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Mise à jour : 17 Mai 2010
 
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Astrophysique/cosmologie ; Spécial Mars ; Terre/Lune ; Système solaire ; Astronautique/conq spatiale ; 3D/divers ; Histoire astro /Instruments ; Observations ; Soleil ; Étoiles/Galaxies ; Livres/Magazines ; Jeunes /Scolaires
 
Sommaire de ce numéro :  
La célébration des 20 ans de Hubble : À la cité de l'Espace. (17/05/2010)
Herschel : Un an après son lancement, on fait le point. (17/05/2010)
Les GRB outils de la cosmologie : CR de la conf.de R Mochkovitch à la SAF du 8 Mai 2010. (17/05/2010)
Les télescopes ultra géants : Conférence mensuelle de la SAF du 19 Mai par F Hammer. (17/05/2010)
E-ELT : Le site a été choisi! (17/05/2010)
Exoplanètes : Des mondes à l'envers?? (17/05/2010)
Hayabusa : Des nouvelles de la vaillante sonde japonaise. (17/05/2010)
24-Themis : De la glace d'eau à la surface d'un astéroïde. (17/05/2010)
Triton : Un ciel d'été avec CO et CH4. (17/05/2010)
Solar Dynamics Observatory : Des photos époustouflantes. (17/05/2010)
La lumière zodiacale : On a un modèle. (17/05/2010)
STS 131 : Souvenirs de voyage. (17/05/2010)
Vu d'en haut : La catastrophe du Golfe du Mexique. (17/05/2010)
Hubble :.Eta Carina fête les 20 ans de Hubble. (17/05/2010)
Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 25 : Universités de la Sorbonne à Oxford par B lelard. (17/05/2010)
Les rovers martiens.:.Opportunity sortant de Victoria, le film! (17/05/2010)
Photos d'amateurs :.Sylvain, Alexandre et M101. (17/05/2010)
J'ai lu pour vous, par P Gérardin : Voyages dans le futur par N Prantzos. (17/05/2010)
Livre conseillé :.Histoire du Ciel et de ses représentations symboliques chez Vuibert. (17/05/2010)
Les magazines conseillés :.Ciel et Espace spécial : 20 ans de Hubble. (17/05/2010)
Les magazines conseillés :. Pour la Science spécial Terre. (17/05/2010)
 
 
 
 
LES TÉLESCOPES ULTRA GÉANTS : CONFÉRENCE MENSUELLE SAF AVEC F HAMMER. (17/05/2010)
 
 
N'oubliez pas la prochaine conférence mensuelle de la SAF sur les télescopes nouvelles génération comme le E-ELT par exemple.
 
C'est François Hammer de l'Observatoire de Paris qui nous fait l'honneur de nous donner cette conférence.
 
À cette occasion, l'ESO nous a fait parvenir une copieuse documentation en couleur sur l'E-ELT et le VLT pour le public.
 
 
Nous vous accueillerons ce mercredi 19 Mai 2010 à 20H30 au FIAP (30 rue Cabanis Paris 14) salle Bruxelles. Ouverture des portes : 20H.
 
 
 
 
 
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E-ELT : LE SITE A ÉTÉ CHOISI. (17/05/2010)
 
L'E-ELT (European Extremely Telescope) de 42m de diamètre dont la décision de réalisation a été prise il y a longtemps vient de trouver un terrain d'atterrissage. Ce sera le Chili
 
 
 
 
Le 26 avril 2010, le Conseil de l'ESO a sélectionné le Mont Armazones comme site de référence pour le projet du futur télescope géant européen de 42 mètres.
 
Le Mont Armazones est une montagne haute de 3060 mètres dans la partie centrale du désert d'Atacama au Chili, à quelques 130 kilomètres au sud de la ville d'Antofagasta et à environ 20 kilomètres du Mont Paranal qui héberge le VLT de l'ESO.
 
Photo du Mont Armazones la nuit.
 
 
 
Vous en saurez d'ailleurs beaucoup plus si vous pouvez assister à la conférence SAF de F Hammer du 19 Mai sur ce sujet.
 
 
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EXOPLANÈTES : DES MONDES À L'ENVERS?? (17/05/2010)
 
Nos amis de l'ESO, viennent de faire une découverte intéressante : neuf nouvelles planètes extra solaires parmi 27 (méthode du transit planétaire) dont six orbitent leur étoile en sens contraire de la rotation de l'étoile hôte. C'est contraire à ce que l'on observe dans notre système solaire.
On pensait jusqu'à présent que le sens de rotation de l'étoile favorisait la rotation des planètes dans le même sen, alors où est l'erreur? C'est une remise en cause des modèles de formation de systèmes planétaires actuels.
 
Voici un extrait du texte publié par l'ESO à cette occasion :
 
 
 
Nous lançons une véritable bombe dans le champ des exoplanètes” déclare Amaury Triaud, un étudiant en thèse à l’Observatoire de Genève qui a dirigé la plus grande partie de ces campagnes d’observation avec Andrew Cameron et Didier Queloz.
 
Les astronomes pensent que les planètes se forment dans les disques de poussière et de gaz qui entourent les jeunes étoiles.
Ces disques protoplanétaires tournent dans le même sens que leur étoile et l’on supposait jusqu’à maintenant que toutes les planètes formées dans le disque étaient plus ou moins en orbite dans le même plan et qu’elles se déplaçaient sur leur orbite dans le même sens que celui de la rotation de leur étoile. C’est notamment le cas pour les planètes du Système solaire.
 
Suite à la première détection des neuf planètes avec la caméra « Wide Angle Search for Planets (WASP), cette équipe d’astronomes a utilisé le spectrographe HARPS sur le télescope de 3,6 mètres de diamètre de l’ESO à l’Observatoire de La Silla au Chili, avec des données du télescope Suisse Euler, également installé à La Silla ainsi que des données provenant d’autres télescopes, afin de confirmer la découverte de ces exoplanètes détectées à la fois dans la nouvelle et l’ancienne campagne d’observation et de les caractériser.
 
Étonnamment, quand les astronomes de cette équipe ont combiné les nouvelles données avec les anciennes observations ils ont trouvé que les orbites de plus de la moitié de tous les Jupiters chauds étudiés n’étaient pas alignées avec l’axe de rotation de leurs planètes.
 
 
Ils ont même découvert que six exoplanètes de cette longue étude (parmi lesquelles deux sont de nouvelles découvertes) avaient un mouvement rétrograde : elles tournent autour de leurs étoiles dans la « mauvaise » direction.
 
 
 
 
 
 
« Ces nouveaux résultats défient réellement la pensée conventionnelle qui veut que les planètes doivent toujours être en orbite dans la même direction que celle de la rotation de leur étoile, » précise Andrew Cameron de l’Université de St Andrews, qui présente ces nouveaux résultats au « RAS National Astronomy Meeting (NAM2010) » à Glasgow cette semaine.
 
Depuis la découverte des premiers Jupiters chauds, il y a quinze ans, leur origine est restée une énigme.
Ce sont des planètes ayant une masse équivalente ou supérieure à celle de Jupiter, mais dont l’orbite est beaucoup plus proche de leur soleil. Les astronomes pensent que les cœurs des planètes géantes se forment à partir d’un mélange de particules de glace et de roche que l’on trouve uniquement dans les confins des systèmes planétaires.
 
Les Jupiters chauds se formeraient donc loin de leur étoile et migreraient par la suite vers l’intérieur afin de se mettre en orbite beaucoup plus près de leur étoile. De nombreux astronomes pensent que cela est dû aux interactions gravitationnelles avec le disque de poussière au sein duquel ces planètes se sont formées.
Ce scénario ce déroule sur quelques millions d’années et aboutit à une orbite alignée avec l’axe de rotation de l’étoile « hôte ». Il permet également la formation ultérieure de planètes rocheuses comme la Terre, mais ceci ne permet malheureusement pas de rendre compte des nouvelles observations.
 
Pour prendre en compte les nouvelles planètes rétrogrades, une théorie alternative de migration suggère que la proximité des Jupiters chauds de leur étoile n’est absolument pas due aux interactions avec le disque de poussière, mais à un lent processus d’évolution impliquant une lutte acharnée de forces gravitationnelles avec des planètes plus distantes ou des compagnons stellaires, s’étendant sur des centaines de millions d’années.
 
Ces « perturbations » propulsent ainsi une planète géante sur une orbite allongée et inclinée. Cette planète va alors subir les effets de marées, perdant de l’énergie à chaque fois qu’elle s’approche de son étoile. Elle pourrait finalement se retrouver positionnée proche de son étoile, sur une orbite pratiquement circulaire, mais dont l’inclinaison est aléatoire. « Un effet secondaire spectaculaire de ce processus est qu’il pourrait anéantir une planète semblable à la Terre dans ce système planétaire, » déclare Didier Queloz de l’Observatoire de Genève. 
 
Des compagnons plus distants et plus massifs ont d’ores et déjà été détectés dans le cas de deux des nouvelles planètes rétrogrades découvertes, ce qui pourrait potentiellement être la cause de ce bouleversement. Ces nouveaux résultats pourraient déclencher une recherche intensive de nouveaux corps dans d’autres systèmes planétaires.
 
Cette recherche a été présentée lors du RAS National Astronomy Meeting (NAM2010) qui a lieu cette semaine à Glasgow, en Ecosse. Neuf articles soumis à des journaux internationaux seront présentés à cette occasion parmi lesquels quatre utilisent des données fournies par les équipements de l’ESO. Cette conférence a également été l’occasion de récompenser le consortium WARPS de prix 2010 du meilleur travail d’équipe de la Royal Astronomical Society.
 
 
Notes :
Les neuf nouvelles exoplanètes ont été découvertes par le « Wide Angle Search for Planets (WASP) ».
WASP comprend deux observatoires robotisés, chacun consistant en huit caméras grand angle qui scrutent le ciel en permanence et simultanément à la recherche de signes de transits planétaires. Un transit à lieu quand une planète passe devant son étoile, bloquant temporairement une partie de sa lumière. Les huit caméras grand angle permettent d’observer des millions d’étoiles simultanément afin de détecter ces signes peu fréquents de transit.
Les caméras de WAPS sont exploitées par un consortium comprenant la Queen’s University Belfast, les Universités de Keele, Leicester et St Andrews, l’Open University, l’Isaac Newton Group à La Palma et l’Instituto Astrofisica Canarias
 
 
 
J'ai demandé à l'expert en fabrication de système solaire qu'est le célèbre Alessandro Morbidelli de l'observatoire de la côte d'Azur (avec le modèle de Nice) ce qu'il pensait de ce genre de planètes rétrogrades.
Voici sa réponse pour les lecteurs des astronews :
 
Les planètes rétrogrades s'expliquent bien par l'interaction de force de marée entre l'étoile et la planète.
Cela suffit pour démarrer avec une planète a petite distance périhélique et une inclinaison non nulle, comme c'est le cas si il y a eu une instabilité planétaire.
 
