LES ASTRONEWS.de planetastronomy.com:

Mise à jour : 29 Janvier 2006

 

Conférences et Événements : Calendrier   .............. Rapport et CR

Astronews précédentes : ICI        

ARCHIVES DES ASTRONEWS

Sommaire de ce numéro

 

qLa mission Corot : CR de la conférence d'Annie Baglin à la SAF (29/01/2006)

qJF Clervoy profession, Astronaute : CR de sa conférence à l'IAP (29/01/2006)

qExoplanète, une découverte majeure : une grosse Terre très loin….(29/01/2006)

qStardust : Des milliers d'impacts! (29/01/2006)

qStardust : Monsieur Wild nous parle. (29/01/2006)

qCassini-Saturne :.Prométhée et l'anneau F (29/01/2006)

qCassini-Titan : bulletin météo sur Titan : nuageux. (29/01/2006)

qMars Express :.L'ère des glaciers. (29/01/2006)

qMGS : Fête à sa façon les deux ans des rovers martiens. (29/01/2006)

qMars-Odyssey : Zoom dans Kasei Valles. (29/01/2006)

qUn site Internet à découvrir : Astrocalc (29/01/2006)

qLivre conseillé :.Cosmologie Primordiale par Peter et Uzan chez Belin. (29/01/2006)

qLes magazines conseillés :.Ciel et Espace de Février 2006 (29/01/2006)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EXOPLANÈTE: UNE DÉCOUVERTE MAJEURE : UNE GROSSE TERRE TRÈS LOIN (29/01/2006)

 

Une équipe internationale coordonnée par Jean Philippe Beaulieu de l'IAP, vient de découvrir une planète extra solaire qui pourrait être de type terrestre.

 

Son nom n'est pas très poétique : Ogle-2005-BLG-390Lb, elle porte classiquement le nom de son étoile auquel on a rajouté un b. cette étoile est située dans notre galaxie à une distance de l'ordre de 22.000années lumière.

OGLE est le nom d'un projet international de recherche de telles planètes : Optical Gravitational Lensing Experiment qui étudie des centaines de millions d'étoiles du centre de notre galaxie.

 

Le projet PLANET (Probing Lensing Anomalies NETwork) est aussi partie prenante dans cette recherche et c'est de lui qu'émane la découverte d'aujourd'hui.

 

 

C'est une étoile froide et petite, une naine rouge et cette nouvelle planète est située à environ trois fois la distance Terre-Soleil de son étoile, il lui faut 10 ans pour en faire le tour et sa masse est environ 5 masses terrestres. mais il fait froid à 3 UA d'une naine rouge, peut être comme sur Pluton de notre système solaire.

La température de sa surface est estimée à 53 kelvins (-220 degrés Celsius).

 

Avec une telle masse et a une telle distance de son étoile elle est donc solide, probablement composée de roches et de glace. Le modèle théorique de la formation de notre système solaire, qui propose que les planètes se forment par accrétion de petits corps rocheux, s’en trouve ainsi renforcé.

 

C'est à ce jour la plus petite planète extra solaire découverte.

 

Mais c'est aussi une découverte importante car c'est une planète qui tourne autour d'une étoile courante dans l'Univers (plus de 80% des étoiles sont des naines rouges), une naine rouge, c'est donc un (bon?) signe que les planètes sont certainement plus fréquentes que l'on ne le pense.

 

Mais comment peut on donc détecter des planètes aussi loin?

On ne les voit pas directement bien sur, on ne peut même pas voir l'étoile, on la détecte par la méthode des micro lentilles gravitationnelles comme nous l'a expliqué Y Mellier lors de sa dernière conférence à la SAF et aussi Roger Ferlet lors de sa dernière conférence présentant les différentes techniques de détection.

Je ne reviendrai donc pas sur le principe.

 

 

(dessin ESA)

 

 

Sur cette représentation en coupe de notre Galaxie, la Voie lactée, l’étoile-source appartient à la région centrale qu’on appelle le bulbe galactique, tandis que l’étoile-lentille (Ogle-2005-BLG-390L.) se trouve à une distance intermédiaire, soit dans les bras spiraux du disque de la galaxie, soit aussi dans le bulbe.

 

 

 

Voilà la courbe qui a déclenché la joie internationale, on voit le petit pic (dans le coin en haut à droite) dû à la planète sur la courbe du microlensing.

 

Chaque point représente une mesure, et sa couleur correspond au télescope où l’observation a été faite.

 

La couverture continue de la courbe par les observations montre l’efficacité de la stratégie à plusieurs télescopes répartis sur différents continents (OGLE et Danish au Chili, RoboNet aux Canaries et à Hawaii, Canopus et Perth en Australie, MOA en Nouvelle-Zélande).

 

 

 

 

 

L’insert montre un agrandissement de la déviation due à la planète et correspond à la nuit du 10 août 2005. Les deux premiers points rouges correspondent à la détection de l’anomalie au télescope Danois et les points bleus mesurés à Perth montrent l’importance d’alerter les collègues lorsqu’une anomalie a été détectée.

Image préparée par David Bennett (PLANET)

 

 

 

L'ESO qui a aussi participé à cette découverte, publie un communiqué de presse et une petite vidéo animation de 3 minutes.

 

 

Les lentilles gravitationnelles à l'IAP.

 

Les résultats sont publiés dans la revue Nature du 26 Janvier 2006 ils sont cosignés par 73 auteurs appartenant à 32 établissements de 12 pays différents (France, États-unis, Australie, Royaume-Uni, Danemark, Allemagne, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Chili, Autriche, Pologne, Japon).

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

 

STARDUST : DES MILLIERS D'IMPACTS ! (29/01/2006)

(Photos NASA et AMES)

 

Les scientifiques le confirment : on a bien recueilli des poussières de comète dans le réceptacle de la sonde Stardust qui s'est posée sur Terre il y a quelques jours.

 

Le réceptacle a été ouvert quelques jours après (le 17 Janvier 2006) au Johnson Space Center (JSC) à Houston, Texas.

La multitude de particules recueillies a été au delà de toutes les espérances les plus folles d'après les responsables de la mission : des milliers d'impact dans l'aerogel.

Rappelons que la sonde était passée à quelques 200km du noyau de la comète Wild 2, dans la queue en Janvier 2004 et que ces particules ont été capturées dans une pièce grande comme une raquette de tennis qui s'est repliée puis a été retournée sur Terre.

 

Arrivée du réceptacle à Houston

Premier examen visuel :

Des milliers d'impacts comme les deux photos suivantes le montrent.

 

 

Vous voulez voir en grande dimension à quoi ressemble ces impacts, voici une photo d'un petit coin (l'élément 115) de 2cm par 4cm avec quelques impacts qu'il faut voir à la loupe.

 

On voit même ici l'impact d'une poussière cométaire qui a percuté le support d'aluminium et traversé l'aerogel (donc j'en déduis par la face arrière), impressionnant.

