Mise à jour 31 Octobre 2022.
CONFÉRENCE VEGA de Jean Pierre MARTIN,
Physicien, membre de la SAF et de VEGA.
Organisée par l'Association d'Astronomie VEGA et la Mairie de Plaisir
Au théâtre Robert Manuel (Château de Plaisir)
« LA NOUVELLE CONQUÊTE
LUNAIRE »
Le Samedi 8 Octobre 2022 à 20H30
Photos : JPM pour l'ambiance.
(Les photos avec plus de résolution peuvent
m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de
la présentation de l'auteur. Voir les crédits des autres photos si nécessaire
La présentation (sans les
vidéos) est disponible sur
ma liaison ftp , rentrer le mot de
passe, puis CONFÉRENCES VEGA ensuite SAISON 2022/2023 ; elle s’appelle :
LA NOUVELLE CONQUETE LUNAIRE.pdf.
Ceux qui n'ont pas les mots de
passe doivent me
contacter avant.
Cette version pdf ne comprend
pas les vidéos, c’est une version courte expurgée de beaucoup de slides afin de
rendre la présentation plus claire, si une version complète avec toutes les
vidéos (958 MB) vous intéresse, merci de vous adresser directement à moi.
La vidéo sera disponible dans
quelques jours à :
BREF COMPTE RENDU
Depuis
quelques temps, les agences spatiales semblent vouloir s’intéresser de plus en
plus à un retour d’astronautes sur la Lune et même à un voyage vers la lointaine
planète Mars.
Quelle est notre expérience
dans l’espace pour nous permettre une telle vision ?
En avons-nous les moyens, la
technologie, le budget, la volonté politique ?
Quels sont les projets en cours
pour la Lune, les astéroïdes, pour Mars ?
Le but de cette présentation
est de faire le point à ce sujet.
On présentera les nouveaux
projets US comme Artemis et Starship et la nouvelle philosophie avec la station
spatiale lunaire Gateway. De nombreuses autres nations s’intéressent aussi à
notre voisine.
Au fait à qui appartient la
Lune ?
En avant, allons marcher sur la
Lune !
NOTRE EXPÉRIENCE DANS L’ESPACE.
·
L’épopée Apollo
: 12 hommes sur la Lune entre 1969 et 1972, expérience de la mise en orbite
lunaire et des EVA
·
Vols dans
l’espace autour de la Terre : la Navette, les stations spatiales : Mir, Skylab,
ISS, autres
·
Exploration de
toutes les planètes du système solaire, navigation spatiale. Mise en orbite de
sondes lunaires.
·
Nouvelles
nations spatiales : Chine, Japon, Inde, Europe etc..
Quelques rappels.
Le 25 Mai 1961, alors que les
USA n’ont que 15 minutes d’expérience de vol spatial avec A Shepard, JFK annonce
devant le Congrès des USA :
« Notre nation doit s'engager à
faire atterrir l'Homme sur la Lune et à le ramener sur Terre sain et sauf avant
la fin de la décennie ».
C’était vraiment un pari
« gonflé » ! Un défi à l’URSS !
LA COURSE À LA LUNE ÉTAIT
LANCÉE
C’est l’épopée Apollo, malgré
les drames des deux côtés, la course sera gagnée par les USA le 21 Juillet 1969.
Notamment grace à l’énorme
fusée Saturn V de Von Braun : 2800 t au décollage avec 3500 t de poussée !
Mais la course une fois gagnée,
le public se désintéresse de la Lune, on l’oublie et on se consacre à
l’exploration du système solaire et à la navette spatiale ISS.
Qu’avons-nous appris d’Apollo ?
·
Tout un peuple
a été capable de se passionner pour un tel projet
·
L’espace peut
être dangereux
·
Cela a permis
de mettre au point de nombreuses techniques innovantes
·
Amélioration de
l’informatique : Silicon Valley
·
Les
télécommunications
·
Mylar métallisé
: couverture de survie
·
Velcro
·
Lyophilisation
des aliments
·
Etc..
·
Les simulations
sur Terre ont été parfaites
Depuis Apollo, on n’a pas fait
mieux ; on a plutôt perdu en technicité et efficacité
On a été capable par contre de
réutiliser une partie des infra structures : VAB, Crawler… pour la navette
Qu’avons-nous appris sur la
Lune ?
·
20 Juillet 1969
: Neil Armstrong premiers pas, 19 Décembre 1972 : Eugene Cernan derniers pas
·
Près de 400 kg
d’échantillons ramenés, mises au point de nouvelles technologies…
·
Sismologie :
pas de tremblements de Lune, uniquement impacts
·
Les roches sont
principalement : basalte, brèche et anorthosite, se révèlent être un bon engrais
!