Je vous prie de consulter les documents suivants :
 
 
Nagasawa, M., Ida, S., Bessho, T.\ 2008.\
Formation of Hot Planets by a Combination of Planet Scattering, Tidal Circularization, and the Kozai Mechanism.\
The Astrophysical Journal 678, 498-508.

Fabrycky, D.~C., Winn, J.~N.\ 2009.\
Exoplanetary Spin-Orbit Alignment: Results from the Ensemble of Rossiter-McLaughlin Observations.\
The Astrophysical Journal 696, 1230-1240.

Fabrycky, D., Tremaine, S.\ 2007.\
Shrinking Binary and Planetary Orbits by Kozai Cycles with Tidal Friction.\
The Astrophysical Journal 669, 1298-1315.
 
 
 
Certains documents sont un peu "hard" mais donnent bien des explications au phénomène.
 
 
 
 
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HAYABUSA :.DES NOUVELLES DE LA VAILLANTE SONDE JAPONAISE. (17/05/2010)
(Crédit photos : JAXA).
 
 
On n'entendait plus parler de cette sonde qui s'était mise en orbite autour du minuscule astéroïde Itokawa et qui aurait peut-être recueilli des échantillons de surface. Nous avons relaté ses exploits régulièrement sur ce site.
 
Voici une info de Patrick MICHEL de l’Observatoire de la Côte d’Azur, relayée par notre ami Jean-Claude THOREL de Nice :
 
Bonjour à tous,
 
Pour ceux qui s'intéressent au destin de la petite sonde japonaise  Hayabusa qui a tenté durant l'automne 2005 de récolter un échantillon  d'un astéroïde pour le ramener sur Terre et effectuer son analyse en  laboratoire, voici quelques nouvelles, car l'histoire n'est pas  terminée!
 
Le 10 Mai, la sonde a fêté son septième anniversaire après son lancement!
Une manœuvre de correction de sa trajectoire a été accomplie avec succès et la sonde se rapproche petit à petit de la  Terre (elle est à moins de 10 millions de km de la Terre).
La distance au Soleil diminuant, les effets des radiations solaires augmentent et nécessitent quelques précautions.
Mais si tout va bien, ce qui semble être le cas pour l'instant, nous avons confirmation de la date d'arrivée sur Terre: le 13 juin 2010 prochain (attention aux superstitieux!) à 14 heures (Temps Universel).
La petite capsule de ré- entrée (40 cm), qui contient peut-être un échantillon d'astéroïde, entrera dans l'atmosphère à une vitesse autour de 12 km/s (plusieurs  milliers de kilomètre heures, ça va chauffer!).
 
Après sa décélération par la traînée atmosphérique, elle déploiera un parachute pour atterrir en douceur ...
Le site d'atterrissage se situe dans le désert de Woomera au sud de l'Australie. La région sera hautement protégée et des observations de la ré-entrée de la capsule dans l'atmosphère seront effectuées pour observer le phénomène lui-même et déterminer le point d'impact afin de la retrouver (40 cm dans un grand désert; elle émettra un signal mais celui-ci a une durée de vie limitée ...).
 
Il faut souligner que le développement du bouclier thermique de cette capsule, la protégeant de la chaleur exercée lors de la traversée, fut un véritable challenge technologique, et l'un des objectifs est de tester cette technologie.
Donc, même si la présence d'un échantillon est hautement incertaine, la récupération de la capsule est un élément nécessaire pour tester la technologie pour les missions futures.
 
Enfin, si par miracle, un échantillon a été récolté (ne rêvez pas trop, ce sera au plus quelques tout petit grains de poussières), il sera alors transporté au Japon sur le campus de Sagamihara où a été construit un tout nouveau laboratoire d'analyse d'échantillons équipé des équipements les plus performants (je l'ai visité et il est flambant neuf, tout brille!). Même avec quelques microgrammes de poussières, les cosmochimistes savent faire des miracles et faire parler cette matière pour nous raconter son histoire et sa
chronologie. N'oubliez pas que ces petits corps ont conservé quelques mémoires de la formation du Système Solaire.
Ce fut le cas avec les microgrammes d'échantillons récoltés dans la queue de la comète P/Wild  (mission Stardust) et il nous reste à espérer qu'on pourra en dire autant avec cette mission, qui ramènerait pour la première fois des poussières d'un astéroïde!
 
Vous pouvez retrouver des infos en anglais (ou en japonais!) sur:
http://hayabusa.jaxa.jp/e/index.html
 
Je vous tiendrai au courant du prochain épisode de cette série. En  attendant, suspense ...
 
Bonne journée,
Patrick Michel OCA
 
 
Nous souhaitons bonne chance à Hayabusa et espérons que son panier ne sera pas vide!
 
Voir aussi cette nouvelle sur le site de Spaceflight Now.
 
 
 
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24-THEMIS : DE LA GLACE D'EAU À LA SURFACE D'UN ASTÉROÏDE. (17/05/2010)
 
Deux équipes différentes et indépendantes d'astronomes (notamment : Andrew Rivkin du Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory à Laurel, Maryland. et Joshua Emery, de l'University of Tennessee à Knoxville), utilisant chacune le télescope IRTF (Infra Red Telescope Facility) de Mauna Kea (Hawaï) ont obtenu des spectres IR d'un astéroïde de la ceinture principale, 24-Themis, situé à 480 millions de km du Soleil et de dimension approximative 200km.
 
Ces spectres montrent de façon claire et précise la présence d'un revêtement glacé régulièrement réparti sur toute la surface et contenant de la glace d'eau et des matières organiques.
 
 
 
Bien qu'on ait déjà pensé que des traces d'eau existaient sur des astéroïdes, c'est la première fois qu'on le met clairement en évidence ainsi que la présence d'organiques dans les astéroïdes de la ceinture principale.
 
La présence de glace en surface est surprenante à cause de sa durée de vie relativement courte à une distance si proche du Soleil.
 
Cette découverte renforce la thèse de l'apport de l'eau sur Terre par les astéroïdes et les comètes.
 
Dessin : ceinture d'astéroïdes avec Themis situé à 3 UA du Soleil. (© Josh Emery)
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
Article de Science Daily sur Themis.
 
Nos amis de Radio Canada sont aussi surpris par l'eau sur Themis, et en français.
 
Article de National Geographic sur Themis et les astéroïdes et de Scientific American.
 
L'article de la NASA sur Themis.
 
Article de CNN sur le sujet.
 
An Introduction to Near-Earth Objects par A. Rivkin.
 
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TRITON : UN CIEL D'ÉTÉ AVEC CO ET CH4! (17/05/2010)
 
 
Triton, une des lunes de Neptune (fait partie des 3T : Terre, Titan et Triton qui possède une atmosphère d'azote), se trouve en période estivale; c'est l'été même aussi loin du Soleil.
 
Le VLT a réussi à obtenir les premières analyses IR de ce petit corps et y a découvert pour la première fois depuis le sol, du monoxyde de Carbone et du Méthane dans sa très ténue atmosphère.
Cette atmosphère, même si fine varie de façon saisonnière, devenant plus dense quand elle est chauffée (été).
 
Signalons que Triton (diamètre 2700km) est rétrograde par rapport à sa planète. Est-ce un corps de la ceinture de Kuiper qui aurait été capturé?
 
L'ESO publie un communiqué que je cite ci-après :
 
 
Nous avons trouvé des preuves réelles que le Soleil, bien que très distant, fait toujours ressentir sa présence sur Triton.
Cette lune glacée a vraiment des saisons, tout comme nous en avons sur Terre, mais elles changent beaucoup plus lentement, » déclare Emmanuel Lellouch, le premier auteur de l’article présentant ces résultats dans Astronomy & Astrophysics.
 
Sur Triton, où la température moyenne à la surface est d’environ - 235°C, c’est actuellement l’été dans l’hémisphère sud et l’hiver dans l’hémisphère nord. Comme la surface de l’hémisphère sud de Triton se réchauffe, une fine couche d’azote, de méthane et de monoxyde de carbone glacés se sublime, le gaz ainsi produit épaississant la fine atmosphère à mesure que la saison avance au cours des 165 ans de l’orbite de Neptune autour du Soleil.
Sur Triton, une saison dure un peu plus de 40 ans et le solstice de l’été austral était en 2000.
Sur la base de la quantité de gaz mesurée, Emmanuel Lellouch et ses collègues estiment que la pression atmosphérique de Triton doit avoir augmenté d’un facteur quatre comparée aux mesures effectuées par Voyager 2 en 1989, alors que c’était encore le printemps sur cette lune géante.
La pression atmosphérique est maintenant comprise entre 40 et 65 microbars – soit 20 000 fois moins que sur Terre.
 
Les astronomes savaient que la glace de monoxyde de carbone était présente à la surface, mais Emmanuel Lellouch et son équipe ont découvert que la couche supérieure de la surface de Triton est enrichie en glace de monoxyde de carbone d’un facteur dix environ, comparé aux couches plus profondes et que c’est ce « film » supérieur qui alimente l’atmosphère.
Alors que l’on trouve majoritairement de l’azote dans l’atmosphère de Triton (comme pour la Terre), le méthane contenu dans l’atmosphère, élément détecté par Voyager 2 et dont la présence vient juste d’être confirmée par cette étude réalisée depuis la Terre, joue aussi un rôle important. « Les modèles climatique et atmosphérique de Triton doivent maintenant être revus puisque nous venons de trouver du monoxyde de carbone et que nous avons effectué une nouvelle mesure du méthane, » déclare Catherine de Bergh, un des coauteurs de cet article.
 
 
Parmi les 13 lunes de Neptune, Triton est de loin la plus grande et, avec un diamètre de 2 700 kilomètres (équivalent aux trois quarts de celui de notre Lune), c’est la septième des plus grandes lunes de tout le Système Solaire. Depuis sa découverte en 1846, Triton a fasciné les astronomes du fait de son activité géologique, de ses nombreux types différents de surfaces glacées, telles que de l’azote glacé, mais aussi de la glace d’eau et de la glace sèche (du dioxyde de carbone gelé), et son mouvement rétrograde unique
 
Dessin d'artiste de Triton avec Neptune et très loin, le Soleil. (crédit : ESO/L. Calçada)
 
 
Il n’est pas facile d’observer l’atmosphère de Triton qui est à peu près 30 fois plus éloignée du Soleil que la Terre. Dans les années 1980, les astronomes supposaient que l’atmosphère de cette lune de Neptune devait être aussi fine que celle de Mars (7 millibars). Ce n’est pas avant le survol de la planète par Voyager 2 en 1989 que l’atmosphère d’azote et de méthane, à une pression de 14 microbars, c'est-à-dire 70 000 fois moins dense que l’atmosphère terrestre, a été mesurée.
 