 

 

 

Citons les principaux scientifiques de cette extraordinaire mission :

Dr. Donald Brownlee, Principal Investigator, University of Washington

Dr. Peter Tsou, Deputy Principal Investigator (aerogel), Jet Propulsion Laboratory, Pasadena, Calif.

Dr. Michael Zolensky, Stardust Curator and Co-investigator, JSC

Dr. Carlton Allen, Astromaterials Curator, JSC

 

 

C'est le Dr Peter Tsou du JPL qui a eu l'idée de l'aerogel. Il est au JPL depuis 27 ans  et est diplômé de la célèbre Université de Berkeley (Cal).

Il a inventé cette nouvelle technique de capture dans ce produit appelé aerogel qui a été d'abord testé dans MIR et dans l'ISS. Il continue d'améliorer les techniques de recouvrement de particules une fois emprisonnées dans l'aerogel.

 

 

Les particules commencent à être extraites une par une et analysées. Elles vont être distribuées dans le monde entier, dont une demie douzaine en France, dont le Laboratoire d'étude de la matière extraterrestre du MNHN (Musée d'Histoire Naturelle) devrait en recevoir quelques unes. Son Directeur François Robert en est très heureux, la France est reconnue dans le monde entier pour la qualité de son instrumentation de ces poussières cosmiques. (voir communiqué de presse du Musée à ce sujet que je reprends en partie ci après).

 

 

Le Muséum est équipé d'un NanoSims 50 dernière génération des sondes ioniques pour étudier les poussières de Stardust :

 

Plusieurs laboratoires français ont été sélectionnés par la Nasa pour faire partie des équipes du PET (Preliminary Examination Team), mis en place pour une 1ère investigation “ rapide ” des échantillons.

Un «Consortium » du CNES piloté par François Robert (Muséum national d’Histoire naturelle) et Louis d’Hendecourt (IAS Orsay) rassemble 9 équipes françaises. Les laboratoires devront relever les challenges technologiques que représente la caractérisation minéralogique et géochimique de grains à l’échelle sub-micrométrique.

 

La NanoSims du Muséum permettra les mesures de compositions chimiques et isotopiques des éléments légers – dans les minéraux et la matière organique – de grains dont la taille n’excédera pas 10 micromètres .

Les collecteurs embarqués contiendront environ 1000 grains de taille supérieure à 10 micromètres, quelques dizaines de milliers de grains plus petits provenant directement de la comète et une centaine de grains interstellaires de taille submicronique. Lors du passage dans la queue de la comète, les grains se sont implantés à plus de 10 km/sec dans un « aerogel ».

 

Les laboratoires de la Nasa à Houston se chargeront d’extraire les grains de l’aerogel et de les distribuer aux laboratoires du PET. L’équipe qui gère la NanoSims 50 au sein du Laboratoire d’Etude des Matériaux Extraterrestres (LEME-USM 205 et UMS CNRS NanoAnalyses), réalisera des cartographies isotopiques d’une dizaine de grains avec une résolution spatiale de ≤0,1 micromètres. Ces résultats seront comparés avec ceux des quatre autres NanoSims participant au projet StarDust (3 aux USA et 1 au Japon).Les analyses des échantillons rapportés auront pour but premier l’identification et la caractérisation de la composition physico-chimique de la matière cométaire mais également :

·                           de faire l’inventaire minéralogique, organique, chimique et isotopique de ces grains afin de les comparer aux résultats obtenus sur les comètes - par les télescopes - lors de leur passage près du soleil ;

·                           de mieux comprendre la contribution des comètes à la formation de l’atmosphère de la Terre ; de compléter notre collection des premiers planétoïdes formées dans le système solaire et représentés jusqu’à présent par les seules météorites ;

·                           et de vérifier si nous n’aurions pas déjà présents, dans nos collections de poussières interplanétaires ou de météorites, des échantillons de comètes (par exemple : la météorite Orgueil par dont le Muséum possède plusieurs kilos !).

 

D’autres questions sous-tendent ces mesures. Les grains qui constituent les comètes ont-ils été irradiés avant la formation du système solaire ?

Les premiers minéraux du système solaire étaient-ils cristallisés ?

De l’eau liquide a-t-elle circulée dans les comètes ?

Le système solaire est-il “ bien mélangé ” ainsi que le prédisent les modèles théoriques : les grains formés ou transformés à proximité du Soleil ont-ils été transportés aux confins du Système Solaire ?

Quelle est l’origine de la matière organique des comètes : solaire ou interstellaire ?

Les comètes renferment-elles des sources moléculaires potentielles pour l’émergence de la Vie ?

 

Ces questions sont au cœur des recherches menées par le LEME au sein du département Histoire de la Terre du Muséum.

 

Il faut signaler qu'il y a très peu de laboratoires dans le monde hors des USA qui auront le privilège d'étudier ces morceaux de matière primitive, la France est l'un des happy few.

 

 

Le contrôle mission met à notre disposition un petit film de 1min15 et de 6MB en Quicktime sur la rentrée de Stardust dans l'atmosphère filmée à partir du DC8 de la NASA, si vous avez ADSL cela vaut le coup d'y jeter un œil.

 

 

 

Détails sur l'aerogel

 

Article du Dauphiné libéré sur le retour de Stardust.

 

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

 

STARDUST : MONSIEUR WILD NOUS PARLE (29/01/2006)

 

Ci joint l'excellent article de Philippe Morel, Président de la SAF et de Michel Quinquis sur un interview de Paul Wild (prononcer Villt), le découvreur de la comète Wild 2 visitée par Stardust.

Philippe m'a gentiment permis de reproduire ce texte tiré du site de la SAF;

 

Retour de la mission Stardust : quelques heures avec Paul Wild

 

 

Paul Wild face à l’instrument de la découverte

© : Michel Quinquis, SAF/obs. Mont Soleil

 

 

 

Philippe Morel et Michel Quinquis,

Société Astronomique de France

 

 

Par un glacial après-midi de décembre 2004

 

En janvier 2004 la mission américaine Stardust, lancée le 6 février 1999, nous envoyait les très belles images du noyau de la comète P/Wild 2 et procédait, pour la première fois au recueil de poussières cométaires dans le but de les ramener sur Terre, ce qui est chose faite depuis le dimanche 15 janvier 2006, date du retour sur Terre de la capsule contenant ce précieux matériau qui constitue désormais la matière extraterrestre la plus éloignée transportée par une mission et récupérée sur Terre.

 

A l’origine de cette mission, une comète découverte en Suisse en janvier 1978, et derrière cette découverte, la passion de Paul Wild, personnage hors du commun que nous avons eu le privilège de rencontrer au cours de la journée du dimanche 5 décembre 2004 sous le froid glacial des hauteurs de la banlieue sud de la ville de Berne, à l’observatoire de Zimmerwald, lieu de la découverte fortuite de la comète visitée par la mission Stardust.