·
La Lune c’est
la Terre ! On confirme la thèse du grand impact
ON CHANGE D’ÉPOQUE, fin de la
guerre froide, l’URSS s’écroule, on passe aux techniques numériques
QUE FAUT-IL POUR RETOURNER SUR LA LUNE ?
·
Une volonté
politique et le budget qui va avec
·
De nouveaux
acteurs privés et de nouvelles nations
·
Un lanceur au
moins aussi performant que Saturn V
·
Une capsule
type Apollo
·
Des astronautes
·
Un nouveau
scaphandre
·
Une mini
station en orbite lunaire servant de base de départ, le Gateway
·
Un module
d’atterrisseur lunaire
·
Vaincre les
dangers du voyage
·
La construction
d’une base lunaire.
La volonté politique et le
budget sont là, au moins de la part des USA. Trump puis Biden confirme l’intérêt
de retourner sur la Lune dans le début des années 2020.
La NASA propose un budget de 21
milliards de $ (21 G$), Apollo avait couté en $ de maintenant : 150 G$.
La Chine semble aussi pouvoir
mettre un certain budget sur le projet et veut absolument être les premiers.
La course reprend !
Mais de nouveaux acteurs
rentrent en jeu.
Aussi
bien en interne aux USA : SpaceX, Blue Origin, Boeing, Northrop, etc..
Car il y a eu une
vraie révolution aux
USA, une recomposition du paysage spatial aux USA.
Pour la première fois une
société privée américaine (en Mai 2020) a envoyé une capsule prévue pour
transporter des astronautes s’amarrer à l’ISS, y rester une semaine et délivrer
la charge utile, puis se désamarrer pénétrer dans l’atmosphère, et se poser
délicatement dans l’Atlantique.
On sait que la NASA a mis en
concurrence des sociétés privés pour ses futurs vols spatiaux, ce sont SpaceX et
Boeing qui ont obtenu le marché.
C’est SpaceX qui dégaine le
premier avec sa nouvelle capsule pour transporter des astronautes, la Crew
Dragon (ou Dragon 2) qui est une évolution de sa capsule de transport, maintes
fois envoyée vers l’ISS, la Dragon.
La mission s’appelle Demo-1, la
suivante (Demo-2) transporte des hommes.
SpaceX propose des lanceurs
récupérables et ça fait toute la différence. Par exemple, une Falcon 9, a été ré
utilisée 12 fois de suite !
L’Amérique est maintenant
capable d’envoyer des astronautes américains à partir du sol américain et avec
un lanceur américain.
En effet depuis la fin de l’ère
navette, en Juillet 2011, les USA dépendaient du bon vouloir (et du prix de plus
en plus cher) des Russes.
Un grand bravo pour les
sociétés privées qui ont pu à partir de (presque) zéro, se hisser au niveau de
la NASA. (Mais avec l’aide de commandes publiques de la NASA)
Mission
Demo 2 3min30
https://youtu.be/9PZd1jFCVSQ
SpaceX avec Crew Dragon et
Boeing avec Starliner deviennent les nouveaux vaisseaux de transport vers l’ISS,
on peut enfin se passer des Soyuz Russes.
À gauche Starliner
À droite Crew Dragon
Photos : Boeing et SpaceX.
Mais il
y a aussi les autres nations !
Beaucoup de nations veulent se
lancer dans la course à l’espace lointain (Lune, Mars..)
·
Il y a les
dangereux : Chine, Inde,
·
Les moins
dangereux (pour le moment) : Europe, Japon, Russie, Israël,..
La Chine :
Elle a un véritable programme
spatial très ambitieux :
Station en orbite terrestre
pour accueillir des astronautes
Programme lunaire avec des
robots, dont un sur la face cachée de la Lune
Des astronautes chinois
aluniront bientôt sur la Lune
Le lanceur Long March 5
s’appelle en chinois CZ-5, il fait 57 m de haute et sa masse est de 867 tonnes.
Il est capable de mettre en
orbite basse (LEO) 25 t et en géostationnaire 13 t.
La Chine a de fortes ambitions
spatiales et notamment lunaire.
Elle veut s’installer de façon
permanente sur la Lune.
Cela va impliquer en premier
lieu des robots performants comme Chang’e-5 avec les retours d’échantillons. Ces
échantillons devraient permettre aux scientifiques chinois de voir ce que l’on
peut faire avec le régolithe lunaire (comme l’ESA le propose aussi) au point de
vue construction.
Des robots devraient aussi se
poser sur les deux pôles lunaires.
Les premiers astronautes à
poser le pied sur la Lune au milieu des années 2020. Cela nécessitera une fusée
du type Saturn, c’est Long March 9 avec ses 93 m de haut.
