logoplanetastr67

 

Mise à jour 8 Novembre 2022

CONFÉRENCE de Florian DEBRAS

De l’IRAP et de l’école Polytechnique sur :

 « JUPITER VUE PAR LA SONDE JUNO »

Organisée par la SAF

En direct du siège et par téléconférence

Le Samedi 29 Octobre 2022 à 15H00

À l'occasion de la réunion de la Commission de Planétologie

 

Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec plus de résolution peuvent m'être demandées directement)

Les photos des slides sont de la présentation de l'auteur.  Voir les crédits des autres photos et des animations.

Le conférencier a eu la gentillesse de nous donner sa présentation, elle est disponible sur ma liaison ftp et se nomme :

Juno_FDebras_SAF.pdf, qui se trouve dans le dossier PLANETOLOGIE-SAF/ saison 2022-2023. C’est une version pdf qui ne contient pas les animations. Animations que j’essaierais le plus possible d’inclure dans mon CR.

Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me contacter avant.

 

La vidéo se trouve ici : https://youtu.be/NAAAsU0H_Z4  

 

Elle est classée dans la playlist commission Planétologie de la SAF :

https://www.youtube.com/watch?v=NAAAsU0H_Z4&ab_channel=Soci%C3%A9t%C3%A9AstronomiquedeFrance

 

 

Une image contenant texte, table, intérieur, personne

Description générée automatiquement

 

 

 

Une image contenant personne, homme, intérieur

Description générée automatiquement

Florian Debras sort de Polytechnique où il s’est spécialisé en physique et astrophysique, sa dernière année s’étant effectuée à l’Observatoire de Paris.

 

Post doc d’abord à l’ENS Lyon où il commence à travailler sur les données de Juno et ensuite à l’IRAP (Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie) de Toulouse.

 

Où il est finalement engagé de façon permanente en 2020.

 

Il travaille principalement sur les exoplanètes et les planètes géantes.

 

 

Il nous parle ce soir de la mission JUNO vers la planète Jupiter.

 

 

 

 

 

 

Tout d’abord, pourquoi étudier Jupiter ?

 

C’est la plus grosse planète de notre système solaire : 317 masses terrestres, 1300 en volume

 

Elle a participé activement à la formation et à l’évolution du système solaire

C’est un laboratoire parfait pour étudier la physique des hautes pressions

 

On aimerait connaitre la concentration en eau de son atmosphère.

 

 

LA MISSION JUNO.

 

Je reprends un texte déjà écrit à propos de cette mission :

 

Une image contenant intérieur

Description générée automatiquement

Le 5 Août 2011, la NASA lance à bord d’une fusée Atlas Centaur, la nouvelle sonde jovienne, baptisée JUNO (Junon en français, l’épouse et la sœur de Jupiter ou Zeus).

Le chemin sera comme toujours tortueux à cause du volume de carburant nécessaire pour un vol direct, on aura besoin d’assistance gravitationnelle comme d’habitude et Jupiter sera atteint seulement le 4 Juillet 2016.

La sonde, construite par Lockheed Martin, devait rester en orbite autour de la planète géante pendant un an, avant d’être précipitée (comme sa précédente, Galileo) dans l’atmosphère de Jupiter en Octobre 2017. On verra qu’il en a été autrement

 

Illustration : NASA

 

 

 

 

La sonde de structure hexagonale, est de belle taille : 3,5m de haut, 3,5m de diamètre ; elle emporte des panneaux solaires de grande dimension, pour son alimentation, chacun des panneaux faisant 9m de long par 2,65m ; pour une surface totale de 60m2. Ils produisent au niveau de l’orbite terrestre 14kW et au niveau de l’orbite de Jupiter, seulement 400W. Ces panneaux sont couplés à deux batteries au Li-Ion de 55A/h chacune.

Les panneaux solaires sont une première pour une mission vers Jupiter.

Cette sonde sera en rotation permanente (2 t/min) afin d’assurer un pointage extrêmement stable et un pilotage facile

 

C’est aussi une sonde fortement blindée contre les radiations de toutes sortes.

L’électronique est protégée par une enceinte de Titane, chaque paroi, de 18kg, faisant 1m2 et ayant une épaisseur d’un centimètre !

 

Le PI de la mission est Scott Bolton du renommé SwRI (Southwest Research Institute) situé à San Antonio Texas.

Une soixantaine de co-investigateurs dont quelques français.

 

 

Pour limiter le problème de la ceinture de radiations ; orbites astucieuses passant dans une région moins dense en particules et au raz de la planète.