 

Le royaume de Paul Wild à gauche et le télescope de 1 mètre à droite

© : http://www.aiub.unibe.ch/zimmerw.html

 

Le site de l’observatoire de Zimmerwald est situé à une quinzaine de kilomètres de Berne et la coupole la plus ancienne de cette installation qui a commencé de fonctionner en 1957 était le royaume de Paul Wild où, durant plus de 35 ans se sont succédées découvertes de supernovae, et donc, d’astéroïdes et de comètes. S’y trouvait à l’origine une chambre de Schmidt de 40 cm de diamètre remplacée ensuite par un instrument de même diamètre, guidé par un télescope Cassegrain de 60 cm de diamètre et de 12 mètres de focale. A environ deux kilomètres se trouve une seconde coupole abritant une installation d’amateur et tout près de la première, une installation inaugurée en 1997 dédiée à la mesure des orbites des satellites et comportant un télescope de un mètre de diamètre.

 

Laissons maintenant Paul Wild, âgé aujourd’hui de 80 ans, nous émerveiller en nous confiant les merveilleux souvenirs d’une vie consacrée à l’enseignement, à la recherche et à l’observation photographique tout comme à la vie de l’Institut d’Astronomie de Berne que ce dernier dirigeât durant plusieurs années.

 

En arrivant à l’observatoire de Zimmerwald

 

 

« Le second télescope est la bas près de l’arbre ; la coupole blanche. C’était l’observatoire de M. Scherrer qui était fabricant de métaux, astronome amateur et un bon technicien. Cet observatoire a été installé le premier et nous nous y sommes installés ensuite d’abord avec l’intention d’observer la parallaxe des étoiles filantes en simultané avec cette installation placée à deux kilomètres d’ici. Cependant, cela ne s’est pas réalisé. Cet endroit est aujourd’hui un observatoire ouvert au public, ce qui n’est pas le cas ici. Il est géré par une fondation et beaucoup d’écoles y passent chaque année. C’est un groupe d’une douzaine d’amateurs qui l’anime. Il y a ici aussi des visites publiques mais de temps en temps. Le troisième, ils s’en servent surtout pour faire des mesures de la Terre par les passages des centaines et des centaines de satellites, en particulier des satellites GPS. Il a un mètre de diamètre et sert à l’étude de l’orbite des satellites.

 

Le télescope de 1 mètre

© : http://www.aiub.unibe.ch/zimmerw.html

 

L’un des buts des travaux est de mesurer la différence entre l’orbite théorique et l’orbite réelle de ces derniers afin d’en tirer des hypothèses sur le comportement de la très haute atmosphère. Il y a eu aussi ici des campagnes de surveillance des éventuels débris de satellites pouvant rentrer dans l’atmosphère. Nous avons ici un Docteur spécialisé en mécanique céleste appliquée à ce nuage d’objets.»

 

Des dizaines d’astéroïdes découverts à Zimmerwald mentionnés sous la coupole

 

« La recherche de supernovae a toujours été l’objectif premier et quand on soupçonnait une supernova sur un cliché on avait tout le temps d’en constater la modification d’éclat sur deux ou trois semaines et on était pas du tout pressé de transmettre les découvertes. Les autre découvertes étaient secondaires. A mon actif j’ai environ 45 astéroïdes et sept comètes. Sur le panneau présenté au pied du télescope figure une partie de ces objets seulement…parmi les découvertes réalisées ici. On y trouve aussi les premiers objets, découverts par Elisabeth Rœmer que j’ai retrouvé ici alors qu’elle était une amie d’études. Ma première découverte en 1961, est le 1657 Rœmera. Celui ci c’est 1866 Sisyphus. Ce qui est intéressant est que quand j’ai proposé ce nom au comité de l’UAI, il disaient « mais c’est extraordinaire, car nous attendions la découverte d’un objet très incliné et Sizyphus a été découverte juste quelques semaines après. Ici vous avez Lucienne, prénom d’une des jeunes chercheuses de l’Observatoire de Paris. Un peu plus loin, ici, ont trouve aux numéros 1935, 1936, 1937 et 1938, Lucerna,  Lugano, Locarno et Lausanna : quatre villes commençant par un « L » et possédant un lac.

 

Un étudiant d’une université allemande demanda un jour quand Binomi (n° 2029) avait vécu. L’étudiant ne savait pas répondre et son professeur lui répondit que c’était le découvreur des binômes et l’étudiant dit « ah oui évidemment ! ».

 

Le 2001 : c’est Einstein et ici on a 2129 Cosicosi : en souvenir d’un professeur de mathématiques vivant toujours à Berne et très apprécié par sa pédagogie. Le dernier que j’ai découvert et dont le numéro se situe aux environs de 19251, c’est Totsiens, découvert le 3 septembre 1994, ce qui signifie « adieu » en langage afrikaner d’Afrique du Sud. »

 

Des débuts dans les montagnes dans les années 30

 

« Cela m’est venu à l’âge de dix ans après avoir observé deux ou trois éclipses de Lune. J’étais à Glaris, dans le canton de Glaris où on a nulle part un horizon dégagé. Et là, il était très intéressant pour un jeune homme de pouvoir observer l’endroit par exemple où le Soleil se lève. J’ai toujours constaté que des étudiants qui avaient grandi dans des vallées comprenaient plus facilement les mouvements du ciel. Flammarion m’a beaucoup marqué à mes débuts et a été l’auteur de mes premières lectures qui, aujourd’hui encore sont très intéressantes à lire. Un peu plus tard, quand j’étais à Schwende dans le canton d’Appenzell et en 1943 est arrivée la comète Whipple qui a traversé le ciel lentement. C’est elle qui m’a passionné pour l’observation des comètes.

 

Je n’avais pas de télescope mais j’ai pu utiliser la lunette que possédait un camarade de classe. J’ai fixé cette lunette sur un pied et j’ai pu observer très souvent la comète Whipple qui avait un trajet très long et tout à fait au nord. »

 

Une brillante carrière initiée par la planète Mercure

 

« J’ai abordé l’astronomie par le côté mathématique car je n’aimais pas la physique, tout comme aujourd’hui d’ailleurs. J’étais initialement décidé à étudier les mathématiques. J’aurais voulu être géophysicien mais ce n’était pas possible car après une année passée à l’Ecole Polytechnique de Zurich, le doute m’a saisi car je pensait ne pas être capable de continuer. J’ai même pensé m’orienter vers les lettres classiques car j’aimais beaucoup le Latin et le Grec. Au cours d’une soirée alors que j’étais dans la vallée de Glaris je vis une étoile rouge brillante ne correspondant à rien de connu des constellations. Était-ce une nova ou une planète ? Finalement c’était la planète Mercure. Nous étions alors en 1945 et cet événement a décidé de ma carrière et m’a décidé à poursuivre les mathématiques pour aborder l’astronomie et en 1947 ma décision était prise.