Document CNSA
La chine veut la Lune !
Elle a déjà envoyé de
nombreuses sondes et rovers.
·
Chang’e-2 se
met en orbite
·
Chang’e-3
atterrit, un lapin de Jade sur la Lune
https://youtu.be/cFb1E63AxNI
·
Chang’e-4
atterrit sue la face cachée de la Lune !!
https://youtu.be/JJi_YEubKCY
·
Chang’e-5
atterrit et ramène des échantillons lunaires sur Terre ! de plus il effectue de
nombreuses mesures in-situ.
Illustration : Chang’e-4.
Crédit CNSA
Mais ce n’est pas tout, la
Chine s’intéresse aussi à Mars et devient la deuxième nation à se mettre en
orbite et à déposer un atterrisseur et un rover, c’est
Tianwen-1
avec le rover Zhurong.
L’Inde.
L'Inde est bien un pays avec
lequel il faudra compter pour la conquête spatiale.
Depuis 2008, l’Inde met avec
succès en orbite des sondes autour de la Lune, Chandrayaan-1 et maintenant -2
C'est une mission de l'ISRO,
Indian Space Research Organization, nom auquel il faudra s'habituer maintenant.
Outre la cartographie, la
mission principale est la recherche de métaux, d'eau (glace) et d'Hélium 3 ce
matériau magique que l'on ne trouve pas (ou peu) sur Terre, qui pourrait être
source inépuisable pour la fusion nucléaire.
LE
LANCEUR LUNAIRE.
Il faut un lanceur capable de
vaincre l’attraction terrestre (11 km/s) et de transporter une charge utile de
l’ordre de 30 à 50 tonnes.
Jusqu’à présent, il n’existe pas.
De nombreuses tentatives sont
en développement dans divers pays.
Il faut attendre le début de la
deuxième décennie du XXIème siècle pour que les USA décident enfin de
reconquérir la Lune avec un programme ambitieux
But : débarquement en 20?? de 4
astronautes
Cela ressemble beaucoup à
Apollo, c'est un Apollo sous stéroïdes ou super Apollo.
SLS, ARTEMIS ET STARSHIP.
Il va falloir s’habituer à ces
nouveaux mots
En effet, les USA sont bien
déterminés à retourner rapidement sur la Lune
La NASA a mis longtemps à
concocter son projet de fusée géante, la SLS avec la mission dérivée d’Apollo,
Artemis (c’était la sœur d’Apollon)
Les entreprises privées ne sont
pas en reste, surtout SpaceX qui propose son énorme fusée Starship
Évidemment les Chinois ne vont
surement pas regarder tout cela sans réagir !
Les lanceurs, anciens, présents
et futurs.
Rangée de gauche, les lanceurs
actuels avec Falcon Heavy et delta Heavy étant les plus puissants à ce jour.
Au centre la cultissime Saturne
V
À droite les lanceurs lunaires
en développement :
SLS de la NASA
Starship de SpaceX
LE
PROGRAMME ARTEMIS AVEC LA SLS.
La NASA fait un gros effort
pour terminer la mise au point de son nouveau lanceur lourd, baptisé SLS : Space
Launch System.
C’est ce système de lanceurs
qui doit remettre la NASA dans la course à la Lune et pourquoi pas vers Mars.
C’est le fameux programme
Artemis de la NASA.
Ce concept date de quelques
années et il faut l’expliquer avant de rentrer dans les détails.
Il semble que le programme
Artemis soit très coûteux : on évalue chaque tir à approx 4 Milliards de $ !!!
EN DEUX MOTS SIMPLES : la
grande différence avec Apollo (pour les plus anciens qui s’en souviennent),
capsule avec équipage et module lunaire et/ou cargo sont lancés en deux étapes
avec deux lanceurs différents
Configuration des divers types de lanceurs SLS
suivant leur mission. Crédit NASA.
Le système SLS est un ensemble
de lanceurs (non récupérables) permettant d’atteindre l’orbite lunaire, d’y
déposer des astronautes (capsule Orion), d’y transporter des charges utiles sur
la Lune ou en orbite lunaire et peut être de viser Mars dans le futur.
La plus haute version fera 110
m de haut, (110 m de Saturn V). La plupart des éléments sont construits par
Boeing. Rien n’est récupérable, à part bien sûr la capsule Orion.
Voir
dossier SLS
dans les astronews.
Les différentes missions
Artemis :
·
Artemis 1 :
Orion sans astronautes autour de la Lune et retour
·
Artemis 2 :
même mission mais avec équipage
·
Artemis 3 :
rendez-vous avec le PPE en orbite lunaire et premier alunissage avec astronautes
(au moins une femme et un astronaute de couleur !) dans la région du Pôle Sud
·
Artemis 4 :
mise en orbite lunaire par Orion des modules ESPRIT et Utilization Module pour
le Gateway.
