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Mise à jour : 17 Novembre 2004

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ARCHIVES DES ASTRONEWS

 

Sommaire de ce numéro :

 

Ce numéro est un peu plus court que d'habitude, car je suis très pris par le compte rendu des conférences des RCE 2004.

 

DERNIÈRE NOUVELLE : SMART 1 S'EST BIEN MISE EN ORBITE LUNAIRE
ON EN PARLE LA PROCHAINE FOIS (voir communiqué de presse de l'ESA en français)

 

qLes Rencontres du Ciel et de l'Espace 2004 : elles ont été un réel succès, le compte rendu préliminaire est disponible, il devrait être complété bientôt avec moult photos et rapports de conférences

qÉchelle cosmique : Le VLT s'attaque aux Céphéides.

qCassini Saturne :. Des volcans de glace sur Titan??

qLes rovers martiens : Je vais sortir enfin de mon trou!

qMars Express : Phobos avec tous ses détails.

qUranus : Les nuages se lèvent à l'approche de l'équinoxe.

qNotre Galaxie : Un trou ça va, deux trous bonjour les dégâts!

qDes livres magazines et DVD:."De la pierre à l'étoile" de Claude Allègre

 

 

 

 

 

 

 

ÉCHELLE COSMIQUE : LE VLT S'ATTAQUE AUX CÉPHÉIDES

Photos et graphiques : ESO

 

Une équipe franco-suisse d'astronomes de l'ESO au Chili, a mesuré directement grâce au VLTI (Very Large Telescope Interferometer) la variation de diamètre angulaire de quatre céphéides , étalons de lumière et donc de distance.

 

Que ceux qui ne connaissent pas les Céphéides et leurs particularités lèvent le doigt!

Ah bon!, vous êtes si nombreux, alors,

 

Faisons le point et un retour historique.

(texte extrait de l'article sur la mesure des distances en astronomie)

Comme vous le savez peut être il est très difficile en astronomie de mesurer les distances (absolues) d'objets lointains. En fait on procède de proche en proche par différentes méthodes qui se recouvrent les unes les autres.

Une de ces méthodes fait appel aux Céphéides, alors embarquons pour l'espace.

 

Cela pourrait s'appeler Henrietta et les Céphèides.

Ce titre ressemble à celui d'un livre d'aventures, et cela en est presque une.

Henrietta Leavitt était une jeune astronome américaine du début du XX ème siècle qui s'intéressait aux étoiles variables des nuages de Magellan (pourquoi pas!!). Elle remarqua en 1912 qu'une classe d'étoiles avait une magnitude variable dans le temps, bref elles pulsaient. Comme les premières étoiles de ce type furent découvertes dans la constellation de Céphée (entre le Cygne et Cassiopée), on appela ce genre d'étoiles variables des Céphéides.

 

 

 

Or notre Henrietta s'aperçut que dans ce nuage de Magellan, il y avait des Céphéides qui changeaient de magnitude apparente périodiquement, elles passaient de 7 à 4,6 en 5 jours et 8 heures (voir figure). (En fait on sait maintenant que ces étoiles se dilatent périodiquement et donc en se dilatant gagnent en éclat)

Plus la période était longue, plus l'éclat était important et donc plus la magnitude était faible.

Elle étudia différentes Céphéides dans le même endroit galactique et eut une INTUITION GÉNIALE : elle trouva une relation directe entre la magnitude apparente et la période de variation : la magnitude apparente (du max de luminosité par exemple) ou la luminosité apparente était linéaire avec le log de la période.

En effet supposons que l'on observe deux Céphéides qui ont une période qui diffèrent d'un rapport 2 par exemple, la luminosité de celle qui a la période la plus longue est approx. 2,5 fois plus lumineuse que celle de période la plus courte.(c'est la définition de la magnitude) Comme il est très facile de mesurer la période de ces étoiles variables, on peut ainsi déterminer la distance de galaxies lointaines (en relatif)

 

Les nuages de Magellan étant très loin (même si on ne sait pas encore les mesurer exactement à l'époque), on ne peut pas distinguer les variations individuelles de luminosité (ou de magnitude apparente), c'est à dire qu'elles apparaissent comme ayant une magnitude moyenne.

