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Mise à jour 25 Février 2020

CONFÉRENCE MENSUELLE DE LA SAF
 « LES PLANÈTES EXTRASOLAIRES.

LA RECHERCHE DES AUTRES MONDES »

Par Alain LECAVELIER DES ÉTANGS

Astrophysicien, IAP 

Au CNAM 292 rue St Martin Paris 3ème.

Le Mercredi 12 Février 2020 à 19H00 Amphi Abbé Grégoire.

 

Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)

Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos et des animations.

Le conférencier a eu la gentillesse de nous donner sa présentation, elle est disponible sur ma liaison ftp et se nomme : ExoPlanets_SAF_2020.pdf, qui se trouve dans le dossier CONF-MENSUELLES-SAF/ saison 2019-2020.

Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me contacter avant.

 

Je m’inspire aussi de CR précédents sur le même sujet.

Cette conférence a été filmée en vidéo (grâce à UNICNAM et IDF TV, merci à Laurent Dongé) et est accessible sur Internet

On la trouve à cette adresse   à venir

 

 

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Alain Lecavelier des Étangs (à droite de l’image et à mes côtés) est un grand spécialiste des exo planètes.

 

Il est sorti de l’X, puis doctorat à l’IAP.

Nombreux post-docs : à Pune (Inde) en radioastronomie et à Johns Hopkins sur le télescope spatial FUSE.

 

Chargé de recherches à l’IAP depuis 1999.

 

Ouvrages récents :

 

Le ciel et les étoiles sans complexe chez Hugo et Cie

Les exoplanètes. À la recherche des nouveaux mondes dont il a écrit la préface.

 

 

 

 

 

On découvre tous les jours de nouvelles planètes en dehors de notre Système Solaire et de plus en plus aussi de nouvelles planètes « potentiellement habitables ».

 

Et notre conférencier de citer Épicure : « Il y a un nombre infini de mondes semblables au nôtre et un nombre infini de mondes différents. »

 

Si Épicure n’a pas craint pour sa vie avec de tels dires, ce ne fut pas le cas de G Bruno qui fut envoyé au bûcher.

 

Il a fallu attendre Michel Mayor et son étudiant de l’époque, Didier Queloz pour découvrir la première planète située hors de notre Système Solaire, c’était en 1995.

 

 

Comment mettre en évidence une exoplanète ?

 

Il y a deux difficultés majeures :

·        une très faible séparation angulaire

·        un contraste de luminosité en revanche énorme.

 

La première méthode utilisée est celle des vitesses radiales.

 

Étoiles et planètes tournent autour de leur centre de masse commun, qui est légèrement différent du centre de l'étoile, c'est à dire que l'étoile possède un petit mouvement décentré autour de ce point.

 

C'est ce mouvement (wobble en anglais), et ses variations de vitesse que l'on essaie de détecter pour ainsi révéler la présence d'une (ou plusieurs) planètes autour de cette étoile.

 

Ce mouvement est illustré sur l'animation gif ci-contre.

 

C'est ce que l'on appelle la mesure par la méthode des vitesses radiales (Radial Velocity en anglais)

 

 

 

Il est clair que l'étoile étant énormément plus massive que l'étoile, son mouvement autour du centre de masse est très faible, par exemple, pour notre Soleil, et en ne prenant en compte que Jupiter dans le système solaire, il serait de l'ordre de 500 microsecondes d'arc, vu d'une distance de 10pc comme expliqué dans cet article de l'Observatoire de Paris.

Le déplacement dû à une petite planète comme la Terre serait …………1000 fois plus faible !!!

Hors de portée de nos instruments pour le moment.

 

De telles différences de vitesse ou de déplacement peuvent être détectés par effet Doppler, que tout le monde connaît maintenant, c'est par exemple, le cas de la voiture qui arrive de loin vous dépasse et s'éloigne de vous.

Quand on s'approche les longueurs d'onde diminuent (plus aiguë ou plus bleu) et quand on s'éloigne, elles augmentent (plus grave ou plus rouge).

 

Ce déplacement en fréquence (shift en anglais) se détecte sur la lumière émise par l'étoile autour de son orbite.