Mais un problème sur le moteur de mise en orbite (ré allumable mais douteux donc non réallumé) a conduit à demeurer sur des orbites de 53 jours ce qui a permis de prolonger la mission (plus coûteuse mais plus riche).

Cette découverte d’une zone très proche de la planète avec moins de particules est jugée importante

Périjove à 4200 km, pôle à pôle en 2h, orbites en « filet » permettant de couvrir toute la planète à terme.

 

Le problème précédent conduit les scientifiques à augmenter la durée de la mission à 7 ans et 76 orbites au lieu des 35 prévues.

La fin de mission a été repoussée à 2025.

 

La sonde est équipée de 8 instruments scientifiques et une caméra HR.

 


Les principaux sont :

 

 

·         MAG, pour étudier le champ magnétique, qui après le Soleil est le plus puissant du système solaire.

·         MWR, radiomètre micro-ondes

·         Gravity Science, étude complète de la gravité jovienne

·         Waves, JEDI, JADE, UVS, étude de la magnétosphère polaire

·         JIRAM pour cartographier les aurores polaires

·         Et finalement JunoCam la caméra à bord de la sonde.

 

 

 

 

 

 

Signalons que la JunoCam n’était pas prévue dès le départ (quelle erreur !!!) heureusement certains ont insisté !

Sensibilité : 1600 pixels.

Et c’est elle qui va nous fournir les plus belles images de Jupiter, surtout au moment du périjove (le point le plus près), voir les différentes images des archives du site de la mission (comme par exemple le périjove 20), je ne les reprends pas ici.

 

Les objectifs principaux.

 

Déterminer la concentration en eau dans Jupiter, ceci devant valider quelle théorie de formation des planètes est valable ou pas.

 

Améliorer nos connaissances de l’intérieur de Jupiter

 

Étudier l’atmosphère et les vents profonds

 

Étudier les émissions aurorales de Jupiter

 

Mieux comprendre son champ magnétique.

 

 

Les orbites.

 

Animation de l’arrivée à Jupiter :

 

https://youtu.be/NNt9DTw7nzk

 

 vidéo :

 

 

 

 

Une vidéo fournie par la NASA que nous passe Florian Debras.

 

https://youtu.be/4J7St9Z9GBY

 

Cette animation (datant de 2011 donc avant le fait que l’on modifia la longueur de la période orbitale) dépeint les orbites de Juno sur une période de 15 mois (de 2016 à 2017). Pendant cette période Juno effectue 33 orbites passant à 5000 km au-dessus des pôles.

Les passages répétés montrent comment on peut ainsi cartographier toute la surface.

 

Les lignes vertes et bleues indiquent les différentes périodes scientifiques. Étude de la gravité en bleu,, priorité au radiomètre MWR en vert, jaune dernière orbite et rouge désorbitation.

 

Du moins c’est ce qui était prévu.

 

 

 

LES OBSERVATIONS.

 

 

Une image contenant alimentation

Description générée automatiquementLes images les plus impressionnantes viennent des pôles de la planète géante, où l’on détecte des orages monstrueux, ayant des formes bizarres.

Voici les dernières images de la caméra infrarouge JIRAM (Jovian InfraRed Auroral Mapper) sensible jusqu’à 50 à 70km de profondeur sous la couche externe de nuages.

On y voit lors du survol du pôle N, l’énorme cyclone polaire très stable, entouré de 8 autres cyclones. Ils font tous approx 4500 km de diamètre.

Le pôle Sud a une structure similaire : un cyclone central entouré de de 5 cyclones (5.500 à 7.000km de diamètre). Pourquoi une telle différence ?

 

 

 

 

 

Vidéo du survol du pôle N de Jupiter.

 

 


 

Une image contenant intérieur, fermer, tranché, porcelaine

Description générée automatiquement

Juno entame donc sa cinquième orbite autour de Jupiter, et sa caméra Junocam fait merveille, ainsi que tous ses instruments de bord (8). Prochain survol des pôles : le 19 Mai 2017.

 

 

Lors du dernier survol, voici une photo du pôle Sud de Jupiter colorisée et traitée par un passionné, Gervasio Robles.

 

A nécessité l’assemblage de trois photos.

 

Une autre photo partielle du pôle Sud.

 

 

NASA/SwRI/MSSS/Gervasio Robles

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin la tache rouge.

 

 

Une image contenant table, intérieur, verre

Description générée automatiquement

La grande tache rouge dont les couleurs ont été exagérées.

 

Image en vraie couleur.

 

 

Image prise le 10 Juillet 2017 durant le 7ème passage au dessus de Jupiter, d’une altitude de 13.000km.