En effet si vous regardez une ville de très haut (avion) vous ne voyez pas les différences de luminosité des différents éclairages de rue ou de maison, vous n'avez qu'une vue moyenne de la luminosité ambiante.

Vous voyez en fait quelque chose de lumineux liée à la magnitude absolue de cette ville.

Donc pour ces Céphéides, leur magnitude apparente est proportionnelle à leur magnitude absolue dans ce cas (à un facteur près).

La courbe de Miss Leavitt se transforme donc en une relation MAGNITUDE ABSOLUE – PÉRIODE (voir figure).

Elle est de la forme :

 

  M = a + b log10P 

 

Les coefficients a et b doivent être déterminés : b est la pente de la courbe déterminée par les mesures mais a (l'ordonnée à l'origine) est inconnue.

Cette courbe permet en fait de calculer LA DISTANCE RELATIVE ENTRE DEUX CÉPHÉIDES, en faisant la supposition que toutes les Céphéides de l'Univers ont la même luminosité intrinsèque.

 

Par exemple, si deux Céphéides ont la même période mais que A est 4 fois plus brillante que B, cela veut dire que A est deux fois plus près que B.

Mais nous n'avons toujours pas de distance absolue.

 

Il nous faudrait UNE SEULE Céphéide de distance connue pour étalonner la courbe (c'est à dire de déterminer le coefficient a)

 

Et alors? Et alors?

 

Zorro-Shapley est arrivé!!!

Donc si on arrivait à mesurer la distance d'une seule Céphéide (Calibration de notre courbe) on aurait une échelle pour étalonner l'Univers, car on trouve des Céphéides partout et elles sont très brillantes (10.000 fois notre soleil en moyenne).

Malheureusement, il n'y en a pas dans notre voisinage pour être mesurée par parallaxe et de toutes façons c'est une méthode extrêmement imprécise pour les objets très lointains, mais il n'y a rien d'autre.

La plus proche est Polaris et elle est très loin aussi.

 

Harlow Shapley (voir photo de l'American Institute of Physics), un jeune astronome : en fait, il est devenu astronome par hasard, il voulait être journaliste, mais l'école où il devait y apprendre son futur métier n'était pas finie de construire, il s'inscrivit alors aux cours d'astronomie qu'il choisit au hasard dans la liste des cours. Il devint astronome quelques années plus tard au célèbre Mont Wilson.

Shapley donc en 1917, utilisa les informations de Henrietta et mit au point une méthode s'inspirant des parallaxes statistiques (non expliquée ici, car un peu "complexe", basée sur la combinaison de mouvement propre d'étoiles par rapport au Soleil et sur l'effet Doppler).

 

Cette méthode proche de la méthode des parallaxes séculaires lui permet de déterminer la distance d'étoiles variables de notre Galaxie similaires aux Céphéides (RR Lyrae).

Il put ainsi étalonner la courbe relative en courbe de magnitude absolue fonction de la période.

 

En d'autres mots, les Céphéides devenaient ainsi DES ÉTALONS DE LUMIÈRE (ou chandelles standard) (Standard candles en anglais)

 

On put ainsi calculer la distance les nuages de Magellan : 50.000 parsecs approx puis la distance à Andromède : 2MAL .

 

Mais ce n'était pas un long fleuve tranquille : il y avait deux classes de Céphéides et des erreurs s'étaient glissées dans les calculs de Shapley…bref, c'est une autre histoire qui nécessiterait plus de temps.

 

En fait après beaucoup de tâtonnements, on montra que la courbe des magnitudes avait la forme suivante :

 

  M = -1,4 – 2,8 log10P 

 

Notre ami Shapley fut aussi célèbre pour ses études des amas globulaires et il fut le premier à déterminer la forme de notre Galaxie et à imaginer que le Soleil n'était pas au centre de la Galaxie (complexe de Ptolémée!).