Depuis, les observations à partir du sol ont été limitées. Les observations d’occultations stellaires (un phénomène qui se produit lorsqu’un corps du Système Solaire passe devant une étoile et bloque sa lumière) indiquaient que la pression de la surface de Triton était en train d’augmenter dans les années 1990.
Il a fallu attendre la mise en service de l’instrument CRIRES (Cryogenic High-Resolution Infrared Echelle Spectrograph) au VLT pour que cette équipe puisse réaliser une étude bien plus détaillée de l’atmosphère de Triton. « Nous avions besoin de la sensibilité de CRIRES pour réaliser des spectres détaillés de cette atmosphère très ténue, » précise Ulli Käufl, un des coauteurs de l’article.
Ces observations font partie d’une campagne au cours de laquelle Pluton a également été étudiée
 
Pluton, souvent considéré comme une cousine de Triton disposant des mêmes conditions, présente un regain d’intérêt depuis la découverte de monoxyde de carbone dans l’atmosphère de Triton et les astronomes se précipitent à la recherche de cet élément chimique sur cette planète naine encore plus distante.
Les astronomes n’en sont qu’à leur premier pas avec l’instrument CRIRES, pour comprendre la physique des objets lointains du Système Solaire. « Nous pouvons maintenant commencer à analyser l’état de l’atmosphère et mieux comprendre l’évolution saisonnière de Triton sur des dizaines d’années, » annonce Emmanuel Lellouch.
 
 
L’équipe est composée de : E. Lellouch, C. de Bergh, B. Sicardy (LESIA, Observatoire de Paris, INSU-CNRS, Université Pierre et Marie Curie, Université Paris Diderot - France), S. Ferron (ACRI-ST, Sophia-Antipolis, France), et H.-U. Käufl (ESO).
 
 
 
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SOLAR DYNAMICS OBSERVATORY :.DES PHOTOS ÉPOUSTOUFLANTES. (17/05/2010)
 
L'observatoire solaire lancé en Février dernier par la NASA, nous submerge de photos et documents extraordinaires sur notre étoile.
 
Certains imaginent même qu'il va devenir le Hubble du Soleil.
 
La résolution de ses instruments est bien meilleure que ceux de ses prédécesseurs, comme on le voit sur cette figure.
 
 
Pour le prouver voici quelques unes des dernières merveilles envoyées par cette sonde.
 
 
La couronne solaire et une éruption (flare en anglais) vue par la caméra spéciale AIA mise au point par Lockheed Martin.
 
Cette image est la combinaison de plusieurs longueurs d'onde, surtout situées dans l'UV et l'UV extrême.
 
La NASA nous donne aussi à voir une vidéo correspondante.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Une superbe protubérance solaire (prominence eruption en anglais) prise le 30 Mars 2010.
 
Image centrée sur la longueur d'onde de 0,03 micron (304 A) donc en extrême UV, en fait c'est la raie de l'Hélium ionisé une fois (symbolisé par HeII), température correspondante: 50.000K.
 
Cette image est aussi tirée d'une vidéo que voici.
 
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN:
 
Le Soleil aujourd'hui par la caméra de SDO.
 
Le commentaire du site de SDO sur les premières lumières.
 
Le site de la NASA avec les éruptions massives détectées par SDO, dont ce film de 25MB.
 
Un APOD sur SDO.
 
Le site de SDO.
 
 
 
 
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LA LUMIÈRE ZODIACALE : ON A UN MODÈLE. (17/05/2010)
 
 
Tout le monde connaît ou au moins a entendu parler de la lumière zodiacale, que l'on aperçoit (avec chance) au lever ou au coucher du Soleil dans le plan de l'écliptique; on en a déjà parlé dans ces colonnes.
 
Cette lumière est diffusée par les poussières qui suivent l'orbite de la Terre, mais la source exacte de ces poussières n'était pas connue. Il semble que l'on ait fait un grand pas en avant, tout du moins les astronomes (David Nesvorny et Peter Jenniskens) du SwRI (South West Research Institute) du Texas; ils viennent de mettre en évidence leur source principale dans les comètes de la famille de Jupiter et non dans les astéroïdes.
 
 
 
Ils ont mis au point un modèle que l'on peut voir ci-contre.
 
C'est un modèle dynamique de ce "nuage" zodiacal.
 
Ils ont trouvé que la poussière résultant des astéroïdes n'est pas assez brassée au cours du temps pour créer un nuage zodiacale tel que nous l'observons.
Seule la poussière issue des comètes à courte période est diffusée suffisamment par Jupiter pour obtenir un tel nuage. D'où les comètes de la famille de Jupiter.
 
 
 
La plupart de ces comètes se sont brisées dans le passé (à cause de la présence de Jupiter) créant ainsi de nombreuses poussières et particules qui se retrouvent aussi dans l'orbite terrestre.
Avec l'aide d'autres scientifiques (comme par exemple Matthieu Gounelle du Muséum), ils ont démontré que ces dislocations de comètes pouvaient rendre compte de l'épaisseur de ce nuage zodiacal.
 
En résolvant ce problème, nos scientifiques ont peut être aussi résolu un autre mystère; celui concernant les micro météorites de l'Antarctique.
En effet celles-ci sont à 80à 90% de composition assez rare par rapport aux autres qui correspondent principalement à des astéroïdes; ce qui implique que ces micrométéorites sont probablement d'origine cométaire!
 
 
Article intéressant du Ames Center de la NASA sur le sujet à consulter aussi.
 
 
 
 
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STS 131 : SOUVENIRS DE VOYAGE. (17/05/2010)
(Photos: NASA)
 
La navette spatiale Discovery a été lancée le 5 Avril 2010 vers l'ISS avec à son bord un des derniers modules; le module MPLM (Multi Purpose Logistics Module) construit par nos amis Italiens.
 
Je profite de l'occasion de ce vol pour vous montrer quelques photos moins communes de telles missions.
 
 
 
Il faut coincer la bulle! C'est ce qu'essaie de faire l'astronaute Clayton Anderson ce 12 Avril 2010.
En voilà un autre qui coince aussi la bulle, le commandant Alan Pointdexter, se repose dans la Coupole de l'ISS.
Tandis que la Canadarm-2 agrippe le module, on remarque au premier plan le robot d'aide canadien dénommé Dextre.
Avant de partir et de se poser le 20 Avril 2010, Discovery inspecte l'ISS une dernière fois.
 
 
 
 
 
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VU D'EN HAUT :.LA CATASTROPHE DU GOLFE DU MEXIQUE  (17/05/2010)
(crédit photo : NASA/MODIS)
 
 
Vue par la caméra MODIS (Moderate Imaging Spectroradiometer Instrument) du satellite Terra de la NASA de la zone de la Nouvelle Orléans, où s'est produite l'énorme fuite de pétrole brut au fond de l'océan.
 
Vue prise le 10 Mai 2010, on voit la nappe de pétrole qui s'approche dangereusement des côtes de Louisiane et du delta du Mississipi.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
De même l'ESA avec son satellite Envisat a étudié la même zone.
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
Les diverses photos satellite de cette marée noire sur Earth Observatory.
 
La page dédié à la NASA.
 
Une autre page de l'ESA consacrée à ce sujet.
 
 
 
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HUBBLE:.ETA CARINA FÊTE LES 20 ANS D'HUBBLE. (17/05/2010)
(crédit photo : NASA, ESA, M. Livio and the Hubble 20th Anniversary Team (STScI))
 
Le site du traitement d'images de Hubble , le Hubblesite nous gâte cette fois-ci encore avec cet article contenant une superbe photo détaillée de la nébuleuse Carina, sources de nombreuses naissances d'étoiles.
 
 
 
Détail d'un des piliers de la création.
Quelques détails explicatifs de l'image de gauche.
 
 
On y remarque des tours d'Hydrogène froid mélangé avec des poussières qui se détachent des enveloppes de cette nébuleuse.
 
Cette photo a été baptisée "Mystic Moutain" par nos amis Américains.
 
En 1995 Hubble avait déjà pris une photo (sous un angle plus large) d'une nébuleuse similaire (l'Aigle M 16), photo mythique qui avait été appelée "Les piliers de la Création".
 
Ce que l'on voit aujourd'hui est le sommet d'un de ces piliers (haut de 3 années lumière) de Carina, qui est en train de se faire absorber par la lumière d'étoiles proches très brillantes.
 
Mais ce pilier se fait aussi attaquer de l'intérieur par le rayonnement UV de jeunes étoiles naissantes qui émettent des jets de gaz qui percent ces nuages et dont on voit la trace comme des flèches transperçant cette matière.
Cela sculpte des formes bizarres dans ce nuage de gaz et de poussières, dont on voit certains détails sur la photo de droite.
 
On remarque particulièrement dans le haut de la grande image (ou en bas à gauche de l'image détaillée) un puissant jet horizontal qui fait 0,6 année lumière de long créé par une jeune étoile située au sommet de ce nuage.
 
J'ai détaillé cette partie d'image ci contre pour mieux comprendre le phénomène.
 
 
Cette étoile elle-même créant une onde de choc visible sur une photo avec plus de résolution.
 
Émouvant; on assiste à la formation d'un système solaire!!!
 
 
 
 
 
 
 
 
POUR ALLER PLUS LOIN :
 
 
Page de la NASA sur cet événement avec Vidéo.
 
La vidéo de Hubble pour les 20 ans , durée 11 minutes, choix du format. À télécharger absolument.
 
Les 20 ans de Hubble à la Cité de l'Espace.
 
 
 
 
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LES MATHÉMATIQUES DE L'ASTRONOMIE PAR B LELARD (17/05/2010)
 
Voici une nouvelle rubrique dans vos Astronews, suite à une demande forte, notre ami Bernard Lelard, Président de l'Association d'astronomie VEGA de Plaisir (Yvelines) se propose de nous faire découvrir la genèse des mathématiques qui ont été utiles à l'Astronomie dans cette rubrique qui comportera de nombreuses parties.
Les parties précédentes :
 
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 1 Géométrisation de l'Espace . (28/02/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 2 La Mésopotamie . (13/03/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 3 Thalès . (27/03/2008) 
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 4 Anaximandre et Pythagore . (19/04/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 5 Platon (1) . (10/05/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 6 Platon (2) p. (19/06/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 7 Aristote et Pythéas . (03/07/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 8 Alexandre le Grand . (09/09/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 9 Alexandrie et Aristarque . (06/11/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 10 Euclide et les géométries . (19/12/2008)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 11 Archimède et son palimpseste . (11/01/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 12 L'idée géniale d'Ératosthène  (30/01/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 13 Coniques et orbites d'Apollonius  (22/02/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 14  360° et les étoiles d’Hipparque . (27/03/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 15 Nicomède, Poseidonios, et les derniers grands . (27/04/2009) 
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 16 Les écoles, les Chinois etc . (15/05/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 17 Indous, Mayas et autres . (15/05/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 18 Les Romains, Ptolémée et Galilée . (15/05/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 19 D'Hypatie aux maths arabes . (06/08/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 20 Les maths des étoiles à Bagdad . (22/09/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 21  Les sages d’al-ma’mun et le Ptolémée des arabes (27/10/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 22 La petit nuage d'Al Sufi et la règle de trois. (04/12/2009)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 23 les zij des astronomes musiciens par B Lelard. (04/02/2010)
o           Les Mathématiques de l'Astronomie : Partie 24  Aristote au Mont Saint Michel par B Lelard. (02/04/2010)
 
 
 
PARTIE 25 : UNIVERSITÉS : DE LA SORBONNE À OXFORD.
 
