Mise à jour le 2 Mars 2020
CONFÉRENCE
« LE TÉLESCOPE JAMES WEBB ET LES EXOPLANETES »
Par Pierre-Olivier LAGAGE Astrophysicien CEA
Co-PI de l’instrument MIRI
Organisée par l'IAP
98 bis Bd Arago, Paris 14ème
Le Mardi 25 Février 2020 à 19H30
Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent
m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.
Voir les crédits des autres photos ou illustrations.
Vidéos des conférences proposées par l’IAP
sur Canal U
BREF COMPTE RENDU
Je m’inspire de textes que j’ai déjà écrit sur le JWST.
Pierre-Olivier
Lagage est astrophysicien au CEA Saclay, il est spécialiste de la physique des
planètes.
Il commence son exposé par des rappels sur la lumière et sur le prédécesseur du
JWST, c’est-à-dire Hubble.
Le James Webb Space Telescope ou JWST ou Webb, tire son nom du célèbre
administrateur de la NASA de l’époque Apollo (de 1961 à 1968).
Les coûts de ce super télescope n’a fait qu’augmenter depuis l’origine, son coût
est passé maintenant à 10 milliards de $.
De même sa date de lancement n’a fait qu’être repoussée, maintenant on vise
plutôt Mars 2021 !
Il devait être lancé en Octobre 2018 par une Ariane 5 de Kourou, et placé au
point L2 (Lagrange, à 1,5 millions de km de la Terre) du système Terre-Soleil.
Pourquoi si loin ? (rendant pour le moment toute réparation impossible).
Pour des questions thermiques ; plus près il nécessiterait un système
cryogénique de refroidissement plus poussé que celui prévu, qui est un
refroidissement passif.
Durée de vie prévue : 5 à 10 ans, due à la consommation d’ergol toutes les 3
semaines, pour maintenir l’orbite.
Voici une vue du télescope spatial James Webb, on reconnaît dans la partie
supérieure le miroir primaire constitué de 18 miroirs hexagonaux en Béryllium
recouvert d’or (3 groupes de 6 miroirs) et le miroir secondaire.
L'ensemble
constituant le télescope (OTE = Optical Telescope Element) qui fonctionne dans
l’IR.
Le côté Soleil et Terre se trouve bien entendu du côté opposé aux miroirs, donc
vers la partie inférieure de l'image.
Ces écrans servent donc bien à protéger le télescope et ses précieux instruments
de la chaleur solaire ;
Illustration : NASA/JWST
Le miroir primaire et les protections solaires sont de très loin supérieurs à ce
que la coiffe d'une fusée peut contenir aussi un système astucieux de pliage a
été mis au point afin qu'un déploiement sans problème dans l'espace se produise.
Son miroir fait 6,5m de diamètre (2,4m pour Hubble).
Derrière le miroir primaire se trouve la baie d'instruments (ISIM =Integrated
Science Instruments Module) la partie inférieure contient les protections
solaires (sunshield) qui sont 5 membranes fines de polyester chargées de garder
le reste du télescope à des basses températures.
Voici une vidéo explicative du déploiement du miroir et de la protection solaire
dans l’espace.
Le JWST possède principalement 4 instruments :
·
La caméra dans le proche infrarouge (NIRCam), fournie par la NASA par
l’intermédiaire de l’Université de l’Arizona
·
Le spectrographe dans le proche infrarouge (NIRSpec), qui fonctionnera dans des
longueurs d’onde similaires fabriqué par Astrium GmbH et fourni par l’ESA et
dont les détecteurs et l’ensemble de micro-volets seront, eux, fournis par la
NASA.
·
L’instrument dans l’infrarouge moyen (MIRI) – est fourni par un consortium
d’organismes européens financés sur des fonds publics et par la NASA, la
coordination étant assurée par l’ESA.