 

Un bel exemple de déplacement des raies par la présence d'une exoplanète.

 

 

L’autre grande méthode : la méthode du transit.

 

Voici le principe : une planète (invisible depuis la Terre), passe devant son étoile régulièrement ; l'éclat de l'étoile diminue légèrement.

 

C'est cet affaiblissement de luminosité que l'on détecte pour affirmer la présence de la planète.

 

Une animation du transit d'une planète devant son étoile.

 

C'est le même genre de phénomène que l'on a observé avec Vénus lors de son passage devant le Soleil le 8 Juin 2004.

 

 

 

 

Il pleut vraiment des planètes !

 

À ce jour (Février 2020), on a mis au jour :

 

·         4180 exoplanètes correspondant à

·         3099 systèmes exoplanétaires dont

·         680 systèmes multiples.

 

 

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La morale de l’histoire : il y a une grande diversité parmi ces exoplanètes.

 

Dessin du conférencier représentant les divers types d’exoplanètes en fonction de leur masse (ordonnée) et de leur distance à l’étoile (abscisse) en UA (distance Terre Soleil).

 

On repère facilement les différents groupes.

 

Pour le moment pas beaucoup de types terrestres !!! On découvre des 2 à 10 masses terrestres.

 

 

 

 

 

 

 

 

  

Il y a même des résidus d évaporation, en effet, certaines planètes proches de leur étoile, …s’évaporent !

De telles planètes gazeuses, peuvent après évaporation devenir solides, donc, des résidus d'évaporation.

On les dit "chtoniennes", la racine de cet adjectif est la même que pour autochtone.

 

Une image contenant texte, carte

Description générée automatiquementPour les petites planètes, celles qui nous intéressent en principe, on a établi la relation entre masse et rayon, comme on le voit sur le graphique ci-contre.

La zone grise correspond à un taux de Fer trop important.

Les lignes solides correspondent à des modèles de différentes compositions.

En pointillé bleu, ce qui correspond le plus à la composition de notre Terre sur laquelle on a superposé différentes exoplanètes connues.

 

Photo d’écran : Dressing et al

 

 

 

 

 

 

 

 

La révolution Kepler !

 

Le 6 Mars 2009 dans la nuit, a décollé de Cap Canaveral en Floride à bord d'une fusée Delta, la mission de la NASA pour découvrir de nouvelles exoplanètes : la mission Kepler. C'est la première mission d'envergure de la NASA pour détecter des planètes de type terrestres, c'est à dire situées à la bonne distance de leur étoile, dans ce que l'on appelle la zone habitable, région où l'on peut trouver l'eau sous ses trois formes : liquide, solide et gazeuse.

Précision de mesure : 20ppm, 4 fois moins que le transit de la terre !

Il devrait voir les objets de magnitude entre 9 et 16.

Plus de 200.000 étoiles de type solaires devraient être scrutées pendant la période initiale de 3 ans.

 

L’idée de Kepler : examiner toujours la même zone du ciel et détecter les infimes variations de luminosité de transits devant une étoile.

 

 

Son champ d’action : 200.000 étoiles ! Il couvre 1/400 du ciel

 

 

Illustration : NASA

 

 

 

 

 

Méthode du transit à l’aide d’un photomètre de 95cm d’ouverture équipé d’un miroir de 1,4m et de détecteurs CCD.

Ce sera le plus grand capteur CCD lancé dans l'espace : 95 millions de pixels !

Sa particularité : il pointera un point fixe situé dans la constellation de la Lyre et fera ses relevés à partir de cette zone-là.

On confirme une découverte si on a pu mesurer 3 transits de la même planète

 

Kepler dès sa mise en service découvre de nombreuses exoplanètes (plusieurs milliers)

 

 

Quelques exemples :

Un système solaire comportant 6 planètes dont quelques-unes probablement rocheuses.

L’étoile est du type solaire, située dans le Cygne, proche de nous, à 2000 années-lumière, donc dans notre galaxie.

Elle a été baptisée Kepler-11.