 

La méthode Leavitt-Shapley permit de mesurer des distances énormes jusqu'à approximativement 100 Millions d'années lumière.

 

Et bien c'est le coefficient "a" de la courbe que nos amis de l'ESO (Notamment Pierre Kervela de Paris Meudon et Denis Mourard de l'OCA) ont réussi à déterminer avec grande précision, en calibrant ou étalonnant la courbe Luminosité –Période.

On consultera le rapport de l'ESO pour tous les détails, mais en voici un résumé.

 

Une méthode pour déterminer la distance d'étoiles variables est appelée méthode de Baade-Wesselink noms de deux astronomes du XXème siècle où la mesure du diamètre angulaire est dérivée de la mesure de variations de luminosité. Ensuite on utilise la méthode spectrométrique ou aussi appelée vélocimétrique (radial velocity en anglais) pour mesurer les variations de dimension du diamètre de l'étoile.

Ayant ces deux paramètres on en déduit la distance, mais ce n'est pas aussi simple que cela en a l'air.

 

 

En effet les Céphéides sont situées très loin, (la plus proche est à 800al) et même la plus imposante ne sous tend dans le ciel qu'un angle de 0,003 seconde d'arc (pour mémoire Saturne fait au maximum 20 arcsecondes soit près de 70.000 fois plus grand en diamètre angulaire). Pour corser le tout ce que veulent mesurer les astronomes ce ne sont pas ces dimensions absolue mais les variations de ces dimensions qui sont encore un ordre de grandeur au moins plus faible. Donc c'est pas simple!!

 

C'est pour cette raison qu'on ne peut résoudre ce genre de problème que par de l'interférométrie. (à longue ligne de base).

 

On voit sur la photo ci-contre l'assemblage des télescopes du Paranal servant à la mesure, il y en a deux fixes (1 et 3 de 8,2m) et d'autres plus petits mobiles.

 

L'interférométrie consiste à utiliser les informations de plusieurs télescopes (ligne de base) que l'on synchronise exactement en tenant compte du léger retard en temps entre eux (ligne à retard : delay line).

Comme dans le cours de physique de Terminale (fentes de Young etc..) il se produit un phénomène d'interférences.

On obtient donc des franges d'interférence, qui peuvent être plus ou moins visibles en fonction de la ligne de base.

En réglant certains paramètres de la ligne de base, on peut grandement améliorer le rapport signal/bruit et atteindre une meilleure résolution.

 

On consultera avec intérêt les principes de l'interférométrie écrit par l'ESO, une révision des transformées de Fourier est conseillée! Une présentation un peu plus simple par le même auteur peut être trouvée ICI.

 

Sept Céphéides visibles du Paranal ont été étudiées, elles avaient des périodes de 7 à 35 jours et la distance à quatre d'entre elles ont été mesurées par le VLTI, les 3 autres étant déterminées par d'autres méthodes.

Les mesures ont été effectuées dans le proche Infra Rouge.

 

La combinaison de toutes ces mesures a eu pour résultat la courbe Période Luminosité présentée.

 

On a pu déterminer ainsi l'ordonnée à l'origine de la courbe imaginée il y a près de 100 ans par Henrietta. Ce résultat est en ligne avec des résultats précédents obtenus de façon indépendante.

 

Futur : le projet AMBER (Astronomical Multiple BEam Recombiner) doit améliorer le VLTI , il est en cours d'installation à l'ESO qui devient un des sites astronomiques les plus performants du monde.

 

Bravo l'Europe!

 

PS : une superbe présentation sur les VLTI a eu lieu à la Cité des Sciences pour les journées Ciel et Espace 2004, par Pierre Kern, dont je vous conseille de lire le résumé sur ce site qui sera publié avec le rapport complet de cet évèenement.

