Mise à jour 11 Décembre 2017
VISITE DE
L’EXPOSITION SUR LES MÉTÉORITES
AU MUSÉUM NATIONAL
D’HISTOIRE NATURELLE (MNHN) DE PARIS
AVEC UN GROUPE DE LA
SAF ET DE VEGA
Le Lundi 4 Décembre
2017 à 14H
Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution
peuvent m'être
demandées directement)
Cette
exposition exceptionnelle (la dernière date de 1996) a démarré le 18 Octobre
et se termine le 10 Juin 2018, donc vous avez tout le temps
de la visiter si vous ne l’avez pas déjà fait.
Nous avons eu la chance de pouvoir emmener un groupe la visiter
avec le commissaire de l’exposition,
Matthieu Gounelle,
grand spécialiste des météorites, qui a eu la gentillesse de nous piloter et de
nous commenter les différentes sections.
D’ailleurs à l’occasion de cette exposition, Matthieu publie un
ouvrage en plus
du guide de l’expo :
« Une belle histoire des Météorites » chez Flammarion que
nous avons évoqué dans ces colonnes.
112 pages - 252 x 265 cm Couleur - Broché ISBN : 9782081395589
25€
Plus de 300 météorites sont exposées en grande partie provenant
de la collection du MNHN.
Plan de l’exposition :
D’entrée nous sommes plongés dans ce monde fantastique de ces
objets célestes.
La célèbre météorite de La Caille, trouvée en France en 1828 près
de la commune de La Caille, dans les Alpes Maritimes.
C’est une
météorite ferrique
de 626kg, la plus grosse météorite française.
Elle serait tombée il y a plus de 150.000ans
Les météorites ferriques ont la particularité, quand on en coupe
une tranche et qu’on l’attaque légèrement à l’acide, de présenter des figures
caractéristiques uniques et introuvables sur les corps terrestres, ce que l’on
appelle les
figures de Widmanstätten
Chaque année, plus de
20 000 tonnes de matière
météoritique entrent dans l’atmosphère terrestre.
Il s’agit principalement de poussières interplanétaires, dont les
plus grosses (environ 1 mm) sont à l’origine des étoiles filantes.
Les plus fines se retrouvent…dans votre gouttière ! Vous pouvez
les récupérer avec un petit aimant.
La plupart des météorites sont plus vieilles que les plus
vieilles roches terrestres.
Elles sont les témoins de la création de notre système solaire.
La météorite d’Ensisheim est une des plus anciennes du monde.
Elle est du type pierreuse (chondrite) et le morceau actuel pèse
55kg.
Mais elle a fait partie d’un corps beaucoup plus gros (130kg)
tombé le 7 Novembre 1492 près de cette ville, à l’époque allemande. Sa chute a
été consignée dans de
nombreux ouvrages.
Elle a été divisée de nombreuses fois. Maximilien 1er
Empereur d’Autriche, y voit un signe de Dieu et la fait suspendre dans l’église
du village. Il déclare alors la guerre à la France et…gagne !
Matthieu Gounelle explique à Marc Chapelet (Président de la
commission des météorites de la SAF) et à Nicole Préaux divers détails sur la
météorite de Saint Séverin
(Charente) tombée en 1966.
C’est une
chondrite ordinaire.
Mais elle contient exceptionnellement plus de 20% de Fer.
La plus grosse partie pèse 113kg et tous les morceaux trouvés :
270kg.
Semble provenir du même corps parent que celle d’Ensisheim.
Carte des cratères
d’impact restant sur Terre.
Il n’y a pas plus de 200 cratères d’impact visibles sur Terre,
l’érosion a détruit les autres.
Voici la météorite qui a révolutionné la science météoritique :
celles de la chute de l’Aigle
en 1803.
En effet, à cette époque, on n’était pas sûr de l’origine de ces
pierres venant du ciel, même si un précurseur comme Ernst Chladni, physicien
allemand avait envisagé qu’elles provenaient bien de l’espace.
Cette hypothèse était très controversée.
C’est à Jean-Baptiste Biot, physicien astronome, qu’est confiée
une mission par le ministre de l’intérieur, d’établir un rapport sur cette
fameuse chute de pierres de l’Aigle et de déterminer la nature de ces objets.
Il se rend sur place et effectue un travail de vrai scientifique
en analysant toutes les zones de chutes, il établit un rapport à l’Institut de
France qui confirme l’hypothèse de Chladni ; ces pierres sont tombées du ciel.
Il n’y a aucun doute. Il publie tous les témoignages des personnes interrogées
dans son épais rapport.
Première carte des chutes que l’on voit sur la photo ci-contre.
En tout, plusieurs milliers de fragments ont été recueillis.
Bien entendu le clou de l’exposition était la
météorite d’Orgueil; c’est une météorite qui est tombée dans la région de
Montauban en 1864.
Elle est exceptionnelle en raison de sa composition, proche de
celle du Soleil (à l’exception de H et He bien entendu).
Elle est un des éléments qui ont servi à l’élaboration des
planètes.
En remontant à sa trajectoire, les scientifiques ont prouvé
qu’elle provenait en fait d’une comète.
Une des nombreuses
vitrines de l’exposition.
Et on attaque la partie où les météorites sont étudiées de
l’intérieur, avant elles étaient telles qu’on les avait trouvées.
Voici une superbe météorite mixte (ferreuse-pierreuse),
c’est-à-dire provenant d’un corps différencié (qui a commencé à s’accréter).
Elle provient de la partie située entre le noyau (ferreux) et le manteau
(pierreux) là où se trouve une zone de transition.