Pour le moment on attend
Artemis I : Cette mission décollera du célèbre pas de tir 39B de l’époque
Apollo, ironie de la situation, il est situé à côté du 39A aussi célèbre et loué
par Elon Musk pour le lancement de ses fusées
La date de lancement prévue est
Nov 2022.
Même si c’est une répétition,
la charge utile est réelle, c’est la capsule Orion fabriquée par Lockheed-Martin
associée à son module de service construit par les européens (ESM). S’il n’y a
pas de vrais astronautes à bord, il y aura quand même des passagers : deux
mannequins équipés de capteurs et de vestes devant mesurer l’influence des
radiations hors du champ terrestre.
Voir l’article des astronews,
le
défi des
radiations. Il y aura à bord aussi une expérience dédiée aux
radiations de l’agence Allemande DLR : « Mare », acronyme de MATROSHKA AstroRad
Radiation Experiment
Après le lancement et une fois
la tour de secours éjectée, le module Orion déploie ses ailes (panneaux
solaires) et le second étage s’allume pour propulser l’ensemble vers l’orbite
lunaire, orbite identique Apollo 8. C’est la phase TLI : Trans Lunar Injection.
Au cours du vol vers la Lune (3
jours) Orion éjectera des mini satellites CubeSats, chargés de diverses
missions.
Puis mise en orbite lunaire, où
la sonde devrait rester une petite semaine.
À cette occasion, la capsule
Orion devrait atteindre un point derrière la Lune, plus éloigné qu’à l’époque
Apollo.(70.000 km)
Finalement, on allume le moteur
du module de service pour quitter l’orbite lunaire, et trois jours après on se
retrouve en orbite terrestre. Classiquement, éjection du module de service, et
largage du bouclier thermique une fois son rôle effectué, puis parachute et
amerrissage dans le Pacifique.
Les premiers tests en réel sur
le site de lancement de SLS Artemis I ne se sont pas passés parfaitement,
notamment toujours des problèmes de fuite d’Hydrogène dans le remplissage d’un
des moteurs. Néanmoins les dernières indications laissent à penser que le
lancement serait pour le 14 Novembre.
SLS VS
STARSHIP.
On sait que la (nouvelle)
course à la Lune est compétitive. La NASA et SpaceX sont sur les rangs dans une
saine émulation pour envoyer de nouveau des hommes sur la Lune, 60 ans après
Apollo.
La NASA avait dans ses cartons
le projet Ares, du programme Constellation lancé début de ce siècle, ce projet a
fait long feu en 2010 et a été remplacé par Artemis.
SpaceX, fort de ses succès
techniques (et commerciaux) a depuis toujours l’ambition d’un grand programme
d’exploration et de colonisation spatiale, et a mis au point une énorme fusée,
la Starship devant satisfaire ses exigences Lune, Mars et au-delà.
Illustration crédit : CC BY-SA
4.0
Examinons ce qui différencie
ces deux techniques.
Basé sur ce que l’on sait en ce
moment (2022), ça peut évoluer et ça évoluera surement.
|
SLS ARTEMIS NASA
|
STARSHIP SPACEX |
LANCEUR |
DEUX ÉTAGES |
STARSHIP ET SUPER HEAVY |
ERGOLS |
LOX ET LH2 (-250°C) |
LOX (très froid) ET
LCH4 (plus dense que H, plus facile à stocker, temp proche de LOX) |
NBRE
MOTEURS |
4 RS-25 ET 1 ICPS POUR LE DEUXIÈME ÉTAGE |
33 RAPTORS POUR 1er ETAGE |
RÉCUPÉRABLE |
NON SAUF CAPSULE |
OUI TOUT |
HAUTEUR |
98 À 110 M SUIVANT LES VERSIONS |
120 M |
CHARGE
UTILE |
27 À 47 T ORBITE LUNAIRE |
100 T EN CAS DE RAVITAILLEMENT EN ORBITE |
MISSIONS |
LUNE ET AU-DELÀ |
LUNE ET AU-DELÀ |
NOMBRE
D’ASTRONAUTES |
4 À BORD D’ORION |
JUSQU’À 100 SI ON EN CROIT SPACEX (COLONISATION) |
ATTERRISSEUR |
SÉPARÉ |
STARSHIP DEVRAIT POUVOIR SE POSER SUR LA LUNE |
PREMIER VOL |
ARTEMIS 1 AOÛT 2022 ?? |
PRINTEMPS/ÉTÉ 2022 POUR UN VOL ORBITAL TERRESTRE |
COÛT |
APPROX 4 G$ PAR TIR |
BEAUCOUP MOINS CHER ? |
Tableau élaboré par JPM.