 

 

 

 

 

 

 

 

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CASSINI SATURNE : DES VOLCANS DE GLACE SUR TITAN ??!!

(Photos NASA/JPL)

 

Notre célèbre André Brahic national (et international!) nous a montré pendant les journées RCE de La Villette au cours de sa conférence une photo du globe de Titan que l'on ne trouve pas facilement sur les sites NASA à la disposition du public.

 

 

 

Voici cette photo plus bas, prise pendant sa conférence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Photo JPL/NASA prise en salle par JPM/planetastronomy.com)

 

Je pense qu'elle devrait apparaître sur le net bientôt, me prévenir si vous la trouvez.

 

 

C'est bien entendu une photo en IR car l'atmosphère de Titan est opaque dans le visible.

 

 

 

 

 

 

 

 

Retournons maintenant à la mission elle même :

 

 

Cette image du sol de Titan a été prise au SAR (Radar à Synthèse d'Ouverture) le 26 Octobre alors que la sonde était à 2500km de sa surface. L'image couvre une superficie de 150 km carré.

 

La tache claire qui couvre la région du coin supérieur gauche au coin inférieur droit est absorbante aux rayonnements du radar.

On se demande à Pasadena, siège du JPL, si ce ne serait pas l'écoulement d'un cryo-volcan (un volcan qui cracherait de l'eau du sous sol et qui se figerait en glace!).

 

D'autres informations sont nécessaires pour se déterminer.

 

 

La NASA diffuse aussi ces jours ci une image des ondes de densité dans l'anneau A de Saturne.

En voici une belle en fausse couleur qui a été prise quand Cassini était à près de 7 millions de km.

On voit parfaitement ces deux ondes de densité (qui nous ont été expliquées par S Charnoz, voir compte rendu de la conférence) en UV.

 

 

La zones claire à gauche, correspond à des pics (maximum) de densité dus aux forces de marée du satellite Janus.

La zone claire vers la droite correspond aussi à un pic de densité dû lui à Pandora.

 

En fait cette photo a été faite au moment de l'occultation d'une étoile par les anneaux et les variations de luminosité ont été converties en image photographique.

Largeur de l'image : 720km.

 

 

 

 

 

 

Comme d'habitude, vous trouverez toutes les dernières images de Cassini au JPL:

 

 

 

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LES ROVERS MARTIENS :SORTIR DE SON TROU!

(Photos NASA/JPL)

 

Photo assemblage du fond du cratère Endurance (Burns Cliff exactement) que je me suis permis de "coloriser" pour rendre plus agréable à regarder.

 

 

La NASA s'est enfin déterminée a sortir Opportunity de son cratère (Endurance), après discussions avec les spécialistes du déplacement des rovers (la pente est très forte et le robot dérape, "slippage" = dérapage, glissement en anglais). On avait d'abord pensé à un trajet tout à fait différent du chemin d'entrée comme annoncé dans une des dernières éditions, mais on a finalement opté pour reprendre exactement le même chemin en sens inverse.

De là où il est en effet la pente était trop forte à sa droite (30°) et à sa gauche, le sol est trop sableux.

On ne veut plus aussi avancer de trop à cause du banc de sable situé dans le fond du cratère.

 

Les malheurs de Spirit avec son arthrose semblent se calmer, on a trouvé certaines parades et n envisage l'avenir avec optimisme.

 

 

 

Les meilleures photos sont classées dans le planetary photojournal que vous pouvez retrouver à tout instant:

http://photojournal.jpl.nasa.gov/targetFamily/Mars

 

 

 

 

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MARS EXPRESS

(Photos: ESA)

 

Brave petite sonde européenne qui travaille sans cesse autour de Mars, et cette fois-ci elle s'est attaquée au plus gros (un tout petit caillou) satellite de Mars : Phobos.