 

Les souvenirs de Paul Wild enregistrés par Philippe Morel : un privilège qu’on souhaiterait à tout amateur

© : Michel Quinquis, SAF/obs. Mont Soleil

 

Tout au début j’ai eu comme  Maîtres William Brunner, le Directeur de l’observatoire de Zurich et, à partir de sa retraite, Max Waldmeier, un homme très difficile d’abord mais excellent chercheur. Mes vrais débuts, c’était en 1947 à la Jungfrau dont le Directeur était M. le Professeur Alexander von Muralt. Parmi les astronomes de Paris j’ai connu à cette époque le groupe de Chalonge qui avait déjà travaillé en Suisse avant la guerre et souhaitait y revenir. était M. von Muralt les reçut à nouveau en leur conseillant d’accueillir des étudiants suisses en plus des étudiants français. Un soir, alors que je me trouvais dans une queue à l’entrée de l’opéra de Zurich, je fus abordé par M. Eckart, l’un des membres du groupe de Chalonge et ce dernier me demanda si je serais intéressé par une participation au travail de cette équipe. Ma réponse fut évidemment affirmative. L’été 1947 a été probablement le plus beau et le plus chaud au nord des Alpes depuis la dernière guerre : aucun nuages durant sept semaines en août et septembre. Dans le groupe, Chalonge avait inclus son épouse qui s’occupait de la cuisine. En plus de Chalonge lui même il y avait plusieurs étudiants et assistants de l’Observatoire de Paris. Nous réalisions des spectres d’étoiles bleues avec un double prisme objectif de Fehrenbach. Mon premier séjour a duré sept semaines et y monter n’était pas difficile car le téléphérique existait déjà. A la fin de mes études, en 1951, j’ai été assistant chez Waldmeier à l’observatoire de Zurich durant un an. La même année j’ai rencontré M. Zwicky qui cherchait un assistant et là encore j’ai eu la chance de lui être proposé pour quelques années à la chambre de Schmidt de 18 pouces du Mont Palomar. L’objet était l’établissement du catalogue des galaxies. Nous étions entre 6 et 8 assistants selon les années à participer à l’élaboration de ce catalogue. Je suis resté au Mont Palomar durant quatre ans, jusqu’en 1955. J’y ai connu Humason mais aussi Baade, l’ennemi de longue date de Zwicky mais ni l’un ni l’autre n’influençaient leurs assistants. Les assistants de Zwicky percevaient leur salaire de la marine américaine et non du Caltech comme le reste du personnel de l’observatoire et ce parce que Zwicky avait servi cette dernière durant la guerre et commençait alors à étudier la conception de missiles. »

 

Le retour en Suisse…après l’Afrique du Sud et la planète Mars

 

« Quand Zwicky était en vacances en Suisse il rencontrait M. Schürer, le Directeur de l’Institut d’Astronomie de Berne qui envisageait la construction d’un observatoire sur les hauteurs de Berne, à Zimmerwald. Il était dès lors décidé qu’un poste dédié à cet observatoire serait créé pour moi. Cet installation était dévolue à la recherche de supernovae avec un premier astrographe de 40 cm de diamètre. Quand je suis rentré de Californie, les travaux n’étaient pas terminés à Zimmerwald et tout à fait par hasard c’est Humason qui a été nommé directeur de l’observatoire de Flagstaff et alors que ce dernier était de passage en Suisse, il me demanda si j’accepterais en attendant, d’aller observer la planète Mars en Afrique du Sud au moment de la mémorable opposition de 1956. Le trajet a pris 20 semaines sur le paquebot Andréa Doria (astéroïde n° 2175) et les observations ont été réalisées du mois de juin jusqu’à Noël depuis l’observatoire de Bloemfontein avec une lunette de 50 cm de diamètre. J’y ai réalisé des observations photographiques avec Earl Slipher qui avait alors à peu près 70 ans mais grimpait encore de manière très alerte l’échelle menant au porte oculaire. Les conditions d’observation ont été très bonnes et les cent premières nuits ont été absolument claires avant les premiers orages sont arrivés en octobre. Je faisais uniquement de la photographie pour ne pas perdre de temps. Après cette opposition j’aurais voulu rentrer en Suisse en longeant la côte est de l’Afrique mais cela n’a pas été possible en raison de la fermeture du canal de Suez lors du conflit de 1957. mon retour d’Afrique du Sud a pris à peu près trois mois et à mon retour l’observatoire n’était pas encore tout à fait terminé.

 

Schmidt de 40 cm et Cassegrain de 60 cm dans un même tube,

© : Michel Quinquis, SAF/obs. Mont Soleil

 

Le premier instrument installé ici était un petit télescope de Schmidt beaucoup plus petit que l’instrument actuel. Dès mon arrivée ici a débuté le programme de photographie de champs d’étoiles à la recherche de supernovae et les comètes ont été découvertes dans le cadre de ce programme. La durée des poses étaient d’environ 15 minutes et dépendaient surtout de l’état du ciel. Dans le tube actuel il y a deux optiques : une de Schmidt de 40  cm de diamètre, et une de Cassegrain de 60 cm de diamètre et de 12 mètres de focale pour le guidage. Le guidage était toujours fait à l’oculaire et jamais avec des systèmes d’autoguidage car nous considérions ici que l’observateur appartenait au télescope et non l’inverse. Nous étions peu nombreux durant les nuits d’observation et le plus souvent j’étais seul. Quand le second observatoire a ouvert nous étions bien sur plus nombreux et il y avait souvent des étudiants ou des assistants. Tout est très différent aujourd’hui avec la CCD mais à l’époque il fallait préparer les porte films avant chaque série de poses et, après une belle nuit complète il fallait, vers 5 heures du matin, développer nous mêmes les clichés. J’avais un chalet dans le village ce qui me permettait de dormir sur place vers 8 heures du matin sans avoir à redescendre sur Berne. Il m’arrivait assez souvent de faire plusieurs nuits à la suite les unes des autres. Au Mont Palomar, les conditions de vie étaient plus dures qu’ici. A la fin des séjours il m’est arrivé de veiller durant 48 heures sans dormir. Nous avons aussi de temps en temps observé des passages de satellites. Les bonnes nuits je faisais environ 20 clichés posés 10 à 15 minutes chacun, ce qui représentait 200 à 300 minutes de suivi par nuit. Le pointage était manuel et nous ne partagions presque jamais le ciel avec d’autres observatoires. J’ai découvert ici une quarantaine de novæ et sept comètes. Je préparais les porte films par deux ou trois car ici, on ne peut que rarement anticiper sur la météorologie de l’heure suivante.

 

J’ai enseigné durant environ 10 ans à l’École Polytechnique. J’ai soutenu mon doctorat longtemps après mon retour en Suisse, en 1974 à l’âge de 49 ans et ma thèse avait pour sujet les découvertes réalisées ici à Zimmerwald et surtout sur la première moitié de l’ensemble des comètes découvertes ici. J’ai ensuite donné des cours pour les géophysiciens. »

 

Pourquoi P/Wild 2 pour la mission Stardust ?