La traduction des manuscrits issus de l’Antiquité et sa conséquence, l’éveil des sciences en Occident, se manifestaient dans les villes d’Occident par l’ouverture de lieux d’enseignement.
Ainsi à Paris les « escholiers », qui aujourd’hui se nomment  eux mêmes « étudiants » dès le CM2 venaient écouter les premiers maîtres en un endroit qui deviendra la place Maubert et la rue du Fouarre qui existait déjà sous ce nom. « Fouarre » venait d’un mot en vieux français qui veut dire « fourrage ».
En effet les escholiers s’asseyaient sur des bottes de pailles en plein air, qu’il vente ou qu’il pleuve, pour écouter le maître juché sur une caisse en bois. Bien plus tard, en ces mêmes lieux, les syndicats  d’étudiants viendront organiser des manifestations pour obtenir « toujours plus de moyens ».
Cet endroit mythique, tout proche de la Salle de la Mutualité, temple de la contestation, était un carrefour important. Il était le début de la voie romaine qui reliait Paris à Rome, véritable autoroute pédestre depuis la colonisation de la Gaule par les Romains.
Avant le grand départ les voyageurs se regroupaient en un lieu qui s’appellera pour cela plus tard « place d’Italie ».
 
Ainsi la dénomination « Quartier Latin » rappelle que l’endroit est celui des Romains et des gens en partance pour Lyon puis Rome.
Les Gaulois habitaient au début l’île de la Cité que les colonisateurs appelait « Civitas Parisiorum », la ville des Parisii ou Lutèce la Basse ( comme les down town américaines), les Romains habitant la ville haute sur les berges de la Seine.
A l’origine les « kwarisii », le peuple celte des carrières (le »k » celte devint « p » gaulois s’établirent à Nanterre dans la boucle de Gennevilliers (découverte de 2003 sur le chantier de l’A86) et se replièrent à l’île de la Cité après la défaite des Gaulois de Camulogène face aux légions de Labiénus dans la plaine de Garanella (Grenelle) et du « Champ de Mars » ainsi nommé à l’endroit où sont encore ensevelis nos ancêtres valeureux combattants.
 
La place Maubert était aussi le point de départ d’un autre chemin vers Saint Jacques de Compostelle, il fut donc érigé une petite église, Saint Julien le Pauvre, qui sera le siège du recteur ecclésiastique  des  écoles naissantes.
Le nom de la place « Maubert » vient du maître Magister Maubus, diminutif de Albert von Bollstät, dominicain allemand qui enseignait au couvent des dominicains sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle (rue Saint Jacques donc).
 
 
 
Au XII ième siècle les connaissances nouvelles et l’enseignement sont sous le contrôle dogmatique de l’Église.
La théologie, les sciences, la rhétorique et la dialectique sont enseigné dans les couvents.
 
Les cours doivent être soumis à l’école épiscopale située à l’île de la Cité depuis que le représentant de Rome y siège.
 
 
 
Les enseignements ayant lieu  rive gauche, lieux tournés vers Rome (d’où le nom de « Quartier Latin »).
Évidemment de doux dissidents se manifestent, des leaders étudiants exhortent déjà les foules.
 
Chaque escholier peut choisir les bouts d’enseignement qu’il préfère ainsi que des maîtres complaisants.
Devant ce bazar, en 1200, le roi Philippe Auguste décide d’y mettre bon ordre et va régulariser l’enseignement et l’organisation des écoles improvisées par des lettres patentes.
 
Désormais ces écoles patentées s’appelleront : « Universitas parisiensis magistrorum et scolarum ».
Le mot universel « Université » est prononcé pour la première fois.
Le mot latin « Universitas » voulait dire à l’époque selon sa signification originelle romaine « société ou compagnie ».
 
Ainsi par les lettres patentes l’enseignement s’affranchit de la tutelle ecclésiastique. N’importe qui s’intitule « maître ». Les nouveaux maîtres ouvrent des cours libres sur la colline Sainte Geneviève, des écoles libres et autonomes ouvrent par dizaines et les étudiants affluent vers Paris de toute l’Europe.
Quarante deux mille étudiants de 15 à 50 ans investissent 75 collèges. « Collège » venait du latin « co », lui même venant de « cum » (avec, ensemble) et de « legare » voulant dire « légiférer puis enseigner », le maître devint le « Primus inter pares », le premier d’entre ses pairs traduit par prévôt puis professeur principal, puis principal terme existant toujours à l’inverse de « proviseur » qui voulait dire  « superviseur », puis « supérieur ».
Les collèges, étant autonomes, pouvaient fusionner entre eux selon les opportunités (le collège des Irlandais absorbe le collège des Lombards, celui du Danemark se vend au couvent des Carmes). De riches particuliers et des couvents ouvrent des foyers pour accueillir des étudiants.
 
Paris devient au XII ième siècle la capitale intellectuelle de l’Europe car un tel phénomène n’existe pas ailleurs. Ces foyers d’étudiants et ces collèges étaient des maisons avec écoles et literies à l’étage et dames de moyenne vertu au rez de chaussée car les mœurs n’avaient pas attendus la marée de mai 1968. En 1229 a lieu la première manifestation d’étudiants.
Le lundi gras de cette année le Facebook de l’époque avait organisé un apéro géant au faubourg Saint Marcel. Le pouvoir d’achat des étudiants ne supportait déjà plus l’augmentation du prix du vin : il s’ensuivit une bagarre généralisée, matée par des Parisiens appelés en renfort par les taverniers. Le lendemain les étudiants revinrent sur les lieux, avec des casseurs qui commençaient déjà à les suivre, saccagèrent le faubourg et tabassèrent les passants.
 
Le royaume de France était sous la Régence de Blanche de Castille, mère de Louis IX (futur Saint Louis). La Régente n’apprécia pas du tout la gent estudiantine et ordonna aux « Gens d’Armes », sergents et archers de châtier les escholiers de l’Université. Les soldats de la Régente, blessent, tuent, détroussent les étudiants.
 
La nouvelle Université s’estime attaquée et privée de son autonomie. Les étudiants, poussés par les maîtres (déjà), cessent le travail et invente la grève dont le nom apparaîtra 6 siècles plus tard réglementée par un empereur !
 
 
 
Les autorités de la Régente tiennent bon, les étudiants aussi. Sans dialogue les étudiants et les maîtres quittent Paris et vont à Angers, Orléans, Toulouse, Poitiers et Oxford. Les collèges de Paris sont vides d’étudiants. Le dialogue sera bloqué pendant deux ans.
 
Henri III, roi d’Angleterre, est tout heureux de créer à Oxford des collèges à l’exemple de Paris avec des maîtres et des étudiants parisiens immigrés. Georges Séguy disait en mai 1968 qu’il fallait savoir arrêter une grève.
Les deux parties ne veulent rien céder. Le pape Grégoire IX sert donc de médiateur et obtient de Blanche de Castille des concessions : indemnisations des étudiants victimes des archers, renouvellement des privilèges de l’université, engagement des loueurs de chambres à pratiquer des prix raisonnables. Les revendications étant satisfaites, les étudiants et les maîtres regagnent Paris. Les diplômes obtenus ailleurs seront validés.
 
 
Sous le règne de Saint Louis l’Université se développe au point que le siège de Saint Julien est inadapté et déménage dans un collège fondé en 1257 par le confesseur du Roi, Robert de Sorbon.
 
 
Celui ci, grand pédagogue et indépendant des idéologies, va créer un établissement qui deviendra vite l’Université de Paris que l’on nommera la Sorbonne.
 
 
 
 
 
 
Robert Grosseteste fut un de ces étudiants étrangers venus étudier à Paris. Il était né en 1175 en Angleterre. En 1230 il commence son enseignement à Oxford. Passionné de grec et de sciences il traduisit des manuscrits, corrigea les thèses de Ptolémée, réduisit ses 55 sphères en 46, approuva la rotondité de la Terre et affirma que les autres planètes devaient être rondes.
 
 
Pour Grosseteste la science commençait par l’expérience faite par l’homme des phénomènes observés. Le but de la science est de découvrir les raisons de l’expérience et d’en trouver les causes. Grosseteste présente dans son manuscrit
 
De lumen, la lumière (lux) comme à l'origine de toutes choses : chaleur, matière et lumière. S'appuyant sur les traités d'optique d’Ibn al-Haytham, il étudie les rayons directs, les rayons réfléchis, les rayons déviés.
 
 
Il s'intéresse à la formation de l'arc-en-ciel (De iride) et travaille sur les lentilles et les miroirs.
Il découvre ainsi que les lentilles, non seulement ont la propriété de pouvoir mettre le feu, mais aussi peuvent servir plus simplement de loupe. Il étudie la réfraction de la lumière à travers un récipient sphérique rempli d'eau (De natura locorum). Il est à l'origine d'une règle (imparfaite) sur la notion de réfraction : "l'angle de réfraction est égal à la moitié de l'angle d'incidence".
 
 
 
 
Conscient que la mathématique est l'outil privilégié des autres sciences, il s'intéresse principalement à la géométrie (De lineis, angulis et figuris) et à l'astronomie (theorica planetarum, De accessione et recessione maris).
 
Il développe que le monde physique peut se décrire par  la géométrie. Il développe une notion de l'infini et pense que certains infinis sont plus grands que d'autres. Il a le premier l’idée que  l'infini est une quantité mesurable. Il faudra attendre Cantor pour avoir le premier exemple d'un infini plus grand qu'un autre.
 
 
Grosseteste deviendra évêque de Lincoln en 1235 et entra en conflit tantôt avec le Roi tantôt avec le Pape et même avec ses fidèles qui n’acceptaient ses réformes.
 
 
 
 
 
Un des élèves de Grosseteste à Oxford puis à Paris en optique et en mathématiques, Roger Bacon (1214, 1294), fut la plus grande figure scientifique du Moyen Age et le précurseur de la Renaissance. Surnommé « doctor mirabilis », le docteur admirable, Bacon fut philosophe, mathématicien, astronome, alchimiste et franciscain. A ce titre, en conflit idéologique avec son ordre,  il dut affronter de nombreuses épreuves allant jusqu’à l’exil et l’emprisonnement.
Il est considéré comme le père de la méthode scientifique : « aucun discours ne peut donner la certitude, tout repose sur l’expérience », nullus sermo in his potest certificare, totum enim dependet ab experientia.
 
Il serait trop long d’évoquer l’ensemble de son œuvre. Concernant l’astronomie et l’optique il est très probable qu’il inventa les lunettes correctrices et le télescope avant Newton. Se référant aux observations d’Euclide, de Ptolémée et d’Al-Haytham il affirma que les lentilles pouvaient servir non plus seulement à brûler mais à agrandir et à aider les vues faibles. S’inspirant d’un manuscrit sur l’œil d’Al-Haytham, Bacon affirme que l’œil est un système de formation d’images et il en déduit un classement des surfaces des lentilles concaves et convexes.
 