Qui était Phobos?, bonne question n'est ce pas , dans la mythologie Grecque, c'était le fils de Arès (fils de Zeus et de Héra), dieu de la guerre et d'Aphrodite, déesse de l'amour (Vénus chez les Romains), vous ne voyez pas le rapport avec Mars, mais si, Arès chez les Grecs, s'appelle Mars chez les Romains.

Donc Phobos est le fils de Mars et de Vénus!

 

Et bien Phobos a été cartographié avec tous les détails depuis plusieurs semaines par Mars express.

 

Les photos ont été prise à moins de 200km de distance de ce petit astre qui fait une vingtaine de km de diamètre approximativement.

Plus de détails sur Phobos chez solarviews.

 

 

 

 

 

Voici la photo détaillée que vous pouvez avoir en cliquant sur l'image.

 

 

Elle existe aussi en 3D et elle très impressionnante, allez la voir en cliquant sur les lunettes et en sortant les votre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Phobos est couverte d'une épaisse couche de poussières (regolith) et comme vous le savez elle s'approche dangereusement de Mars (tout est relatif quand même, cela se passera dans quelques dizaines de millions d'années!) car elle est en dessous de la limite de Roche.

C'est une distance en dessous de laquelle, les forces de gravité (Newton toujours lui) sont plus forte que la force centrifuge qui tient le satellite autour de sa planète et l'attire vers le sol ou si il est trop gros tend à le casser (c'est comme cela que les anneaux de Saturne se sont formés, ils sont tous en dessous de la limite de Roche). Ce phénomène est donc lié à ce que l'on appelle les forces de marées (tidal forces) et qui façonnent véritablement le système solaire et même les galaxies.

Cette limite, nommée d'après un mathématicien français, Édouard Roche, est en première approximation égale à 2,5 fois le rayon de la planète.

Nos amis du Québec, ont une très bonne explication de cette limite, allez la voir!

 

Voir le rapport de l'ESA sur ces photos.

 

 

 

 

 

 

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URANUS : QUE DE NUAGES!

(Photos Keck)

 

Deux équipes indépendantes d'astronomes ont utilisé le télescope de Keck (Hawaï) avec optique adaptative pour améliorer les vues prises de terre de planètes lointaines.

 

Le résultat est époustouflant avec Uranus et prouvent à quel point on peut arriver en résolution avec des télescopes terrestres.

Uranus est proche de son équinoxe d'automne (en 2007), je vous rappelle que son année fait 84 années terrestres et que son axe de rotation est presque incliné à 90°, elle roule sur son orbite.

 

 

Voici une image des deux hémisphères d'Uranus, on y voit des formations blanches qui sont d'immenses bancs de nuages. Remarquez l'anneau très fin.

 

En fait quand Voyager était passé, il y a presque 20 ans maintenant, on avait cru cette planète fade et peu intéressante, cela a l'air d'être tout le contraire maintenant qu'elle s'approche des équinoxes.

 

Les deux équipes ont effectué ce travail en proche Infra Rouge afin d'étudier les détails de l'atmosphère. Les résultats sont surprenants et n'ont été possible que grâce à l'optique adaptative que nos lecteurs connaissent bien.

 

Ces images prouvent qu'Uranus est en train de changer.

 

Tout sur Uranus chez nos confrères de nineplanets et un article par votre serviteur sur la découverte d'Uranus.

 

 

 

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NOTRE GALAXIE : UN TROU ÇA VA, DEUX BONJOUR LES DÉGÂTS!!

 

Notre Galaxie (La Voie Lactée : Milky Way, ici en photo M51 par Hubble qui pourrait nous ressembler) a un plus d'un trou dans le cœur!

Rappel : une galaxie comme la notre (diamètre 100.000 années lumière  100 milliards d'étoiles, bref une galaxie banale parmi les 100 milliards de galaxies) est composée de 3 parties :

         Le bulbe central la partie la plus dense

         Les Bras qui sont les berceaux des étoiles (nous sommes dans le bras d'Orion)

         Le halo qui entoure notre galaxie : amas globulaires et étoiles anciennes.