Le plus grand lanceur du
monde !
Ça
y est, Elon Musk vient d’associer son lanceur lourd Super Heavy avec son
vaisseau Starship, faisant ainsi de l’ensemble, la plus puissante et le plus
haute fusée du monde.
Même Saturn V est battue. Elon
Musk avance à grand pas vers son objectif d’envoyer des hommes sur la Lune puis
sur Mars.
La partie Super Heavy, appelée
Booster 4, est un lanceur qui mesure 70 m de haut et 9 m de diamètre. Sa poussée
(5500 tonnes) est DEUX fois supérieure à celle de la mythique fusée Saturn V de
Von Braun qui emmena les astronautes sur la Lune. Les ergols sont cryogéniques :
oxygène liquide (très froid) et méthane liquide.
Photo : crédit E Musk.
SpaceX a monté les 33 (oui
trente-trois !)
moteurs fusée Raptor sur le lanceur sur le site de lancement de Boca Chica Beach
au Texas, qu’Elon Musk a baptisé Starbase !. Ce montage s’est apparemment fait
très rapidement et sans problème, un record !
Ensuite le booster a été trainé
vers le site de lancement, pour procéder à des tests
D’après Musk, une version
améliorée et simplifiée du Raptor devrait bientôt voir le jour.
Quant au Starship (SN 20) il
sera lui équipé de 6 Raptors.
Ils sont de deux types
différents : trois Raptors pour un vol dans le vide et trois Raptors pour le vol
atmosphérique dans l’atmosphère.
Falcon Heavy en
train de se présenter à la table de lancement. Crédit photo E Musk |
Super Heavy montée
sur la table de lancement, Starship à droite pour la prochaine
étape. Crédit E Musk |
Un lancement test devrait avoir
lieu avant la fin de 2022.
MAINTENANT IL NOUS FAUT UNE CAPSULE SPATIALE.
Pour le moment, seuls les
Américains semblent avoir ce genre de vaisseau capable d’aller jusqu’à la Lune.
Ce sont la NASA et des
entreprises privées.
La NASA a démarré avant les
autres, mais cela ne veut pas dire qu’elle sera prête avant les partenaires
privés.
La capsule de la NASA s’appelle
Orion, c’est une super Apollo
C’est
une Apollo nettement améliorée, plus grande, profitant des derniers
développements concernant le bouclier thermique (comme Curiosity) et dont le
revêtement externe est composé de tuiles isolantes comme la navette.
Bien entendu toute
l’électronique est du dernier cri de la technique.
Orion est construite par
Lockheed Martin.
La NASA a décidé de faire
confiance à l’ESA pour la fourniture du module de service, basé sur les modules
de liaison ATF à l’ISS.
Illustration : NASA.
Une capsule Orion fera partie
du premier voyage test vers la Lune avec Artemis I (sans astronaute mais avec de
nombreux capteurs).
La version de SpaceX est
totalement différente comme on aurait pu s’y attendre, c’est le vaisseau
Starship qui servira de module pour aller sur la Lune (voir plus loin).
ET LES ASTRONAUTES, ALORS ?
Avec tous ces nouveaux projets,
il faut des Hommes, des astronautes, pour piloter ces nouvelles capsules
privées.
La NASA a autorisé ses
astronautes à se faire engager par ces sociétés privées.
La plupart sont des astronautes
ayant déjà volé à bord de l’ISS.
Ils vont devenir les premiers
astronautes « privés » de l’histoire spatiale.
Les neufs nouveaux astronautes, de g à dr :
Suni Williams, Josh Cassada, Eric Boe, Nicole Aunapu Mann, Chris Ferguson, Doug
Hurley, Bob Behnken, Mike Hopkins et Victor Glove. Photo prise au JSC. Crédit :
NASA.
LES COMBINAISONS SPATIALES NOUVELLES.
Les dernières combinaisons
spatiales portées actuellement par les astronautes datent des années 1970!
Une combinaison spatiale c’est
une mini station spatiale, elle doit assurer la fourniture en oxygène, la
régulation thermique, les communications, la protection contre les
micrométéorites…bref comporter tout un système de survie.
En principe, il existe deux
types de combinaisons : une pour les travaux en apesanteur (comme pour les EVA
de l’ISS) et une pour les marches et travaux sur la surface de la Lune ou de
Mars ou autres corps
Dans le premier cas, la partie
inférieure est plutôt rigide car les jambes ne servent pas à grand-chose en
apesanteur.
Dans le deuxième cas elle doit
être suffisamment flexible comme pour les astronautes Apollo en EVA sur la Lune,
et aussi trouver une solution à la poussière lunaire
De plus il existe certainement
des différences entre scaphandres américains et russes.