·
Le détecteur de guidage de précision/caméra à filtre accordable (FGS/NIRISS),
est fourni par les Canadiens de l’ASC
Un des instruments les plus importants est celui fourni par l’ESA, le NIRSpec
conçu pour détecter le rayonnement émis par les premières étoiles et galaxies
qui se sont formées au début de l’existence de l’Univers, quelque 400 millions
d’années après le Big Bang.
Le spectrographe décompose le rayonnement infrarouge de ces objets lointains en
fonction de ses différentes couleurs, générant ainsi un spectre qui fournira aux
scientifiques des données capitales sur la composition chimique, les propriétés
dynamiques, et l’âge de ces objets, ainsi que sur la distance qui les sépare de
la Terre.
Le NIRSpec sera capable d’observer simultanément pas moins de 100 de ces objets.
Il fonctionne dans la gamme de 0,6 à 5 microns.
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Comparaison des fenêtres de détection des trois principaux
télescopes spatiaux américains.
Illustration NASA |
La douzaine centrale parmi les 18 segments de miroir est installée
au GSFC. Le 12ème a été
installé le 2 Janvier 2016.
Crédit NASA/Chris Gunn |
Chaque segment de miroir mesure 1,3m et pèse 40kg. Une fois montés ensemble, les
18 miroirs seront équivalents à un énorme miroir unique de 6,5m. Ils sont en
Béryllium, matériau très léger.
Ils sont construits par Ball Aerospace & Technologies Corp., Boulder, Colorado
Une photo
explicative de l’arrière des miroirs.
Les principales observations du JWST se feront en IR, et notre conférencier
joignant le geste à la parole, nous montre à l’aide d’une caméra thermique
l’intérêt de cette longueur d’onde.
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Vue IR de notre conférencier, les zones les plus chaudes
apparaissent en rouge |
Un de ses bras est caché dans un sac en plastique noir, la caméra IR
permet de voir à l’intérieur. |
Les sujets d’observation principaux du Webb sont :
·
Les premiers instants de l’Univers et la période de réionisation.
·
La naissance des premières étoiles
·
Les galaxies
·
Les systèmes planétaires et l’origine de la vie.
Et notamment les exoplanètes ; à ce jour nous en avons découvert plus de 4000 !
Leur principale caractéristique :
une énorme diversité !
Le système Trappiste semblant de loin le plus intéressant.
Il comporte 7 planètes, mais trois d’entre elles sont dans la zone habitable au
moins (e, f et g), peut-être même 4 (d, e, f et g). Elles sont toutes très
proches de l’étoile (naine rouge), bien plus proche que Mercure ne l’est du
Soleil.
L’Europe participant au projet JWST aura droit
en tout à 900 heures
d’observation !
On rappelle que c’est
John Mather, du GSFC, le prix Nobel de physique qui est le responsable
scientifique de ce télescope. C’est un spécialiste de la cosmologie et il a reçu
avec son collègue G Smoot, le prix Nobel de Physique en 2006 pour sa
contribution à l’étude du bruit de fond cosmologique (CMB) grâce aux mesures du
satellite COBE.
Première lumière attendue deux mois après la mise à poste.
POUR ALLER PLUS LOIN :
L’actualité du JWST sur votre site préféré.
NASA's James Webb Space Telescope Science Instruments Begin Final Super Cold
Test at Goddard
James Webb space telescope’s giant sunshield test unit unfurled first time par
Universe Today
JWST (James Webb Space Telescope) par Earth Observatory. Très complet.
Big year ahead
for James Webb telescope par la BBC.
By the Dozen: NASA's James Webb Space Telescope Mirrors
Cryogenic Testing of JWST’s Instruments Under Way par l’AAS.
Status of the James Webb Space Telescope par John Stansberry du STScI pdf
The JWST mission: status and overview par P. Ferruit de l’ESA pdf
Bon ciel à tous !
Jean Pierre Martin. Commission de Cosmologie de la SAF.
Les autres CR des conférences IAP.
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