 

 

On soupçonne depuis longtemps que le cœur de notre galaxie abrite un immense trou noir. C'est vrai.

Il est plus de deux millions fois plus massif que notre Soleil pour un diamètre ridicule de 0,2 al.

Il est situé dans la Sagittaire à approximativement 25.000al de nous, c'est un reste de supernova, il est nommé SgrA.

Cela a été confirmé par l'équipe de l'ESO et l'équipe de Reinhard Genzel, de l’institut Max Planck de Garching, près de Munich, avec le VLT et une optique adaptative.

 

Ci joint l'image du centre galactique (clic sur l'image pour la voir en grand) où les flèches jaunes indiquent la position du trou noir.

 

Ces photos ont été prises grâce au NACO (Nasmyth Adaptative Optics System) dont nous avons déjà parlé abondamment dans cette chronique.

Nos amis de l'ESO ont montré qu'une étoile baptisée S2 tourne, autour de ce trou noir, à une distance approximative de 150UA, on a donc été capable (loi de la mécanique de Newton, voir article sur la masse du Soleil) de déterminer ainsi la masse de ce trou noir: 2,6 Millions de masse solaires!

On voit très bien les mouvements des étoiles autour du centre galactique (trou noir) sur cet APOD de l'an 200 que je vous conseille d'étudier, et aussi beaucoup de détails sur cet APOD du 6 novembre 2004 et du lendemain sur le centre galactique.

 

 

L'observatoire de Paris-Meudon a aussi publié sur Internet un article sur le trou noir au centre de notre galaxie, notamment par Daniel Rouan qui a donné un conférence sur ce sujet à La Villette aux Journées du Ciel et de l'Espace 2004.

 

 

Mais ce n'est pas fini! La célèbre revue "Nature" publie ce 8 Novembre 2004 un article d'une équipe franco-américaine emmenée par Jean Pierre Maillard de l'IAP, indiquant qu'un DEUXIÈME trou noir se trouve au centre de notre galaxie.

On consultera avec intérêt la conférence donnée à Grenoble par JP Maillard sur cette source IRS13E.

Ils se sont aussi servi de Chandra ;du CFHT et du VLA (Very Large Array) afin de compléter les mesures du Gemini (consiste en un ensemble de deux instruments de 8m chacun étant disposé dans chaque hémisphère)

 

Gemini Sud est situé au Chili à Cerro Pachon, Gemini Nord est à Hawaï, sur le Mauna Kea.

 

Ce deuxième trou noir est distinct du premier, il est situé au centre des sept étoiles de IRS13E (IRS veut dire Infra Red Source), il aurait une masse de seulement 1300 masses solaires. IRS13E serait les restes du noyau d'un amas plus grand.

 

Les cow-boys de l'Arizona ont une page dédiée au centre galactique avec des animations très intéressantes et je vous conseille de vous y bancher, de même je recommande cet article avec photos impressionnantes du centre de notre galaxie publié par Sky and Telescope de Avril 2003 que vous pouvez charger en pdf (7 pages seulement)

 

 

 

 

 

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LIVRES CONSEILLÉS : DE LA PIERRE À L'ÉTOILE DE C. ALLÈGRE   

Notre ami Pascal Gérardin de VÉGA a la gentillesse de m'aider dans la tenue de ce site à la rubrique livres.

Il analyse pour nous quelques livres fondamentaux de l'astronomie et des sciences qu'il nous livre périodiquement.

C'est la rubrique J'ai lu pour vous. Écoutons le :

Périodiquement je me propose de rédiger un article résumant un livre cité comme référence lors de nos conférences. Cette rubrique s’intitule " J’ai lu pour vous "

Ces ouvrages ne seront pas obligatoirement de grands succès de librairie mais toucheront bien sûr le domaine qui nous passionne tous : l’astronomie.

Ce rendez-vous n’a pas d’autre but que de vous faire partager l’émotion et l’intérêt que j’ai éprouvé durant ce moment de lecture. S’il peut en plus vous inciter à lire l’ouvrage concerné, j’en serai d’autant plus ravi.

