des étoiles dans son
environnement.
L’estimation la plus précise, environ 4 millions de
masses solaires, est donnée par la mesure des orbites des étoiles les plus
proches, l’amas S d’étoiles jeunes. L’étoile S2 passe au plus près avec un
péricentre à seulement 125 unités astronomiques de Sgr A*.
Lors de son passage récent au péricentre, la
vitesse de S2 a atteint 2,7% de celle de la lumière. Un test de la relativité
générale a pu être réalisé avec les instruments Gravity et Sinfoni.
Les orbites des autres membres de l’amas des
étoiles S sont régulièrement mesurées et d’autres étoiles plus faibles et plus
proches sont recherchées avec Gravity. L’existence même de cet amas si près de
Sgr A* pose question.
À plus grande distance, les autres étoiles connues
sont des populations d’étoiles massives évoluées. Je discuterai la dynamique des
étoiles au centre galactique et présenterai les derniers résultats obtenus.
On
retrouve au centre de notre Galaxie quand on l’étudie, une forme de galaxie
spirale comme on le voit
sur cette
image. Et sur la slide
ci-contre.
C’est probablement un hasard.
Les populations de gaz et de poussières s’arrangent dans un
disque circumnucléaire de l’ordre de quelques pc.
Plus au centre, les populations d’étoiles sont ordonnées sous
forme de deux disques, à moins d’un parsec.
On y trouve surtout des étoiles massives ou même très massives
(de type
Wolf Rayet).
Encore plus au centre, une cinquantaine d’étoiles massives.
Tout au centre, très probablement le trou noir super massif.
Comment peut-on observer de tels objets ?
Avec une
optique adaptative (turbulence atmosphérique) en
infra rouge (pour
pénétrer les poussières).
L’optique adaptative montée sur les télescopes du VLT :
NACO.
Grâce à l’optique adaptative on peut distinguer les étoiles de
l’amas central et en déduire des informations sur l’objet autour duquel elles
tournent.
On peut voir sur
cette vidéo
de l'ESO le mouvement de ces étoiles autour du TN central.
La mieux :
https://webhome.weizmann.ac.il/home/tal/pp/GCOrbits2003.gif
On s’intéresse particulièrement à une étoile (S2) proche du
centre, dont l’orbite
est relativiste. (sa vitesse est par moment quelques % de la vitesse de
la lumière et donc que les effets relativistes se font sentir)
Elle nous a fourni une estimation assez précise de la masse
centrale : approx 4
millions de masses solaires.
On reconstitue aussi les orbites de toutes les étoiles centrales,
ceci permettant de confirme la masse centrale.
Pour aller plus loin et pour avoir plus de précision sur le
centre galactique, et la population d’étoiles centrales, il faut augmenter la
résolution angulaire.
Pour étudier par exemple l’effet relativiste sur les orbites ou
pour comprendre la nature de ces étoiles, il faut une résolution de la
milliseconde d’angle
(mas).
Maintenant si on veut établir la preuve que l’objet central est
un trou noir massif (on doit atteindre l’échelle du rayon de Schwarzschild) et
comprendre la nature des sursauts, il faut alors une résolution d’une dizaine de
microsecondes d’angle.
La solution : augmenter la taille de l’appareil, en montant
plusieurs télescopes en
interféromètre.
Plusieurs télescopes sont ainsi reliés et la distance angulaire
est liée à la plus grande distance entre les télescopes.
C’est ce que l’on a fait au VLT en combinant les 4 télescopes
principaux de 8m (UT) et les 4 télescopes complémentaires (AT) pour
l’astrométrie de très haute précision.
La base obtenue est de 140m menant à une résolution angulaire de
4 mas.
C’est la base de l’instrument Gravity.
En encadré le
recombinateur (Beam Combiner en anglais) qui combine les signaux des
télescopes.
Crédit photo : MPE.
Gravity est un
consortium
international.