 

La comète P/Wild 2 visitée par Stardust en janvier 2004, © : NASA

 

« Le choix pour la mission résulte de la faible inclinaison de son orbite. Quand son orbite a été déterminée avec précision, on a su qu’il s’agissait, quand elle a été découverte, de sa deuxième visite près du Soleil. Elle a donc passé la presque totalité de son existence très très loin du Soleil sans subir d’altérations avant d’être capturée par la planète Jupiter. Cette comète n’a pas été retrouvée sur des clichés antérieurs à ceux réalisés ici lors de sa découverte. Je suis très heureux qu’une de mes comètes ait été choisie pour cette mission et des résultats déjà obtenus lors du passage de la sonde Stardust en janvier 2004. Elle a été découverte en janvier 1978 tout à fait fortuitement dans le cadre de la campagne de recherche photographique de supernovae. 48 heures ont séparé les deux clichés de découverte de la comète. Sur le premier cliché, la comète était juste sur le bord du champ et il s’en est fallu de très peu pour que je la manque. J’ai appris que la comète Wild 2 avait été retenue environ 5 ans avant le lancement de la mission et les instruments étaient déjà en cours de préparation. Une ou deux autres comètes pouvaient correspondre au cahier des charges de la mission Stardust. Elisabeth Roemer en avait proposé une autre mais cette comète aurait été en bonne position deux ans avant, ce qui laissait trop peu de temps. »

 

Les dernières supernovae

 

« Ce n’est pas Zwicky qui m’a communiqué une passion pour les supernovae. Quand j’ai découvert une belle supernova en 1954, Zwicky n’aimait pas que je passe trop de temps sur les supernovae et les comètes car nous étions très en retard sur le catalogue des galaxies mais ici, c’est lui même qui nous conseillait de nous concentrer sur ces objets. Il n’a jamais parlé des comètes. La découverte de cette supernova était tout à fait fortuite

 

L’instant de la découverte pour Paul Wild,

© : Michel Quinquis, SAF/obs. Mont Soleil

 

Les dernières observations remontent à une dizaine d’année. Les objets de la Voie Lactée m’ont toujours passionnés plus que les comètes et les astéroïdes que j’ai découverts sans chercher après. Durant les dernières années de sa vie je recevais souvent la visite de Zwicky qui me disait « les lentilles gravitationnelles, on sait qu’elles existent mais pourquoi ne les voit-on pas ? » et quelques semaines après sa mort les premières lentilles ont été observées. Zwicky était né en 1898 et nous a quittés en 1974 et c’est certainement lui qui m’a le plus marqué avec Chalonge et les astronomes de Palomar. »

 

(Paul Wild a rendu hommage à Fritz Zwicky en lui faisant attribuer l’astéroïde n° 1803, et à Daniel Chalonge en lui faisant attribuer l’astéroïde n° 2040)

 

Quand Paul Wild rencontre Paul Wild

 

« Il existe en Australie une station de radioastronomie Paul Wild et ce dernier, astronome lui aussi, est mort il y a quelques années. Je l’ai rencontré une seule fois. Il est venu d’Australie à Pasadena après mon retour de Californie et comme c’était décidé qu’il devait rester au second étage du laboratoire d’astronomie du Caltech où je me trouvais aussi, on en a profité pour garder mon nom. Il est arrivé deux semaines après mon départ et je l’ai rencontré par hasard lors d’une assemblée internationale d’astronomes et c’était il me semble à Brighton vers 1967 au cours d’une pause récréation entre deux conférences. Il y avait beaucoup de mondes et je l’ai heurté en me déplaçant difficilement avec une tasse de café à la main. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Remerciements :

 

A Monsieur le Professeur Paul Wild qui avec beaucoup de patience et de gentillesse a répondu avec beaucoup de patience durant un après-midi complet sous une température glaciale aux très nombreuses questions nécessaires à la rédaction de cette évocation,

 

A Michel Quinquis et Iren Muller pour l’organisation pratique de cette rencontre,

 

A Madame Louise Wilson de l’observatoire de la Jungfrau pour les précisions historiques.

 

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

 

 

 

CASSINI-SATURNE PROMÉTHÉE ET L'ANNEAU F  (29/01/2006)

(Photos NASA/JPL)

 

Voici une photo d'un des gardiens de F, le mini satellite patatoïde Prométhée qui fait 100km de long.

On aperçoit à l'extrémité gauche de la photo le satellite Dioné (1100km de diamètre). On arrive presque à distinguer la forme oblongue de Prométhée en regardant l'image en Haute Résolution.

 

J'ai aussi indiqué sur la photo que je me suis permis de colorier l'emplacement des différents anneaux et division.

 

Photo prise dans le visible par Cassini le 20 Décembre 2005 d'une distance de 2.2 millions de km de Prométhée.

 

 

 

 

 

 

 

Comme d'habitude, vous trouverez toutes les dernières images de Cassini au JPL

Les animations et vidéos : http://saturn.jpl.nasa.gov/multimedia/videos/videos.cfm?categoryID=17

 

Les prochains survols : http://saturn.jpl.nasa.gov/home/index.cfm

Tout sur les orbites de Cassini par The Planetary Society; très bon!

 

Voir liste des principaux satellites.

 

 

 

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

CASSINI TITAN : BULLETIN MÉTÉO : NUAGEUX !. (29/01/2006)

(dessin  IPSL)

 

Notre ami et voisin des Yvelines Pascal Rannou (photo) de l'Université de Versailles-St Quentin en Yvelines (USVQ) et du Service d'Aéronomie dirige une équipe internationale qui s'est penchée sur les dernières observations de Cassini  de Huygens et terrestres pour établir un modèle du climat de Titan qui expliquerait les nuages d'éthane et de méthane.

Comme nous le signale le communiqué de presse de l'INSU :

 

 

 

L'année 2005 a été marquée par une forte augmentation du nombre de nuages observés sur Titan. Depuis 2002, où un seul nuage avait été visualisé au pôle sud, les grands télescopes et la sonde Cassini ont réalisé une moisson assez spectaculaire de nouveaux nuages.

Des chercheurs du Service d'Aéronomie et du Laboratoire de Météorologie Dynamique (unités mixtes de recherche du CNRS) ont utilisé un modèle climatique, dérivé d'un modèle de climat terrestre, pour étudier la couverture et le cycle des nuages sur Titan.

Ce modèle explique non seulement la présence des nuages là où ils sont observés, mais prédit également la couverture nuageuse pour les 30 années à venir du cycle de Titan autour du Soleil.

 

Bien que le méthane soit très abondant sur Titan, les nuages n'avaient été observés ni par les sondes Voyager en 1980 et 1981, ni par les télescopes dans les années qui ont suivi, et leur existence avait donc longtemps été un sujet de débat. Il a fallu attendre les années 1998 pour les détecter dans la basse atmosphère, sans toutefois obtenir d'information sur leurs formes et leurs distributions. A partir de 2002, et surtout en 2005, les observations ont montré qu'en réalité, Titan possède une atmosphère riche en phénomènes météorologiques. Depuis, les observations réalisées d'une part par les télescopes terrestres, d'autres part par des instruments embarqués sur Cassini (VIMS, ISS) permettent une classification et une étude statistique des nuages existant sur Titan.

