LES ASTRONEWS.de planetastronomy.com:
Mise à jour : 14 Janvier 2005
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RAPPORT
SUR LA SOIREE SPECIALE HUYGENS TITAN A LA VILLETTE
CITE DES SCIENCES
LE 14 JANVIER 2005
Sommaire de ce
numéro :
qTransit de la Terre vu de Saturne : nous fait
remarquer Claire Henrion.
qCassini Saturne :
Les mystères de Japet.
qDeep Impact :
Lancé avec succès!!!
qHubble : Ce sera bien
un robot qui va essayer de le sauver!
qLes rovers martiens :
Spirit fait une découverte.
qLes rovers martiens
: Opportunity a fait le tour de son bouclier.
qTerre : Le Tsunami du
26 Décembre 2004 vu de l'espace par Topex et Jason.
Notre
assidue lectrice des Astronews, Claire Henrion a déniché cet intéressant
phénomène que pourrait voir Cassini. En effet pendant que le monde entier se
passionne pour Huygens qui va dans quelques heures atterrir sur Titan (on
croise les doigts), un phénomène rare se produit vu de Saturne, le transit de la planète Terre devant son étoile le soleil.
je ne l'ai appris moi même que ces jours ci en discutant avec des collègues de
la SAF.
Elle vient de
m'envoyer un mail qui peut intéresser beaucoup d'astronomes et que je livre
avec son autorisation à votre sagacité :
Au moment où
Huyguens plongera dans l’atmosphère de Titan, il pourra observer la Terre,
pointe d’épingle de 2’’ d’arc, tracer une fine corde légèrement en dessous de
l’équateur solaire, lequel Soleil ne mesure à cette distance que 3,5’
d’arc. Et la Terre, 105 fois plus
petite !
Cela peut se
visionner sur le Solar System Simulator de la NASA
http://space.jpl.nasa.gov/ en tapant les données ci dessous pour Titan
ou Saturne comme origine du point de vue et Soleil comme objet cible;
On peut aussi
s'en faire directement une idée sur
http://www.geocities.com/mainnocenti/wspace1.jpg
)
Ce transit,
également visible de Saturne, encore un peu plus près de l’équateur solaire,
durera presque 12 heures, de 17 :35 GMT le 13 janvier à 5 :15 le 14 vu de Titan
et de 16 :55 GMT le 13 à 4 :50 le 14 vu de Saturne.
Saturne est
passé à son nœud ascendant le 9 janvier à 0 :30 TU, il s’élève par rapport au
plan Terre Soleil (écliptique) et donc la Terre vue du système de Saturne
descend : le simulateur le montre et l’on peut voir que
le dernier
contact a lieu plus bas que le premier. la conjonction héliocentrique Terre
Saturne (opposition géocentrique Soleil Saturne) ayant lieu précisément le 13 à
23 :00.
j'ai cherché
longtemps, sur les différents sites d'astronomie, mention de ce phénomène, que
je trouve remarquable par sa coïncidence au point que j'ai longtemps pensé que
c'était délibéré et que je viens de le trouver évoqué, aujourd'hui seulement,
sur une page de la NASA
http://science.nasa.gov/headlines/y2005/12jan_saturn.htm?list1214855
Je dépose un
copyright sur la petite étude que j'ai faite à ce sujet. Je serais maintenant
intéressée pour poursuivre l'étude de la récurrence de ce genre de phénomène
(depuis Saturne ou un autre point de vue ) mais je manque de connaissances et
de moyens. J'en ai déjà parlé à l'IMCCE (Patrick Rocher) mais pour l'instant
pas de réponse à ce sujet.
L'étude des
transits faisant partie de vos spécialités, j'ai pensé que vous, verriez peut
être plus facilement un intérêt, en tout premier lieu pédagogique à approfondir
cette étude.
Il me semble
aussi que dans une optique astronautique d'exploration du système solaire cela est à creuser, qu'en
pensez vous ?
Ensuite notre amie
Claire a effectué quelques calculs que je vous joins ci après :
Le 09 01 05 à
00h 30 TU, Saturne passe au nœud Ascendant de son orbite à 113° 37’ de
longitude héliocentrique (23°37’ Cancer).