Avec Gravity on peut faire maintenant des images du centre
galactique,
Image de S2 avec Gravity
On cherche aussi d’autres étoiles plus près de SgrA*, mais pour
le moment on n’en a pas trouvé.
(La théorie en prévoit quelques-unes)
On continue à chercher.
On s’était dépêché de fabriquer cet instrument pour être prêt
quand ce sera le moment ou
S2 sera au plus près de
SgrA*, c’est-à-dire du 19 Mai 2018.
On voulait absolument mesure le décalage gravitationnel vers le
rouge dû à la présence de l’objet massif central.
Cela
a effectivement été mesuré, Einstein a encore raison.
Cela a donné lieu à des mesures et à des rapports.
Nous en avions aussi parlé
dans cet
astronews du 11 Aout 2018.
Au moment ou S2 passe au plus près, on devrait avoir un excès
d’un décalage vers le rouge, ce qui a été constaté.
On voit à gauche l’orbite de S2, les petits carrés verts sont les
mesures dues à Gravity.
À droite en bas
un zoom
de la zone près du périgée.
À droite en haut, l’effet sur les vitesses radiales.
Une autre
image HR de l’orbite de S2.
La théorie einsteinienne de la Relativité Générale est validée
fortement, et la gravité newtonienne est exclue à 11 sigmas !
Un
deuxième résultat, on sait depuis 2003, que des sursauts IR
se produisent au centre, dus probablement à des phénomènes énergétiques .
Ces sursauts (flares en anglais) proviennent de l’environnement
du TN, peut-être du disque d’accrétion ou des jets.
Ces sursauts sont en tous cas un magnifique outil pour
l’exploration du TN.
On peut
voir une
vidéo de ces sursauts en petit format, je n’ai pas trouvé la haute
résolution.
On y voit les sursauts de luminosité (très brillants) de S2.
Période approx 20 à 40 minutes.
Des sursauts ont été observés les 27 Mai 22 et 28 Juillet 2018.
C’est aussi un moyen d’étudier la Relativité Générale.
Un article est en préparation (draft) avec le titre suivant :
Detection of orbital motions near the last stable circular orbit of the massive
black hole Sgr A*
Et ensuite ? On voudrait mesurer la précession relativiste de S2.
On voudrait aussi améliorer encore la qualité des mesures.
Une question parmi les nombreuses posées : est-on sûr que c’est
un TN ?
On ne voit pas bien ce que cela pourrait être d’autre, une
étoile
bosonique peut-être ?
NdlR : C’est une étoile encore plus compacte qu’une étoile à
neutrons, et contrairement au trou noir, elle n’aurait pas d’horizon des
évènements, son existence est hypothétique.
POUR ALLER PLUS LOIN SUR CE SUJET :
GRAVITY
Première science Journée 2018 OCA/Collège de France présentation pdf
par Guy Perrin
L’exploration du trou noir au centre de la galaxie avec Gravity par
Guy Perrin
The Galactic
Center Massive Black Hole and Nuclear Star Cluster
Des étoiles
trop jeunes à proximité de Sgr A*
GRAVITY :
Observation de Sgr A* par interférométrie infrarouge par Guy Perrin
GRAVITY
Studying the supermassive black hole at the center of the Galaxy
Rencontres de Moriond 2011
Gravity : un
nouvel instrument pour étudier les trous noirs de Futura Sciences
Ou
en pdf.
Tracking
Stars Orbiting the Milky Way's Central Black Hole
Secrets Of
The Strange Stars That Circle Our Supermassive Black Hole
Gaia's
surprising discoveries – part 1
scrutinising the milky way par l’ESA
Stars
orbiting galactic center video du Keck/UCLA
First
Successful Test of Einstein’s General Relativity Near Supermassive Black Hole
video de l’ESO
Bref une superbe après-midi très enrichissante.
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L’Institut est parsemé de cadrans solaires, en voici
un près de l’entrée |
La grande salle des séances est extraordinaire à
voir, ici un détail du plafond. |
Jean Pierre Martin .Président de la Commission de Cosmologie de
la SAF.
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