 

Carte des  nuages sur Titan : Les niveaux de gris montrent l'épaisseur optique des nuages en fonction de la latitude pendant les 30 ans terrestres que dure l'année de Titan.

 

La date est donnée en ordonnée entre 1977 et 2006, mais cette carte est aussi valable pour la période entre 2007 et 2036. La ligne en trait épais montre la bordure de la nuit polaire. Pour 2005, la carte montre que les nuages apparaissent à 40°S, au pôle, et un peu partout aux latitudes moyennes.

Ces prédictions sont conformes aux observations. On trouve aussi des nuages vers 50°N et dans la région polaire nord (encore dans la nuit polaire). Ces derniers nuages ne sont pas (encore) détectés.

 

 

 

 

 

 

Cette carte prévoit aussi

-1- que le nuage polaire sud est déjà en train de disparaître (c'est également observé) et réapparaîtra vers 2010

-2- que le nuage à 40°S doit disparaître dans la période 2008-2010 (même époque que lors des visites faites par les sondes Voyager en 1980 et 1981) et le nuage à 40°N réapparaîtra vers 2015 après l'équinoxe de printemps nord.

 

 

Ces résultats montrent que l'essentiel de la distribution en latitude des nuages telle qu'elle est observée s'explique par l'interaction avec la circulation de l'atmosphère. La circulation méridienne dans la basse atmosphère (là où se forment les nuages) s'effectue dans le cadre d'une cellule de Hadley, qui - durant une grande partie de l'année de Titan - a une branche ascendante entre 30 et 40° dans l'hémisphère d'été (l'hémisphère sud en ce moment), montant jusqu'à 60 km, et replongeant vers +/- 60°. Au delà de 60° S et 60° N, on observe un jeu de petites cellules secondaires allant jusqu'aux pôles. La branche ascendante de cette cellule de Hadley se déplace rapidement d'un hémisphère à l'autre lors des équinoxes.

 

 

 

 

(photos de Cassini de l'atmosphère de Titan de Juillet 2004 avec filtres IRP0 et CB3)

 

 

 

 

Les nuages de méthane se forment préférentiellement dans la branche ascendante de la cellule de Hadley, située actuellement à 40°S, et dans les branches ascendantes des cellules des régions polaires. Des nuages, plus modestes, se forment également partout aux latitudes moyennes par des processus de mélange dans l'atmosphère.

 

Les nuages d'éthane (et probablement tous les nuages associés à des espèces stratosphériques qui condensent, comme le C4N2 par exemple qui avait été observé sous forme de glace) se forment dans les régions polaires, aux endroits où les masses d'air de la stratosphère traversent le piège froid de la tropopause. La distribution en latitude des structures nuageuses de méthane (les seules visibles de l'extérieur) dépend donc d'un mécanisme en réalité assez semblable à celui qui régit les grandes structures nuageuses sur Terre et sur Mars.

 

En revanche la quantité de méthane disponible lors de la condensation produit immédiatement des gouttelettes de grande taille (50-100 µm), formant ainsi des nuages précipitants de courte durée de vie aux latitudes moyennes et aux pôles.

Ce travail permet de donner une explication simple sur l'origine des principaux nuages observés récemment par diverses équipes. Il prédit l'existence de structures qui ne sont pas encore détectées (par exemple, dans la région polaire d'hiver - au nord) et surtout, il prévoit la distribution des nuages au cours de l'année de Titan (30 années terrestres). En particulier, des changements notables dans la distribution des nuages sont prédits par le modèle pour les 5 années à venir (période d'équinoxe correspondant à un basculement de la circulation de Hadley). Une période pendant laquelle Cassini - si la mission est étendue - fera des observations, ce qui permettra de confronter le modèle à la réalité.

 

Ces résultats sont publiés dans le numéro de Science du 13 janvier 2006.

 

 

Notre ami fait parti de l'équipe de l'APEC (Atmosphère Planétaire et Environnement Planétaire) dont les thèmes de recherche portent :

·                           d'une part sur les atmosphères planétaires, en référence à l'atmosphère terrestre, les processus physico-chimiques dont elles sont le siège, les interactions de ces atmosphères avec le vent solaire et les surfaces solides des planètes ;

·                           d'autre part sur l'environnement de gaz et de poussière des comètes, pour lequel une expertise sur la diffusion de la lumière par les grains a été développée.

 

 

Une part importante du travail de l'équipe réside dans le développement d'instruments embarqués sur des missions spatiales (Mars-Express, Cassini-Huygens, Rosetta), et l'utilisation, ou la réalisation, d'instruments basés au sol, notamment pour l'observation des planètes extra-solaires.

 

 

 

Voir aussi les informations de l'ESA au sujet de Titan (en anglais).

 

 

 

Comme d'habitude, vous trouverez toutes les dernières images de Cassini au JPL

 

Les prochains survols : http://saturn.jpl.nasa.gov/home/index.cfm

Tout sur les orbites de Cassini par The Planetary Society; très bon!

 

Voir liste des principaux satellites.

 

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

 

 

 

MARS EXPRESS :L'ÈRE DES GLACIERS! (29/01/2006)

(documents : © LMD/IPSL. CNRS.)

 

Une équipe internationale, conduite par François Forget, chercheur au Laboratoire de météorologie dynamique vient de développer une simulation numérique à haute résolution du climat martien il y a plus de 5 millions d'années. Se basant sur un changement d'obliquité de la planète rouge, le modèle permet d'expliquer parfaitement la présence de glaciers rocheux sur les flancs des grands volcans martiens, dont Olympus Mons, et à l'est du bassin d'Hellas. Ce résultat est publié dans Science du 20 janvier 2006.

Ceci a fait l'objet d'un communiqué de presse du CNRS.

 

Voici ce qu'il nous rapporte :

 

(photo de la MOC de MGS d'une longue langue de glace de 5km analogue à des glaciers terrestres observée dans la région Hellas )

Alors que la glace est actuellement instable à la surface de Mars en dehors des régions polaires, les récentes missions spatiales, et en particulier la mission européenne Mars Express de l’ESA, ont découvert de spectaculaires traces de glaciers dans certaines régions de Mars situées aux moyennes latitudes et même sous les tropiques. Ces traces de glaciers, et parfois même de véritables glaciers rocheux (formés de glace recouverte de roches et de sédiments) ont ainsi été repérées près des flancs ouest des grands volcans martiens de la région de Tharsis et sur le volcan géant Olympus Mons. De l’autre coté de la planète, une petite région grande comme la France et situé à l’est du bassin d’Hellas regroupe les exemples les plus spectaculaires de glaciers rocheux, dont le spectaculaire « glacier sablier » découvert par Mars Express en 2005.

 

Comment expliquer la présence de tels glaciers à ces latitudes sur Mars ? Pourquoi sont-ils regroupé dans certaines régions spécifiques ?

 

De nouvelles simulations numériques à haute résolution du climat de Mars, effectuées par François Forget au Laboratoire de Météorologie Dynamique de l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) en collaboration avec une équipe franco-américaine, ont pu reproduire la formation de ces glaciers dans la région de Tharsis et à l’est d’Hellas, et expliquer leur origine.