 

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Le nouveau système découvert semble être très « plat » et ressemble un peu au nôtre, sauf que la plupart des planètes sont plus proches de leur étoile que les nôtres, elles s’inscrivent en effet, pour ainsi dire dans l’orbite de Mercure.

 

 

Donc elles ont …chaud !

 

Illustr : NASA

 

 

 

 

Voir le dossier Kepler sur le site.

 

 

 

La notion de zone habitable.

 

Un des principaux buts de la recherche de planètes extra solaires est de trouver des planètes similaires à la Terre.

Mais qu’a donc la Terre de si particulier et d’unique dans le système solaire ?

De l’EAU sous ses trois formes physiques : solide (glace), liquide et gazeuse (vapeur d’eau)

Mais pourquoi l’eau est-elle si importante ?

 

·         Elle diffuse facilement à travers les membranes des cellules, c’est un solvant parfait

·         Forte chaleur spécifique : peut stocker de grandes quantités de chaleur sur une planète, amortit les variations climatiques

·         GLACE MOINS DENSE QUE L’EAU : elle flotte sur l’eau ce qui est FONDAMENTAL : protège les organismes sous la glace, des basses températures

On pense donc que l’eau est nécessaire à la vie telle que nous la connaissons.

Il faut donc rechercher des planètes qui peuvent abriter de l’eau sous ses trois formes.

Cela n’est possible autour d’une étoile que dans une petite zone : la zone habitable, ni trop chaud ni trop froid !

 

La zone habitable varie dans le temps avec l’évolution de l’étoile (le Soleil était moins lumineux dans le passé et sa luminosité augmentera dans le futur)

 

Les étoiles de petite masse (0,5 Ms  75% des étoiles) brillent peu et leur zone habitable (zone où l’on trouve une température clémente permettant à l’eau liquide d’exister) est proche de l’étoile.

Cela peut provoquer par effet de marées, une rotation synchrone (tidal locking) (comme la Lune par rapport à la Terre) qui n’est pas l’idéal pour la vie (un côté très chaud un côté très froid).

La présence d'eau liquide à la surface d'une planète ne dépend pas seulement de la distance à l'étoile mais aussi de l'atmosphère de la planète elle-même : ainsi, Mars, a perdu son atmosphère et en conséquence son eau (échappement dans l’espace).

 

 

Planètes potentiellement habitables et ayant un sol rocheux.

 

 

Voir le dossier du site PHL (Planetary Habitabilty Lbaoratory).

 

Actuellement : 55 planètes potentiellement habitables.

 

Crédit PHL.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Intéressons-nous à un système planétaire jeune : Beta Pictoris.

Il se trouve que c'est autour de Bêta Pictoris que l'on a longtemps pensé avoir trouvé la première planète extrasolaire par la méthode des transits.

En effet en 1994 Alain Lecavelier des Étangs et ses collègues, en analysant des données anciennes de 1981, sur cette étoile, détectent une baisse de la luminosité de cette étoile, cela semble être produit par le transit d'une planète de période relativement longue (de l'ordre de 10 ou 20 ans). Mais la détection d'une planète doit pouvoir être confirmée par une deuxième mesure, et cela n'a pas été le cas même après une longue période d'attente jusqu'en 2003.

 

Très récemment aussi, une probable exoplanète autour de l’étoile Bêta Pictoris (dont nous avons parlée plus haut), éloignée de celle-ci de seulement entre 5 et 8 UA et ayant 8 fois la masse de Jupiter, vient d’être mise au jour par une équipe française, conduite par A.M. Lagrange et son équipe du LAOG (Grenoble) d'optique adaptative NACO.

 

Ce pourrait bien être la planète qui transitait en 1981.

Cette image composite représente l’environnement proche de l’étoile Bêta Pictoris telle qu’on vient de l’observer en infrarouge.

 

Cet environnement d’un très faible éclat, se révèle après une soustraction très précise du halo stellaire beaucoup plus lumineux.

 

 

La partie extérieure de l’image montre la lumière réfléchie sur un disque de poussière, déjà observé en 1996 (Mouillet et al 1997) ; la partie interne est l’environnement très proche tel qu’il vient d’être observé à 3,6 microns (bande L’).