 

 

 

 

Bryan Holland/ NASA / SwRI / MSSS © PUBLIC DOMAIN

 

 

 

 

 

 

 

Une image contenant intérieur, sombre

Description générée automatiquement

Et après le 45ème périjove, on survole finalement Europe.

 

 

Le satellite Europe revisité par Juno en sept 2022.

 

 

 

 

NASA/SWRI/MSSS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 https://youtu.be/mzLmaOT8vTU

 

 vidéo :

 

 

Le champ magnétique.

 

Il est 30 fois plus fort que sur Terre.

Il a une structure dipolaire. Mais différente de celle de notre planète. Si les lignes de champ émergent de l’hémisphère N et rentrent au niveau de l’hémisphère S, une région est très intense au sud de l’équateur (appelée la grande tache bleue).

 

Grâce aux données acquises par la sonde Juno, on a pu établir une carte extrêmement détaillée du champ magnétique jovien, révélant la structure inédite

 

 

Les aurores.

 

Si sur Terre le mécanisme des aurores est provoqué par le vent solaire, celui-ci est trop faible arrivé au niveau de la planète géante.

Les aurores joviennes sont dues à l’influence de Io qui émet des particules de forte intensité. C’est donc le satellite le plus proche, Io, qui envoie ses ions puissants (notamment ions Oxygène et Soufre) dus à ses éruptions volcaniques intenses. Jupiter accumule toute cette énergie, et quand le point de rupture est dépassé, une tempête apparait.

 

 

Une image contenant bulle

Description générée automatiquementCes tempêtes deviennent encore plus fortes et émettent d’énormes quantité de puissance en UV.

 

Comparaison entre les aurores polaires sur Jupiter (à gauche) et sur Terre (à droite).

 

Celles sur Jupiter sont beaucoup plus importantes que les terrestres.

 

Toutes observations dans l’Ultra-Violet.

 

Crédit : NASA/JPL-Caltech/SwRI/UVS/STScI/MODIS/WIC/IMAGE/ULiège

 

 

 

 

 

 

 

Voici quelques vidéos expliquant les divers phénomènes :

 

Tout d’abord sur Jupiter et sa magnétosphère : Exploring Jupiter's Magnetic Field publiée par le GSFC.

https://youtu.be/ITPizr7Pqgg

 

et aussi

https://youtu.be/p_O6aEAXB6M

 

 

https://youtu.be/K9AZYDYYF7E

Une étude menée par des chercheurs du Laboratoire de Physique Atmosphérique et Planétaire de l’Université de Liège, montre pour la première fois des vues globales d’une tempête de l’aube, un phénomène auroral spectaculaire qui se produit sur Jupiter. En savoir + www.star.uliege.be © Université de Liège

 

Video :

 

 

 

 

 

La météo jovienne.

 

Il semblerait bien que les violents orages qui animent cette planète génèrent des grêlons d’ammoniaque (appelés mushballs par les Américains). On se souvient des cours de chimie : l’ammoniaC est gazeux (NH3), l’ammoniaQUE est liquide, c’est de l’ammoniac dissous dans l’eau (NH4OH)

 

Nos amis de l’OCA ont travaillé le sujet, voici un extrait :

 

 

Illustration : Représentation d’un orage intense dans Jupiter, prenant naissance environ 50km sous les nuages visibles par la condensation de l’eau. Des courants ascendants transportent des cristaux de glace vers le haut. Quand ceux-ci traversent une région située environ 25km sous les nuages supérieurs, à des températures comprises entre -85°C et -100°C (zone hachurée en vert), la vapeur d’ammoniac fait fondre les cristaux de glace qui grossissent pour devenir de la grêle d’ammoniaque. Cette grêle tombe vers les profondeurs, grossit pour inclure une croûte de glace solide puis s’évapore, transportant ainsi à la fois l’ammoniac et l’eau dans l’atmosphère profonde de Jupiter. La détection par la sonde Juno d’éclairs peu profonds, provenant d’une région où les températures sont inférieures à -66°C indique que le liquide d’ammoniac-eau ainsi que des grosses particules doivent effectivement être présentes à ces altitudes.

© NASA/JPL-Caltech/SwRI/CNRS

 

 

 

Le champ gravitationnel.

 

C’est le principal travail de notre conférencier.

 

Ce champ n’est pas homogène. On s’en est aperçu en remarquant l’irrégularité des orbites de Juno.

 

Désolé, je n’ai pas suivi les explications à ce moment-là.

 

 

 

NOUVEAUX MODÈLES DE L’INTÉRIEUR DE JUPITER.

 

Lors de la formation par accrétion, la planète est devenue trop graosse, beaucoup de gaz a été accrété ce qui a induit un chauffage des couches internes.