 

En pratique, les chercheurs ont utilisé un modèle sophistiqué de l’atmosphère et du cycle de l’eau sur Mars conçu pour simuler les détails de la météorologie martienne telle que l’observent les missions spatiales actuelles. En faisant tourner le même modèle, mais en supposant que l’obliquité de la planète était passé de 25,2° (valeur actuelle) à 45° (une valeur souvent atteinte dans le passé, le plus récemment il y a 5,5 millions d’années), les planétologues ont découvert une planète Mars au climat relativement comparable à celui que nous observons aujourd’hui, mais sur laquelle le cycle de l’eau était intensifié par le chauffage de la calotte polaire nord en été, une saison relativement torride lorsque l’axe de rotation de Mars est très incliné.

 

Dans ces conditions plus « humide », le modèle prédit la condensation et l’accumulation de glace sur les flancs « au vent » des grandes montagnes martiennes,  selon un mécanisme de précipitation couramment  observé dans les îles montagneuses sur Terre. Les zones d’accumulation de la glace prédites correspondent précisément aux régions où des traces de glacier ont été découvertes. Ceci indique que le phénomène simulé est probablement celui qui est à l’origine de ces formations (Figures 1A et 1B ci dessous).

 

 

Fig 1 A et B : On voit en jaune les dépôts de glace de la région de Tharsis et à droite ce que donne l'utilisation du modèle numérique avec une obliquité de 45°. Les zones d’accumulation de la glace prédites correspondent précisément aux régions où des glaciers ont été découverts, ce très bon accord semble prouver que la variation d'obliquité est probablement bien à l’origine de ces formations

 

 

De nouvelles simulations ont ensuite été conduites en supposant cette fois que le réservoir originel de glace d’eau était la calotte polaire sud plutôt que la calotte nord comme de nos jours. Cela ne correspond pas aux conditions actuelles, mais la géologie du pôle sud indique que cela a dû être le cas par le passé.

 

Dans ces simulations, l’est du bassin d’Hellas s’est révélé être le lieu d’intenses précipitations, et à nouveau le modèle peut expliquer pourquoi cette petite région est à présent recouverte de formations glaciaires. Le modèle montre que la topographie du bassin d’Hellas perturbe l’écoulement atmosphérique et force l’essentiel de la vapeur d’eau issue de la calotte polaire sud en été à passer à l’est d’Hellas. Là, la rencontre avec des masses d’air plus froid se solde par la condensation d’une grande partie de la vapeur d’eau, et sa précipitation (Figures 2A et 2B ci contre). Carte topographique du bassin d'Hellas. Figure A, les marques géométriques correspondent aux structures géologiques particulièrement riches en glace et aux glaciers rocheux rassemblés dans cette région (le point rouge et la croix verte marquent respectivement le « glacier-sablier » et la langue glaciaire présenté ci-dessus), Figure B, accumulation de la glace d'eau en millimètres par année martienne prédite par le modèle numérique avec une obliquité de 45°, en supposant une calotte de glace d'eau au pôle sud.

 

 

 

 

 

 

 

Ces simulations  montrent que le système climatique que nous observons aujourd’hui sur Mars, exposé aux fortes variations d’obliquité que connaît la planète rouge, est capable de déplacer de vaste quantité de glace et de former des glaciers sous les tropiques et aux moyennes latitudes. Ces glaciers ont dû être exposé à des températures très différentes que ce que les dépôts de glace présents sur Mars de nos jours connaissent. Ainsi,  il est envisageable que certains  dépôts de glace ont  pu fondre et être le siège d’écoulement d’eau liquide, ce qui expliquerait la présence de ravines et trace de ruisseau géologiquement récent, en particulier à l’Est d’Hellas.  

 

 

 

 

François Forget a eu la gentillesse de nous consacrer quelques instants :

 

Notamment comment en êtes vous arrivé à cette idée de la formation à partir

de précipitations atmosphériques?

 

Nous savons que l'obliquité de la planète a variée entre 0 et plus de 60°.

Certains avaient suggéré que à très haute obliquité il fait plus froid (en moyenne) à l'équateur qu'au pole et donc que la glace aurait été plus stable à l'équateur qu'au pole. Comme nous avons développé un modèle détaillé du climat martien actuel, il était tentant de voir son comportement à haute obliquité. Résultat : précipitations dans certaines  zones précises, justement là où il y a des traces de glaciers....

 

A t on une idée chronologique de ces changements d'inclinaison qui ont joué sur le climat ?

 

Avant -10 millions d'années, on ne sait pas exactement, mais elle a pu varié entre 0 et plus de 60°...

Entre -5 et -10 millions d'années, elle est élevée, typiquement entre 35 et 45° : Une période de formation de glacier, etc... depuis 5 millions d'années, l'obliquité oscille entre 15 et 35°.

 

 

 

L'article complet paru dans la revue peut se lire au format pdf sur le site de François à Jussieu.

 

L'ESA rapporte aussi la nouvelle.

 

Voir l'article sur les cycles glaciaires sur Mars de l'Observatoire de Paris expliquant les variations d'obliquité.

 

Article en anglais sur l'eau liquide sur Mars; intéressant, c'est une partie de l'excellent site "Water on Mars" du Dr Donald Rapp du JPL.

 

 

La planète Mars un autre monde notamment par F Forget chez Belin, à lire absolument pour tous les Martiens.

 

 

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

MGS :.FÊTE À SA FAÇON LES DEUX ANS DES ROVERS MARTIENS. (29/01/2006)

(Photo MSSS/NASA)

 

Tout d'abord Spirit, après deux ans passé sur Mars il descend les collines Columbia et Mars Global Surveyor nous permet de suivre son chemin.

La caméra MOC (Mars Orbiter Camera) a photographié la région du cratère Gusev où s'est posé Spirit en Novembre 2005, on voit ces images qui couvrent sur le terrain 3km par 3km centrées sur les Columbia Hills.

 

Il y a même une des photos qui est en 3D anaglyphe pour les amateurs.

 

En voici une autre prise aussi par MGS plus récemment (sol 733) qui montre le chemin parcouru par la petite sonde.

 

 

 

 

Et Opportunity?

 

 

MGS nous gâte avec une vue en 3D anaglyphe de haute résolution du chemin emprunté par le rover.

 

Je vous conseille de regarder celle sans les textes qui gâchent un peu la vue.

 

 

 

On voit parfaitement le banc de sable au fond du cratère Victoria, prochaine cible d'Opportunity.

 

La position actuelle dans la plaine Meridiani, de ce rover se trouve sur cette autre image prise par MGS.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bonne continuation mes amies!!!

 

 

Toutes les photos de MGS à la disposition du public.

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

MARS-ODYSSEY : KASEI VALLES (29/01/2006)

(Photos NASA/JPL/Arizona State University)

 

Il y a beaucoup de monde autour et sur Mars, mais on parle moins de la petite Odyssey qui continue son petit bonhomme d'orbite autour de la planète rouge.