Distance Soleil Saturne 9.058737118 UA
Le 13 01 05,
conjonction Terre Saturne à 23 :00 TU,
à 113°48’de longitude héliocentrique (23°48’ Cancer)
Distance Soleil Saturne 9.059250083 UA
Saturne est
passé au périhélie (qui est à 92°25 soit 2°25 Cancer) le 20 juin 2003 et passe
pour cette année à son « périgée
» ce même jour (13 01 2005) à 19:00 TU
Diamètre du
Soleil vu de Saturne à cette distance (le 13 01 )
Diamètre du Soleil (D) = 1 391 000 km
Distance Soleil Saturne (d) 9,058737118 UA
Soit
1 355 167 777 km
Diamètre
apparent du Soleil vu de Saturne D/d
=0,001026
radians
= 0,0588106
°
soit 3,528’
Diamètre
apparent de Terre vue de Saturne
Diamètre Terre 12742 km
Distance Terre Saturne 8,075627 UA
Soit
1 208 096 598 km
Diamètre
apparent de Terre vue de Saturne 1,0547
.10-5 radians
Soit 0,000604
°0,0362’ ou 2,17 ’’
Puis suivent
des considérations sur la position et la trace sur le disque solaire de la
Terre en transit
(disponibles
pour ceux qui le souhaitent)
Bravo Claire!!!
Il faut
l'encourager dans sa passion et la remercier pour ses calculs!!!
(Photos NASA/JPL)
En attendant la
mission Huygens sur Titan, Cassini prend son temps et étudie le satellite Japet
(Iapetus en anglais).
Japet, 3ème
satellite de Saturne par la taille a été découvert par Cassini lors du passage
des anneaux par la tranche (ring plane crossing en anglais) de 1671. ces
passages étaient l'occasion toujours d'une mine de découvertes car ils
permettaient l'étude de l'environnement de Saturne près des anneaux sans être
perturbé par la luminosité de ceux ci.
On
remarque aussi sur le dessin ci contre la forme des anneaux au moment du passage
par la tranche.
Les grandes
découvertes de satellites saturniens se sont toutes faites à cette occasion
comme le tableau suivant l'indique.
Pour ceux qui
s'intéressent à ce passage par la tranche voici un très bon site
américain qui peut compléter le très long article à ce sujet par les gens
du Hubble Space Telescope.
Revenons à Cassini
et à Japet.
Japet est un
satellite très intriguant, car il a deux faces très différentes.
L'hémisphère
faisant face au déplacement (leading hemisphere) sur son orbite (n'oublions pas
que tous ces gros satellites sont synchronisés (tidal lock en anglais) par
l'effet de marée important dû à Saturne et présentent donc toujours la même
face à leur planète) est sombre avec un albédo très faible (0.3) alors que
l'autre hémisphère (trailing hemisphere en anglais) est plus brillant (0,5). On
ne sait pas trop pourquoi, on pense que ce serait dû à la matière éjectée par
Phoebe qui viendrait s'accumuler sur cette face.
Voilà où on en
était avant Cassini, maintenant il vient de passer et nous a fourni des photos
extraordinaires qui bien entendu posent encore plus de questions.
Voici la plus énigmatique que vous devez voir en haute résolution.
On voit principalement la face sombre
de Japet, celle faisant face au mouvement sur son orbite autour de Saturne.
On remarque un bourrelet équatorial de 20km de haut sur a peu près la
moitié de la périphérie du satellite (1300km). Ce bourrelet est exactement à
l'équateur. On n'a aucune idée pourquoi!
Cette photo a été
prise en lumière visible le 31 Décembre 2004 à une distance de 170.000km du
satellite et est la composition de 4 images mises côte à côte.
Sur la droite de
l'image on remarque un cratère effondré de 600km de diamètre et 15km de
profondeur, il a été baptisé Cassini Regio. (que l'on voit mieux sur la photo
suivante) Au centre de l'image un autre cratère d'impact de 400km de diamètre
couvert de cratères plus récents, les aspects brillants sur les pentes de ce
cratère correspondent certainement à la mise à nu de la glace constituant la
majeure partie de Japet (densité 1.1).