 
En 1267, il termine son « Opus Majus », (Grand Œuvre », par des constatations bien utiles au futur de l’astronomie :
« Nous pouvons façonner des corps transparents et les disposer de telle sorte que, par rapport à notre vue et aux objets de la vision, les rayons soient infléchis de la façon que nous désirons et selon l’angle que nous souhaitons ; ainsi nous pouvons voir un objet proche ou lointain. Ainsi, d’une distance incroyable, nous pouvons lire les plus petites lettres.
 
Ainsi nous pouvons également faire que le Soleil, la Lune et les étoiles descendent en apparence ici bas. ».
 
Il faudra attendre 1589 pour que Giambattista della Porta reprenne les mêmes remarques et construise la première lunette que Galilée perfectionnera 20 plus tard.
 
 
 
 
 
Leonardo Fibonacci (1175, 1250) est un mathématicien pisan. Son éducation fut faite en partie au Maghreb à Béjaïa (Bougie) où son père, Guilielmo Bonacci représentait les marchands toscans auprès des douanes arabes. A cette époque Béjaïa était un grand centre intellectuel où enseignaient de nombreux savants arabes : Sidi Boumedienne, Ibn Hamad, Abd al-Haqq, al-Ishbili, Abu Hamid al-Saghir. Fibonacci, fils de Bonacci, voyagea pour le compte de son père en Egypte, en Syrie, en Sicile, en Provence.
Il revint à Pise en 1241 en rapportant les chiffres dits arabes et une notation algébrique (différente de celle de Viète que nous appliquons) qui ressemblait à la notation des positions du jeu d’échecs.
 
 
 
En 1202 Fibonnaci publie le « liber abaci », le livre des calculs véritable traité de calculs et de comptabilité basé sur le calcul décimal à une époque où l’Occident utilisait les chiffres romains et calculait sur abaque. Influencé par ses séjours au Maghreb, son livre est rédigé de droite à gauche. Cependant il introduit la notation indo-arabe en Europe mal accueillie  par le public alors que les commerçants l’adoptèrent immédiatement. Florence interdit aux banquiers d’utiliser les chiffres dits arabes jugeant que le chiffre « 0 » apportait la confusion au point qu’on le nomma « cifra », dérivation du mot arabe du zéro : « al sifr = vide ». Ce sera par l’usage des nombres dans la tradition cabalistique que le  mot chiffre deviendra code secret.
 
 
 
 
Dans livre Fibonacci pose un problème récréatif :
« Un homme met un couple de lapins dans un lieu isolé de tous les côtés par un mur. Combien de couples obtient-on en un an si chaque couple engendre tous les mois un nouveau couple à compter du troisième mois de son existence ? »
problème qui deviendra la fameuse suite de Fibonacci :
un+2 = un + un+1
Képler démontrera que le quotient un+1/ un tend vers le nombre d’or : 1,618
 
En 1220 Fibonacci publie « Practica Geometriae » où il avance des solutions algébriques à des problèmes géométriques bien avant Descartes en introduisant également des notions de trigonométrie. En 1225 Frédéric II s’arrêta à Pise pour arbitrer un défi mathématique lancé par Jean de Palerme que le pisan remporta facilement en utilisant ses nouvelles notations.
Influencé par son éducation arabe, Fibonacci  désigne l’inconnue par le terme latin « res », la chose, parce que les Arabes utilisaient le terme « chi » que les traducteurs espagnols traduisirent pat « qchi » devant « X » lors du passage à la notation syncopée.
 
 
Bernard LELARD
Prochaine livraison : « les pré coperniciens vers la Renaissance »
Des versions imprimables peuvent m’être demandées à :
bernard.lelard@gmail.com
 
 
 
 
 
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LES ROVERS MARTIENS :.OPPORTUNITY SORTANT DE VICTORIA, LE FILM! (17/05/2010)
(Photos NASA/JPL)
 
Depuis deux ans maintenant, le robot Opportunity est sorti du cratère Victoria et lui est assigné une nouvelle mission : le cratère Endeavour beaucoup plus grand (25km de diamètre) et situé beaucoup plus loin (une douzaine de km, mais en fait 19km de chemin à parcourir).
 
Mais c'est seulement maintenant que la NASA diffuse ce petit film gif de la sortie du robot de Victoria.
 
Sa sortie (comme son entrée) s'est faite par l'endroit baptisé Duck Bay; ces photos ont été mises bout à bout correspondant aux dates des 24; 26 et 28 Août 2008.
 
La roche visible à gauche de l'écran est "Cape Verde".
 
On remarque les traces des roues quand Opportunity arrive sur un sol plus meuble.
 
 
 
 
 
 
 
 
Fin Avril 2010, Opportunity a pris une photo de sa cible, le cratère Endeavour.
 
On distingue parfaitement à l'horizon, les bords de ce cratère sur cette photo. La photo ci-contre n'est pas en couleurs "réelles", elle a été "humanisée" par moi, par contre si vous cliquez dessus vous verrez ce que voit le robot en couleur vraie.
Endeavour fait 21 km de diamètre, c'est le cratère situé à gauche de l'image, sur la droite à l'horizon on distingue les bords d'un cratère plus lointain.
Encore une douzaine de km à parcourir!
 
 
 
Mars Daily nous montre les deux cratères lointains vus d'orbite.
 
Pour voir de nouvelles vues du cratère Endeavour.
 
A learning opportunity article de Astrobiology Magazine sur le robot.
 
 
 
Les meilleures photos sont classées dans le planetary photojournal que vous pouvez retrouver à tout instant:
http://photojournal.jpl.nasa.gov/targetFamily/Mars
 
Où sont les rovers maintenant, cette page de la NASA vous donne la carte précise des chemins et emplacements.
 
Les images en couleur par des amateurs: http://www.lyle.org/~markoff/
Comprendre les couleurs : http://www.highmars.org/niac/education/mer/mer00b.html
 
 
 
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PHOTOS D'AMATEUR :.SYLVAIN, ALEXANDRE ET M101. (17/05/2010)
 
 
 
Non, ce n'est pas une photo de M101 prise par Hubble, elle a été prise par Sylvain Greffier et Alexandre Cucculelli de l'association d'Astronomie VEGA de Plaisir.
 
Cette photo a été prise avec un télescope piloté à distance, ici, avec Rent-a-sky.
Ce télescope est situé dans une zone bien sombre du centre de la France, le Périgord noir.
 
Voici les caractéristiques de cette superbe photo.
Date : 18 avril, de minuit à 1h
Instrument : RCOS 16" (diamètre 406mm/ focale 3440mm) avec filtre
Astrodon Halpha
Imageur : Caméra CCD SBIG STL 11000
 
Exposition : 3 poses unitaires de 15 min avec dithering, Le dithering ou tramage en français est un ensemble de techniques algorithmiques qui permettent de compenser le manque d'informations de gris ou de couleurs dans une image. En astrophotographie on décale la caméra de quelques pixels entre chaque pose et le logiciel de traitement effectue une opération de dithering au moment d'additionner les images brutes. Le but est d'éviter que la trame de la caméra apparaisse dans l'image finale.  
Monture : Paramount ME
 
 
 
 
 
Prétraitements : 1 master dark, 1 master flat, 1 master offset (non utilisable)
Traitements : CCDStack 1.6, nettoyage avec CCDSoft 5 et MaxImDL 5,
niveaux et courbes Photoshop CS4
Conditions : Bonnes, quelques cirrus
Auteurs : Sylvain Greffier et Alexandre Cucculelli
Lieu : Périgord Noir
 
Je vous recommande de cliquer sur la photo pour voir tous les détails.
Pour comparaison voici celle de Hubble, on n'en voit pas beaucoup plus!
 
 
 
Bravo les enfants, on attend la suite….
 
 
 
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J'AI LU POUR VOUS PAR P. GÉRARDIN : VOYAGES DANS LE FUTUR DE N PRANTZOS. (17/05/2010)
 
 
 
Pour notre neuvième rendez-vous et si vous n’avez pas oublié votre réservation de billets, je vous invite pour un long et passionnant voyage dans le futur. Nous allons vivre ensemble une extraordinaire aventure cosmique grâce à Nicolas Prantzos et son livre "Voyages dans le futur. L’aventure cosmique de l’humanité" aux éditions Le Pommier.
La première édition de cet ouvrage date de 1998 où   l’auteur fut récompensé par le prix Jean Rostand.
 
Nicolas Prantzos, directeur de recherche au CNRS –Institut d’astrophysique de Paris, est spécialiste d’astrophysique nucléaire. Il est l’auteur avec Thierry Montmerle de Soleils éclatés : les supernovae, avec le même collaborateur de Naissance, vie et mort des étoiles puis de Sommes-nous seuls dans l’Univers ? ouvrage collectif avec Jean Heidmann, Alfred Vidal-Madjar et Hubert Reeves (relaté lors de notre sixième rendez-vous)
"Voyages dans le futur. L’aventure cosmique de l’humanité" est préfacé par Hubert Reeves.
Ce dernier nous rappelle les progrès réalisés ces quarante dernières années en matière d’exploration spatiale. Il se tourne vers l’avenir avec confiance en se posant bon nombre de questions.
 
 
 
La préface à la nouvelle édition se résume en la phrase du père de l’astronautique américaine Robert Goddard, "le rêve d’hier est l’espoir d’aujourd’hui et la réalité de demain".
 
Aussi loin que les connaissances de notre passé d’humain nous portent, notre civilisation a été avant tout exploratrice. Et c’est notre destinée. Le russe Konstantin Tsiolkovski affirme que le destin de notre race se trouve dans les étoiles : "Notre planète est le berceau de l’humanité, mais on ne reste pas au berceau toute sa vie".
 
Après la Lune, il nous faut coloniser notre Système Solaire, espace le plus proche. Le premier chapitre de cet ouvrage s’y consacrera. Puis dans le deuxième chapitre nous partirons pour des voyages interstellaires à la conquête de la Voie Lactée. Mais que sera le futur de l’homme dans le Système Solaire face aux catastrophes cosmiques et à la mort de notre étoile. Nous le découvrirons dans le troisième chapitre. Enfin, dans une vision beaucoup plus large, le quatrième chapitre nous révélera le futur à très long terme de notre Univers en évolution. 
 
Promenons-nous donc dans cette pièce en quatre actes grâce au talent de Nicolas Prantzos.
 