 

Les vents vont jusqu’à 100 à 3000 km de profondeur.

 

C’est une casserole géante et la température au centre est de 20.000 K.

 

Tout est mélangé en permanence d’où une excellente homogénéité.

 

 

 

 

Problème : il manque de l’Hélium. (Contrairement à ce qui est indiqué sur la slide).

Il devrait y avoir 28% d’He (comme le Soleil) mais on n’en mesure que 23%. Où est le reste ?

 

La structure de Jupiter :

 

On pensait avant, qu’il y avait une masse centrale rocheuse entourée d’Hydrogène métallique.

Après cette couche on trouve de l’H moléculaire, puis finalement les nuages et les vents joviens.

 

Les mesures de Juno ont indiqué que :

·         La densité est plus faible à l’extérieur

·         La densité est plus forte à l’intérieur.

À l’intérieur, il y a des petites enveloppes convectives

 

Le cœur de Jupiter est « diffus »

 

Pour plus de détails, voir l’article de R. Moll et al de 2017 : Double-diffusive Erosion of the Core of Jupiter

 

L’hydrogène métallique et l’Hélium sont similaires à un mélange d’eau et d’huile.

Si la température est forte, les deux se mélangent, lorsque la température diminue, il y a séparation de phase. L’He plus lourd se trouve en dessous de H.

 

On imagine qu’il y a de la pluie d’Hélium dans Jupiter. (Comme dans Saturne).

 

En résumé concernant le nouveau modèle.

 

·         Anciens modèles : extérieur trop dense, intérieur pas assez

·         Le cœur ne peut pas survivre s’il n’est pas diffus

·         L’abondance d’hélium observée en surface est trop faible

·         Pluies d’hélium, amenant éventuellement de la convection stratifiée.

 

Le nouveau modèle :

 

Cœur compact : inférieur à 5 masses terrestres. De 71.000 à 68.000 km de la surface

 

Cœur diffus (convectif) très étendu jusqu’à 25.000 km

 

Couche intermédiaire de plusieurs milliers de km. De 25.000 à 4.000 km.

 

D’après F Debras.

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION :

 

La sonde JUNO a changé notre compréhension de Jupiter

 

On a amélioré nos connaissances sur Turbulence, ammoniac, champ magnétique, vents profonds, champ gravitationnel

 

Nombreux résultats encore à venir et de mystères à résoudre !!!!

 

Une image contenant plancher, intérieur, fenêtre, table

Description générée automatiquement

 

 

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

Dossier JUNO dans les archives du site.

 

Toutes les images de Juno à la NASA.

 

La mission Juno à la NASA.

 

Le site de la mission Juno au SwRI. Le mieux !

 

New Models of Jupiter in the Context of Juno and Galileo par F Debras et al.

 

Interior Of Jupiter In The Context Of Juno And Galileo par F Debras.

 

New models of Jupiter in the context of Juno and Galileo

 

 

Les résultats de la mission JUNO : CR de la conf IAP de Ph Zarka du 3 Mars 2020

 

JUICE mission vers Jupiter : CR conf SAF d'Olivier Witasse du 14 dec 2018

 

 

Du nouveau sur la météo jovienne.

 

Les mystères de l’atmosphère de Jupiter dévoilés

 

Un pas de plus vers la compréhension de Jupiter

 

Jupiter : la sonde Juno découvre des changements de son champ magnétique

 

Juno et l’inégalable champ magnétique de Jupiter

 

Jupiter : son champ magnétique se révèle unique et extrêmement complexe

 

NASA's Juno Probes the Depths of Jupiter's Great Red Spot, article de la NASA

 

Un grand coeur dilué pour Jupiter (aussi)

 

 

 

 

 

PROCHAINE CONFÉRENCE MENSUELLE DE LA SAF :

 

Prochaine conférence SAF devant public :
Le mercredi 9 Novembre 2022 à 19H00  au CNAM amphi Grégoire (220 places).

Paola di Matteo Astronome GEPI Obs de Paris   La mission GAIA et notre Galaxie    Résa > 13 Octobre

.  Réservation comme d’habitude ou à la SAF directement.

Transmission en direct sur le canal YouTube de la SAF Sinon à suivre en direct : https://youtu.be/dEYzUxHXLIg

La suivante : le 14 décembre sur les astrolabes avec B Alix.

 

 

 

 

 

Bon ciel à tous

 

 

Jean Pierre Martin   Président de la commission de cosmologie de la SAF

www.planetastronomy.com

Abonnez-vous gratuitement aux astronews du site en envoyant votre nom et e-mail.