Une autre photo impressionnante de Japet :
la zone appelée Cassini Regio, un bassin d'effondrement de 600km de diamètre
sur 15 de profondeur aperçu sur la photo précédente.
On voit aussi un cratère d'impact de 120km de diamètre dans le
fond de ce bassin près du bord droit.
On s'aperçoit quand on regarde la photo haute résolution que
le matériau qui s'est effondré a glissé relativement loin dans le fond
(plusieurs km) ce qui tendrait à prouver qu'il serait très fin.
Vue prise le 31 Décembre 2004 en visible alors que Cassini
était à une distance de 120.000km.
Cassini a aussi
étudié les profils de température de ce satellite mystérieux.
Sur cette photo,
on compare de gauche à droite, les images en visible puis en thermique par la
caméra infra rouge (à 15 microns) (CIRS : Composite Infra Red Spectrometer) en
échelle de gris et enfin après codage arbitraire des températures en couleur.
Cette composition a été obtenue lors du survol de Japet le 31 Décembre 2004.
On remarque que la
température atteint 130°K à l'équateur à midi solaire là où le dépôt qui
recouvre Japet est très sombre, faisant de cette face cachée l'endroit le plus
chaud (tout est relatif!) du système saturnien.
La température des
parties plus claires est plus faible (100°K) car ces matériaux sont plus loin
de l'équateur et qu'ils absorbent moins la chaleur.
Comme d'habitude,
vous trouverez toutes les dernières
images de Cassini au JPL:
(Photo NASA)
La
sonde cométaire DEEP IMPACT dont nous avons rapporté
ici les principales caractéristiques a été lancée avec succès ce 12 Janvier
2005 à 19H47 (heure de Paris) de Cape Canaveral à l'aide d'une fusée Boeing Delta II.
C'est une mission
de 6 mois qui est maintenant en fonction. But ultime atteindre la comète Tempel
le 4 Juillet 2005 afin de la percuter et d'analyser son comportement.
Bonne chance!
Comme vous le
savez d'après les actualités précédentes, Hubble doit absolument subir une
opération de maintenance afin de pouvoir continuer son travail de télescope
spatial.
Il a été envisagé
une mission
robotisée dont on a parlé, puis devant la difficulté de la tâche, on
pensait revenir à une mission
humaine.
Il semble
maintenant que l'on revienne à la case départ!
En
effet la firme canadienne MDA vient d'annoncer qu'elle
a signé un contrat de 154 millions de $ pour une mission robotisée afin de
sauver Hubble. Rappelons que MDA et sa filiale MD Robotics ont déjà fourni les
bras robotisés de la navette et de l'ISS (Canadarm et Canadarm 2).
On voit sur la
photo de l'ISS dans la partie gauche le bras Canadarm 2 en position, il peut se
déplacer le long de la poutre pour atteindre les endroits voulus.
MD Robotics a le
savoir faire dans ce genre de robot, aussi espérons qu'ils pourrons sauver
Hubble.
Le site de Hubble
(HST) a une page
spéciale sur la mission de sauvetage avec diverses animations (real player)
expliquant les différentes étapes du sauvetage.
(Photos NASA/JPL)
Après
avoir fêté dignement ses un an sur Mars , Spirit continue son exploration des
Columbia Hills du cratère Gusev. Steve Squyres le responsable des rovers
annonce une importante découverte concernant un rocher baptisé
"Wishstone" (littéralement pierre à souhaits). Il semble provenir
d'une éruption volcanique ou d'un impact météoritique.
Cette roche est
beaucoup plus riche en Phosphore (phosphates) que les roches aux alentours et
même plus que toutes les autres roches connues de Mars. Spirit a utilisé son
outil multi-fonctions pour gratter cette roche et ensuite l'abraser et
l'étudier au spectromètre X, photo prise sol 342 (18 dec 2004).
L'environnement
est particulièrement stérile autour de notre robot, pour preuve cette photo
prise sol 350, à voir en grand, un désert de cailloux.
(Photos NASA/JPL)
Opportunity
s'occupe toujours de son bouclier
de protection thermique. Les photos montrent principalement deux
parties, l'une la plus importante ressemblant à une tente posée sur le sol et
l'autre morceau plus petit.