***
Le premier acte se joue dans le futur, mais celui-ci est proche, il évolue dans notre Système Solaire. Très tôt (l’an 167 de notre ère avec Lucien de Somosate) l’homme rêve d’aller sur la Lune. Arioste, Kepler, Cyrano de Bergerac expédient leur héros sur l’astre sélène. De Voltaire à Francis Bacon, les utopistes imaginent des sociétés idéales. Edgar A. Poe, Jules Verne, Herbert G. Wells et Georges Méliès nous conduisent ainsi à l’aube du XXe siècle. La fusée du russe Tsiolkovski et de bien d’autres scientifiques ouvrent la voie aux légendaires Wernher von Braun (fusée V2 pour "Arme de vengeance 2") et Sergueï Korolev (premier satellite artificiel de la Terre, spoutnik, en russe)
 
Enfin, le programme Apollo conduit les pas de l’homme sur la Lune et nos rêves se réalisent.
Edwin B. Aldrin a dit de la Lune : "Quelle désolation magnifique !"
En effet, l’astre est criblé de cratères de toutes tailles, n’a pas d’atmosphère (le ciel est noir même en plein soleil) et est bombardé de particules mortelles. Les nuits glaciales (-170°) alternent avec les jours caniculaires (+110°). Mais il offre des intérêts certains. Fossile grandeur nature, notre satellite s’est solidifié il y a 3 milliards d’années. Son étude permet de retracer l’histoire de notre Système Solaire.
Il pourrait devenir un observatoire astronomique idéal bien plus performant que le télescope Hubble grâce à son absence d’atmosphère donc à son ciel toujours noir, sa lente rotation pour des poses beaucoup plus longues, sa faible gravité, la possibilité d’y construire d’immenses télescopes à  infrarouge, par exemple, de radiotélescopes sur sa face cachée.
L’obstacle majeur serait le coût d’installation de ces appareils.
 
Dès la fin de la "guerre froide", les USA pensaient installer une base lunaire d’une trentaine de personnes en 2010 pour un coût équivalent au programme Apollo (100 milliards de dollars). Il n’en est rien et même le projet de la société américaine Général Dynamics dix fois plus allégé n’intéresse pas la NASA.
Les agences spatiales européenne (ESA) et japonaise (JAXA) y travaillent, mais sur le long terme et en privilégiant les sondes automatiques et l’utilisation de certains matériaux lunaires. L’installation d’une base lunaire utilisant la glace d’eau présente dans certains cratères, le silicium pour la fabrication de panneaux solaires, l’oxygène extrait du régolithe, poussière de notre satellite, peut être envisagée mais serait d’un coût extrêmement élevé.
C’est le cas de la récupération de l’énergie solaire qui à l’aide de centrales placées en orbite terrestre ou sur la Lune coûterait le prix de 10 programmes Apollo ! Et pourtant la consommation énergétique des terriens devrait doubler avant la fin du XXIe siècle. Ceci augmente l’intérêt industriel de la Lune riche en hélium 3 (3He), isotope léger, inexistant sur Terre. Cette ressource alimenterait nos centrales de fusion thermonucléaire.
 
Plus près de nous, l’espace circumterrestre devient une zone d’activités économiques non négligeable avec les expériences tentées dans la Station spatiale internationale, l’exploitation des satellites et le tourisme spatial qui ne manquera pas de se développer grâce entre autres aux Japonais.
Mais le physicien américain Gérald O’Neill, dès les années 1970, étudia l’idée d’habiter l’espace dans d’immenses colonies pouvant abriter jusqu’à un million de personnes. A l’époque, il envisageait, dès le début du XXIe siècle, à plusieurs dizaines de milliers les habitants d’immenses cylindres reproduisant les conditions de vie terrestre et qui atteindraient à plus long terme plusieurs milliards. Les matériaux utilisés pourraient l’être à partir d’astéroïdes capturés. Les chondrites carbonées contiennent des quantités importantes de carbone, d’eau, d’hydrogène et d’azote. Les astéroïdes ferreux sont constitués de nickel, de chrome, de manganèse, de zinc et de cobalt mais aussi de platine et d’or. On peut aisément imaginer les ressources disponibles et leurs valeurs commerciales. Les techniques de capture sont déjà connues.
La construction d’un câble relié à un satellite géostationnaire permettrait d’établir un système de transport entre la Terre et l’espace. Sur ce câble construit en fibres de carbone circuleraient les cabines, chargées de matériaux, alimentées par l’énergie électrique de panneaux solaires.
 
Après la Lune, nos rêves nous transportent sur Mars. La planète rouge, de cette couleur que lui donne le régolithe composé essentiellement d’oxydes de fer, fascine l’humanité depuis le XIXe siècle. On a cru longtemps cet astre habité, mais bien avant l’envoi des sondes Viking nous ne sommes même pas certains d’une forme de vie sous sa surface.
 
Mars possède des caractéristiques exceptionnelles dans le Système Solaire comme un plateau aussi grand que l’Afrique, des immenses volcans éteints, un canyon de 4 000 km de long et le plus grand cratère (2 000 km de diamètre).
Mars offre des conditions physiques relativement semblables à celles de notre planète et dès 1952, l’ingénieur allemand Wernher von Braun publiait un projet de conquête ambitieux mais très coûteux pour l’époque. En effet, la durée totale de la mission pourrait durer 3 années et nécessiterait beaucoup d’énergie. D’ailleurs, un départ de la Lune serait moins gourmand. L’environnement hostile et la distance augmentent encore les dangers pour l’équipage.
L’ingénieur spatial américain Robert Zubrin est le père du projet de colonisation de la planète rouge baptisé Mars Direct. Basé sur l’utilisation des ressources martiennes, il prévoit le lancement des missions directement de la Terre. Des missions automatiques déposeraient les matériels nécessaires sur Mars avant l’arrivée de l’équipage. Pour une durée de 30 mois, le coût s’élevait de 30 à 50 milliards de dollars (la moitié du programme Apollo).
L’exploration pour les 4 astronautes se ferait sur 500 jours à l’aide de véhicules. Dès la fin du XXIe siècle, cette colonisation répondrait au développement du triangle économique Terre – astéroïdes – Mars grâce à plusieurs dizaines de milliers de personnes.
La nécessité de transformer Mars en Terre, le terra-formage, s’impose. Ce projet devait être appliqué à Vénus mais vite abandonné au profit de Mars. Il consisterait à augmenter l’effet de serre à l’aide d’usines produisant du gaz carbonique et du CFC afin de déclencher des effets de type "boule de neige". Grâce à des bactéries et l’installation d’un gigantesque panneau solaire en orbite, on enclencherait la fonte du sol gelé et la libération de l’eau liquide en vastes océans. Il faudrait au mieux un bon millénaire pour que Mars perde sa couleur initiale au profit du bleu et du vert.
 
Des études très sérieuses démontrent la possibilité du terra-formage de Mars à l’inverse de celui de Vénus et de Titan, en tout cas aujourd’hui. Mais ce qui fascine les esprits est la perspective de créer de nouveaux mondes, démocratiques, plus libres et plus humains en développant de nombreuses innovations technologiques. Cela permettrait également de sauvegarder notre intelligence d’une catastrophe cosmique sur notre planète tout en considérant quand même le problème de nature éthique posé par ce vaste projet.
 
Quant au reste du Système Solaire, il est intéressant pour son énergie et ses matières : Mercure pour son énergie solaire, les géantes gazeuses pour leur hélium 3, tous les astéroïdes, Europe et Ganymède pour l’eau, enfin les dizaines de milliards d’objets de la ceinture de Kuiper et du nuage de Oort. En effet, notre petite étoile exerce son attraction jusqu’à presque 100 000 unités astronomiques !  
 
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Voilà donc ce que nous réservent nos futurs proches.
Il est temps maintenant de prendre la route des étoiles et d’envisager nos voyages interstellaires, en sachant néanmoins que le chemin sera long. Nous ne l’emprunterons pas avant plusieurs siècles. Car l’Univers est vaste. L’étoile la plus proche, Proxima Centauri, est à 4,3 années-lumière. Dans un rayon de 12 années-lumière, on compte 26 étoiles (dont plusieurs systèmes double ou triple). Aucun objet matériel ne peut voyager à plus de 300 000 km/seconde. Face à ces constatations et à notre isolement cosmique, on a du mal à envisager sérieusement des voyages dans cet océan intersidéral.
 
Nos fusées actuelles fonctionnent avec un mélange d’hydrogène et d’oxygène liquides pour une vitesse d’éjection de 4,5 km/seconde. Même si on espère de nouveaux combustibles chimiques, la vitesse ne dépassera jamais 20 km/seconde. Ces véhicules ne nous mèneront pas aux étoiles. La propulsion ionique, déjà opérationnelle, permet d’atteindre 100km/seconde en vitesse d’éjection avec des possibilités jusqu’à 1 000km/seconde. Les moteurs à fission nucléaire sont encore moins efficaces mais la combinaison avec un moteur à propulsion ionique semble assez prometteuse. Cependant, il faudrait pas moins de 50 millions de tonnes d’uranium pour atteindre Proxima Centauri !
Reste la fusion nucléaire, mais elle est encore loin d’être maîtrisée.
Et pourtant, le projet Orion, dès 1958, prévoyait l’utilisation d’explosifs nucléaires. Avec une explosion toutes les trois secondes, le vaisseau atteindrait une vitesse de 10 000km/seconde mais mettrait plus de 100 ans pour arriver près de Proxima Centauri en exigeant une production d’énergie qui dépasse les possibilités actuelles. On ne peut envisager ce type de voyage avec un équipage que dans deux ou trois siècles…
 
Le projet Daedalus de la Société interplanétaire britannique, en 1973, utilisait la fusion thermonucléaire en micro-explosions induites par le confinement inertiel à l’intérieur du vaisseau inhabité. Il serait propulsé par l’énergie de fusion des isotopes légers deutérium et hélium-3. L’hélium-3 n’existant pas sur Terre, le projet suggérait de l’extraire dans l’atmosphère de Jupiter. L’assemblage du vaisseau et son approvisionnement se ferait dans l’orbite de Callisto.
L’étoile de Barnard (naine rouge) a été choisie pour cible à atteindre en un demi-siècle pour l’explorer et transmettre des informations aux scientifiques. Informations qui mettraient six années avant de nous parvenir !
Hormis l’extraction de l’hélium-3 dans l’atmosphère jovienne, le reste est envisageable au XXIe siècle
 
L’exploitation de l’antimatière est beaucoup plus prometteuse dans un avenir assez lointain. Il consiste en l’annihilation matière – antimatière. L’annihilation du proton et de l’antiproton produit des photons mais aussi des particules instables, les pions. Une fusée "pionique" reste réalisable, du moins en théorie. Car aucune trace d’antimatière n’a été trouvée de nos jours. Elle est produite en laboratoire par la matérialisation de l’énergie, processus inverse de l’annihilation. Le rendement est tellement faible que pour un seul milligramme, cela dépasserait la puissance économique et énergétique de notre planète. Des projets combinant la fission, la fusion et l’utilisation de l’antimatière sont à l’étude.
 
Dans les années 1920, les soviétiques Konstantin Tsiolkovski et Fridrikh Tsander expérimentèrent les voiles solaires utilisant la pression de la lumière sur une structure très légère et étendue. L’aluminium réfléchirait correctement cette lumière et permettrait des voyages limités au Système Solaire.
En effet, l’intensité de la lumière décroît avec le carré de la distance, donc ces voiliers ne peuvent pas être utilisés pour les voyages interstellaires. Mais le laser alimenté à l’énergie solaire peut propulser une voile d’un diamètre de 30 km pour une épaisseur de 16 nanomètres et un poids de 30 tonnes. A la vitesse de 60 000 km/seconde, le vaisseau parcourrait aller et retour la distance jusqu’aux plus proches étoiles en moins de 50 ans.
L’inconvénient majeur reste sa dépendance vis-à-vis de sa base de lancement. De plus, le niveau requis pour cette technologie ne serait pas atteint avant plusieurs siècles.
 