 

Cette semaine il nous propose un ouvrage fondamental de Claude Allègre : De la Pierre à l'Étoile édition Fayard

 

L’auteur nous convie à un voyage extraordinaire des origines de la pierre jusqu’au cœur des étoiles afin de situer la Terre dans le cosmos et par la même de dire ce que l’on sait de sa genèse.

Et enfin, quoi de plus original que de commencer cette rubrique par le plus bel objet de notre Univers : la Terre. 

 

         Claude ALLÈGRE, ancien ministre de l’Education Nationale, est professeur à l’Institut universitaire de France, à l’université de Paris VII – Diderot. Il est médaillé d’or du CNRS et membre de l’Académie des sciences et de la National Academy des Etats-Unis.

 

         L’auteur commence naturellement son ouvrage par la géologie, née en Écosse à la fin du 18ème siècle, science de l’étude de la Terre. L’un des fondateurs est le britannique James HUTTON (1726 - 1797).

Il nous explique la formation des roches. Nous découvrons avec étonnement que cette science ne s’occupait pas de la naissance de la Terre et que les bouleversements géologiques étaient l’œuvre de Dieu. Après chaque catastrophe majeure Dieu recréait les espèces vivantes différemment, ce qui explique l’évolution ! La Genèse est passée par là.

Heureusement, C. DARWIN a prouvé qu’il n’en était rien.

Il faut savoir également que la théorie reconnue de l’expansion des fonds océaniques et de la tectonique des plaques est très récente (1968). Enfin nous apprenons que l’astronomie a longtemps refusé l’intrusion de l’astrophysique.

        

         Pour en savoir plus, Claude ALLÈGRE, à l’image de Jules VERNE, nous invite ensuite à un voyage au centre de la Terre. Ne pouvant forer notre globe qu’à faible profondeur (moins de 20 km), longtemps on s’est imaginé que l’intérieur était percé de cavités et composé d’un Feu central, reste d’une étoile avortée. Jules VERNE n’a repris qu’une idée de son temps.

Cette thèse subsista jusqu’à la fin du 18ème siècle et la détermination de la masse de la Terre par Lord CAVENDISH (1731 - 1810) grâce à la balance de torsion. L’existence d’un noyau central très dense se faisait jour et la séismologie précisa ce schéma à la fin du 19ème siècle.

L’étude de la propagation des ondes émises par les tremblements de terre a permis en moins de 10 années et très simplement de définir les grandes structures internes du globe :

Un noyau dense composé d’une graine solide et d’une enveloppe liquide (r = 3500 km)

Un manteau solide mais moins dense (r = 2900 km)

Une croûte mince et rigide,

comme un œuf ! (jaune, blanc et coquille) les proportions étant presque respectées.

Grâce aux mesures de Francis BIRCH dans les années 1950 – 70, on sait que le noyau est riche en fer et en nickel (et non en or !), entre autres découvertes.

En ce qui concerne le manteau, Claude ALLÈGRE nous fait découvrir l’éclogite et la péridotite, puis la température du noyau qui avoisine 5000° C.

Enfin, il nous propose les deux scénarii de création de la Terre : l’accrétion hétérogène et l’accrétion homogène.

 

         Il devient alors indispensable de définir un calendrier géologique, car jusqu’à la fin du 18ème siècle, la date exacte de la création de notre Terre est le 26 octobre de l’an 4004 avant Jésus Christ à 9h du matin ! ! !

L’étude des strates (la stratigraphie) associée aux fossiles amena l’élaboration d’une échelle des temps géologiques.

Le calcul de l’âge de la Terre, dans un premier temps complètement faux (des millions d’années selon Lord KELVIN), se précise dès le début du 20ème siècle grâce à l’étude de la radioactivité. Ainsi l’écossais Arthur HOLMES l’estime à 3 milliards d’années.