Nos
amis techniciens de la NASA ont pu reconstituer une photo en couleur presque
"vraies" (filtres 600, 530 et 480 nanomètre) de ce bouclier que vous voyez sur la
gauche de la page.
Photo prise le 2
Janvier 2005 (sol 335) à une distance de 10 m du bouclier, on remarque que le
bouclier est "renversé", c'est la protection d'aluminium interne de
l'intérieur que l'on voit, et qui par moment sature la caméra.
Ce bouclier de
100kg, libéré à 4km du sol, s'est écrasé sur le sol martien à une vitesse aux
alentours de 250km/h, ce qui l'a fait exploser en deux, on voit ici la pièce
principale. On reconnaît à côté sur le sol, les ressorts d'éjection du
bouclier.
À mon avis il
n'est pas en miettes et le cratère provoqué (voir sur les photos précédentes)
n'est pas énorme. Pourquoi?
Afin d'en savoir
plus Opportunity fait des photos de détails de cette épave comme la photo
suivante.
C'est la première
fois que des scientifiques ont la possibilité de voir le comportement du bouclier
après usage.
C'est une pièce en
forme de cône de 2.5m de diamètre qui doit résister à des températures de
rentrée dans l'atmosphère de 1500°C et à des vitesses de 20.000km/h avant
d'être larguée.
Comme vous le
savez sa structure est en nid d'abeilles en résine phénolique remplis de
matériel ablatif à la chaleur.
Un tiers de cette
couche est supposée disparaître au moment de la rentrée.
Cet matériel
ablatif est un mélange de liège (de chêne) et de minuscules billes de verre le
tout englobé par un liant. Cette couche est épaisse de 12mm approximativement.
Les photos prises
par le robot révèlent la structure de ce bouclier et montrent qu'il ne s'est
pas trop détérioré à l'impact.
En examinant les alentours du bouclier,
Opportunity remarque un caillou bizarre, plein de trous. D'où vient il?
Les meilleures
photos sont classées dans le planetary photojournal que vous pouvez retrouver à
tout instant:
http://photojournal.jpl.nasa.gov/targetFamily/Mars
(Photos CNES ; ESA
et NASA)
Des équipes françaises et américaines après
analyse des données des satellites franco-américains TOPEX/POSSEIDON et JASON
ont confirmé les mesures de hauteur du Tsunami meurtrier du 26 Décembre 2004
alors que les vagues se propageaient à partir de l'épicentre. Ces satellites
(altitude 1330km) ont survolé le Golfe du Bengale approximativement deux heurs
après le tremblement de terre.
Ils ont mesuré des
hauteurs de vague de 50cm et des creux de 40cm en plein océan (ce qui est
énorme sur une telle surface située au dessus de fonds extrêmement profonds).
La longueur d'onde entre deux crêtes était de 800km et la vitesse de l'ordre de
800km/h.
Les observations
de ces deux satellites sont très précieuses pour l'étude et la conception des
modèles mathématiques et pour la prévention de ces phénomènes.
Sur la figure
ci-contre on voit la hauteur des vagues en bleu 2 heures après le tremblement
de terre dont l'épicentre est marqué en rouge.
Il existe aussi
une animation
très intéressante de la progression irrémédiable de ce tsunami qu'il faut
absolument voir; elle a été préparée par le
National Institute of Advanced Industrial Science and Technology, du
Japon. La crête des vagues et en rouge et les creux en bleu.
JASON et
TOPEX/POSEIDON
sont une coopération de la NASA et du CNES et nous allons maintenant en
expliquer les principes et fonctionnement succinctement.
(Textes et
dessins d'après documents CNES).
La vie sur Terre
n’est pas possible sans océans. Ils représentent un élément vital pour
l’équilibre de la planète, occupant 70 % de la surface terrestre.
Turbulents, les océans connaissent de multiples variations sous l’effet du vent
et de la pression qui agissent à sa surface, des échanges avec les terres et
les glaces, de la rotation terrestre, etc. Ils transportent également de la
chaleur qu’ils échangent avec l’atmosphère et influent pour cette raison sur le
climat de la planète.