Un autre projet connu sous le nom de "ramjet" lancé en 1960 par Robert Bussard de Los Alamos associe l’utilisation de l’hydrogène contenu dans l’espace comme combustible et la théorie de la relativité einsteinienne. La dilatation du temps est d’autant plus importante que la vitesse du mobile est élevée. C’est le paradoxe des "jumeaux"déjà évoqué dans le livre de Hubert Reeves, Patience dans l’azur. Un vaisseau voyagerait dans tout l’Univers en 45 ans alors que des milliards d’années se seraient écoulés sur Terre.
Mais des difficultés techniques énormes se posent dans la réalisation de ce projet qui donnera du fil à retordre aux ingénieurs du futur. Plus la vitesse augmente, plus le champ de vision devant le vaisseau se rétrécit. De même, le bombardement des poussières du milieu interstellaire sur l’engin ferait l’effet d’une bombe d’une puissance jamais égalée. Et que dire d’un bouclier qui alourdirait beaucoup trop le poids du véhicule.
 
L’idéal reste donc le voyage dit "lent" faisant appel à des équipages endormis dont les corps sont congelés : la cryoconservation. Elle est parfaitement maîtrisée avec les spermatozoïdes et les ovules à –130° C. Pour un organisme entier, cela poserait des problèmes physiques et psychologiques ajoutés au fait que la mission reposerait complètement sur l’automatisme. Certains scientifiques envisagent l’augmentation de la durée de vie humaine mais elle est réservée aux biologistes des siècles futurs.
 
On peut imaginer également des vaisseaux mondes, comme les populations migrantes vers le continent américain à travers l’Atlantique, sans espoir de retour. La différence principale est qu’ils seraient habités par plusieurs générations pendant des siècles. Ces arches de l’espace en forme de cylindres de plusieurs dizaines de kilomètres et pesant des milliards de tonnes fonctionneraient par la fusion du deutérium. L’utilisation d’astéroïdes est possible. L’aspect technique ne pose guère de difficultés face aux aspects sociologique et éthique pour ces populations rassemblées pendant des siècles dans un espace confiné. Les auteurs de science-fiction abordent toujours ces problèmes dans leurs romans.
Ces vaisseaux deviendront les nomades des espaces interstellaires. Générations après générations, ils "oublieront" leur Terre mère pour coloniser pendant des milliers de siècles la Voie Lactée tout entière.
 
Trois types de civilisations pourraient émerger :
·        Celle colonisant des planètes semblables à la Terre,
·        L’autre colonisant les astéroïdes et les comètes,
·        Enfin, la dernière voyageant à jamais dans des vaisseaux-mondes.
 
De même l’espèce humaine contrôle son environnement, on peut donc supposer son évolution sans modification majeure contrairement à la théorie de Charles Darwin.
Compte-tenu du taux de croissance des populations et de l’épuisement des ressources, la durée de colonisation de notre galaxie peut-être estimée à 100 millions d’années. Sauf si on envisage d’y envoyer uniquement des robots intelligents pour nous remplacer. Quelques millions d’années alors y suffiraient.
 
Lors de ces voyages, nous répondrons peut-être à cette question qui hante l’esprit des hommes depuis des siècles : Sommes-nous seuls dans l’Univers ?
En effet, la pluralité des mondes est un débat vieux d’au moins 25 siècles. Métrodore, disciple d’Épicure résume ce questionnement en une phrase : "Il est aussi absurde de concevoir un champ de blé avec une seule tige qu’un monde unique dans le vaste Univers".
 
Cependant, il est évident que l’Homme résulte d’une série d’événements uniques et imprévisibles. La probabilité que cette même série se produise ailleurs est infime et relève du hasard le plus pur. De plus, nos radiotélescopes à l’écoute du ciel ne captent rien et notre Terre ne garde pas la trace de visites extraterrestres (les OVNI ont-ils une origine extraterrestre ?)
Est-ce à dire que nous sommes seuls ? Pas du tout. D’autres intelligences peuvent nous observer sans prendre contact ou tout simplement ne s’intéresseraient pas aux voyages spatiaux. Certains pensent à leurs anéantissements précoces ou à leurs existences tellement lointaines dans la Galaxie que nous nous rencontrerons dans plusieurs siècles dans le meilleur des cas.
Nous devons nous préparer à assumer notre solitude cosmique…
 
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Le troisième acte nous ramène dans notre environnement cosmique familier, le Système Solaire. Le temps est encore très long avant d’atteindre les étoiles et de vastes projets sont possibles pour habiter
l’ensemble de notre système. Nous consommons une infime fraction de l’énergie solaire, ainsi la construction d’une immense sphère autour de notre étoile intercepterait la quasi-totalité de l’énergie rayonnée. Cette idée de Freeman Dyson dans les années 1960 consiste au démantèlement de Jupiter et de ses satellites sans conséquence sur l’équilibre gravitationnel du Système Solaire. L’accélération de la rotation de la géante gazeuse par la force électromagnétique en éjecterait les morceaux. Cette méthode est préférable à la fusion de l’hydrogène de la planète qui, si elle s’échauffe, risque de se volatiliser dans l’espace.
 
Bien d’autres projets nous font rêver, l’anneau-monde, développé par Larry Niven, autour du Soleil : irréalisable ; la "stellification" de Jupiter, sa transformation en étoile afin de créer un mini-système solaire habitable avec ses nombreux satellites : son fonctionnement est impossible, même sur le papier.
De même, les auteurs de science-fiction imaginent des mondes où les hommes s’installent dans une "croissance zéro" et un état de stagnation éternelle. D’autres histoires racontent des fins du monde provoquées à la suite de folies destructrices ou par des catastrophes naturelles.
Effectivement, certains astéroïdes croisant l’orbite terrestre et détectés trop tardivement, en cas de collision, signeraient la fin de notre civilisation. Ils sont classés en cinq niveaux et ceux de quatrième niveau, d’une dizaine de kilomètres de diamètre, provoqueraient des incendies à l’échelle de la planète, une baisse de température de 20° C (l’hiver nucléaire) puis un effet de serre pendant plusieurs milliers d’années. La probabilité d’un impact est faible mais non nulle.
Dès 1992, la NASA étudiait un projet nommé Spaceguard de repérage systématique de ces objets. Détecté très tôt, ils pourraient ainsi être déviés de leurs trajectoires.
Un autre cataclysme cosmique nous menace, c’est celui de l’explosion d’une étoile proche en supernova ou l’embrasement du noyau de notre Galaxie. Hormis dans les océans, toute vie sur Terre serait anéantie.
Mais la fin de notre monde la plus probable reste évidemment la mort de notre Soleil dans un peu plus de 5 milliards d’années. Il rayonnera alors trois fois plus qu’aujourd’hui, mais la mise en orbite autour de notre planète d’énormes panneaux protecteurs permettra un gain de 3 milliards d’années. Ainsi la Terre évitera une fournaise infernale. Cependant, la mort de notre astre du jour est inévitable. Son rayon atteindra l’orbite de la Terre actuelle. Cette dernière sera repoussée dans le Système Solaire alors que Mercure disparaîtra et Vénus entrera en ébullition. La surface de notre globe avoisinera les 2 000° C.
Notre Soleil deviendra une géante rouge, puis se refroidissant, son cadavre se transformera en naine blanche, astre mort pour l’éternité.
 
On peut raisonnablement envisager la sauvegarde de notre berceau en le faisant très progressivement quitter son orbite afin de l’amener au-delà de celui de Pluton. Les motifs sentimentaux de cette solution sont évidents.
 
Enfin, une dernière solution envisageable est celle de diminuer l’enveloppe du Soleil afin qu’il dépense moins d’énergie et vive ainsi plus longtemps. La mise en orbite d’une ceinture de puissants accélérateurs de particules autour de notre étoile vieillissante lui offrirait probablement de 10 à 20 milliards d’années supplémentaires et à condition de rapprocher progressivement notre Terre afin qu’elle reste dans la zone vie.
Il n’est pas impensable qu’au bout de quelques dizaines de milliers de siècles, notre civilisation ne parvienne à dompter le feu solaire. 
 
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Nous voilà déjà au quatrième acte de cette aventure cosmique de l’humanité. Nous embarquons dans un voyage aux confins du futur. Deux visions s’imposent, celle du temps cyclique où l’Univers a une fin et se régénère, celle du temps linéaire avec un début et une fin définitive.
Notre galaxie, la Voie Lactée est née voici environ 12 milliards d’années par une condensation du gaz primordial.
 
Trois classes d’étoiles la composent :
·        Les géantes brillent intensément mais vivent peu de temps,
·        Les masses moyennes comme notre Soleil brillent plusieurs milliards d’années, elles finissent en naines blanches,
·        Les petites, comme Proxima Centauri, survivent au-delà de 10 000 milliards d’années.
 
Lentement la couleur de notre Galaxie vieillissante virera vers le jaune-orange.
Entre-temps, Andromède fusionnera avec la Voie Lactée et la douzaine de galaxies de notre groupe local pour former un vaste système stellaire qui commencera son long crépuscule.
 
La mort thermique de l’Univers est-elle donc inéluctable ?
La réponse n’est pas évidente face aux lois de la thermodynamique.
On doit tenir compte de la notion d’entropie (du grec entropia, "tendance intrinsèque au changement"). Rien n’empêcherait ce changement d’augmenter jusqu’à l’infini et ainsi d’assurer une prolongation infinie de la vie.
Pour Pierre Teilhard de Chardin, il existe deux mondes, le physique et le spirituel. Ce dernier n’est pas soumis aux lois de la thermodynamique et complexifie la matière. La Noogenèse, période qui s’étend depuis l’apparition de l’Homme et pendant laquelle la pensée s’est progressivement constituée, dépassera le reflux de l’Entropie.
 
Depuis le milieu des années 1960, le principe du Big Bang s’est imposé pour expliquer la fuite des galaxies, le rayonnement thermique cosmologique et l’abondance d’hélium-4 exclusivement produit lors de cet événement.
Deux grandes périodes se distinguent :
L’ère radiative pendant les 300 000 premières années où l’Univers est une "soupe"de rayonnement de particules élémentaires et de noyaux légers.
L’ère matérielle qui occupe le reste de l’histoire de l’Univers où la gravitation permet la formation des premières galaxies, puis des étoiles, des planètes et l’avènement de la vie.
Le physicien russe Andreï Linde développe l’idée de l’"inflation chaotique" selon laquelle l’Univers serait fractionné en bulles indépendantes créant leur espace-temps.
 