 

Son site a changé et s'est nettement amélioré, je vous conseille de visiter ce qu'ils appellent "le fait de la semaine" (feature of the week), ils analysent chaque semaine une partie de Mars en donnant ce qui manque souvent c'est à dire un plan de situation de l'endroit. 

 

 

Les photos sont prises par la caméra THEMIS.

 

Cette semaine c'est Kasei Valles. (photo de gauche)

 

 

 

Vous pouvez naviguer avec la souris dans cet endroit et zoomer, une description détaillée (en anglais) est aussi disponible, cela vaut le coup d'aller voir de temps en temps si il y a du nouveau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

 

UN SITE INTERNET À DÉCOUVRIR :. (29/01/2006)

(ce paragraphe est le votre si vous avez un site astro à nous faire connaître, n'hésitez pas à nous contacter)

 

Notre ami Guillaume Bertrand , Vendéen de 18 ans et amateur d'astronomie devant l'éternel, vient de mettre au point un logiciel gratuit qui devrait intéresser tous les astronomes amateurs.

 

 

 

 

Ce logiciel s'appelle AstroCalc.

AstroCalc permet de simuler l'apparence des planètes pour une date donnée, et calcul aussi leurs positions, leurs diamètres apparent etc...

Tous les calculs sont basés sur les formules de Jean Meeus.

 

Le logiciel est d'une précision suffisante pour l'astronome amateur souhaitant préparer ses soirées d'observations.

Pour en savoir plus visiter la page web du logiciel :

http://perso.wanadoo.fr/astro-sug44/AstroCalc.html

 

 

 

 

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

 

LIVRE CONSEILLÉ : COSMOLOGIE PRIMORDIALE PAR P.PETER & JP UZAN CHEZ BELIN (29/01/2006)

 

Waouh!!

Voilà ma première réaction à la vue et à la prise en main de ce livre (près de 2kg!!) fondamental et théorique sur la cosmologie moderne.

 

Je vous dis tout de suite : si vous n'aimez pas le maths allez boire un café et passez au sujet suivant.

 

Maintenant si vous avez été poursuivi par quelques études, et que vous vous intéressiez à la cosmologie, ce livre est pour vous.

 

Les chapitres sur le fond diffus cosmologique (CMB) et sur les lentilles gravitationnelles sont particulièrement intéressants. Par contre j'avoue mon humble mal de tête pour la théorie des cordes.

 

C'est un livre qui ne se lit pas d'un trait bien entendu, il doit plutôt être pris comme un appoint lorsque vous vous posez une question précise.

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur


A la fin du siècle dernier, la cosmologie a connu un grand renouveau grâce à l'apparition de nouvelles théories, à l'accélération du rythme des découvertes expérimentales, et à l'augmentation extraordinaire de leur précision. Le présent ouvrage offre au lecteur une voie d'accès à la cosmologie la plus actuelle. Il ne présuppose que des connaissances de base de la relativité restreinte et de la mécanique quantique, et explique en détail tous les outils théoriques sous-tendant les recherches cosmologiques modernes. Il présente en outre de façon très complète et pédagogique les applications principales des théories aux objets fondamentaux de la cosmologie tels les défauts topologiques, les fluctuations du rayonnement de fond, etc.

 

" Cet ouvrage communiquera à ses lecteurs non seulement les connaissances pour comprendre la cosmologie théorique de pointe, mais aussi l'enthousiasme de participer à une aventure intellectuelle exceptionnelle. " Thibault Damour


Biographie des auteurs

Patrick Peter est directeur de recherche au CNRS et travaille à l'Institut d'astrophysique de Paris. Il est spécialiste des défauts topologiques dans l'Univers.

Jean-Philippe Uzan est chercheur en physique théorique au CNRS et travaille à l'Institut d'astrophysique de Paris. Il est coauteur de l'ouvrage Les constantes fondamentales, publié aux éditions Belin en 2005.


Table des matières

RAPPELS DES BASES THÉORIQUES
Relativité générale
Tour d'horizon de la physique des particules
LE MODÈLE COSMOLOGIQUE MODERNE
L'Univers homogène
Le modèle standard du Big-Bang
L'Univers inhomogène
Le fond diffus cosmologique
Lentilles gravitationnelles et matière noire
L'Inflation
AU-DELÀ DES MODÈLES STANDARD
Grande unification et baryogenèse
Extension des cadres théoriques
Transitions de phase et défauts topologiques
Extensions cosmologiques
Cosmologie des cordes

 

 

 

Voir aussi la critique de ce livre par l'UdPPC (l'Union des Professeurs de Physique et Chimie).

 

(chez Belin éditeur collection Échelles Prix 49,50€)

 

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

LES MAGAZINES CONSEILLÉS : CIEL ET ESPACE FÉVRIER 2006  (29/01/2006)

 

 

 

Beaucoup d'articles très intéressant ce mois ci dans Ciel et Espace , notamment:

 

 

 

Mars : l'histoire de l'eau enfin reconstitué

La sonde Mars Express en apporte la certitude : l’eau a abondé sur Mars pendant 700 millions d’années. La découverte d’argiles en bordure d’anciens lits de rivières confirme ainsi un scénario imaginé voici plus de trente ans. Mieux, elle permet de comprendre les traces d’eau trouvées au sol par les rovers Spirit et Opportunity. Avec elle, l’histoire climatique de la planète rouge est décryptée

 

 

Étoiles massives : Dans le secret de leur naissance

Où et comment naissent les étoiles massives ? Bien des théories existent mais, jusqu’à présent, peu d’observations sont venues les valider. Une image extrêmement détaillée d’une pouponnière stellaire, réalisée par une équipe européenne, apporte aujourd’hui enfin une réponse.

 

Les supernovae le confirment, l'Univers accélère

Une étude des supernovae lointaines vient conforter l’hypothèse de l’expansion accélérée de l’Univers. Conclusion de ses premiers résultats : le principal paramètre de cette expansion n’est autre que la constante cosmologique imaginée par Albert Einstein. Mais est-elle vraiment constante ?

 

 

Le nouveau visage de la Voie lactée

La Voie lactée change ! Après avoir peiné à découvrir sa forme réelle, après l’avoir étudiée dans toutes les longueurs d’onde, les astronomes tentent aujourd’hui de faire parler les centaines de fossiles stellaires qu’elle abrite. Et ça marche ! Chaque courant d’étoiles, chaque astre antédiluvien raconte le passé mouvementé de notre Voie lactée. Celui d’une galaxie bien vivante… et en perpétuelle transformation.

 

Portraits d'une planète sous influence

Forêts disparues, montagnes arasées, déserts ressuscités… Les stigmates de l’activité humaine se font de plus en plus profonds sur la Terre. La preuve en seize images satellites. Superbes images!!!

 

 

Plus toutes les rubriques habituelles.

 

 

 

chickens_up.gif

 

 

 

C'est tout pour aujourd'hui!!

 

Bon ciel à tous!

 

JEAN PIERRE MARTIN

 

 

Astronews précédentes : ICI