Voici donc une superbe
pallasite, contenant des cristaux d’olivine dans un manteau de Fer-Nickel.
Ce genre de météorites est très rare.
Pallasite vient du naturaliste allemand Pallas qui a été un des
premiers à les étudier, notamment la météorite de Krasnoïarsk.
Celle-ci est la
météorite d’Esquel
en Argentine, trouvée en 1951.
Une autre belle pallasite est exposée :
la météorite de Seymchan (Russie).
Les météorites de fer étaient connues pendant l’Antiquité ; elles
servaient à faire des bijoux ou des armes.
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Si la
dague de Toutankhamon n’était présente que par
photo interposée, on sait qu’elle était en fer météoritique.
Mais un superbe couteau indonésien de même origine est aussi exposé
(en n°4) et dont je détaille les décorations sur la droite. Les
autres objets de cette vitrine sont aussi à base de fer du ciel |
La dernière partie est plus consacrée à la recherche de nos
origines, en exhibant des météorites identifiées provenant d’autres corps comme
l’astéroïde Vesta, la Lune ou Mars.
Des missions spatiales ont été lancées pour essayer de recueillir
ces poussières donnant naissance aux météorites ; comme la mission Stardust qui
s’est promenée dans la queue de la comète Wild 2 et a recueilli de la poussière
de comète.
Elle l’a ramené sur Terre pour analyse.
Voici le réceptacle à l’échelle 1 qui était chargé de prendre ces
petits morceaux de matière extraterrestre dans de l’aérogel.
Tout ceci vous a été conté sur
votre site préféré.
Météorite de Vesta, Béréba tombée en 1924.
C’est une achondrite.
Cette exposition nous donne aussi la possibilité de toucher
réellement une pierre lunaire tombée sur Terre.
C’est la NWA 10782. Trouvée en 2015 en Afrique de l’Ouest (NWA :
North West Africa).
On peut toucher l’arrière de cette achondrite lunaire, on touche
ainsi un morceau de Lune !
Par contre, là, on ne peut toucher qu’une photo d’une roche
lunaire.
Cet immense rocher où se trouve (sur la gauche) l’astronaute
Harrison Schmitt lors de la dernière mission Apollo, Apollo 17.
Un grand merci à
Matthieu de nous avoir guidés dans ce monde merveilleux.
En conclusion, je lui donne la parole avec ce texte qui conclue
l’exposition sur le site du MNHN :
« Aussi étonnant que cela
puisse paraître pour qui regarde en l’air sans trop y songer, il y a bien des
pierres qui tombent du ciel.
Ce ne sont pas les dieux
qui nous les envoient, dans un grand fracas, dans une immense lueur, mais bien
les corps solides du système solaire : astéroïdes et comètes, planètes et
satellites.
Depuis qu’ils ont
définitivement admis l’origine extraterrestre des météorites, les hommes n’ont
de cesse d’en trouver davantage.
Ils guettent une chute
inattendue, arpentent les déserts ou tournent des caméras vers le ciel.
Ces pierres à nulles
autres pareilles, désormais conservées dans des musées, sont les archives de
notre passé le plus lointain.
Elles permettent aux
chercheurs de retracer les différentes étapes de la construction planétaire.
Cette exposition
temporaire, la première consacrée aux météorites depuis vingt ans, présente les
multiples facettes des pierres venues d’ailleurs.
Tout d’abord, elle donne à
voir la collection de météorites du Muséum, qui est une des plus riches au
monde.
Elle fait le point sur les
considérables avancées de la recherche scientifique rendues possibles par
l’augmentation du nombre de spécimens, le développement de liens forts avec des
astrophysiciens et la multiplication des missions d’exploration spatiale.
Elle rassure également sur
les risques potentiels de catastrophe cosmique.
Outre cette dimension
patrimoniale et scientifique, nous avons souhaité donné une large place aux
mythes et légendes attachées aux météorites.
Comment étaient-elles
perçues par les hommes pendant l’Antiquité ? Pourquoi a-t-il fallu attendre la
fin du XVIIIe siècle pour qu’elles deviennent des objets scientifiques à part
entière ? Quelle puissance surnaturelle les anciens Égyptiens prêtaient-ils aux
armes en fer céleste ?
Enfin, nous avons voulu
que les météorites demeurent des pierres de rêve. Au cœur d’une scénographie
poétique, dix œuvres d’art intimement mêlées aux météorites sont exposées ;
elles offrent un autre regard sur les autres pierres. Ainsi, forts du trouble
que provoque l’art et la poésie, armés du bâton de la science, nous fabriquons
peu à peu, pierre après pierre, mot après mot, une nouvelle lumière, aussi
fragile que précieuse : celle d’un savoir riche de son mystère. »
POUR ALLER PLUS LOIN :
Classifications des météorites
à voir absolument pour comprendre
Poignard de Toutankhamon : il a été forgé dans un métal extraterrestre
Météorite d'Orgueil : une chute exceptionnelle par le MNHN.
La météorite d'Orgueil livre un nouveau secret
Ensisheim! The King of
Meteorites
Exposition
du MNHN de Paris par Carion Minéraux
Les
météorites par le club Janus, à voir pour toutes les explications
Météorites, pierres de vie, pierres de mort :
CR de la conf SAF de M Gounelle du 15 Mai 2013
La météorite d’Opportunity vue de près.
La météorite d’Orgueil
, vidéo par M Gounelle sur YouTube.
Les coulisses de
l’exposition sur YouTube.
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin Président
de la commission de cosmologie de la SAF
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