Dans quel Univers vivons-nous ? Que dire de l’action omniprésente de la gravitation ?
L’intensité de la gravitation détermine le devenir de l’Univers. Il est ouvert et infini si la gravitation reste faible alors qu’il est fermé et fini si la gravitation devient importante. La fin de cet Univers se caractérise par un Big Grunch.
La majeure partie de la masse de l’Univers est constituée de matière sombre et invisible composée d’une substance inconnue de la physique d’aujourd’hui. L’énergie sombre est actuellement à l’origine de l’accélération de l’expansion de l’Univers.
 
Suivant la valeur de sa densité, un Univers fermé arrêtera son expansion atteignant une température extrêmement élevée, puis se désintégrera, englouti par les trous noirs, dans 40 000 milliards d’années au maximum. Puis renaissant de ses cendres tel le Phénix, l’Univers entamera-t-il alors un nouveau cycle d’expansion après un Big Bang renouvelé ?
Dans un Univers ouvert l’expansion accélérée éloignera les amas de galaxies les uns des autres.
 
Dans une centaine de milliards d’années, ils se trouveront au-delà de notre "horizon". Notre groupe local aura fusionné et l’activité stellaire cessé. Une galaxie typique sera constituée de cadavres stellaires, d’étoiles ratées et de matière froide. En se condensant, elle se transformera en trou noir hyper galactique. Les protons et les électrons, particules fondamentales créées aux tout premiers instants du Big Bang se désintégreront extrêmement lentement. Ils ne sont donc pas éternels.
Les trous noirs meurent aussi. Leurs températures deviendront supérieures au rayonnement cosmologique refroidi du futur et leurs vies s’achèveront par une évaporation complète.
 
Que deviendrons-nous dans cette fin du monde programmée ?
Une civilisation qui maîtrisera l’énergie de toute sa galaxie pourrait retarder l’évaporation des astres en s’approchant des trous noirs pour utiliser leur énergie. Elle "arrangerait" des rencontres stellaires qui obligeraient les étoiles à rester liées à leur système, car la crainte est l’expulsion de la galaxie hôte. Les ingénieurs du futur pourraient amener les trous noirs à fusionner, retardant d’autant leur évaporation.
Grâce à l’addition de tous ces efforts pour survivre, peut-on raisonnablement croire à l’éternité ?
Il est très difficile de trouver une réponse à cette éternelle question ! Si nous continuons à être faits de matière comme aujourd’hui, nous consommerons obligatoirement de l’énergie, toujours et encore plus. Une alternative est envisageable, celle de la transformation de l’humanité, donc de l’intelligence, en lumière occupant les immenses étendues de l’espace et du temps. Ces êtres "dématérialisés" auraient besoin d’un minimum d’énergie pour maintenir leur structure en ordre.
Nous abordons le domaine de la spiritualité. En effet, la vision de l’extinction du monde est déprimante. Tout le génie humain serait condamné à un enterrement sous les débris de l’Univers en ruine. Cette fin est proprement insupportable.
 
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Dans sa conclusion, Nicolas Prantzos précise que son ouvrage est une œuvre de fiction. Comme d’autres, il désirait produire, ni de la fiction pure, ni de l’histoire, mais un mythe. Celui de l’Homme surpuissant, capable de s’ériger en maître de la nature et de son destin et d’étendre son empire par-delà les immensités de l’espace et du temps.
Mais cette glorification du futur cosmique ne doit pas nous écarter des problèmes et des efforts à accomplir pour sauver notre Terre.
Les visions futuristes ont permis à l’homme de mieux comprendre sa place dans le monde, de se fixer des objectifs ambitieux et de se dépasser pour les atteindre.
 
 
***
 
Ainsi se termine l’ouvrage de Nicolas Prantzos.
Ce livre clair, admirablement bien documenté et construit m’a fait rêver durant les longues heures de lecture et d’écriture.
J’ai compris que l’Humanité commence à peine son Histoire. Nous vivons la période préhistorique de notre destinée. J’en ressens d’ailleurs quelque amertume.
Les progrès techniques que notre civilisation doit encore accomplir restent à venir et sont gigantesques. Que dire de l’évolution des mentalités, des dangers mortels de certaines croyances rétrogrades, des peurs ancestrales injustifiées. Osons pousser la porte vers l’inconnu et l’aventure !
Mais le temps joue pour nous. Des centaines de milliers de siècles, des centaines de millions de générations d’hommes et de femmes seront nécessaires pour explorer l’Univers, l’habiter et le transformer.
Il faut que la Terre parvienne à guérir de ses maux avant de répondre concrètement à l’appel des espaces cosmiques. 
Que nos vies sont microscopiques ! Devenons ou restons humbles tout de même devant tant d’immensité et de beauté. Nous ne sommes effectivement qu’un minuscule grain de sable.
 
"S’il s’avère que nous représentons la seule forme d’intelligence dans la Galaxie, nous nous trouvons avec une lourde responsabilité" écrit Nicolas Prantzos.
 
Mais il n’est pas insensé d’espérer pour demain ce qui est impensable aujourd’hui…
 
 
 
Excellente lecture à toutes et à tous et à bientôt…
 
 
 
Pour notre prochain rendez-vous, je vous demande de                 conserver vos billets pour un nouveau voyage dans le futur avec le livre de Alfred Vidal-Madjar
"Où allons-nous vivre demain ? " aux éditions Hugo & Cie.
Nous devrons certainement quitter notre berceau, notre belle planète bleue. L’auteur élabore plusieurs scénarios plausibles sur nos futures destinations.   
 
 
 
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LIVRE CONSEILLÉ.:.HISTOIRE DU CIEL ET DE SES REPRÉSENTATIONS SYMBOLIQUES  VUIBERT. (17/05/2010)
 
 
Histoire du ciel et de ses représentations symboliques par Robert Signore, ingénieur ENSET.
 
Description de l'éditeur :
 
Avant de devenir l’objet d’étude des astronomes, le ciel n’est longtemps resté qu’un symbole. Le mouvement régulier des étoiles symbolisait un ordre immuable, la voûte céleste était le séjour des divinités et, situé au cœur de la création, l’homme occupait le centre du monde.
Peu de choses subsistent de notre antique vision du ciel.
L’astronomie a révélé qu’elle était dénuée de fondement rationnel.
Désordonné, le ciel – dont la forme sphérique était une illusion – est en perpétuelle évolution.
L’univers est infini et l’homme erre au milieu de nulle part. Le symbolique a cédé le pas au réel. Le ciel n’est plus ce qu’il était.
 
Voici l’histoire mouvementée de ce déclin du symbolique. Elle est faite de désillusions, de remises en cause et de ruptures qui entraînèrent nombre de débats, de controverses et de condamnations.
Elle commence avec de grands philosophes de l’Antiquité (les Pythagoriciens, Platon et Aristote), se poursuit avec d’illustres astronomes (Ptolémée et Copernic), s’accélère brusquement (avec Tycho Brahe, Kepler et Galilée) et s’achève enfin avec Newton, dont la mécanique universelle ruine à jamais la sacro-sainte distinction entre le céleste et le terrestre.
 
 
 
On trouvera aussi dans ce petit livre – sous la forme du prologue et de l’épilogue – l’inventaire succinct des symboles en rapport avec le ciel ainsi qu’un aperçu de quelques cosmogonies récentes (Kant, Laplace, Einstein et Milne) où l’on voit se perpétuer… la symbolique du centre.
 
SOMMAIRE DU LIVRE /
 
 
·        Prologue : Le symbole.
·        LE TEMPS DU SYMBOLIQUE
o       Le cosmos pythagoricien
o       Le monde ordonné de Platon
o       La cosmologie d'Aristote
·        LE TEMPS DU DÉCLIN
o       Le ciel géo-héliocentrique de Tycho Brahé
o       Kepler, le musicien du ciel
o       Galilée, le messager du ciel
 
Pour feuilleter ce livre.
 
 
Collection « Va savoir ! »  Vuibert  Parution : avril 2010
144 pages, 17 €     ISBN 978-2-3110-0025-2
 
 
 
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LES MAGAZINES CONSEILLÉS.:.CIEL ET ESPACE SPÉCIAL 20 ANS DE HUBBLE. (17/05/2010)
 
 
Pour les 20 ans en orbite du télescope spatial Hubble, “Ciel & Espace” consacre un numéro spécial au plus célèbre des observatoires astronomiques.
 
Le 24 avril 1990, la navette Discovery emportait un télescope d’un genre entièrement nouveau Baptisé Hubble, en hommage à l’astronome américain découvreur de la nature des galaxies et de l’expansion de l’Univers, l’instrument observait le ciel hors de l’atmosphère terrestre.
 
Avantage : aucune perturbation ne brouillant ses images, Hubble devait fournir les vues les plus fines des nébuleuses et des galaxies.
Vingt ans plus tard, après plusieurs réparations en orbite, le télescope spatial est une star incontestée de l’astrophysique moderne. Il a même révolutionné l’image de l’Univers auprès du grand public en la vulgarisant.
 
 
 
 
 
A l’occasion de cet anniversaire, Ciel & Espace publie un numéro hors-série entièrement dédié à ces années Hubble.
Toute l’histoire du télescope, des premiers concepts à son lancement et à ses réparations successives y est contée.
Ses principaux apports à l’exploration de l’Univers y sont décryptés par des journalistes et des spécialistes (dont nombre d’entre eux ont été les acteurs de cette aventure scientifique).
Et, bien entendu, les images les plus marquantes réalisées avec le prestigieux instrument sont toutes là !
 
Un DVD “Eyes on the skies", un documentaire de l’Agence spatiale européenne sur l’observation de l’Univers avec Hubble et tous les autres télescopes géants, accompagne ce hors-série à ne pas manquer!!!
 
Le sommaire de ce numéro spécial.
 
 
 
 
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LES MAGAZINES CONSEILLÉS :. POUR LA SCIENCE DOSSIER SPÉCIAL TERRE. (17/05/2010)
 
 
Encore un très beau numéro spécial de Pour la Science consacré à notre Planète, à la machine Terre. (daté Juin 2010)
 
La Terre à cœur ouvert.
 
Ce n'est que depuis quelques décennies que la Terre laisse entrevoir ses entrailles.
 
Grâce notamment à la sismologie, on a aujourd'hui accès aux constituants de notre planète et à leur dynamique.
 
Et l'on découvre un monde complexe dont les volcans sont la manifestation – dérisoire en termes d'échelle –, en surface.
 
 
 
 
 
 
 
A lire dans ce numéro :
·        Le moteur de la dynamo terrestre
·        La convection, moteur du manteau
·        Panaches chauds : mythe ou réalité ?
·        La dynamique des dorsales océaniques
·        Grandeur et décadence d’un volcan
·        Les ravages des supervolcans
 
 
Sommaire complet.
 
 
Très intéressant et abordable dossier, la dynamo terrestre y est particulièrement bien expliquée.
 
À ne pas manquer.
 
 
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Bonne Lecture à tous.
 
 
 
C'est tout pour aujourd'hui!!
 
Bon ciel à tous!
 
JEAN PIERRE MARTIN
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