Actuellement : Les différents
types de scaphandres actuels (ISS, navette) :
Il y a deux types de
scaphandre, l'américain et le russe.
L'américain s'appelle EMU :
Extra
Vehicular Mobility Unit et le russe
Orlan
(veut dire aigle en russe).
Pour les futurs vols spatiaux,
chaque compagnie met au point ses propres combinaisons spatiales.
La plus belle : SpaceX, cette
combinaison n’est faite que pour le trajet Terre-ISS et n’autorise pas des
sorties dans l’espace.
La plus bleue : Boeing, plus
légère et plus souple et zippable, à mon avis que pour l’intérieur de la
capsule, donc pas d’EVA non plus.
Indépendamment de ces deux
firmes, le MIT travaille pour la NASA, sur une combinaison juste au corps qui
colle à la peau, le biosuit
Cette combinaison crée une
pression à même la peau contrairement aux autres scaphandres.
Il y 3 couches : interne pour
réguler la température ; centrale assure la stabilité et externe pour la
protection.
Est-ce la solution aux deux
types de combinaisons nécessaires (en apesanteur et sur la Lune) ?
Ou alors le nouveau projet par
le fabricant des combinaisons actuelles : ILC Dover
Qui propose un scaphandre
valable pour les deux modes d’opération : avec ou sans gravité.
La NASA semble faire confiance
aux entreprises privées pour élaborer les nouveaux scaphandres.
À la fois pour l’ISS et la
conquête lunaire
Notamment Axiom Space et
Collins Aerospace (actuel fournisseur pour l’ISS en coopération avec ILC-Dover).
Axiom Space vient d’obtenir le
contrat pour les futurs scaphandres lunaires d’Artemis III
LA NOUVELLE TECHNIQUE : LA STATION SPATIALE LUNAIRE
On l’appelle
Gateway ou Lunar Gateway.
Une base spatiale
internationale autour de la Lune servant de point de départ pour des expéditions
lunaires (Gateway)
En s’inspirant de l’ISS, elle
pourrait servir d’avant-poste pour aller sur la Lune ou plus loin.
Philosophie du Gateway. Crédit ESA/NASA
Les futurs vols d’astronautes
vers la Lune s’arrêteront en fait au Gateway, où un atterrisseur lunaire les
attendra pour aller vers la surface. On pense même qu’elle pourrait servir
d’étape avant de partir vers….Mars !
Cette station doit être
installée autour de la Lune sur une orbite la plus stable possible et surtout la
plus économique possible.
Les spécialistes de la NASA et
de l’ESA ont passé des mois entiers à débattre des pour et contre de différentes
orbites ; ils ont finalement décidé de l’orbite choisie.
Cette station va obéir à une
orbite du type en halo (analogue courbes de Lissajous) presque rectiligne ou
NRHO (near-rectilinear halo orbit). Orbite liée aux points de Lagrange quasi
stables L1 et L2 (situés approx à 60.000 km de la surface lunaire).
Au lieu d’orbiter la Lune sur
une orbite basse, comme le vaisseau Apollo à l’époque, le Gateway va suivre une
orbite très excentrique.
Au point le plus proche, il
sera à 3000 km de la surface lunaire, au point le plus éloigné, à 70.000 km.
Une révolution complète sur la
NRHO prend sept jours, elle permet un nombre « d’éclipses » limités, quand la
station passe dans l’ombre de la Terre, important pour les panneaux solaires
aussi. Sept jours semblent aussi la bonne durée pour une courte expédition
lunaire, ainsi au bout de cette période le Gateway serait de nouveau à la bonne
position au-dessus de la Lune.
Au cours du temps, cette orbite
dérive un peu, et il faudra, comme pour l’ISS, l’ajuster.
Mais si cette orbite a été
choisie, c’est aussi pour la faible consommation d’énergie nécessaire pour la
maintenir.
Ce qui requiert le plus
d’énergie, c’est de quitter l’attraction terrestre, alunir va requérir une
énergie similaire dans le freinage. On peut économiser un peu de cette énergie
en laissant certains éléments en orbite sur le Gateway par exemple.
On n’enverra sur la Lune que ce
qui est nécessaire à partir de cet avant-poste.
ET MAINTENANT, SE POSER : LE MODULE LUNAIRE.
Le
fameux LM du programme Apollo a fonctionné sans faille, il faut élaborer un
système au moins aussi performant.
Mais il est possible qu’on lui
demande une fonction un peu différente, car certains pensent à un module partant
de la station lunaire Gateway pour aller sur la Lune y rester longtemps et y
revenir
Le rendez-vous au lieu de se
faire avec le module de Commande se ferait avec le Gateway.
Mais tout n’est pas encore
décidé.