L’invention et le perfectionnement du spectromètre de masse, par les anglais THOMSON (1856 – 1940)et ASTON (1877 - 1945), suivie de la mesure de la composition isotopique du plomb dans les roches et les météorites vont enfin aboutir à un âge de 4,55 milliards d’années.

 

         La transition est faite. Nous partons maintenant à la découverte de ces pierres du ciel que sont les météorites. Ces aérolithes sont des messages de l’Univers, des témoins de l’histoire primitive du système solaire. De composition différente, 80% sont des chondrites et 20% des achondrites ou météorites différenciées.

Grâce à la datation de ces pierres, nous savons qu’elles se sont formées en 5 ou 10 millions d’années, il y a de cela 4,565 milliards d’années. C’est donc l’âge de notre système solaire.

Le 8 février 1969, au Mexique, la pierre d’Allende tombe du ciel et nous entraîne au sein des mystères de la Création et dans  l’aventure de la planétologie.

 

         Un chapitre complet du livre est consacré à l’exploration de toutes les planètes du système solaire, de la Lune à Neptune, les autres satellites et les anneaux, les missions Apollo, Mariner et Voyager. Un fabuleux voyage vécu aux travers des missions planétaires des sondes, la plus grande révolution depuis Galilée !

Pour découvrir, en somme, que rien n’est comparable à notre Terre. 

 

         Notre système solaire, expliqué par KEPLER, NEWTON et BODE, est une gigantesque horloge bien réglée et bien huilée où d’immuables mouvements se déroulent suivant des règles très strictes.

Sa naissance, il y a 4 ,5 milliards d’années, résulte de l’accrétion, et dans certains cas de la fragmentation de matière au sein d’une nébuleuse solaire. L’étude comparée des météorites et des planètes explique très clairement la formation de notre système.

Mais où est donc fabriquée la matière ?

 

         Il faut remonter le temps, aller vers les étoiles jusqu’au Big-Bang et la création du monde. De l’hydrogène à l’uranium, de la chimie nucléaire à l’astronomie, de l’astration à la nucléosynthèse, Claude ALLÈGRE nous explique le dernier scénario de la création du système solaire à partir d’un nuage froid de gaz et de poussières que l’explosion d’une supernova aurait  " ensemencé ".

Pour comprendre la formation de la Terre, il est nécessaire ensuite d’étudier les comportements des 92 éléments chimiques rencontrés dans le cosmos. La classification périodique de ces éléments par le chimiste russe MENDELEÏEV et le regroupement de ces éléments en quatre familles géologiques par l’allemand GOLDSCHMIDT facilitent grandement la compréhension dans la formation de notre planète.

 

         Chronologiquement, l’auteur aborde enfin, dans les deux derniers chapitres, l’évolution géologique de notre globe et l’importance de la présence d’un composant chimique exceptionnel : l’eau.

L’eau et la présence d’une atmosphère sont à l’origine de l’apparition de la vie, il y a 3,4 milliards d’années.

C’est seulement après une très lente évolution qu’est apparu l’homme (il y a environ 5 millions d’années )

Nous ne sommes qu’au début d’une fabuleuse aventure scientifique tournée vers nos origines et vers les étoiles, mais certains esprits rétrogrades du domaine de la religion menacent ce cheminement naturel de la science.

D’où la nécessité d’une science séparée de la religion.

 

 

 

         Le livre de Claude ALLÈGRE s’achève sur cette menace, somme toute surmontable. J’ai surtout apprécié dans cette œuvre, la simplicité et la clarté des explications, même si parfois certains chapitres sont un peu plus compliqués. Il est à noter la présence de quelques photos (noir et blanc) en milieu d’ouvrage et l’abondante bibliographie en fin d’ouvrage.

        

 

Bonne lecture et à bientôt…

 

 

 

 

 

 

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C'est tout pour aujourd'hui!!

 

Bon ciel à tous!

 

JEAN PIERRE MARTIN

 

 

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