Depuis l’antiquité, les hommes cherchent à mieux comprendre ces phénomènes. Dès
cette époque, les navigateurs collectaient, lors de leurs voyages, des données
sur les courants, les vents, des mesures de températures, etc. Au XVIIIème
siècle, cette préoccupation s’inscrit dans une démarche scientifique avec
l’apparition des premières grandes expéditions océanographiques.
Le
développement du programme expérimental TOPEX/POSEIDON en 1992, par la France
et les États-Unis, marque un tournant capital dans l’étude des mouvements
océaniques. Les observations altimétriques fournies par TOPEX/POSEIDON révèlent
ainsi des détails précieux sur l’état dynamique de l’océan, inaccessibles par
les moyens terrestres. Ces analyses de la topographie
des mers, de la hauteur des vagues et des vents permettent de modéliser
les phénomènes océaniques et ont d’ores et déjà débouché sur des découvertes
scientifiques majeures.
La continuité des
observations est assurée par les satellites JASON, nouvelle génération de
satellite d'étude des océans.
Le programme
TOPEX/POSEIDON reflète l’expertise du CNES dans le domaine de l’altimétrie
spatiale depuis près de 30 ans. Dès 1968-69, des chercheurs français
proposaient ainsi de réaliser un projet de satellite altimétrique nommé Dorade.
Depuis cette date, la technologie française fait figure de référence, que ce
soit dans le domaine de l’observation laser, utilisée sur tous les satellites
d’altimétrie, ou bien en orbitographie, grâce au système de localisation DORIS.
La collaboration
franco-américaine dans le domaine de l’observation de la Terre remonte aux
années 1970. Dès cette époque, des équipes françaises participent activement à
l’analyse des données des programmes d’altimétrie américains GEOS 3, puis
SEASAT.
La coopération
entre le CNES et la NASA s’est accélérée avec le programme TOPEX/POSEIDON,
représentant le plus important projet mené en commun par les 2 pays.
Une
moisson de résultats scientifiques.
Le CNES et la NASA
ont mis les 50 000 mesures quotidiennes de TOPEX/POSEIDON à la disposition de
la communauté scientifique dès juillet 1993. 450 équipes de scientifiques
exploitent aujourd’hui ces mesures, dont 60 collaborent de près avec les
équipes d’ingénieurs du projet.
Les données TOPEX/POSEIDON sont distribuées via 2 banques de données : l’une
située aux États-Unis, l’autre, le centre
AVISO, se trouve à Toulouse. Ce centre produit tous les mois un cédérom
regroupant toutes les données collectées par le satellite, soit près de 2
millions de mesures mensuelles. Depuis décembre 2001, le programme JASON,
successeur de TOPEX/POSEIDON, livre également des données exploitables en temps
réel.
Dès le début du
programme, les performances sont plus importantes que prévues. L’élévation du
niveau de la mer est ainsi mesurée à moins de 4 cm près,
au lieu de 13 cm initialement prévu. Un degré de précision qui fait du
programme d’expérimentation TOPEX/POSEIDON un succès majeur.
JASON
successeur de TOPEX
L’observation
spatiale des océans ne fait que commencer. Le satellite JASON 1, opérationnel
depuis décembre 2001, a été conçu d’après les retours d’expérience de la
mission expérimentale TOPEX/POSEIDON.
Ses mesures complètent celles de TOPEX/POSEIDON, toujours en service.
Au fait
comment mesure-t-on le niveau de la mer???
L'altimétrie en
théorie
Installé sur un
satellite à défilement en orbite basse, de façon à pouvoir repasser
régulièrement au-dessus d’un même point, l’altimètre
est un appareil radar : il émet un signal à très haute fréquence
(typiquement 2000 impulsions par seconde) à la verticale du satellite, qui
voyage jusqu’à rencontrer un obstacle. L’antenne de l’altimètre reçoit en
retour « l’écho radar » réfléchi.
Le temps écoulé
entre l’émission du signal et la réception de l’écho permet, par calcul,
d’obtenir la distance entre l’obstacle (dans notre cas l’océan) et le satellite
: elle est obtenue par simple multiplication du temps par la vitesse de la
lumière, à laquelle se propagent les ondes électromagnétiques.