La NASA a voulu faire jouer la
concurrence, si bien que de nombreux projets ont vu le jour.
Si beaucoup de concepts (comme
Lockheed ou Blue Origin) sont du type classique (LM mission Apollo), 9
compagnies ont été autorisées à soumettre des propositions à la NASA pour les
atterrisseurs lunaires ;
La solution proposée par Elon
Musk est évidemment tout à fait novatrice, quoique… ressemblant quand même à
la solution
Tintin des années 1950 !!
Le Starship se pose sur la Lune
et comme pour la fusée du professeur Tournesol, il y a un ascenseur qui amène
les astronautes au sol.
Bon, le concept n’est peut-être
pas encore bien figé, mais c’est l’idée !
Le Starship pourra aussi se
connecter au Gateway.
Crédit : SpaceX
Bref, tout est encore ouvert,
mais ça avance…
LES DANGERS ET DÉFIS.
On a déjà évoqué maintes fois
ces dangers des voyages spatiaux, en résumé :
·
Les
radiations, les effets sur le corps humain
·
Le régolithe
lunaire très abrasif
·
Les réserves
(nourriture/oxygène) à trouver
·
Trouver une
source d’énergie (nucléaire ?)
·
Vivre en
permanence sur la Lune ?
OÙ SE POSER SUR LA LUNE ?
Ça y est on est prêts à se
poser, et éventuellement à fonder une base lunaire, mais où ?
De nombreux pays (USA, Chine,
Europe..) ont le projet d’établir une base permanente sur la Lune.
Le projet le plus avancé semble
être le village lunaire de l’ESA.
Mais une question importante se
pose aussi : où installer une telle base lunaire, qu’elle soit souterraine ou en
surface, au moins pour les premières missions Artemis. Probablement
au pôle Sud
dans un des cratères exposés en permanence au Soleil (par exemple le Shackleton
Crater) et où de la glace a été détectée.
Cette base a déjà un nom, c’est
le camp de base Artemis ou ABC (Artemis Base Camp).
Cette base devrait pouvoir
accueillir au moins 4 astronautes, offrir de bonnes communications avec la
Terre, être protégé des radiations et peu éloigné des zones plongées en
permanence dans l’ombre (accès à la glace !). Ces zones s’appellent des PSR
(Permanetly Shadowed Regions) zones situées en permanence dans l’ombre.
Ces zones sont situées près des
pôles N et S et comme elles ne reçoivent que peu ou pas de lumière solaire,
elles sont extrêmement froides : de l’ordre de -200°C.
Et c’est là que le projet est
innovant, on va utiliser les matériaux et ressources de notre satellite pour se
protéger des radiations.
On
pense que le régolithe lunaire pourrait servir de protection aux habitats amenés
depuis la Terre, comment ?
En le travaillant grâce à une
imprimante 3D automatique et géante qui fabriquerait des briques de revêtement
des modules habités (par exemple des dômes gonflables) et qui l’es
appliqueraient
couche par
couche.
Non, vous ne rêvez pas, on l’a
simulé sur Terre avec de la matière analogue au sol lunaire et ça marche.
Illustration : ESA.
Si une telle réalisation n’est
pas possible, il ne restera plus que la solution de ..s’enterrer !
Il y a de nombreux
tunnels de
lave sur la Lune qui peuvent nous protéger.
SUR LA LUNE, POUR QUOI Y FAIRE ?
Quelles ressources peut-on
espérer trouver sur la Lune ?
Si on veut que des Humains
vivent sur la Lune, il nous faut trouver :
·
De l’eau : il y
en a (de la glace) au fond des cratères du Pôle Sud qui ne sont jamais éclairés
par le Soleil
·
De l’énergie :
il existe aussi des zones éclairées en permanence par le Soleil : panneaux
solaires, sinon mini réacteur nucléaire
·
De la
nourriture : à produire sur place dans des serres
·
De la
protection contre les radiations
Indépendamment de certaines
réserves minérales, la Lune peut être intéressante dans un futur lointain avec :
·
L’Hélium 3 :
carburant pour l’énergie nucléaire de fusion (les réacteurs actuels sont basés
sur la fission), c’est l’énergie nucléaire « propre » et probable solution
(lointaine ?) aux problèmes de l’énergie mondiale.
·
1 tonne d’He3
fournirait assez d’électricité pour 10 millions de personnes pendant 1 an et
produirait 10.000 MW !
·
Problème du
coût du transport sur Terre ?
·
Le sol lunaire
présenterait une concentration de He-3 de l’ordre d’une dizaine de ppb (parties
par milliard !), ces mesures sont les résultats d’analyse des échantillons
ramenés par les missions Apollo et par les sondes Chinoises.