La source nouvellement détectée est plus de 1000 fois plus faible que Bêta Pic et est alignée avec le disque. Elle se situe à une distance projetée de 8 UA. Les deux parties de l’image ont été obtenues sur des télescopes de l’ESO équipés d’optique adaptative.

 

(Commentaire tiré de l'article du LESIA)

 

Image VLT/LESIA

 

 

 

 

 

 

De façon générale, la précision des mesures actuelles permet même de déterminer l’obliquité des exoplanètes.

 

De nos jours il est aussi possible d’obtenir avec le transit de nombreuses informations sur l’atmosphère (éventuelle) des exoplanètes.

 

En effet, pendant les transits on peut analyser l'atmosphère de la planète extra solaire au moment où elle passe le limbe ; on peut donc atteindre sa composition et diverses autres informations.

 

On peut aussi utiliser le fait que la planète en passant DERRIÈRE son étoile, nous donne des indications sur son émission IR par exemple, ceci peut être mis en évidence avec un télescope IR

 

 

De nombreuses informations ont été obtenues sur 55 Cnc e (55 Cancri e)

 

Le graphique a été obtenu par le télescope spatiale IR Spitzer.

 

 

 

 

 

 

 

On voit que la méthode du transit est très puissante et permet d’atteindre de nombreux paramètres comme :

 

 

Dans le domaine UV :

• HI 121.6 nm

• OI 130.5 nm CII 133.5 nm

• SiIV 139.8 nm

• SiIII 140.1 nm

• Mg II 280.0 nm, MgI 285.3 nm

• H2 (Rayleigh) 300-500 nm

Dans le domaine Visible :

• H2 (Rayleigh) 300-500 nm

• Aérosols (MgSiO3 / Al2O3) 300-2000 nm

• Na I 589.2-589.8 nm

• K I 768.4 nm

 

Dans le domaine IR :

• TiO-VO 600-800 µm

• CH4 1.6 - 2.3 - 3.3 - 3.5-8 µm

• H2O 1.4 - 6-8 µm

• CO2  4 µm

• CO 2.3 - 4.5 µm

 

 

 

De plus certains paramètres physiques peuvent aussi être mesurés :

 

• Présence/Absence d’éléments chimiques

• Température (T)

• Pression (P)

• Variation de température avec l’altitude (dT/dz)

• Variation d’abondance avec l’altitude (dN/dz)

• Taux d’échappement (dM/dt)

• Vents au terminateur jour-nuit (V)

• Vitesse de rotation (Ωp)

 

 

 

 

 

 

 

Les exoplanètes et la vie !

 

Comment détecter une présence de vie possible sur un tel corps lointain ?

 

Il existe des marqueurs dans l’atmosphère de la planète, tels que : O2 ; O3 ; CH4 ; H2O etc..

 

 

 

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Un public très attentif !

 

 

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

Propriétés des exoplanètes par l’Observatoire de Paris.

 

The universe full of exoplanets

 

The Rossiter-McLaughlin effect for exoplanets

 

The obliquities of the planetary systems detected with CHEOPS presentation pdf de G Hebrard

 

Tempête dans l'atmosphère d'une exoplanète

 

Discovery of XO-6b: A Hot Jupiter Transiting a Fast Rotating F5 Star on an Oblique Orbit

 

Mapping Temperatures While Raising Questions

 

Dossier sur les exoplanètes sur votre site préféré.

 

 

 

 

 

 

 

Prochaine conférence mensuelle de la SAF  au CNAM: Mercredi  11 Mars 19H00

 

CONFÉRENCE de  Antonella BARUCCI

Astrophysicienne au LESIA

SUR  « MISSIONS VERS LES ASTÉROÏDES :

HAYABUSA ET OSIRIS-REX. »

 

 

 

Entrée libre mais réservation obligatoire. (il reste très peu de places!)

 

 

Bon ciel à tous

 

 

Jean Pierre Martin   Président de la commission de cosmologie de la SAF

www.planetastronomy.com

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