L’observation des
océans se heurte à un obstacle majeur : les ondes radio ne pénètrent pas en
profondeur, les mesures se limitent donc à la surface. La hauteur des mers par
rapport à la Terre doit ensuite être estimée d’après une surface de référence
terrestre choisie arbitrairement.
En pratique, cette mesure théorique doit, pour atteindre le niveau de précision
souhaité, subir des corrections qui tiennent compte des perturbations du
satellite sur son orbite et de celles des ondes lors du passage dans
l’atmosphère.
De
l'altitude à la hauteur :
Puisque
l’altimètre ne fournit que la distance entre le satellite et la surface de la
mer – qu’on appellera R, il est nécessaire de calculer la hauteur des océans
par rapport au référentiel terrestre.
Pour
cela, il faut d’abord définir une surface de référence,
choisie arbitrairement. Les informations sur le fond des océans n’étant pas
connues partout avec précision, on se réfère à une surface régulière et
immatérielle, approchant la forme élémentaire de la Terre, c’est-à-dire une
sphère aplatie aux 2 pôles : l’ellipsoïde de référence
: le géoïde. (voir photo) Les données peuvent ainsi être étalonnées de
façon précise et homogène.
L’altitude du satellite par rapport à l’ellipsoïde de référence – qu’on
appellera S - est calculée avec une précision de 3 cm,
à partir des paramètres orbitaux du satellite et des instruments de
localisation. Le niveau des océans ou hauteur des mers correspond ainsi à la
différence entre l’altitude du satellite par rapport à l’ellipsoïde de
référence et celle de la surface de la mer, autrement dit S-R.
Cette hauteur
résulte du niveau supposé de la mer en l’absence de toute perturbation, le
géoïde, et de la circulation océanique plus ou moins variable, appelée
topographie dynamique, conséquence de la rotation terrestre, des vents et des
marées.
Les ondes radio
émises et reçues traversent un milieu qui n’est pas vide : lors du passage dans
l’atmosphère, certains éléments peuvent ralentir la propagation et fausser les
mesures. C’est le cas des électrons, très abondants vers 400 km
d’altitude, de l’air sec de l’atmosphère et de la vapeur d’eau, qui peuvent
provoquer des erreurs allant de quelques centimètres à plus de 2 m.
Les divers
instruments de JASON sont représentés sur ce
dessin.
Compte tenu de l’extrême précision recherchée, les éléments perturbateurs
doivent être identifiés afin de déduire les corrections à apporter. Des
instruments sont spécifiquement étudiés et embarqués pour mesurer ces
paramètres physiques. Au final, la distance entre le
satellite et l’océan est estimée avec une précision de 2 cm.
Par ailleurs, l’objectif est d’obtenir des mesures précises du niveau des mers
par rapport au référentiel terrestre, donc indépendantes du satellite. Il est
ainsi nécessaire de connaître précisément sa position sur son orbite. C’est le
rôle des appareils d’orbitographie embarqués, qui s’appuient par exemple sur un
réseau de balises au sol et des modèles de trajectoire. Couplés avec des
instruments de localisation de type GPS, ils permettent de déduire très
précisément la position du satellite par rapport à la Terre : altitude,
longitude, latitude et orientation.
L’altimétrie
spatiale permet, à partir de mesures de surface, d’obtenir des informations de
plusieurs natures :
Des informations sur les propriétés des océans :
Le satellite
fournit des renseignements en tout point de la surface océanique, mais ces
mesures renferment une mine d’informations sur toute la colonne d’eau, entre la
surface et le fond : vitesse et direction des courants, hauteur des vagues,
force du vent.
Ces données sont
utilisées en océanographie pour cartographier les courants, étudier les saisons
océaniques, mieux connaître les marées, surveiller le niveau moyen des mers et
détecter certaines anomalies comme El Niño.
Voir aussi sur El Niño en
anglais.
On consultera avec
intérêt aussi de site du JPL
consacré aux océans.
Observations depuis
l'espace de l'océan, rapport pdf de 16 pages parlant de ces deux
satellites.
C'est tout pour
aujourd'hui!!
Bon ciel à tous!
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