Pour le moment il semble bien
que l’on s’oriente vers une (ou plusieurs) bases lunaires au Pôle Sud.
MAIS AU FAIT, À QUI APPARTIENT LA LUNE ? LES PLANÈTES ?
Janvier 1967 : signature du
Traité de l’Espace sous l’égide de l’ONU.
« L’espace extra-atmosphérique,
y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet
d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie
d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen »
En 1979 nouveau texte, « on
peut exploiter les ressources de la Lune, mais au bénéfice de tous les pays »
mais trop vague, les grands ne le signe pas
En 2015, les USA adoptent le
Space Act : « les citoyens américains peuvent entreprendre l’exploration et
l’exploitation commerciale des ressources spatiales » mais ne prennent pas
possession de corps célestes.
Donc, à qui appartient la Lune
?
Réponse : en principe à
personne, en réalité : à ceux qui l’exploiteront en premier je suppose !
Vide juridique ? Pillage
possible ?
La loi du plus fort
s’appliquera-t-elle ?
ET APRÈS LA LUNE ? LES ASTÉROÏDES ? MARS ?
La NASA pense qu’une étape
intermédiaire avant la conquête de Mars, pourrait être de s’intéresser aux
astéroïdes.
Des industriels aussi, qui y
voient une source précieuse de minéraux rares.
Ces sociétés ont l’idée de
capturer un petit astéroïde géocroiseur et de le ramener sur une orbite plus
facile, par exemple, autour de la Lune, afin de procéder à l’extraction de
certaines parties.
Trois méthodes possibles :
·
Extraire et
raffiner sur place
·
Prélever les
minerais et les ramener sur Terre
·
Transporter
l’astéroïde en un endroit plus facile pour opérer (la Lune par ex)
·
Beaucoup de
nations s’intéressent à cette manne financière que pourrait rapporter
l’exploitation des astéroïdes
La technologie n’est pas encore
complètement prête, mais cela évolue…
Serait-ce une nouvelle ruée
vers l’or ?
Et Mars, d’ailleurs pourquoi
Mars ?
Parce qu’elle est là ?
Les autres planètes étant hors
de portée.
La vie a-t-elle démarré sur
Mars ?
Peut-on trouver le maillon
manquant entre l’inerte et le vivant ?
Le voyage vers Mars est
énormément plus compliqué qu’un retour vers la Lune, de nombreux défis doivent
être relevés :
·
Le coût : des
dizaines de milliards de $, peut être des centaines, nécessite surement une
coopération internationale
·
Technologique :
la durée du voyage, actuellement 7 mois aller, on reste sur place 18 mois et 7
mois le retour, difficile à imaginer sans saut technologique afin de réduire le
temps de parcours
·
Longue période
en apesanteur alors qu’à l’arrivée on aura besoin de toutes ses capacités pour
atterrir
·
L’atterrissage
pose problème, il doit être plus doux que pour les sondes automatiques déjà
envoyées
·
Longue, trop
longue exposition aux radiations
·
Il faut emmener
avec soi tout ce dont on a besoin : nourriture, énergie, eau et oxygène au moins
pour le début, avant de pouvoir traiter la glace martienne
·
Sinon, il faut
envoyer sur place tout un ensemble de réserves qui attendront le premier
équipage humain et se poser à côté !
·
Difficile à
imaginer dans un avenir proche même si les Américains pensent à 2033 !! Réaliste
???????
Alors, utopie ?
Ça restera
surement encore un rêve lointain, mais certains rêves deviennent réalité….
ON VA (RE)VIVRE UNE ÉPOQUE FORMIDABLE, RESTEZ AVEC NOUS !!!!!
POUR ALLER PLUS
LOIN :
Trop de références pour être
listées ici, voir le site planetastronomy.com
dossier
conquête lunaire
Voir aussi parmi les
CR des conférences.
NASA’S SPACE
LAUNCH SYSTEM descriptiF complet de la NASA.
Space Launch System Lift Capabilities and Configurations
Cinq choses
à savoir sur la fusée SLS, la toute nouvelle méga-fusée de la Nasa
Artémis :
les humains retourneront sur la Lune à l’un de ces 13 endroits
Vols autour
de la Lune : Un accord signé entre l'Agence spatiale européenne et la NASA
Il y a 50
ans, Apollo 11… : CR de la conférence SAF de JP Martin du 8 Mars
2019. (16/04/2019)
Cycle 50 ans
Apollo : CR de ces confs au Palais de la Découv. En Mai/juin
2019. (16/07/2019)
Les Chinois
et la Lune : CR de la conf SAF (Planétologie) de Ph Coué du 20 Fev
2021. (23/03/2021)
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin
Abonnez-vous aux astronews du site
en envoyant votre e-mail.